Là où les Lettres à Ailes lisent dans les Îles des Êtres
Nouv’aile du 9 février 2022
J’ai six ans. Peut-être sept.
Je suis en vacances avec sœur et cousins dans la maison des grands parents maternels, à Feneu, petit village de campagne à une douzaine de kilomètres d’Angers, devenu aujourd’hui zone périurbaine.
Il y a là aussi mon oncle Henri, dit Riton, qui est aussi mon parrain. C’est un grand bonhomme costaud qui adore raconter des histoires et nous emmener en balade dans les bois environnants à la recherche de cow-boys rêvés ou d’indiens imaginaires.
Un jour au retour d’une de ces balades, il me dit qu’il est capable de faire disparaître un œuf sur ma tête. Moi petit garçon curieux et naïf, j’acquiesce à cette alléchante proposition et me voilà debout au centre d’une grange à la lumière tamisée appelée l’armise – j’apprendrais plus tard qu’il s’agissait en fait de « la remise » – avec un œuf sur le sommet de la tête recouverte d’un mouchoir. Sous les cris des cousins mon oncle fait grands gestes et incantations en tournant autour de moi en comptant jusqu’à trois. À trois…. il aplatit vigoureusement sa main sur le sommet de mon crâne… Je ne me souviens plus des réactions des cousins qui devaient éclater de rire et me voilà tout penaud allant voir ma grand mère pour me faire nettoyer, laquelle m’administrera une gentille calotte pour avoir gaspiller un précieux œuf…
J’oublierai cette anecdote enfantine. Elle rejaillira de ma mémoire quelques décennies plus tard, quand mêlant mes blancs pinceaux aux jaunes de la pensée chinoise, je dessinerai mes premières dispositives d’œufs – ce par quoi un dispositif peut se reproduire.
Qui peut dire ce que fut ce parrainage blagueur dans les hasards d’une trajectoire d’artiste?-? Aujourd’hui un facétieux clin d’œil -un clin d’œuf ?- et à tout le moins l’opportunité de vous partager en noir et blanc quelques images de ces installations fragiles qui sont une part importante de mon travail, pierres de poésie sensible posées sur la surface du monde qui marche sur des œufs…
« Ne pas douter de sa vocation, mais douter dans sa vocation. »
L’atelier est dans son rythme d’hiver, entre la préparation des réponses aux appels à projets devant la planche à dessin, l’aquarelle et l’ordi au premier étage et la lente gestation des tableaux au rez de chaussée. Tout sera prêt pour la prochaine exposition qui aura lieu à la Galerie du Génie de la Bastille du 6 au 18 septembre prochain. Évidemment, je vous en reparlerai.
J’écris ces quelques lignes en écoutant Myopia d’Agnès Obel. En alternant avec Blue Maqams et Souvenance de l’oudiste Anouar Brahem.
Savez-vous qu’un volcan islandais est peut-être une des causes de la Révolution Française ? L’éruption du Laki en 1783 produisit de gigantesques nuages volcaniques qui, empêchant le rayonnement solaire, provoquèrent hivers particulièrement froids, inondations catastrophiques et autres famines dévastatrices. Il est difficile de mesurer la relation de cause à effet de ces événements… mais juste d’en garder trace de mémoire en repensant aux conséquence qu’eut en 2010 l’éruption de Eyjafjallajökull… D’après vous, sur quel continent aura lieu la prochaine ? Faites vos jeux ou relisez Malcom Lowry !
J’ai poursuivi la lecture de Joseph Incarbona avec son roman en forme d’aire d’autoroute Derrière les panneaux il y a des hommes. Si je lis beaucoup, je relis peu. Tellement les rayons d’une librairie sont la plus belle image de l’éternité : tous ces livres que l’on ne pourra pas tous lire. Pourtant une amie m’avait donné l’été passé L’Œuvre au Noir de Marguerite Yourcenar, déjà lu il y a bien longtemps et bien oublié. Et ce fut délice de replonger dans le seizième siècle des aventures européennes de Zénon. Ce fut surtout grande jouissance que de mordre à nouveau dans cette belle langue de celle qui fut la première académicienne. Je vais relire les Mémoires d’Hadrien.
En cadeau de bougies, j’ai reçu Première Personne du Singulier, recueil de nouvelles d’Haruki Murakami qui vient de paraître. « Je « aime beaucoup.
Quand Haïti a proclamé son indépendance en 1804, la France a imposé en conséquence un tribut de 150 millions de francs-or pour compenser les anciens propriétaires d’esclaves de leur perte de propriété à la suite de la révolte de 1791. Le dernier versement de remboursement de cette dette a eu lieu … en 1957 !
« Pour qu’une chose soit intéressante, il faut la regarder longtemps » a dit Gustave Flaubert.
Dans les toiles du mois, une belle ribambelle de bons films : Ouistreham, Jane par Charlotte, Memory Box, Lynx, Twist à Bamako, La Place d’une Autre, Les Promesses, Une jeune fille qui va bien et pour finir cette série, le très sensible Les Jeunes Amants sur un scénario de la regrettée Solveig Anspach mis en scène par Carine Tardieu.
Si votre route passe par Villeneuve d’Ascq avant le 27 février, ne ratez pas la magnifique exposition ENTRE-MONDES consacrée à Paul Klee qui apporte belles réponses visuelles et plastiques à la question de la source originelle de l’art.
C’est la ressource de l’Art Source.
do 9222
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