DES NOUV’AILES DU NEUF n°59

9 janvier 2015 § 0 commentaire

« Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras renoncer aux jeux d’autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus… Tâchons d’entrer dans la mort les yeux ouverts… »

Ce sont les dernières lignes des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar et accessoirement, parce que la vie continue, c’était la question du super banco, hier, jour de deuil national, au Jeu des Mille Euros sur France Inter.

J’ai eu l’occasion, il y a quelques années de croiser les tendres et amicaux Cabu et Tignous. Penser que la dernière image qu’ils auront vue avec leurs compagnons de ce matin de terreur, était cagoulée de noir avec des mains de kalachnikov me remplit d’un océan de tristesse qui rien ne pourra écoper. Mais il faut bien esquisser un sourire pour hommage à ces chevaliers de l’humour qui ne peut être assassinée : je pense à tous ces petits et grands qui ont lu ou lisent « Où est Charlie ? » une série de livres-jeux édité par Martin Handford où le lecteur doit réussir à retrouver un personnage, Charlie, à l’intérieur d’une image. Et bien aujourd’hui, Charlie est partout…

« Le silence est fait de paroles que l’on n’a pas dites ».

En lisant « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants » de Mathias Enard qui conte le séjour de Michel-Ange à Constantinople en 1506 pour la construction d’un pont sur le Bosphore, je réfléchissais sur le rapport de l’islam avec l’image puisque cette région professe l’aniconisme, c’est-à-dire l’absence de représentations figuratives des déités et des êtres vivants. Et en conséquence sur sa relation avec notre monde d’aujourd’hui et son déluge d’images qui à la fois éclaire et obscurcit la réalité…

« Il y a plus d’une sagesse, et toutes sont nécessaires au monde. »
J’avais trouvé assez ironique qu’à l’automne dernier, au moment où fleurissaient dans les bulles médiatiques les apologies nauséabondes du soi-disant suicide français et autres déclinaisons masochistes du déclin national, l’actualité avait apporté un cinglant démenti avec l’attribution dans les mêmes jours de deux prix Nobel à des ressortissants de notre pays. Quelques jours après, j’étais invité par ma filleule Nina à une formidable pièce de théâtre sur le rock & roll intitulé « Gonzo Conférence » de Fanny de Chaillé et Christine Bombal que je vous souhaite de croiser dans vos pérégrinations artistiques. Ce spectacle était suivi d’un tremplin rock où elle chantait avec son groupe White Motel. Et je vous assure que voir la pêche, la patate et la frite de cette bande de jeunes d’à peine vingt ans m’a fait un bien fou pour lutter contre le délétère climat de notre époque. Nina va prochainement tourner dans un court-métrage et pour cela a besoin de votre soutien même modeste et de votre clic sur http://fr.ulule.com/faireuntourauxmerveilles/
Autre remède à ne pas éviter sur votre route : la poésie légère, drôle et profonde du Cirque Plume que j’avais vu débuter à Saint-Nazaire au milieu des années 80.

« Nous serions tous transformés si nous avions le courage d’être ce que nous sommes ».

C’était le jour d’avant, le 6 janvier. Les infos annoncent que la science peut désormais prouver que les particules fines font augmenter la mortalité. Comme est trop lent le cheminement de la conscience écologique !

« De même qu’il n’y a pas d’amour sans éblouissement du coeur, il n’y a guère de volupté véritable sans émerveillement de la beauté ».

Au vu de l’actualité, je suis content d’avoir envoyer mes vœux de bonne année, tôt dans ce mois. Un partage de vœux pieux, un exercice vain, forcément vain qui prend cette année allure de pieu dans le cœur. Alors, dans le secret de votre alcôve, retourner cet impossible partage vers vous-même. Faites-vous à vous-même un vœu, dessinez-vous une étoile filante et… gardez les yeux ouverts.

« L’eau bue dans la paume ou à même la source fait couler en nous le sel le plus secret de la terre et la pluie du ciel ».

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Toutes les citations en italique sont de Marguerite Yourcenar.

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