QUOI DE NEUVE? (8)

28 octobre 2022 § 0 commentaire

Dans l’Entre & la Roue, il y eut le plein et le vide.

Le plein ce sont les 250 personnes qui sont venues donner regard aux couleurs, matières et formes de mon exposition à la Galerie du Génie. (voir l’image 1 jointe). Quels bonheurs pendant ces deux semaines de voir mes créations ailleurs que dans le fouillis trop plein de l’atelier, sur des murs blancs d’espace où l’énergie de la couleur qui rime avec chaleur attire le passant de la rue de Charonne et quelques yeux amis qui me suivent depuis longtemps…

Le vide, ce fut comme un voile de doutes sur le devenir de cette expérience, sur la rareté des ventes – deux dessins, (image 2) + une petite sculpture – me permettant tout juste d’amortir les frais d’exposition. Puis les tableaux ont retrouvé le sommeil de l’atelier comme plein de leurs camarades qui n’ont été exposés qu’une ou deux fois. Dans le même temps l’Arbre à Miroirs fut démonté et les 432 miroirs or & argent montés sur treillis à béton ont eux aussi regagné les pénates de l’atelier, qui sont comme chacun sait les divinités romaines en charge de la garde du foyer et du feu servant à faire la cuisine. Mais je ne me « plein » pas de ce vide, je le fais. L’automne sera repos et décantation. Si la peinture décante pour qu’elle ne déchante point, les projets continuent leurs appels et La Roue du Temps tourne encore dans mes crayons…

L’exposition me fit grâce d’un final inattendu. Souhaitant faire un mini-concert pour le pot de clôture, mais n’ayant pu faire venir et se rencontrer deux amis musiciens, je songeai à inviter Didier Malherbe, contacté par mail il y a 18 ans pour un projet de musique accompagnant une vidéo de mon installation à Saint Lo « Le Tour de l’Arc en Ciel ». Le projet n’aboutit pas mais le lien électronique demeura via ces Nouv’ailes. Raisonnable, je n’osai pas céder à cette envie un peu folle d’inviter ce merveilleux souffleur qui a joué dans Gong, Magma et dont je me suis beaucoup immergé dans son fameux Hadouk Trio. En général, j’aime bien aller au bout de ce genre d’intuition saugrenue, mais finalement pour une fois, timide, je n’y cédai pas. Alors imaginez l’émotion qui me submergea quand le dimanche soir de finissage, je vis entrer dans la galerie un inconnu avec un chapeau qui me dit «  Bonsoir, je suis Didier Malherbe ». Venu avec dans sa besace, son doudouk – hautbois arménien – dont il sortit une variation de Round Midnight qui me couvrit de frissons, un CD et un livre de ses sonnets, il est reparti avec le dessin Deux Noires pour une Blanche pour sceau de cet instant que l’on pourrait qualifier de «magique » si cette pensée existait… Depuis je l’écoute dans Le Cinquième Fruit, Hadouk Quartet et Hadoukly Yours. Pour les parisiens, retenez la date du 19 novembre, il jouera au Triton au Lilas.

Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à rester très longtemps devant un écran pour visionner des vidéos, mais si 40 minutes vous semblent supportables, vous pouvez regarder celle de la conférence que j’ai donnée intitulée « Conversation d’Un Œuf avec La Roue du Temps » en suivant ce lien https://youtu.be/eEoucO0P56g

Je guette sur les rayons de la médiathèque les parutions des livres d’Arnaldur Indridasson. Cette fois-ci c’était « Le mur des silences » et toujours un vrai régal. Mes regards de lecture ont continué de se tourner vers cette terre islandaise avec la poursuite de la découverte de Jón Kalman Stefánsson, dont je vous ai vanté dans ma précédente chronique « Ton absence n’est que ténèbres ». Cette fois c’est « Lumière d’été, puis vient la nuit » paru en 2005 et traduit en 2020. Je pourrais vous dire que c’est la chronique d’un petit village des fjords de l’Ouest islandais, mais cela ne dirait rien de la magie de cette écriture fluide mais envoutante dont la réalité des pages touche de près les fictions que sont nos vies. Je préfère vous citer ce qu’en dit le site Babelio : « Le monde déborde de rêves qui jamais n’adviennent, ils s’évaporent et vont se poser telles des gouttes de rosée sur la voûte céleste et la nuit les change en étoiles. »

Pour varier les univers de lectures, et ce terme est si juste en ces temps où les univers jouent à la bascule qui rime avec bouscule, je suis retourné dans celui de Sylvie Germain où dans un faux polar, elle dissèque « La puissance des ombres » dans les dérives d’un cerveau assassin.

Pour souffler un peu, j’ai assaisonné mes endormissements nocturnes avec quelques BD de Bastien Vivès, dont le très beau et épuré Le Goût du Chlore, suivi des aventures chorégraphiques de la danseuse Polina.

Jeudi 6 octobre : la nouvelle tombe en milieu de journée et l’emplit d’une joie à faire tourner les pages et la tête. Annie Ernaux est Nobel ès Littérature. Puisse une mèche de cette nouvelle arriver jusqu’en Iran !

Je viens de commencer la lecture de « S’adapter » de Clara Dupont-Monod, prix Fémina et Goncourt des Lycéens 2021 et je suis happé dès les premières lignes par cet enfant qui n’est ni abîmé, ni inachevé, ni inadapté… Il est handicapé. Émouvant à faire parler les pierres des Cévennes.

Vu dans le flux des sorties de cinéma en manque d’entrées : Chronique d’une liaison passagère, Ennio, bel hommage à Morricone, Revoir Paris avec en parallèle et contrepoint Novembre, Ninja Baby, Les Enfants des Autres, Le Sixième Enfant et La Femme de notre Temps. Mais mon petit bijou préféré fut ce mois-ci L’Ombre de Goya, et la formidable et réjouissante opportunité de revoir et entendre le subtil Jean-Claude Carrière.

Je n’avais pas beaucoup aimé The Square de Ruben Östlund, palme d’or à Cannes en 2017. Même punition pour Sans filtre, la palme de cette année. Lourd et faussement caustique.

J’ai bien aimé la Une de Libé : « Cinéma français : la maison brûle et nous regardons Netflix » (Non, pas moi, attendant que s’épuise cette boulimie chronophage des séries, façonnage mortifère des temps de cerveaux disponibles…). « Notre seul ennemi c’est le sommeil » a déclaré Reed Hastings fondateur de Netflix.

Restons éveillés !

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