QUOI DE NEUVE ? (21)

9 janvier 2024 § 0 commentaire

Des soldats ont ouvert le feu sur des civils. Mais quand vont-ils le refermer ?

Est-il nécessaire d’en écrire davantage pour ne pas alourdir le couvercle plombant de l’actualité ?

Mieux vaut regarder les timides flocons qui virevoltent au fil de ces lignes derrière la verrière de l’atelier qui continue à son rythme tranquillement hivernal à peindre ses ardoises, à chercher le centre du regard (image 1), à poursuivre la quête de fenêtres à ouvrir (image 2), à dessiner Les Pages de Marguerite (image 3) pour un projet d’installation de miroirs aux abords de la maison d’enfance de Dame Yourcenar dans la région d’Hazebrouck. Projet qui ne verra pas le jour (ni la nuit) en cette année à venir. Il y eut 120 réponses à cet appel et 10 heureux. Bonne chance à eux.

Je me souviens qu’enfant, à l’époque où le téléphone était un produit de luxe, je rêvais du jour où il serait possible non seulement d’entendre la voix de son interlocuteur lointain mais en plus de le voir. Ce rêve est devenu réalité et bien souvent cauchemar dans un espace public où les interférences crachottantes des portables deviennent l’insupportable bande sonore des transports en commun. Qu’y faire ?

« Sous le pont Mirabeau coule la Seine » écrivit Apollinaire. Par quels méandres de l’histoire sont passés ses courants qui devraient nous faire chanter « Sous le pont Mirabeau coule… l’Yonne » puisqu’à leur confluent, à Montereau, c’est cette dernière qui a un débit supérieur à celui de la Seine, qui, si l’on suit cette norme de géographe devrait être considérée comme un affluent de l’Aube… Ainsi je vous écrirais depuis le département d’Yonne-Saint-Denis, tandis que Le Havre serait sous-préfecture de … L’Yonne Maritime !

J’avais bien aimé il y a une douzaine d’année La Théorie des Nuages de Stéphane Audeguy ainsi que Fils Unique, biographie imaginaire du frère (disparu?) de Jean Jacques Rousseau. J’ai retrouvé avec plaisir cet auteur avec L’Histoire du lion Personne, les aventures d’un lionceau entre Sénégal et Jardin des Plantes parisien à la fin du XVIIIème siècle.

Haruki Murakami a une passion pour les tee-shirts dont il possède une faramineuse panoplie qu’il nous raconte dans un bref ouvrage intitulé T. Entre catalogue et collection, deux manches partout !

Aviez-vous vu le beau film de José Luis Lopez Linares inspiré par Jean Claude Carrière et intitulé L’ombre de Goya, paru en 2022. J’ai retrouvé trace du célèbre peintre espagnol, ou plutôt celle de son crâne, quête d’une médecin-légiste dans le roman de Sarah Chiche Les alchimies.

J’ai retrouvé Peter May, le plus périgourdin des auteurs écossais avec un roman paru il y a trente ans et récemment réédité. C’est Un chemin sans pardon, dans la jungle cambodgienne au moment de la chute de Khmers rouges.

Retrouvé aussi l’islandais Indridason, non pas sur son versant policier mais plutôt sur l’historique avec Le Roi et l’Horloger, étrange rencontre au XVIIIème siècle, entre un horloger islandais et Christian VII, roi du Danemark considéré comme fou et écarté du pouvoir.

Je viens de commencer avec enthousiasme, Cosme, un livre de Guillaume Meurisse qui tourne autour du poème Voyelles d’Arthur Rimbaud.

Dans les films du mois, j’ai bien aimé Soudain Seuls, inspiré du livre éponyme d’Isabelle Autissier. Past Lives de Cécile Gong, touchante histoire d’amour/amitié entre Corée et New York. Touchante l’est aussi celle contée par le singapourien Anthony Chen dans Un Hiver à Yanji.

Sublime beauté en noir et blanc du Voyage au Pôle Sud de Luc Jacquet. Non loin de là, en Patagonie, l’implacable réquisitoire contre le massacre des indiens que porte Les Colons, intense et puissant film de Felipe Galvez Haberle.

J’avais bien aimé Perdrix d’Erwan Le Duc en 2019. Même régalade drôle et décalée avec La fille de son père.

Et pour finir ces agapes cinéphilliques de passage d’An Neuf, je suis allé déguster quatre heures de Menus Plaisirs, le film que le documentariste nonagénaire mais toujours alerte Frederick Wiseman a tourné dans les restaurants de l’étoilée tribu Troisgros à Roanne. Luxe et délices !

La nuit est tombée, les trop rares flocons ont cessé, j’écoute l’enregistrement des Sonates de Bach par l’immense Rostropovitch dans la basilique de Vézelay en mars 1991.

« Il suffit d’écouter le vent pour savoir si l’on est heureux » a dit le philosophe Adorno cité par Charles Pépin dans son émission Sous le Soleil de Platon du 3 janvier.

Là j’aime celui qui souffle dans les ouïes du violoncelle du grand Slava.

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