Shaku hachi.
C’est sur les notes graves et sensuelles de cette flûte japonaise et d’une clarinette basse, que s’est terminée le 18 octobre dernier mon exposition « À la Vitesse de la Peinture ». Merci à l’ami Jean-Yves qui a si bien marié ses notes improvisées aux couleurs et aux matières dans cet instant de finissage avec les amis partageurs de regards. En bilan de ces dix jours d’exposition, environ deux cent cinquante visiteurs, six gravures et un tableau vendu. « Le Mouvement du Ciel ». Dont vous avez vu un détail dans la photo n°1 des précédentes Nouv’ailes. Et, ce qui n’a pas de prix, la lumière des sourires et l’étincelle d’énergie dans les reflets des pupilles.
Le prix est venu deux jours plus tard avec l’annonce de ma nomination pour l’appel à projet lancé par l’ANDRA pour « imaginer la mémoire des sites de stockage de déchets radioactifs pour les générations futures » (voir photo jointe n°4). Suivie quelques jours plus tard par le retour de Paul Employ qui après m’avoir annoncé la fin de mes droits, m’a attribué un bonus d’Allocation de Retour à l’Emploi ! Les voies de ce pôle sont décidément bien mystérieuses. Cette petite manne imprévue apaise quelque peu l’horizon financier à court terme et va me permettre de continuer mes recherches de jobs et d’expos… Et aussi poursuivre la saison des réponses à appel à projets qui vient de redémarrer… Un bol d’air funambule sur le fil du rasoir…
Une grande chaîne de librairies britanniques vient de retire de ses rayons les liseuses Kindle pour les remplacer par des… livres ! Va-t-on assister au retour de la sensualité du papier face à la froideur digitale ?
Pour ma part, je maintiens mon appel à courts poèmes pour illustrer la cinquième image de ces Nouv’ailes. Que vous avez écrit ou lu, hier ou aujourd’hui. Allez, faites sonner vos sonnets, venez voir un vers avec moi…
Je me suis perdu dans les pages du dernier Modiano, « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ». Ses méandres du passé m’ont laissé sans fin sur ma faim.
Alors je suis parti au siège napoléonien de la belle Cadix, en 1810 sous la plume précise d’Arturo Perez-Reverte pour une chronique détaillée où se mêlent trajectoires balistiques d’artillerie et enquêtes policières sur meurtres de jeunes femmes. C’est « Cadix ou la Diagonale du Fou ».
Dans le cinéma du mois, il y a deux femmes : Fatima de Philippe Faucon que l’on pourrait aussi nommer Notre Petite Sœur de Hirokazu Kore-Eda. Deux bijoux de merveilles de films…
Et pendant que s’immiscent sur les écrans ces belles sensibilités féminines, Tom Hanks se retrouve Seul sur Mars pour une virile et spectaculaire épopée qui, ouf, ouf, le ramène sain et sauf sur Terre. En écoutant une critique de ce film, j’ai appris que sur Mars le ciel est orange et le coucher de soleil bleu. Ça doit être pour cela qu’on l’appelle la planète rouge !
La Glace et le Ciel est un bel hommage de Luc Jacquet, réalisateur de la Marche de l’Empereur, à Claude Lorius, glaciologue français qui a effectué de nombreuses expéditions en Antarctique. Il eut une intuition géniale lors d’une d’entre elles: glissant un morceau de glace dans son whisky vespéral, il se rendit compte que les bulles contenues dans le morceau de glaçon tiré d’un carottage de la glace polaire étaient faites d’un air appartenant… au passé. Et c’est en exploitant les nombreux carottages faits par les Russes qu’il pût mesurer les taux de dioxyde de carbone et devint ainsi un des premiers lanceurs d’alerte du réchauffement climatique. On pourrait dire que la COP 21 est née dans un verre d’alcool au fond de l’Antarctique.
Le Bouton de Nacre est un film chilien de Patrick Guzman qui fait suite au somptueux Nostalgie de la Lumière. Hanté par le regard d’une disparue dont le cadavre fut rejeté sur la côte patagonienne, ce film fouille le passé de la dictature de Pinochet et étend cette réflexion poétique et politique aux massacres des populations locales. La reconstitution de visu, à l’aide d’un mannequin, de la préparation des corps ficelés à un morceau de rail avant d’être jetés d’un hélicoptère glace le sang de la mémoire.
Qui se retourne dans la tombe de Pablo Neruda dont on attend la confirmation par analyses médicales qu’il aurait bien été assassiné par les sbires du sinistre dictateur.
Pour me réconforter, je suis allé ce matin voir Le Caravage, pas le peintre mais le cheval de Bartabas filmé par Alain Cavalier. Un régal ! L’animal devait lui aussi être très heureux de ce film qu’il clôt en venant… lécher l’objectif de la caméra… provoquant le rire de Cavalier !
C’est Novembre : gardez bien planté votre piolet au sommet de la Montagne du Papillon. Comme une épingle d’argent dans le liège des feuilles de l’automne.
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