Numéro 23.
Pour ces Ailes de Novembre, il y a synchronicité entre le nombre et la période. En effet, le 23ème hexagramme du Yi Jing, nommé Bo, que l’on peut traduire par Usure, Élagage, -un trait yang au sommet de cinq traits yin- correspond à ce temps d’automne où la Terre se dépouille de ses feuilles, les châtaignes de leur bogues et les noix de leurs brous. Le temps du monotone automne va glisser de l’ocre des saisons vers le solstice hivernal pour préparer le retour de Janvier. Dans le rez de chaussée de l’atelier plein…comme un œuf, des livres peints, des pains de savon et du jaune, du papier de soie, de l’achillée millefeuille, de la couleur et de la lumière… Les tableaux attendent leur paisible achèvement dans le divin détail en forme de clé de voute. Au premier étage, la machine à répondre aux appels à projets en forme d’ordinateur s’est remise doucement en route et part demain pour Avranches et le Sancy …
Il paraît que les habitants de vénus sont venus sans accent.
J’ai aimé entendre Antoine de Gabert, fondateur de la Maison Rouge, (qui va fermer ses portes à l’automne 2018) parler dans l’émission À voix nue sur France Culture de la notion d’œil absolu, comme on dit d’un musicien qu’il a l’oreille absolue. Bien sûr, cet œil absolu n’existe pas… Mais il nous dit que le regard se construit, se nourrit, se mûrit…
Quand mon ombre dort, mon nombre d’or !
J’avais adoré le roman de Pierre Lemaître Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013. Puis, je fus alléché par la bande-annonce du film éponyme d’Albert Dupontel et bien régalé par cette belle adaptation vue au terme de cinq jours intenses de déménagement et de vidage de la maison maternelle et angevine. Une pétillance de salle obscure ! Alors j’ai remonté le fil de Lemaître et lu les romans précédant son Goncourt, notamment les aventures du commissaire Verhoeven dans le très intense et joliment ficelé Alex qui va lui aussi prochainement être adapté au cinéma. J’avais déjà parlé ici du très bon Trois jours et une vie paru en 2016, véritable tempête dans la tête d’un enfant suite à la mort d’un chien…
Il y a deux ans, j’avais fait une installation devant le château de Villebourgeon, en Sologne, intitulée LES ANAGRAMMES DE SATURNE https://blog.dodelaunay.com/entre-ciel-et-jaune/les-anagrammes-de-saturne/. Pendant ce montage, le châtelain avait reçu la visite d’une boîte de production en repérage pour un film du solognot Nicolas Vanier. L’École Buissonnière s’est finalement tournée en partie dans ce château et je n’ai pas boudé mon plaisir à voir sur écran l’action de ce bon film dans l’espace où je travaillai.
Dans les autres films du mois, Numéro Une, avec Emmanuelle Devos dans la jungle d’enfer des grandes entreprises, L’Atelier ou les dessous d’un atelier d’écriture à la Ciotat, avec la méditerranéenne et impeccable Marina Foïs et le film de la tunisienne Khaouter Ben Hania, La Belle et la Meute, neuf formidables plans-séquences sur une nuit après un viol. Les policiers qui ont inspiré cette fiction connaissent désormais la réalité de 15 ans de prison. Combien d’années pour Harvey W. l’homme qui prenait les femmes pour des butins ?
Peut on dire d’un homme encore vert que c’est un écologiste qui a bien vécu ? Mais peut-on parler d’une femme encore verte ?
Pressentant l’affluence à venir, je n’ai pas tardé à aller voir la formidable exposition Gauguin au Grand Palais, le lendemain de son ouverture. Et pour finir dignement ce moment d’art et de reg’art, je suis allé déguster La Passion Van Gogh, magnifique animation dont chacune des 12 images par seconde de ce film de 1H34 a été peinte à la main à la manière de Van Gogh. Virtuose et émouvant !
Vous pouvez aisément vous dispenser de la palme d’or cannoise de cette année (The Square) mais vibrerez comme cerf et biche à Corps et Âme du hongrois Ildiko Enyedi, qui accessoirement vous éloignera peut être de la côte de bœuf…
Prenez le temps de rire pour que le temps ne vous prenne pas de vitesse.
do 91117
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