Murmuration.
C’est le nom que l’on donne à ces rassemblements d’oiseaux qui dessinent dans les nues ces volutes mouvantes si belles qu’on en reste sans voix. Si majestueuses qu’on ne peut qu’en interroger le mystère et s’émerveiller devant ce phénomène d’intelligence collective dont vous pouvez voir un exemple dans la quatrième image de ces Nouv’ailes captée il y a quelques jours dans le port de Saint-Nazaire.
Murmuration, cela résonne comme un son qui serait encore plus feutré qu’un simple murmure. Un souffle qui frôlerait le mur du silence. Exactement le contraire du cri tonitruant qui voulut sortir de ma gorge au matin du 24 février. Et qui ne cesse pas. Et dont je n’écrirai rien de plus, tellement l’horreur est profonde. Je laisserai juste dans la première image de cette chronique le vent souffler dans les plis jaune et bleu du drapeau ukrainien qui rime avec européen.
Dire qu’on ne sait toujours pas pourquoi on entend la mer en écoutant les coquillages ! Peut-être que les oiseaux le savent ?
En rentrant de ce bord de mer, devisant avec un ami-frère à propos de nos chansons préférées, accord se fit au bord de la chaleureuse cheminée, sur le poème d’Antoine Pol, Les Passantes mis en musique par Brassens et repris par Cabrel et Le Forestier et … par une fanfare sud-américaine que la radio diffusa juste à ce moment-là ! Une telle synchronicité ne fait pas preuve, mais quand même, Les Passantes, c’est vraiment la crème des crèmes des belles chansons !
Rien de tel pour conjurer la plombante actualité que l’art et la création. Surtout quand il et elle sont fortement dynamisées par l’annonce de ma sélection pour VIGN’ART 2022 avec le projet L’ARBRE À MIROIRS, décrit dans l’image n°2. Il sera installé fin avril ou début mai dans les vignes champenoises du site de Chavot-Courcourt, au sud d’Épernay.
En attendant, je participe la semaine prochaine avec plus d’une vingtaine d’artistes à l’exposition Le Printemps des Poètes qui se tiendra à la Galerie du Génie de la Bastille du 15 au 20 mars. Cette année, le thème est L’ÉPHÉMÈRE. Je serai présent à la Galerie lors du vernissage, le mercredi 16 à 18h et le vendredi 18 mars, de 17 à 20h.
Le Printemps des Poètes 2022 – L’Ephémère
J’avais beaucoup aimé Le Dernier Lapon, roman ethno-policier d’Olivier Truc. J’ai adoré la suite, Le Détroit du Loup. Où l’on continue de débusquer derrière la belle image social-démocrate de la Suède à la rigueur toute protestante, les ravages que celle-ci a infligés à la culture sami pour l’éradiquer du grand nord scandinave.
Mais l’encore plus grande émotion de lecture de ce mois fut celle de Je suis pilgrim de l’anglo-australien Terry Hayes qui est aussi scénariste. Entre polar et espionnage, djihadisme et menace chimique, Échelon et variole, entre New York et Afghanistan, Turquie et Arabie Saoudite, une formidable construction narrative, addictive et haletante… Chaudement recommandé !!!
Côté film, arrive en premier Un Autre Monde de Stéphane Brizé. Échangeant quelques mots avec mon inconnu voisin de séance, nous nous réjouîmes de concert d’avoir échappé au monde de l’entreprise… En espérant ne jamais être malade du côté de Shanghaï, où pendant plusieurs mois, la franco-chinoise Yé Yé a suivi dans son documentaire H6 cinq familles soignées dans un des plus grands hôpitaux de cette ville. Entre modernité et tradition, humour, détresse et solidarité, un étonnant portrait de cet univers médical chinois.
J’ai aussi vu et aimé Histoire d’un scandale d’État de Thierry de Peretti, le très beau conte italien Piccolo Corpo autour de la maternité et de la rédemption et la toujours impeccable Adèle Exarchopoulos, hôtesse de l’air d’une compagnie low-cost dans « Rien à Foutre » d’ Emmanuel Marre et Julie Lecoutre. Je ne connaissais rien d’Ulrich Zwingli, réformateur suisse contemporain de Luther et Calvin que j’ai découvert dans le film éponyme de Stefan Haupt.
Dans un film, en particulier dans les documentaires, je me demande souvent où était placée la caméra au moment de la prise de vue. Quels artifices furent pris pour donner l’illusion d’un « sur le vif ». Ceci est particulièrement vrai dans le « cadre » des documentaires animaliers et des prouesses de captation qu’ils suggèrent. C’est le cas dans le film Le Chêne qui explore la vie dans, autour et sous les racines et branches de ce roi de la forêt.
En Chine Ancienne, il était dit que les oiseaux étaient une belle image de l’adéquation au moment puisque possédant un degré de liberté de plus que nous – le vol – ils se posaient toujours là où il le devaient. Aujourd’hui où les drôles de drones qui décollent permettent de voir le monde depuis le haut du ciel, gagnera-t-on un vrai degré de liberté ?
Au vu de l’actualité, on ne le croirait pas mais nous sommes bien désormais en l’an 22 du 21ème siècle. J’espère que vous avez bien fêté le palindrome du 22022022. Le prochain est prévu pour le 03022030…
Pour parler d’une époque lointaine, on évoque souvent « la nuit des temps ». Mais c’est quand, « LA NUIT DES TEMPS » ?
La réponse est dans son anagramme : c’est « DEMAIN, PLUS TEST ».
Alors essuyez le printemps ! Enfin, essayez…
do 9322
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