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Avant de parcourir la rue des neuf images coréennes de ces dernières Nouv’ailes de la saison 2018-19,notez les dates de ma prochaine exposition personnelle du 3 au 15 septembre 2019 à la Galerie du Génie de la Bastille, 126 rue de Charonne à Paris. Vernissage le samedi 7 septembre.
Image Une : C’est la vue d’ensemble de la sculpture que j’ai réalisée lors de ma résidence dans le parc de sculptures de YATOO, près de Gongju, ville à une centaine de kilomètres au sud de Séoul. Je n’ai pas été sélectionné sur le projet que j’avais envoyé en réponse à l’appel mais au vu de la vidéo de L’Aronde des Regards, sculpture en forme de roue réalisée avec bois et plumes dans le cadre du Sentier des Arts sur les bords de la Gironde en septembre dernier. Il me faut alors en début de cette résidence imaginer et dessiner un projet en relation avec une légende locale qui a fait de l’ours le symbole et la mascotte de la ville. « Une ourse aurait enlevé un bûcheron, l’aurait séquestré dans une grotte et fait avec lui deux enfants. Un jour que l’ourse avait relâché sa vigilance, le bûcheron s’enfuit de la grotte et traverse la rivière Geumgang. L’ourse le supplie de revenir mais se noie avec les deux bébés. »
Alors la roue sera un cercle de pas humains tournant entre les griffes de l’ourse. Les empreintes humaines seront celles des sept artistes en résidence, petit fragment d’humanité dans cet îlot de forêt. Les couleurs seront celles de l’arc-en-ciel,
ce moment céleste où la pluie et le soleil -l’eau et le feu- sont présents simultanément dans le pays des nues. La base de la sculpture sera ondulante comme la traversée d’une rivière. Les spirales de la roue feront écho à celle du drapeau sud- coréen. Une fois les effets du décalage horaire de sept heures atténués, je dessine et conçois la structure de bois et de métal qui va architecturer l’ensemble. Je dresse le plan de travail et la liste des matériaux nécessaires. Le temps est ouvert, l’urgence qui est le lot commun des courtes résidences de création n’est pas de mise ici. C’est bon. Et la sculpture trouve le temps de trouver son nom : ce sera Light of the River. Lumière de Rivière.
POUR LA FAIRE TOURNER SUIVEZ CE LIEN : https://youtu.be/QsRy7rCBhCI
Image Deux : C’est le recto du leafet (traduisez fyer en mauvais français) publié pour l’inauguration qui a clos la
résidence le samedi 29 juin qui vit aussi le début de la saison des pluies en cette contrée du 37ème parallèle.
Image Trois : L’entrée et une vue de la forêt des collines où s’étend depuis 1981 le parc de sculptures « in nature ».
Image Quatre : Sous l’arbre de l’entrée, un bar surplombe la forêt et les trois ponts qui mènent aux toilettes, à la salle de
bains et aux cabanes rustiques où dorment les artistes et où je « coloc » avec le sympathique et roumain Peter. Là est
aussi la cuisine où nous préparons le diner du soir. Le midi c’est restaurant(s) à Gongju ou traiteur sur place.
Image Cinq : De la roue à la rivière, les différentes étapes de la gestation de Light of the River. Prises de pieds,
découpages, assemblages. Deux jours où mon dos comprend pourquoi je n’ai jamais été ni fossoyeur, ni terrassier. Mais
une journée à faire porteur d’eau à travers les collines pendant que The Boss, Monsieur Ko, aidé d’un des artistes
mongols champion de soudure arme la dalle de béton qui a englouti près de 600 kilos de sable et ciment mélangés.
Heureusement que le petit « truck » du parc permet d’accéder à une centaine de mètres de ma place, le charroi de la
roues et des pièces du socle en bois en est facilité. La question du roulement à billes tourne en boucle. « We support
you » avait dit Mr Ko. Il y a quelques grains d’humeur qui nécessitent de l’huile de zen. Mais la roue est enfn posée le samedi 22 juin, c’est l’été et il n’y a plus qu’à peindre roue et passerelle sans que je puisse vraiment mettre mon grain de sel dans le choix des couleurs. Le violet ne sera que mauve un peu sale et l’indigo ne fonce pas assez vite. Mais bon, les oiseaux chantent, la lumière est splendide dans le feuillage de la rivière, y’a même une biche qui coure près de la rive et qui fait s’envoler une grue blanche qui pêchait par là.
Image Six : Tour des horizons artistiques de cette résidence.
Image Sept : Tour des horizons culinaires de cette résidence (fragments).
Image Huit : Dans un coin du supermarché, on peut acheter toutes sortes de pains. C’est Paris Baguette. Une autre
chaîne de boulangerie s’appelle « Tous les jours ». Impressionnant est le nombre de tee shirts portant des noms français
sur leur poitrine dans les rues coréennes. Lors de mon bref passage à Séoul sur le chemin du retour, j’ai vu que des
voitures s’appelaient Grandeur ! En sortant du spa pour remettre mon dos de ces gymnastiques artistiques, je croise Mr
Sigmund dans le dos d’un ado… tandis que Mister « G20 » Trump se retrouve grimé en Adolf sur la plus grande avenue
de Séoul…
Image Neuf : Napoléon au Pont d’Arcole fait aussi des livraisons en Corée du Sud !!! Un artiste coréen fait étuver du
bois et nous apprend à l’écorcer, étape majeure de la fabrication de Hanji, papier traditionnel coréen… Dans une des
allées du marché de Gongju, la porte entrouverte d’une minuscule échoppe laisse entrevoir des cadavres de chiens
destinés à la consommation (secrète?) et dispendieuse de nos amis canins pour des canines locales… La petite faonne
était toute tremblante sur le bord de la route, encore porteuse d’un morceau de son cordon qui ne la reliait plus à sa
mère morte en mettant bas ? tuée par un autre animal ? ou par un chasseur ? Le passage par l’hôpital vétérinaire n’y a
rien fait et cette petite Bambi repose désormais au pied de la statue géante de l’ours, en face de l’entrée du parc… La
jolie coréenne en costume dans les allées d’un palais de Séoul ne regarde pas la rousseur de la Lune, mais son refet de
clone dans le miroir de son smartphone…
52 heures par semaine. C’est le temps de travail hebdomadaire légal en Corée du Sud. Là est sans doute la clé de ce
pays courageux et travailleur qui fut longtemps occupé par le Japon… Comme la Lettonie coincée entre Allemagne et
Russie où je suis allé en mai, la Corée, de plus divisée entre Nord et Sud, a fait de cet entre-deux oppressant, un levier
pour affrmer à la fois sa puissance économique, mais surtout la richesse d’une langue (dont l’alphabet national hangeul
fut inventé par le roi Sejong en 1446) et d’une culture dont je suis heureux et fer d’y avoir apporter quelques spirales de
couleurs qui font tourner le monde. Et j’espère, les humeurs de votre été.
Kamsamida !!! (Merci !!!)
do 4719
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