QUOI DE NEUVE ? (20)

13 décembre 2023 § 0 commentaire

Rothko et Mankell, baumes de décembre.

Je voulais terminer ma précédente nouv’aile en vous disant « Chouette, demain je vais voir l’expo Rothko à la Fondation Vuitton ». Et puis j’ai oublié de l’écrire… mais pas d’y aller. Et ce fut un moment de grâce et de lumière, d’intimité et de recueillement. Je l’avais découvert de visu en 1999 lors d’une exposition au MAM de Paris et ce fut déjà un éblouissement, aujourd’hui renouvelé dans cette grande et majestueuse exposition. Avant de sortir du surréalisme et de plonger dans l’abstraction et la couleur pure, Rothko, né Markuss Rotkovics en 1903 en Lettonie, écrivit au tournant des années 40, un long texte intitulé La Réalité de l’Artiste qui ne fut découvert par son fils et sa fille que 18 ans après sa mort en 1970 et publié en France en 2004. Dans un des premiers chapitres, il écrit «la répétition constante du faux est plus convaincante que la démonstration du vrai». Les réseaux de notre époque illustrent bien cette sentence visionnaire…

Je participe cette semaine à l’exposition les MINIS du Génie avec deux récents petits formats (dans l’image n°1 de cette chronique). Pour info, je serai présent à la Galerie le Mercredi 13 décembre de 14 à 17h. N’hésitez pas à y porter votre regard, qui est aussi un soutien. La Galerie du Génie de la Bastille, sise depuis 2014 au 126 rue de Charonne à Paris, est comme bon nombre d’associations culturelles en grandes difficultés. Help !!!

Je continue tranquillement à œuvrer dans l’atelier sans d’autre objectif précis que me nourrir de l’acte de créer et d’ainsi soigner et tenir à distance la dure morosité de l’époque… tout en continuant à répondre à quelques appels à projets. Mais qu’est lourde et douloureuse l’humeur de cette fin d’année ! Je mobilise toute mon énergie pour rester humblement debout et j’écris ces nouv’ailes pour continuer à tisser les liens des mots et l’écho des regards…

Reçu à la radio une minute d’espoir dans la bouche de Cécile Duflot qui intervenant à propos de la COP 28 déclara que s’il y avait tant de lobbystes à ce grand raout écologiste au pays du pétrole, c’est parce qu’ils se sentent menacés. Vision optimiste ? Mais non dénuée de fondement, chacun sentant bien que cette assemblée n’a rien d’une baguette magique mais que c’est endurance et ténacité qui vont œuvrer au changement… Qui sera forcément trop lent, au vu de toutes les accélérations vertigineuses des prévisions climatiques… Le temps n’est plus à chercher à savoir scientifiquement s’il y a lien entre dérèglement et accumulations de catastrophes. L’évidence nous bouche les yeux: la colère de Gaïa est là.

Entendu aussi à la radio que la mort du dramaturge Eschyle serait due à la chute sur sa tête d’une carapace de tortue (lancée dit la légende par un rapace qui aurait prit son crâne pour un rocher). Étonnante collision, lien subtil entre les pensées grecque et chinoise quand on sait que la naissance de l’écriture de l’Empire du Milieu et corollairement du Yi Jing, se fit à travers des pratiques divinatoires par brûlage de carapaces de tortue…

Dans les nouv’ailes d’octobre 2015, à l’annonce du décès d’Henning Mankell, j’écrivis : «Il faut lire et relire ce grand humaniste, pour ses polars bien sûr, qui sont bien plus que des policiers mais aussi ses romans et ses ouvrages pour la jeunesse que ce gendre de Bergman avait tissés au fil de sa vie partagée entre Suède et Mozambique.» Récemment une amie m’a conseillé de lire son dernier livre intitulé Sable Mouvant : en janvier 2014, Mankell né en 1948, apprend qu’il est atteint d’un cancer du poumon. Il tient alors un journal, pas vraiment de sa maladie, mais plutôt un regard sur ses « Fragments de ma vie » comme est sous-titré ce livre. Il parle de son métier d’homme de théâtre – écrivain et metteur en scène – et nous livre ses réflexions sur le monde et ses histoires. Je le découvre férocement antinucléaire quand il évoque les cent mille années que nous léguons à nos descendants pour l’enfouissement et la surveillance des déchets radioactifs… Nous qui nous émerveillons des chefs d’œuvres de Lascaux ou autres splendeurs de Cosquer, imaginez ce qu’il en serait si au lieu de ces premières traces de peintures, on avait trouvé des futs d’acier corrodés transpirant la mortelle radioactivité… Pour suivre, je lis le livre Mankell (par) Mankell, qu’une journaliste danoise, Kirsten Jacobsen, lui a consacré après de longues et nombreuses séances d’interviews pour peaufiner le portraits multi-facettes de cet écrivain suédois qui a vendu plus de 40 millions de livre dans le monde. Toutes ces réjouissantes lectures m’ont donné envie de remettre mes yeux dans les pas du commissaire Wallander…

Après d’avoir rejoint récemment ceux du commissaire Jean-Baptiste Adamberg dans le roman Sur La Dalle de Fred Vargas paru en mai dernier. J’avais été moyennement emballé par son précédent livre La Recluse, mais cette fois, j’ai embarqué sur cette dalle bretonne rondement menée. Embarqué aussi dans Le Bal des Folles de Victoria Mas, chronique des femmes recluses à La Salpêtrière sous les expérimentations du Docteur Charcot.

Dans les étoiles invoquées pour tenir face à ce monde de dingues, il y a celles qui brillent dans les salles obscures où je l’avoue, moi qui n’ai ni télé ni réseaux sociaux numériques, je me réfugie en surfant sur ma carte d’abonnement de 22€ mensuels qui depuis plus de 20 ans me donne accès à la très grande majorité des cinémas parisiens.

Au menu de ces semaines, le québecois Simple comme Sylvain, Le « guédiguian » Et la Fête Continue, Le gastronomique Dodin Bouffant, l’africain et belge Augure, le tokyoïte Perfect Days de Wim Wenders, l’espagnol Les Filles vont bien, le dispositif remarquable de Little Girl Blue. Et le frugal mais foisonnant Ricardo et la Peinture de Barbet Schroeder, ami depuis plus de 40 ans de Ricardo Cavallo, peintre argentin entre Neuilly et Bretagne, magnifique portrait d’une belle et tenace trajectoire artistique qui rime avec authentique.

Et pour finir cette chronique sur la légèreté d’un sourire, une question importante :

Souriez, l’année est presque terminée, une nouvelle est bientôt âme née.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Où suis-je?

Vous êtes en train de lire QUOI DE NEUVE ? (20) chez Do Delaunay.

meta