9 octobre 2013
« Apprendre à dessiner c’est apprendre à regarder ».
C’est Patrice Chéreau qui le dit en interview citée dans la longue nécrologie que lui consacre le Monde d’aujourd’hui. Je n’ai pas vu ses spectacles de théâtre mais beaucoup vibré à ses films. « La Reine Margot », bien sûr, « Ceux qui m’aiment prendront le train » mais surtout « Intimité », dont la scène d’ouverture faisait à merveille pénétrer sans voyeurisme dans l’infime espace de l’entre-peaux.
Jouer à cache tampon.
L’automne est là. Après un mois de septembre fourmillant dans l’atelier, j’ai repris le chemin des écoles de Rueil et de la MJC tourangelle. Dans les projets des écoles primaires, nous allons apprendre à regarder les univers des arts premiers (aborigène, inuit, amazonien, amérindien pour finir avec les dessins des Nbele d’Afrique du Sud). Et aussi travailler à partir des photos aériennes de la planète: entre autres idées, faire dessiner les enfants à partir d’une photo satellite de leur propre école. Être au cœur du monde et l’observer avec les yeux du ciel pour le couver du regard.
IMPORTANT : Notez la date du week-end des 16 et 17 Novembre prochain : L’ATELIER SERA OUVERT !!! À suivre….
S’expédier chez Montgolfier.
En Occident, QI désigne le quotient intellectuel. En Chine, le qi, c’est ce que l’on peut maladroitement traduire par souffle, vibration, énergie… Ce que Wilhelm Reich avait baptisé orgone, les hindous prana ou les pascuans mana.
Poinçonner son ticket d’arc-en-ciel.
Si j’étais une voix, je pousserais bien un coup de gueule cinéphile et même cynophile contre les block-busters américains qui déferlent chaque été sur nos écrans toilés. Y en a plus que marre de cette daube à sauce violente qui bande-annonce ad nauseam, encombre nos fenêtres technicolor, gave les neurones adolescents et sature l’imaginaire de notre espace cinéma. Et l’on se surprend à se demander pourquoi tant de fusillades jonchent les colonnes de l’actualité outre-atlantique. Sans parler de l’envahissement des séries télévisées qui squattent nos petits écrans et deviennent des sujets « culture » d’émissions de radio. Même les défilés de couture ne sont plus nommés que sous l’appellation « fashion week » !!! Serait-ce démodé que dire « semaine de la mode » ?
Jouer à la cuillère dans l’assiette à soupe.
Bien aimé la définition d’être de gauche donnée par Michel Piccoli dans son portrait en dernière page de Libé le 12 septembre dernier: « Être en permanence vigilant sur la place que l’on occupe dans le monde ». Imaginez que vous avez en permanence un œuf de lumière qui flotte au-dessus de votre occiput et que dans cet œuf, il y a un œil qui regarde votre place dans le monde. Pour mémoire, et c’est la matière d’un projet en gestation, je vous rappelle que chaque terrien a droit sur notre planète, à une surface de 2,7hectares …
Travailler à la vigne du Seigneur.
Le mois dernier, j’ai oublié de vous parler de Grand Central, film de Rebecca Zlotowski, histoire d’amours qui se passe dans la centrale nucléaire du Tricastin, en vallée du Rhône. J’y ai repensé en écoutant l’édifiant reportage sur France Inter le dimanche matin dans le magazine Interception consacré à l’EPR de Flamanville, vous savez le joujou d’EDF à qui l’on a rajouté 2 milliards d’euros il y a quelques mois, histoire de tripler le budget initial….
Mettre la cheville au pertuis.
Il est probable que ce film sorti début septembre ne soit plus à l’affiche. Consolez vous avec « Mon âme par Toi guérie » de François Dupeyron d’après son propre roman avec le fantastique Grégory Gatebois qui a triomphé cet été à Avignon dans « Des Fleurs pour Algernon ». Pas vu ce spectacle mais ce livre de Daniel Keyes lu il a quelques décennies est un chef d’œuvre, si, si !!!
Allez voir « Miele » aussi, de Valeria Golino qui avait joué dans « Respiro » en 2002. Un film fin et subtil sur la fin de vie. Il est des actrices qui sont trop rares au cinéma : c’est le cas de Maryline Canto qui joue avec Olivier Gourmet dans « La Tendresse » de la belge Marion Hänsel. Un film tout en douceur qui fait du bien au cœur.
Défriser le petit buisson
Les coups de cœur des bibliothécaires de ma médiathèque dionysienne (dira-t-on un jour médiathécaires ?) ont du bon puisqu’ils m’ont permis de lire « La Tendresse des Loups » de Stef Penney, roman à plusieurs voix qui se déroule dans le grand nord canadien. Évasion garantie.
Faire voir la feuille à l’envers.
Si vous n’avez pas encore croisé l’univers et la belle langue de Sylvie Germain, commencez par son premier roman « Le Livre des Nuits ». Puis « Nuit d’Ambre » ou encore « Magnus ». Je viens de lire « Le Livre de Tobie ». Puis j’ai poursuivi par « Petites Scènes Capitales », son dernier roman, en lice pour le Goncourt. (J’espère que ce n’est pas le dernier, puisque la langue française n’a pas de mot pour signifier « le dernier paru »). J’y ai découvert le mot « infimité », par elle inventé.
Entre infimité et intimité, il y a place pour une infinité de regard.
À votre tour d’y voir.
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Les expressions écrites en gras sont tirées de « Les doigts de pieds en bouquets de violettes », dictionnaire coquin de la linguiste Sylvie Brunet aux éditions de l’Opportun.
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