DES NOUV’AILES DU NEUF n°47

24 novembre 2013 § 0 commentaire

Comme un sous-marin.

Je compare souvent mon atelier à un navire aux cales labyrinthiques avec des motifs, des obsessions, des signes qui s’enfouissent puis remontent à la surface, des marées de couleurs qui écument ou échouent sous les plages des pinceaux, des vagues de sables qui s’aiment sur les étales des rives ou se déchirent dans la toile des algues.

Pendant ces vacances de la Toussaint, ce fut plutôt un sous-marin, avec immersion totale sous le pont de la peinture. Dix jours sans heures entre réveil et sommeil, avec dans le périscope quelques films et les expos de Braque et de Vallotton dans les galeries du Grand Palais. Et aussi celle, somptueuse, de Fabienne Verdier à la galerie Jaeger Bucher.

Vous pourrez venir accoster aux portes de ce bateau libre qui sont grandes ouvertes les samedi 16 et dimanche 17 novembre prochain de 15 à 20h.

(J’ai écrit cette phrase en caractère un peu plus gros mais, s’il vous plait, lisez la à voix basse car vous êtes peut-être écouté par la NSA !)

On est toujours sans nouvelles de la matière noire qui occupe au moins un bon quart de la masse de l’univers mais dont on n’arrive pas à trouver trace. C’est pourtant simple : elle est cachée dans l’envers des châssis ! Chaque tableau est la face émergée d’un invisible cube rempli de cette mystérieuse matière …

À notre époque qui pratique assidûment la chasse aux boucs émissaires, pourquoi actionnaire rime trop souvent avec réactionnaire ?

« L’amour est la meilleure leçon d’économie du monde, dixit Mathieu Ricard dans son livre « Plaidoyer pour l’altruisme : La force de la bienveillance », il double à chaque fois qu’on le donne ». On accuse très souvent notre époque d’être hyper individualiste. Cliché rebattu par le storytelling déprimant des grands médias alors que d’autres études plus confidentielles ont montré qu’en cas de catastrophe, le premier réflexe est souvent l’aide, la solidarité (comme lors de l’accident ferroviaire de Brétigny en juillet dernier). Peut-être faudrait-il sérieusement revisiter le concept d’individuation que définit Carl Gustav Jung, comme étant (je simplifie) un individualisme qui aurait intégré la notion de collectif… Vous avez dit altruisme ?

Il paraît même que l’art favoriserait l’empathie, comme l’a démontré Jean Claude Ameisen dans son émission Sur les épaules de Darwin du samedi 2 novembre.

Peut-on être hostile au style ?

Lu dans le journal l’annonce de la candidature à la mairie de Paris d’un Gaspard Delanoë qui entre autres s’est prononcé contre le cumul des… pandas. Sans aucun doute une candidature à prendre au sérieux !!!

C’est sans doute un des anthropologues le plus lu au monde mais pas encore très connu en France. Il s’appelle Jared Diamond et vient d’écrire livre « Le monde jusqu’à hier » aux éditions Gallimard. Ses livres explorent les sociétés traditionnelles et se demandent pourquoi certaines sociétés prospèrent tandis que d’autres disparaissent. Je l’ai entendu développer le concept de « paranoïa constructive », l’art d’utiliser cette légère pathologie pour anticiper et se protéger des fâcheux. Je me suis senti moins malade en allant vérifier trois fois que j’avais bien fermé le robinet du gaz que je n’ai pas dans mon atelier…

À la vue des passagers matinaux d’un bus entier lisant Direct matin ou autre 20 minutes, je suis plus que circonspect quant à cette presse que l’on dit gratuite. Aviez-vous observé, comme l’a fait remarqué Cabu récemment à la radio, qu’il n’y a jamais de dessins dans les journaux gratuits ?

Les Turcs ont-ils des trucs pour ne pas se prendre la tête ?

« Qui tue les chiens quand la laisse est trop courte ? » C’est une phrase d’un poème inséré dans « Mapuche » de Caryl Férey que deux réseaux d’amis différents m’ont conseillé en même temps. Alors merci pour le conseil ! C’est un polar qui se passe aujourd’hui en Argentine et qui plonge son intrigue dans les bas-fonds de la dictature et la mémoire des disparus au temps où il eut fallu boycotter la coupe du Monde de foot de 1978. C’est un bouquin qui colle à l’insomnie, qui reste ouvert entre vos mains pour vous obliger à ne pas fermer l’œil de la nuit. Du même auteur, j’ai lu aussi Zulu, qui m’a transporté cette fois en Afrique du Sud. Ambiance aussi dure, mais plaisir de la lecture aussi grand ! Entre ces deux livres, J’ai remonté le cours de l’écriture de Philippe Forrest dont j’ai adoré le Chat de Schrödinger au printemps dernier, avec la lecture de son premier roman, datant de 1997, intitulé L’enfant éternel. Livre lourd à lire puisqu’il conte le récit du cancer qui emporta sa fille âgée de 4ans. Pierre angulaire de son travail d’écriture sur la disparition. Un livre douloureux qui fortifie l’envie de vivre…

Chapitre disparition, également, je suis à la trace Erlendur, héros récurrent de l’islandais Indridason toujours à la recherche de son frère disparu lors d’une tempête de neige quand ils étaient enfants. Le roman s’appelle Etranges Rivages.

Côté cinéma, nonobstant l’encombrant tapage médiatique, j’ai passé trois heures de vrai bonheur dans La vie d’Adèle.

Sans pour autant me détourner de celle d’Omar de Hany Abu-Assad. Quant à Gravity, préférez lui une bonne séance dans un planétarium ou à la Géode. Je n’ai pas vraiment ri à 9 Mois ferme. Et vous ?

Comment ne pas le dire ? Je me sens plus angevin que chauvin, notamment pour sa douceur si bien célébrée par Du Bellay dans son « Heureux qui comme Ulysse…» Mais c’est certain, je déteste plus que tout l’odeur nauséabonde des régimes de bananes qui poussent en cette contrée natale… (Allez écouter la chronique de François Morel sur Inter du vendredi 1er novembre: http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-de-francois-morel-le-billet-de-francois-morel-48 )

Allez, je sors mes écoutilles et vous attends le week-end prochain, avec douceur et empathie, la porte et le cœur grand ouvert.

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