AU 9 RUE DES NOUV’AILES #11

10 octobre 2016 § 0 commentaire

Un étégoïste attentif aux autres….

L’été s’annoncait incertain et puis son fil s’est déroulé avec douceur et fluidité, malgré une actualité sombre et désespérante que j’ai essayé de maintenir à bonne distance et à juste silence.
La Clarinette, de Vassili Alexakis. Un hommage de cet auteur à son éditeur Jean Marc Roberts, décédé il y a trois ans, à la Grèce d’hier et d’aujourd’hui, à Paris, à la langue et à la littérature. Un jour, il ne sait plus comment se dit “clarinette” en grec…
Peu de monde à mon stage d’arts plastiques nantais début juillet, mais une belle expérience enrichissante qui confirme mon envie de partager et transmettre mon goût de l’art et de ses pratiques. Suis preneur de toutes informations sur organismes ou associations à qui je pourrai proposer mes idées et thèmes de stages.
Le Cavalier Suédois, de Léo Perutz. Il fait partie des livres que recommandait Emmanuel Carrère dans son recuei d’articlesl “Il est avantageux d’avoir où aller”… Et je me joins à cette recommandation pour ce livre écrit en 1936 sur l’usurpation d’identité entre un voleur et un déserteur dans la Suède du XVIIIe siècle…
Et puis après une intense période de travail à l’atelier, j’ai pris la Route 66… Pas celle des USA, mais celle qui passait par La Racaudière près du Chateau de Villandry en Touraine. Là où la joyeuse tribu qui y vit fêtait les 10 ans du gite – www.laracaudière.fr – et le demi-siècle de Philippe, joyeux sorcier qui avait concocté avec sa troupe bien allumée quatre jours de fête grandioses avec bivouac en canoé sur les bords de la Loire, concert live et nuit blanche, danses des corps et des papilles, parties de foot bulle et laser game… Un plein d’énergie, d’amour, de bienveillance, de rire… Bref un très beau moment d’humanité… En cadeau, j’ai tissé sur leur prairie un labyrinthe de bambous et de bolduc rouge et or… (voir PJ1 de ces Nouv’ailes).
Opération Napoléon, d’Arnaldur Indridasson. On est toujours sans nouvelles de l’inspecteur Erlendur, probablement perdu dans quelque glacier islandais à la recherche de son frère disparu dans sa jeunesse… Mais d’autres héros naissent sous cette belle plume et ici s’escriment à enquêter sur un mystérieux avion écrasé dans le nord de l’Islande à la toute fin de la seconde guerre mondiale.
Le bolduc sera aussi à l’ordre du jour de l’intervention que je vais réaliser du 24 septembre au 2 octobre sous les arbres du square Maurice Gardette du 11ème arrondissement de Paris dans le cadre de la Biennale Le Génie des Jardins. Elle s’appelle ARC-CUEILLIR, c’est un arc-en-ciel de bolducs colorés suspendu entre deux mains grandes ouvertes…
Avant cela, je pars aujourd’hui pour les bords de la Gironde créer “Ailes de Gironde” (voir Rue des Nouv’ailes n°9, PJ3), dans le cadre de Sentier des Arts, sur le site Terre d’Oiseaux de la commune de Saint Ciers sur Gironde. À deux pas de la centrale nucléaire de Braud-Saint-Louis où je m’en fus manifesté il y a 41 ans, tout en découvrant le chanteur Morice Bénin, ce qui n’était en ce temps là, aucunement bénin !
Les Brumes de l’Apparence et La Grand-mère de Jade, de Frédérique Deghelt. Une publicitaire hérite d’une maison au fin fond de la Creuse… Une jeune femme recueille sa grand-mère dans son home parisien pour lui éviter la maison de retraite. Belle écriture sensible publiée chez Actes Sud.
Dans le panier de l’été, il y eut en vrac la levée de la Loire lumineusement alanguie entre Angers et Saumur, le doux séjour dans la maison prêtée par mes chers amis Suzanne et Maurice au cœur des Alpilles, Les Baux de Provence au coucher du soleil, un chapeau bleu à Arles en sortant des photos sensibles de Don McCullin, un bain aux Saintes Maries (PJ2) avant l’expo Frédéric Bazille au musée Fabre de Montpellier. Les étoiles filantes au cœur de la nuit du chalet d’alpage dans le ciel d’Hautecour (PJ3), le souvenir intense de l’expo de gravures de Miquel Barcelo à la BNF François Mitterand et de la gigantesque fresque qu’il a réalisée sur le couloir vitré peint à l’argile (PJ4). La belle journée de bateau sur le Lac Léman à la descente des randonnées ensoleillées en Val d’Aoste, les belles et rares peintures vues à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, les petites routes de Bourgogne pour remonter en capitale et son coucher de soleil sur la façade de la basilique de Vézelay.
Dans les autres lectures de l’été, il y eut aussi le baroque Avenue des Mystères de John Irving, l’haletant Le Fils, de Jo Nesbø l’aride et difficile mais passionnant Le serment sur la chute de Rome de Jérôme Ferrari. J’avais emporté Paradiso, de José Lezama Lima pour le lire entre les randonnées sur les sentiers du parc du Gran Paradiso, dans la vallée d’Aoste. Mais je n’ai pas su entrer dans ce livre, ce sera pour une autre tentative. Et pour finir retrouver avec plaisir Erika et Patrick dans les pages et les pattes du Dompteur de Lions de Camilla Läckberg.
Tous ces fils de l’été se retrouvèrent suspendus dans un court moment de silence près de la tombe de Nicolas Bouvier dans le village de Cologny, près de Genève pour dédier ces Nouv’ailes à deux amis emportés par le sinistre et trop proliférant crabe: Patrick Philippe-Prieur qui ouvrait l’arc avec majesté et œuvrait de longue date pour le développement du Kyudo en Île de France. Et Jean Claude Demaure, copain de lutte contre la centrale nucléaire du Pellerin dans les années 70, homme digne, humble et accompli qui fit beaucoup pour l’écologie et l’environnement dans la région de Nantes et fut pour moi en ces temps là un modèle et une référence.
“Ne vous laissez pas rêver par quelqu’un d’autre que vous même” a écrit Julos Beaucarne cité par Audrey Tautou dans la promotion du film Eternité de Tran Anh Hnug, réalisateur vietnamien qui nous conta en 1993 L’Odeur de la Papaye Verte.
Et n’oubliez pas de m’envoyer vos poèmes écrits, croisés ou cueillis au fil de vos lectures pour orner la cinquième image, en N&B de ces Nouv’ailes.
Comme l’a dit Léonard de V, “la peinture est une poésie qui se voit”.

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