Je dédie ces quelques lignes de couleurs et de vie à Rémi Fraisse et à Vital Michalon, victimes à Sivens le 26 octobre 2014 et à Creys-Malville le 31 juillet 1977 de ce que l’on appelle les forces de l’ordre qui ne sont en rien gardiens de la paix.
NOUV’AILES_57_1 : LA PEINTURE SUR SON 31 (à lire avec les jointes images)
Au matin du jeudi 2 octobre deux sensations contradictoires : le bonheur enthousiaste de voir mon travail mis en valeur sur les murs blancs de la Galerie du Génie et la fatigue qui doute entre l’après-accrochage et l’avant-vernissage… Et puis une fois le punch servi, il est entré et a fait le tour des cimaises en disant « je prends celle- là, celle-là, …. et aussi celle-là… » réitérant cinq fois cette sentence qui n’en croyait pas mes yeux ni mes oreilles. Puis il y eut aussi d’autres ventes de gravures et de sculpture. Et pour couronner ces bonheurs tangibles et matériels, la belle reconnaissance des 350 personnes qui sont passées voir l’expo, dont celle très chaleureuse des habitants du quartier heureux de voir une galerie s‘épanouir dans cet ancien bar fermé depuis une bonne vingtaine d’années. Chaud au cœur !
NOUV’AILES_57_2 : LE CHAT DE LASCAUX DANS LA GROTTE DE SCHRÖDINGER. Erwin Schrödinger est un physicien quantique, moins connu mais aussi fameux qu’Einstein qui a imaginé l’expérience irréalisable d’un chat enfermé dans une boîte avec un dispositif aléatoire reliant une particule radioactive et une fiole de poison. Tant que l’on a pas ouvert la boîte, le chat est dans un état superposé, à la fois mort et vivant. De cette expérience, on peut en déduire qu’observer modifie ce que l’on observe. Et que cette vérité est valide que l’on soit aujourd’hui dans un labo de mécanique quantique qu’hier dans la grotte de Lascaux !
« La réalité est en fait la superposition de tous les possibles imaginaires » Attrapé sur les ondes cette citation du physicien professeur au Collège de France Alain Connes. Chat colle avec mon tableau !
NOUV’AILES_57_3 : L’ORIGINE DU DOUBLE
Réitéré dans cette exposition l’installation réalisée en septembre pour le passage de ma VAE à Aix en Provence, avec cette fois la toile « les Dix Mille Êtres » roulée telle un parchemin vertical. Dans la symbolique chinoise, les dix mille êtres représentent l’humanité. Faite de 10000 petits visages à l’allure de caractères chinois, on peut aussi voir dans cette toile de 1,60x 10m réalisée en 1998 une image d’Internet et de sa multitude infinie d’écrans que l’on ne peut jamais embrasser d’un seul regard. Au-dessus de cette Tour de Babel de peinture, tourne, à la poussée d’un doigt ou d’un courant d’air, un œuf d’autruche qui se mire dans un miroir biface, tous deux suspendus au fléau d’une balance. Comme le disait en 1991 le cinéaste indien Satyajit Ray dans son dernier film Agantuk (Le Visiteur), la vie s’est développée sur Terre pour la bonne raison que vus de notre planète, Le Soleil et la Lune ont la même taille apparente. De cette vision, j’ai imaginé qu’en lieu et place d’un « instant zéro » de big bang (mais alors qu’y avait-il avant ?) la vie est née du reflet d’un œuf originel dans un miroir mouvant et céleste entre blanc et jaune, jour et nuit (…) et aussi entre toi et moi…
Entendu dans la bouche d’Étienne Klein cette variation quantique sur les trois mots :Néant / Vide / Rien. Ajouter « je » devant cette triplette et vous obtenez la phrase « Je n’ai envie de rien » !
NOUV’AILES_57_4 : LA PEINTURE SUR SON 31 (suite)
Le succès de cette exposition est venu à point nommé juste après avoir décidé d’arrêter mes interventions dans les écoles de Rueil-Malmaison. Je continue celles du mercredi dans la MJC de Ballan-Miré, près de Tours mais profite intensément des retrouvailles avec une plus grande maîtrise de mon emploi du temps. Prendre celui de revisiter les étagères de l’atelier, le réorganiser et rebondir sur cet élan revivifié avec de nouvelles créations à venir….
« Ne pas devenir cynique ». C’est ce que déclare Wim Wenders à propos de Sébastiao Salgado dans son film Le Sel de la Terre. Celui-ci voulait arrêter la photo après ses reportages des années 90 au Rwanda. Puis il a entrepris Génésis, travail qui fut exposé à Paris à l’automne 2013 et qui éclaire somptueusement sa vision de la Beauté de la Terre. Et a planté avec la fondation créée avec sa femme deux millions et demi d’arbres sur sa terre brésilienne…
À voir également Gone Girl, Vie sauvage, Les Combattants, Litling ou la délicatesse, et surtout Mommy et Bande de Filles.
Régal de lecture en retrouvant Haruki Murakami et son Kafka sur le Rivage.
J’écris ces nouv’ailes en écoutant à la radio Jacques Bonnaffé citant quelques titres et aphorismes du poète belge Jean Pierre Verheggen (Poète ben qu’oui, poète ben qu’non / L’essentiel est de ne pas participer, comme disait Pierre de Courbature / Le Commandant Couche-Tôt se lève avec les poulpes / Un Jour je serai Prix Nobelge / Vache qui rit vendredi, dimanche corrida / J’ai trop d’ambition pour en avoir) et là, j’ai les doigts du clavier qui sourient. Mais l’émission de radio est terminée et maintenant j’écoute les doigts de mon ami Bertrand Ripoche qui dansent sur l’âme et les lames de sa collection de sanzas, que l’on appelle aussi piano à pouce. Vous pouvez l’entendre sur https://soundcloud.com/bertrand-ripoche .
Vu les expositions de Sonia Delaunay (« Un delaunay est bon à toute heure »!!!), Hokusai (une foule permanente de 25 personnes devant la houle de La Vague, préférez y la contemplation solitaire des nombreux livres qui sont consacrés à ses peintures et estampes) et celle de Frank Ghery et des nombreuses maquettes de ces réalisations architecturales, dont le fameux Guggenheim de Bilbao. Vu aussi à Beaubourg, celle de Marcel Duchamp « La peinture, même », grand artiste mais peintre peu inspiré dont on dit communément qu’il a tué la peinture.
En sortant de cette exposition, il ne me vint que cette royale réflexion : « La Peinture est morte, Vive la Peinture » !
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