AU 9 RUE DES NOUV’AILES #59

16 mai 2021 § 0 commentaire

Déterminé.
Déterminé « par » ou déterminé « à » ?
J’aime l’adjonction de ces deux petits mots qui « détermine » le sens de déterminé. Passif ou actif… Alors dans ces semaines presque totalement confinées dans l’atelier, j’ai beaucoup travaillé pour rester déterminé à créer et ne pas être (trop) déterminé par cette perdurante et perfusante situation pandémique. Vous trouverez dans les images de ces Nouv’ailes quelques fragments créatifs de cette immersion d’atelier.

Comment dit-on hibernation quand cela se produit au printemps ? Je tenterai bien « printempsnation » mais ça fait un peu trop grand magasin !

Au sein de ces journées de livres et de radio, d’encres et de pinceaux, la sélection pour la biennale de Land Art d’Andorre fin juin (voir l’image n°1) est venue comme un baume dans mes paumes d’artiste un peu découragé après les nombreuses réponses négatives de l’hiver. Puis il y aura fn juillet Les Métamorphoses du Porc Épique (vues dans les Nouv’ailes n°47) à Hautecour, en Savoie, que je devais réaliser au printemps 2020 et qui furent annulées pour cause d’époque opaque.

«Si une personne regardait Instagram pendant 80 ans, elle ne verrait que 7 minutes de la production de la plateforme!»

a dit Annie Lebrun sur France Culture le 27 avril. Nos smartphones s’useront-ils avant qu’ils sucent la moelle de toute notre attention ? Nous vivons une pandémie d’images bien récupérée par le capitalisme de la notoriété, le veau d’or de l’éphémère visibilité et la production d’images sans imaginaires. Alors, aujourd’hui, je n’irai pas m’instagrammer, gardant comme seul outil mon site internet récemment renouvelé. Et Grand Merci à tous celles et ceux qui lui ont fait visite.

C’est sur https://blog.dodelaunay.com On peut aussi lire ces Nouv’ailes sur le blog qui lui est lié :https://blog.dodelaunay.com/

Je continuerai « quoiqu’il en coûte » à tisser la trame de mes originalités dans le partage trop minimal des effuves d’atelier, affirmant sans cesse que la peinture est et demeure un des rares endroits au monde qui résiste à cette frénésie de reproduction qui veut nous faire croire que le reproduit est l’égal du produit. Que « image » est identique à son anagramme « magie ». Ou qu’une visio est identique à une présence. Crier en silence haut et fort qu’une émotion est par essence non- reproductible. Je peins encore pour cette inconnue qui, en 1998, au sortir de mon exposition « Peinture Fraîche » au théâtre municipal de mon angevine cité natale me déclara les yeux émus et grands ouverts « qu’elle ne touchait plus le sol au terme de ce voyage en mes toiles ».

Connaissez vous les nounouneries ? C’est une bêtise, une stupidité. Ce mot nouveau qui nous vient du Québec fait partie des entrées de l’année dans le dictionnaire Larousse. Même mon correcteur orthographique ne le connaît pas encore. Parmi les nouveaux entrants, beaucoup de termes liées à la pandémie. Vous saturez ? Alors préférez-leur les mots sortis de l’essai de Patrick Chamoiseau intitulé Le Conteur, la Nuit et le Panier. Frottez vous avec délices à la Mondialité, la Vérition, au Tout-Monde et au Chaos-Germe. Vous y trouverez les semences de l’Oraliture, les clés de la Circonfession, la possibilité d’ouvrir une La-Ronde… Et déambulez avec jouissance dans les rayons de sa Sentimenthèque. Décalé et joyeusement décoiffant !

Étymologie du mot « théâtre » : lieu où l’on regarde. Est-ce à dire que notre époque est aveugle ?

Connaissez vous l’ADN CRISPR-Cas9 ? C’est une technique de découpe de l’ADN, découverte en 2012 par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna qui ont été couronnées pour cela du prix Nobel de chimie en 2020. Technique qui suscite d’immenses espoirs de traitement des maladies génétiques, des cancers et qui peut à la fois créée des bébés OGM ou ressusciter des mammouths. Puisse cette technologie dite « des ciseaux à ADN » ne pas tomber entre des mains hélas trop coupables !

Y’ a-t-il de la fuite dans les idées ?

Je me souviens de ces beaux chevaux croisés l’été dernier dans les montagnes ariégeoises. J’ai appris récemment qu’une bonne partie de ces protéines chevalines était destinée à l’exportation vers le Japon pour alimenter maints sushis nippons… Pas très chevaleresque !

E.H.P.A.D. : Cet acronyme signifie Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes. Ça sonne un peu trop comme épave, non ?

193. C’est le nombre d’essais nucléaires réalisés par la France en Polynésie entre 1966 et 1996. Un chercheur, Sébastien Philippe et un journaliste, Tomas Statius ont épluché plus de 2000 pages d’archives déclassifées pour mesurer les conséquences sanitaires et environnementales de cette expérience collective, traumatique et encore taboue. Ils en ont tiré une livre, Toxique, publié aux Presses Universitaires de France. Puisse cet ouvrage emmener notre pays à regarder en face ce miroir « pacifique » qui n’en a pas le nom.

« Quand on marche sur une plage, on marche dans ses souvenirs d’enfance » Colette Fellous, à propos du livre de Chantal Thomas De sable et de neige qu’elle m’a bien donné envie de lire.

Est dit premier un nombre qui ne se divise que par 1 ou par lui-même. Ils sont donc tous impairs, sauf 2, seul nombre premier pair. 2021 n’est pas premier car il est le produit de 43 par 47 qui eux le sont. Deux nombres premiers sont dits jumeaux lorsqu’ils ne sont séparés que par un nombre pair. Mattia est un jeune surdoué en mathématique qui rencontre Alice au lycée et la pense sa jumelle. Telle est la trame du beau roman de Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers paru en 2009, qui explore subtilement la distance qui isole et sépare, qui unit et éloigne…

Brûlant était le regard de Picasso. Le titre de ce roman d’Eugène Ébodé, dans la collection Continents Noirs des éditions Gallimard m’a attiré l’œil sur les étagères de la médiathèque et m’a transporté, non pas dans les yeux du maître peintre, mais dans l’histoire d’une fillette métisse suédo-camerounaise que la vie emmena vivre dans cette belle ville aux reflets artistiques qu’est Céret, au pied des Pyrénées. Là où elle œuvra et croisa le regard de Pablo et de bien d’autres artistes. Un beau voyage entre Afrique et Amour.

Avant la troisième vague, j’avais acheté le somptueux livre de Michel Pastoureau sur la couleur Jaune. Exaltant ! Comme toutes les recherches et écritures de cet historien-enseignant-chercheur qui a magnifiquement exploré l’univers des couleurs.

Et pour peaufiner le regard sur cet horizon littéraire, les textes de Sylvie Germain sur trois peintres -Piero della Francesca, Vermeer et Georges de la Tour – réunis dans un bel et bien nommé ouvrage : Ateliers de Lumière.

Des mots pour faire vivre encore et en corps les lumières déterminées « par » et « dans » l’atelier.

do 9521

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