QUOI DE NEUVE ? (13)

12 mars 2023 § 0 commentaire

La syndicaliste et Fenua.

La syndicaliste, c’est un film de Jean Paul Salomé inspiré du livre-enquête de Caroline Michel-Aguirre sur l’affaire Maureen Kearney, syndicaliste d’Areva violemment agressée en décembre 2012, puis accusée d’avoir organisé elle-même cette agression, et finalement relaxée en 2018 par la Cour d’Appel de Versailles sans pour autant avoir été reconnue victime et sans que les auteurs de cette agression aient été identifiés. Remugles vertigineux des coulisses de l’empire nucléaire et de ses lobbys qui font froid dans le dos au moment où le gouvernement s’apprête à mettre en œuvre « le projet de démantèlement de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire [qui] constitue une dérive technocratique dangereuse » comme l’a titré le journal Le Monde. Alors que l’on vient de trouver d’importantes fissures dans le circuit d’injection de sécurité du réacteur nucléaire de Penly en Seine Maritime. Site qui devrait recevoir un des 6 EPR que le Méprisant de la République – comme l’ont bien nommé quelques pancartes syndicales des manifs contre la réforme des retraites – a décidé sans le moindre débat démocratique. Vous qui me lisez peut-être depuis longtemps, connaissez mes obsessions anti-nucléaires nées au cœur des années 70, indissociables de l’effroi, non pas du nucléaire en lui-même – il est hélas là- mais de son éternité radioactive léguée à nos descendants. 

Et quel lien avec le Fenua dans tout cela ?

Aucun (ou presque). Fenua, c’est le titre d’un roman de Patrick Deville, emprunté par hasard à la médiathèque de mon quartier, mais Fenua c’est surtout le nom du territoire fait de toutes les îles, atolls et autre archipels de la Polynésie, qui rassemblés ne feraient même pas la surface de la Corse. L’auteur nous emporte dans le temps et dans l’espace de ce monde, autrement dit dans son histoire et sa géographie. Entre La Pérouse et de Bougainville, Cook et Darwin, Jack London et Robert Louis Stevenson, Melville et Julien Viaud, plus connu sous le nom de Pierre Loti. On y apprend que Gauguin s’embarquant pour Tahiti aurait pu croiser dans le port de Marseille Rimbaud revenant d’Abyssinie. On y rencontre aussi Victor Segalen et Georges Simenon, Elsa Triolet et Alain Gerbault, Moitessier et Romain Gary et c’est un formidable voyage que tracent les pages de ce beau roman.

Et le lien avec la syndicaliste ? À chercher du côté de Moruroa et Fangataufa, lieux de sinistres essais pas très pacifiques …

8 mars. Journée internationale des Femmes, des Droits des Femmes, de la Femme? Comment nommer cette journée en attendant idéalement que tous les jours de l’année le soient ? Alors juste citer Beaumarchais dans l’acte III du Mariage de Figaro : « Nous sommes traitées en mineures pour nos biens et punies en majeures pour nos fautes ».

« Je ne repartirai pas », de Nat King Cole. C’est le swing en français de la musique entendue autour du cercueil d’Agnès Lasalle, professeur d’espagnol tuée par un de ses élèves le 22 février dernier dans un lycée privé de Saint Jean de Luz. Au milieu d’une foule attristée assistant aux obsèques sur le parvis de cathédrale de Biarritz, un homme, seul, danse en portant dans le vide de ses bras l’absence de silhouette de celle qui était sa compagne. La vidéo n’est pas très bien captée, mais l’émotion de l’indicible deuil est là, dans ces quelques secondes de grâce. Prenez temps de les voir.

Le printemps s’approche et comme chaque année je participe à l’exposition Le Printemps des Poètes à la Galerie du Génie de la Bastille avec le tableau La Frontière Carrée que vous pouvez voir en image 1 de cette chronique. Pour toute info : https://www.legeniedelabastille.com/evenement/le-printemps-des-poetes-2023-frontieres/

Je continue tant bien que mal à répondre aux appels à projets malgré l’avalanche d’échos tous négatifs à ce jour. Alors comment continuer ? Chercher encore des réponses…

Et puis filer dans quelques salles obscures pour éclairer l’humeur légèrement dépressive de cette fin d’hiver.

Outre La Syndicaliste, le formidable La Montagne de et avec Thomas Salvador. Comme un énergétique et poétique baptême de pierre en altitude. Vu aussi La Famille Asada, les délicieuses pâtes à modeler de « Interdit au Chiens et aux Italiens « , Le Retour des Hirondelles ( c’est de saison!), Empire of Light, The Son et El Agua.

Puis reprendre une lampée de pages de Jón Kalman Stefánsson avec À la Mesure de l’Univers, suite poétiquement savoureuse de « D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds ».

Mais les vers des poèmes, si ! Puissiez-vous en glisser quelques uns dans les marches de votre équinoxe.

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