QUOI DE NEUVE ? (37)

10 septembre 2025 § 0 commentaire

« Fin possible du chantier vers 2060 ».

Telle est l’inscription écrite en bas du cartel de la Galaxie des Pierres Levées dont la rencontre fut une des plus belles émotions esthétique et spirituelle de mon été vadrouilleur. Cela se passe en Charente Maritime, entre Saintes et Saint Jean d’Angely, près du site des carrières de la Pierre de Crazannes. https://www.lapidiales.org (Voir image n°1 de cette chronique).

Au départ de cette association, il s’agissait de sculpter les parois des carrières. Puis le projet s’est étendu dans le temps et d’espace pour donner naissance à la Galaxie des Pierres levées : chaque année, quelques artistes sélectionnés viennent de toute la planète pour sculpter chacun un des 360 blocs de cette pierre blanche et au fil des ans se dressera ainsi l’ensemble de ces sculptures sur les cinq branches du dispositif reliées chacune à un continent. Ce saut dans l’avenir que propose ce projet, cette œuvre qui s’élabore à travers les générations, ce regard qui ne sait rien de son achèvement, tout cela a fait le bonheur de mon attention estivale pour enjamber en imagination les relents nauséeux de l’actualité contemporaine. 

Ainsi commença le vagabondage estival qui vient de s’achever ce jour du 8 septembre pour être à l’heure du 9. Auparavant il y eut ludique et immersive exposition aérienne Euphoria qui vient de se terminer et la formidable et courageuse exposition intitulée Mission Dakar-Djibouti [ 1931-1933] :Contre-enquêtes sur les dessous de cette mission ethnographie et linguistique qui sous couvert d’objectifs scientifiques, fut en réalité une véritable razzia d’objets africains qui peuplent aujourd’hui les réserves de nos musées nationaux. Elle dure jusqu’au 14 septembre au Musée du Quai Branly.

L’été fut cousu de fils d’amitiés. Les rouleaux des vagues du cap Ferret, pour masser d’écume et de soleil le corps qui n’a pas totalement oublié les effets des rayons mais qui s’était réjoui quand le chirurgien avait dit lors du contrôle mensuel de juillet « y’a plus de cancer ! ». Ce n’était qu’une confirmation du contrôle précédent mais que ce fut bon d’entendre cette exclamation ! Il y eut aussi la canicule du Lot aux abords de la piscine de Neyrac, le chantier d’une cheminée près de Saint Affrique, les bains à remous dans le Tarn, une surprise à Millau, de la biodiversité et des rapaces nocturnes en Lozère, les premiers pas d’un bébé le jour de ses 15 mois, un tas de bois pour l’hiver à ranger dans la soue à cochon et un cochon qui sourit dans la montée au Lac de Fées …

Peu de cinéma dans mes pérégrinations de l’été : Fragment d’un parcours amoureux de Chloé Barreau, qui a filmé ses rencontres, ses amours et ainsi documenté sa vie amoureuse de 16 à 41 ans pour en faire un joli film, écho visuel au livre de Barthes. Il y eut aussi A Normal Family, excellent film sud-coréen dont la tension habite encore ma mémoire.

J’avais écrit dans ces lignes tout le bien du film Le règne animal. Je ne savais pas qu’il était inspiré d’un roman de Jean -Baptiste Del Amo dont j’ai lu et beaucoup aimé cet été La Nuit Ravagée. Je vais vite aller à la rencontre d’autres livres de cet écrivain.

Quand j’écoute Le Masque et la Plume, je porte surtout attention aux coups de cœur que les critiques distillent en fin d’émission, bien davantage qu’aux commentaires des sorties des rentrées littéraires. Ce fut le cas pour « On ne sait rien de toi » de Fabrice Tassel. En résumé je pourrais dire que ce sont les déboires adultérins du chef de l’IGPN, la police des polices, mais ce serait ridiculement réducteur tant dans la construction de la forme que dans la densité du propos.

J’avais plutôt aimé les deux premiers volumes de la trilogie de Pierre Lemaître le Grand Monde, puis Le Silence et le Colère mais me suis essoufflé au troisième volume, Un avenir radieux. L’intrigue est poussive, peu crédible et la saga des Pelletier vire à la caricature qui m’a laissé sur ma faim.

Alors je me suis régalé avec Partie Italienne, d’Antoine Choplin, une belle histoire de rencontres et de jeu d’échecs qui m’a délicieusement remis en mémoire Le joueur d’échecs de Stephan Zweig. Je vais aussi suivre cet auteur qui m’a enchanté. 

Lu aussi un roman d’Etienne Kern, La vie meilleure, autour du personnage d’Émile Coué, inventeur de la fameuse Méthode. 

Un autre temps fort de lecture, pendant que je crapahutais dans les beaux sentiers d’altitude du Massif du Beaufortain, me délectant de la crème de neige qui recouvrait le plus haut des sommets alpins, fut la lecture de La Diagonale de la Joie, de Corine Sombrun, dont j’ai déjà parlé dans ces lignes. Cette femme a découvert lors d’un reportage en quête de captures de sons en Mongolie qu’elle était chamane. Son aventure fut contée dans Un Monde plus Grand, film de Fabienne Berthault et son rôle interprété par Cécile de France. Depuis elle s’efforce d’instiller son expérience de transes dans l’univers des sciences neurologiques et c’est cette trajectoire et ses nombreux méandres et à-côtés qu’elle relate dans la joie de sa diagonale.

Les 12 coups de minuit viennent de me faire passer du 8 au 9. Je vous souhaite un pas alerte pour enjamber d’équinoxe d’automne et je dédie cette chronique aux enfants de cette décennie, Milo, Thelma, Naomie, Mayane… futurs trentenaires qui verront peut-être l’achèvement de la Galaxie des Pierres levées.

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