AU 9 RUE DES NOUV’AILES #63

9 novembre 2021 § 0 commentaire

« La peau des tableaux de mon automne berce mon cœur d’une ardeur qui frissonne ».

Les longues journées de l’atelier d’octobre fourmillent de mille pinceaux… Beaucoup de travaux commencés d’ici de là au fil de ces deux récentes années trouvent lentement le chemin vers leur lumière… Sans hâte, dans une liberté sans urgence et en confiance… Au premier chef, la belle commande qui a fait naître « Le Soleil a rendez-vous avec la Lune sous les ailes de Saturne », un triptyque de bois et de toile qui a régalé les papilles de mes pupilles. Puis, pour le fun et les cadeaux des saisons qui viennent, des broches de placages de bois peints pour accrocher un clin de beauté aux cols colorés de vos manteaux amoureux. Et aussi, tout un chapelet de petites sculptures comme autant de plaisirs à partager la création… Vous trouverez trace de tout cela dans les images jointes comme les mains d’une prière animiste.

Mieux vaut un bouquet mystère qu’un bouc émissaire !

En septembre, je me suis inscris à la primaire écologiste… Je ne sais si cela aura grande importance pour les émois à venir mais c’était bien plaisir pour une fois de mettre un bulletin dans l’urne des « Pour » plutôt que de voter par défaut dans l’antre des « Contre »…

J’aime bien parfois réagir avec un peu de recul le long du torrent de l’actualité : mesurer avec effroi et distance les ravages enfin révélés par la commission CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église, rien que le nom fait froid dans le dos des enfants de chœur). Vertige et terreur devant l’avalanche des témoignages ! Au moment où j’écris ces lignes, je reçois l’article de Libé où huit femmes – dont sept à visage découvert – témoignent des viols et agressions sexuelles commises par Patrick Poivre d’Arvor, pratiques qui étaient fort bien connues de la hiérarchie de TF1. Raté pour le recul, j’enrage devant mon écran et je vous espère de même devant le votre ! Mais les écrans ont-ils un devant et un derrière ?

Il serait temps que les mâles passent du coq à l’âme et abandonnent définitivement la formule Hun.

J’ai décidé de changer de fournisseur d’électricité. Après avoir fui EDF, cet état dans l’Etat qui nous a enferré depuis plusieurs décennies dans les affres du nucléaire – qui se souvient encore de Vital Michalon? – puis Engie et Iberdrola, je viens pour quelques euros mensuels de plus de m’abonner à Enercoop. Le mail que vous êtres en train de lire est désormais alimenté en énergie non nucléaire et renouvelable. Pour toute info:  https://www.enercoop.fr 

Le logiciel Scribe qui devait faciliter le dépôt des plaintes a été recalé après quatre ans de recherches et quelques 12 millions d’euros… Dites à toutes les agressées qu’elles pourront continuer à porter des peaux de plaintes….

Mais dans quel monde Vuitton ?

Dans la première partie des années 90, j’ai participé aux prémisses de ce qui allait devenir le gros bouquin rouge du Yi Jing publié en 2002 par les Éditions Albin Michel. Évincé par le léonin initiateur de ce projet, j’en conçu quelques désappointements qui ne m’empêchèrent pas de continuer à écouter ce guide de sagesse et cet habile conseiller qui est aussi le fondement de toute ma pratique et poétique artistique. L’art comme une tentative de re-création du monde, la poésie comme un élan pour créer des grains de beauté sur la peau du Ciel. Pierre Faure, l’autre auteur de ce gros livre rouge a persévéré dans l’exploration des 384 lignes des 64 figures du Livre du Yi. Son authentique travail de nourrissage, d’approfondissement de cette pensée de la mutation du moi et du monde vient de voir la voie de cette parole éclore sous la forme d’un beau livre paru aux éditions Les Belles Lettres. Moi qui ai partagé un temps cette recherche collective, fus tout ému à la vision de ce livre bleu édité dans la collection La Compagnie du Livre Rouge. Je gage que cette édition va devenir référence et à terme estomper le rouge d’Albin et le jaune de Richard Wilhelm, celui par qui j’ai rencontré le Yi dans les années 70. Au premier toucher, j’ai aimé la matière de l’objet, la texture de sa couverture tissée, la rigueur de sa mise en page et le plaisir de vous en partager l’image.

Dans la Boite Noire éclairée par Pierre Niney, mettez toutes les Illusions Perdues d’Eugénie Grandet et les douze chapitres norvégiens de Julie. Ajoutez une Première Vache -First Cow- et Pig, une truie chasseuse de truffes et compagne disparue de (Nicholas) Cage. Un Albatros à Régnier et un bon morceau de Barbaque drôle et gore à la foie et à la marinade Foïs, essayez de réduire La Fracture et portez le tout dans le Compartiment 6, vous avez ainsi obtenu mon cocktail cinématographique du mois !

Après la longue traque des Furtifs d’Alain Damasio, j’ai changé ma gamme de lecture et embarqué avec ravissement dans Anima de Wajdi Mouawad. Une traque policière entre USA et Canada qui prend racine dans le massacre de Sabra et Chatila. L’époustouflante originalité de ce roman tient à son point de vue : l’histoire est contée depuis la vision qu’en ont les animaux qui en témoignent ! Qui un moustique qui pique le cou du héros, qui un chien qui décrit les sensations de son maître, une araignée qui tisse son regard sur la scène du crime ou une ratte qui meure dans la gueule du chat de la victime ! Puissant !

Cela reste un mystère pour ma mémoire : je n’ai aucun souvenir de la mort de Georges Brassens survenue le 22 octobre 1981, quelques jours après retour de mon premier séjour au Québec. Un effet du décalage horaire de la Belle Province ? Ce qui ne m’a pas empêché de me réjouir de toutes les manifestations qui ont fêté le centenaire d’Oncle Georges qui chantait si bien le 22 septembre où « c’est triste de n’être plus triste sans vous » et « qu’emmerdait la messe sans le latin ». Le lendemain, je m’en fus écouter Francis Cabrel à la Seine Musicale de Boulogne Billancourt et ce fut un délicieux moment de chants, de sons et de chansons.

Les mots de la musique contre les maux du monde. L’automne en tonne. Et le silence s’en étonne. 

« Chut ! » dit la peau des feuilles dans l’erre du temps.

do 91121

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