Dé-goûté !
Il ne reste que huit séances sur les 33 prévues pour que tournent encore autour de mon cou les grosses papattes de ce nounours géant de plastique et de radioactivité que vous pouvez voir dans la première image de cette chronique. Ce n ‘est le 19 que je pourrai fredonner la chanson d’Eddy Mitchell, la dernière séance. Pour clore ce parcours de chimio et de radio sans pour autant être sûr que le goût de métal et la salive gluante qui me pourrissent la bouche et la vie depuis toutes ces semaines de janvier et de février s’estompent rapidement. C’était prévu dans les effets secondaires du traitement, mais entre être prévenu et le vivre en corps s’ouvre le gouffre d’un abîme d’indicible où même les mots n’ont que le dégoût à la bouche.
Ajouter à cela une bonne dose de fatigue et vous saurez pourquoi cette nouv’aile est si courte.
J’ai gardé le peu d’énergie disponible pour dessiner quelques variations trigrammatiques que je vous joins en images et travailler quelques réponses à appels à projets.
J’ai quand même trouvé l’énergie d’aller voir quelques films. La Chambre d’à côté d’Almodovar, idéal avec un peu d’humour pour une veille de chimio, Un hiver à Sokcho pour se dépayser sensiblement à la frontière entre les deux Corée, Les Feux Sauvages, parce que Jia Zhangke est un grand cinéaste et Un parfait inconnu pour se replonger dans la jeunesse de Dylan. Mais le plus fort film du mois est sans aucun doute Je suis toujours là du brésilien Walter Salles. Inspiré de l’histoire de l’architecte Rubens Païva, ancien député brésilien enlevé en 1971 par la dictature dont on n’a jamais retrouvé trace, le film conte l’histoire de cette famille solaire fracassée par cette disparition, mais restée bien vivante emmenée par sa femme jouée avec maestria par Fernanda Torres. Poignant !
Vu sur petit écran mais avec toujours autant de mystérieux plaisirs le film que je mettrai en tête de mon hit-parade personnel si cela m’était demandé. MULHOLLAND DRIVE. Par ce film entre rêve, réel, fiction et cinéma, David Lynch est définitivement un auteur de cinéma avec un grand H comme hauteur.
Pour agrémenter les allers-retours entre l’atelier et Osny, lu dans le taxi qui m’y emmène Dans les Brumes de Capellan d’Olivier Norek, excellent polar à Saint Pierre et Miquelon, Un Alibi en Béton de Peter May et la belle plume de Nathacha Appanah qui fait revivre ses ancêtres indiens et mauriciens dans La Mémoire Délavée. Bel écho des ravages de la colonisationsur les rivages de l’océan indien. Je viens de commencer la lecture enthousiaste de Être un Chêne de Laurent Tillon. Un voyage au pays de Quercus qui commence par un gland en 1780. Merci pour le conseil, Stéphane !
À l’heure où la première puissance économique devient dirigée par une « gang » de maffieux dont l’intelligence cynique et destructrice n’a rien d’artificielle, je voudrais juste souhaiter que l’e-machination laisse toujours place à ce vrai trésor de l’humanité …. qu’est l’imagination.
Do 9225


/



Laisser un commentaire