Soi. Sente.
C’était dimanche de Chandeleur, ce fut un moment doux et suave sur le sentier de mes ans. Entre crêpes et bougies, gravures et photos, peintures et papiers, trente-cinq personnes sont venues trinquer d’amitié, partager un regard, un verre de cidre et même acquérir quelques œuvres. De quoi dire à Saturne de ne pas mettre trop de grains de sel dans mes cheveux. Et faire hennir de plaisir le début de l’année chinoise du Cheval de Bois et celui de mon copain Zacharie, petit chevalier de quatre ans à la fière épée… aussi de bois.
J’aime ouvrir l’atelier, ce lieu de liberté où je peux faire ce que je veux, comme je veux quand je veux. Cet intime chaudron où mitonnent les mues de mes mains, les ports de mes yeux et qui sans cesse cherche ce qui ne se trouve pas pour trouver ce qu’on ne peut chercher. Certes, ainsi ordonné, prêt à l’accueil, il n’a pas le même visage que dans le joyeux désordre du quotidien solitaire et créateur, mais ouvrir sa porte, c’est aussi partager un peu de cette liberté intérieure… Et renvoyer aux abîmes tous les assassins de la curiosité dont notre époque abonde.
Une semaine après, j’ai décroché quelques aquarelles, réinstallé sur les cimaises les tableaux en cours et l’apparent désordre va doucement reprendre le fil de ses méandres. Prochain rendez vous au pays des portes ouvertes au mois de juin !
ATTENTION : LA VENTE DE DEUX DE MES TABLEAUX ANNONCÉE DANS LES PRÉCÉDENTES NOUV’AILES POUR LE 13 FÉVRIER A ÉTÉ REPORTÉE AU JEUDI 20 FÉVRIER à 14H. C’est au 3 rue Rossini, 75009 Paris (9ème) face à l’Hôtel Drouot, sous l’égide de Maître Bertrand Fraisse, commissaire-priseur à Tours. L’exposition de la vente aura lieu le mercredi 19 février 2014 de 9h30 à 19h. On peut suivre la vente en direct en s’inscrivant sur Drouot Live http://www.drouotlive.com/
Il n’y aura pas d’expo chez Philomuses, pas de Roue du Temps à Baie Saint Paul ni de « d du hasar » sur les étangs de Brocéliande. Pas plus que de « L’Igne de Feu » à Hautecour en Savoie ni d’ »Envol des Remparts »» à Ypres ni de « Fourchettes et Coquillères » à Pontault-Combault. Les réponses négatives à divers projets sont tombées en rafale en cette fin janvier, comme une pluie de marteaux sur une tête d’épingle, me faisant réclamer quelques jours de répit avant de repartir en campagne pour de nouveaux horizons de projets.
Le premier qui s’est présenté fut l’acceptation de mon dossier de VAE (Validation des Acquis par l’Expérience) par l’École des Beaux Arts d’Aix-en-Provence, en vue d’obtenir un DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique). Passer un diplôme à l’entrée des sixties, voilà qui fera écho à l’activateur de jeunesse qu’a offert ma chère nièce à son joyeux tonton.
Quand je pense que l’on est en 2014 et qu’il y a encore des écoles en France qui n’ont pas de salle d’arts plastiques, ça me révolte. Depuis décembre, celle de l’École Charles Péguy de Rueil sent bon le savon. Inspirés par les sculptures inuit, les enfants ont découvert la taille directe dans les blocs de savon de Marseille qu’ils avaient apportés. Penser avec les doigts dans les trois dimensions n’est point chose aisée pour de si petites mains mais quel régal dans leur yeux enthousiastes !
Si les poissons avaient des ailes, ils deviendraient polissons.
Pour échanger un cadeau de pull un peu juste, je suis passé aux Galeries Lafayette que je n’avais pas traversées depuis bien longtemps. J’y ai croisé l’insolence, voir l’indécence de ce luxe que l’on dit à la française dans les boutiques de marque où ne circulent qu’une majorité de touristes étrangers. Quoi de neuf depuis le veau d’or et les marchands du temple ?
« La photographie est une manifestation de la distance de l’observateur qui enregistre et qui n’oublie pas qu’il enregistre ». Pierre Bourdieu cité par Depardon dans la belle expo qui vient de lui être consacré au Grand Palais à Paris.
Découvert l’univers de Dominique Barberis à travers son récent roman « Une vie en marge ». Une belle langue où la narration se tisse sous des angles si variés que l’on est entraîné avec force et plaisir dans ce labyrinthe de mots. J’ai emprunté à ma médiathèque préférée « Correspondances des routes croisées » de Nicolas Bouvier et Thierry Vernet aux Éditions Zoé, dont le récit de leur voyage de Yougoslavie en Inde en 1954 a donné ce livre fameux qu’est « L’usage du Monde ». Ces correspondances sont en quelque sorte l’envers de ce chef d’œuvre, puisqu’elles rassemblent les lettres que ces deux artistes se sont envoyées pendant de nombreuses années. Je n’ai bien sûr pas tout lu, mais en ai picoré de savoureux extraits au seuil de l’oreiller et c’était comme les coulisses du voyage.
« Au clair de lune, rencontrer l’Autre ».
Au ciné, moi qui aime beaucoup le jeu de Karin Viard, ai été gaté avec « Lulu, femme nue » de Solveig Anspach et « L’amour est un crime parfait » des frères Larrieu. À voir aussi le très émouvant et juste « Philoména » de Stephen Frears, et aussi « Twelve Years A Slave » de Steve McQueen ainsi que « Le Vent se lève », dernier et somptueux opus du japonais Miyazaki.
Et pour clore ce numéro 50 qui commence la traversée des 60, je vous livre cette sentence reçue comme une petite lumière de bougie et de sagesse :
« À cet âge, sois sans temps et réjouis-toi du temps qui passe. »
au passage voici un site vraiment sympa sans pub en plus que détaille quelques type de cimaise pour tableau