AU 9 RUE DES NOUV’AILES #52

12 octobre 2020 § 0 commentaire

Mon automne est monotone.

Comment va le vôtre ? Écarlate ? Je ne sais pas encore si l’on peut parler de deuxième vague mais le ressac (sac, sac et ressac comme un sinistre am stram gram) tombe sur les épaules d’octobre aux sombres feuilles inondant d’un revers de climat, des Alpes qui n’ont hélas jamais aussi bien porté cette appellation de Maritimes. Manquerait plus que les fissures de la cuve d’acier de la quadragénaire centrale nucléaire du Tricastin pour laquelle EDF s’apprête à demander une rallonge de dix ans d’utilisation se mettent à irradier de quelques rayons gamma les marguerites de la vallée du Rhône pour que notre bonheur de catastrophes soit au top ! Pardonnez moi cet incipit en forme de fissure et de nécessité pour laisser s’écouler les miasmes de spleen que charrie cette saison où la jolie môme ne chantera plus qu’il n’y a plus d’après.

Les pubs pour les grosses berlines de Berlin ont elles aussi repris leurs insupportables et déferlantes inondations sur les ondes radiophoniques avec une variante désormais électrique sans nous dire que la fabrication d’icelles et de leurs batteries nécessitera plus de métaux qu’elle ne fera économiser de pétrole… Mais peut être qu’un ballon d’hydrogène… ?

« De manière que ». Amusez vous à relever combien de fois vous entendrez cette locution correcte à la place de « De manière à ce que ». Et ce pour dire merci à Monsieur Pihin, mon prof de français de seconde. C’est lui aussi qui m’avait fait découvrir Aube, le poème d’Arthur Rimbaud qui en disant « j’ai embrassé l’aube d’été » affirmait qu’ « au réveil, il était midi ».

Il a beaucoup plu sur le GÉNIE EN LIBERTÉ, parcours artistique dans le onzième arrondissement de Paris qui s’est déroulé le dernier week-end de septembre et sur la balançoire d’œufs et de plumes intitulée « Balance Ton Corps » que j’avais accrochée aux arbres du parvis de la Mairie. Comme si cette pluie ne suffisait pas à bénir cette manifestation, il y eut le vendredi l’attentat devant les anciens locaux de Charlie, le samedi une manif des gilets jaunes qui bloqua la place de la Nation tout près de l’atelier où j’exposais et le dimanche une journée sans voiture à Paris, bonne pour la planète mais pas très propice à la fluidité des circulations entre les gouttes ! Résultat, peu de monde à défiler sous les cimaises mais les robes du vin Fleurie mirent quelques baumes apaisés à la dégustation des regards.

En lisant et écoutant les reportages et témoignages qui défilent au procès de Charlie Hebdo et de l’HyperCacher sont revenues en mémoire les fugaces rencontres avec Tignous et plus lointaines celles avec Cabu quand j’écrivis mon premier article dans La Gueule Ouverte à la fin des années 70. Ce n’était qu’un bref papier sur l’enterrement du Pape Paul à Rome au retour d’un voyage aux volcans éoliens. Ma plume trempait déjà dans les œufs de l’écologie…

J’ai aimé ce bon mot de Laurent Mauvignier qui, en présentant son livre Histoire de la nuit parla de la modestie impérieuse de Pierre Bonnard et de sa tour d’ivoire …. plus loin.

Je n’ai pas encore lu Balzac et la petite tailleuse chinoise du chinois Dai Sijie paru en 200 qui fit grand succès et fut même adapté en film, mais je vais bientôt le faire tant je me suis régalé, empiffré, érotisé, amusé… à lire L’acrobatie aérienne de Confucius paru en 2009. Là, jouer, c’est jouir. Lire c’est délire .

Entamé hier Grand Balan, le premier roman de Christiane Taubira. Voyage au pays de la langue créole de Guyane, fenêtre ouverte sur la liberté des mots.

Comme j’ai toujours la chance de la télé ne point avoir (seulement parfois en replay sur l’écran de l’iMac) je chasse les actualités d’automne dans le noir des salles obscures. Ce mois-ci elles ont composé pour moi cet étrange poème d’images :

Police / L’Ordre Moral. Une femme qui s’est enfuie / D’un Jardin qu’on dirait éternel / Honeyland

Un soupçon d’amour. Ondine / Josep. Les Héros ne meurent jamais : Billie. Et Yalda !

Je me suis assis au bord de l’amer, guettant l’arc-en-ciel qui fait le pont entre l’horizon d’hier et celui de demain.

Au réveil, il était encore midi.

do 91020

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