Solastalgie.
Madame Wikipédia dit de ce néologisme venu du latin solacium (réconfort, consolation) et -stalgia (douleur morale) inventé en 2003 par le philosophe australien de l’environnement Glen Albrecht, que c’est une « forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus en particulier concernant la destruction des écosystèmes et de la biodiversité ».
Si, comme disait la grande Simone S. la nostalgie n’est plus ce qu’elle était, il semble que la solastalgie va pouvoir se conjuguer au présent pas simple et au futur compliqué !
Je digère doucement la brochette de réponses négatives à (presque) tous les appels à projets, dont celle (la quatorzième!) à Horizons Sancy. Je crois que je vais en rester là pour cette manifestation. Quelques-unes sont encore à venir, d’autres appels pour l’été et l’automne viennent de paraître…. Mais l’élan créatif est freiné et s’interroge sur les rebonds de la dynamique pérenne lancée par la Roue du Temps… Et pourtant elle tourne, comme aurait dit un célèbre astronome… Alors faire le do rond et un pas de côté, repasser par la case dessin, cesser d’être à côté de la plaque à graver, refaire tourner la roue de la presse avec des monotypes à spirales ou des fragments de corps de lumière jaune… Bref, ne pas trop se laisser à la gamberge, retrouver le goût du faire et le silence concentré de l’agir. Avec un peu de méditation et de qi gong au saut du lit tatami…
Réduire une sensation à l’un des sens, c’est de l’indécence !
« On a longtemps défini le capitalisme comme l’exploitation de l’homme par l’homme. Mais le capitalisme, c’est avant tout une guerre totale à la Nature » a dit le philosophe Frédéric Gros parlant de son récent livre Pourquoi la guerre et citant Bruno Latour, récemment disparu.
Vous avez de difficultés pour écrire l’ordre de voyelles dans le mot « accueillir » ? Pour s’en souvenir, pensez à Un Enfant Intelligent. Merci à N. qui m’a glissé ce joli clin d’orthographe.
Attrapé au détour d’une interview radiophonique, la question d’une journaliste à son invitée : « êtes vous croyante ? ». Cela m’a rappelé quelques aberrantes références religieuses de mon enfance où d’aucun se qualifiait de croyant mais non pratiquant… Étonnant, non ? Je n’en finirai pas d’interroger ce mot « croire » et ses imprégnations séculaires dans nos cerveaux judéo-chrétiens… Faut-il croire à l’écran sur lequel je vous écris ? Je me souviens d’un projet couvé mais non réalisé qui s’intitulait « Je crois qu’une croix croît ». Faut-il continuer de croire en lui ?
J’ai bien ri au flm Mon crime de François Ozon avec l’inénarrable et tonitruante entrée en scène d’Isabelle Huppert. Mais mon préféré ce mois-ci, c’est Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, flm très documenté sur la justice restaurative qui met en paroles des faces à faces entre des victimes et des auteurs d’infractions. Instauré par Christiane Taubira en 2014 ce dispositif vise à recréer du lien, à soigner, voire à réparer. Film à la parole forte, fort bien joué par une pléiade d’excellents acteurs et actrices, avec mention spéciale à Adèle Exarchopoulos jouant avec finesse la victime d’un inceste « fraternel ».
Vu aussi le flm de Laura Poitras, Toute la beauté et le sang versé, Lion d’Or à Venise en 2022, sur la photographe Nan Golden et son combat contre la famille Sackler, mécène de beaucoup de musées dans le monde mais surtout promoteur de l’Oxycontin, opioïde responsable de la mort de centaines de milliers de personnes aux Etats-Unis.
Dans les lecture du mois : Et la lumière fut. Très beau livre de Jacques Lusseyran, devenu aveugle accidentellement à 8 ans, résistant, déporté puis professeur d’université aux États-Unis. La cécité vue de l’intérieur, ou la formidable puissance de la vue (et de la vie) intérieure.
« J’aurais bien voulu t’écrire une chanson d’amour » chantaient Higelin et Areski dans les années 70. Je les aurais plagiés avec plaisir pour vous écrire une nouv’aile de joie, « mais par les temps qui courent, ce n’est pas chose commode » comme le dit la suite de son refrain.
Au soir d’une longue route de retour du Sud qui vient déposer dans vos pixels quelques œufs en noir & blancs, j’espère néanmoins que vous aurez trouvé dans les jardins de vos cœurs quelques coquilles de joie et de chocolat en forme de Neuf de Pâques.
Mais pas que.
do 9423
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