Bascule.
Je vous ai laissé il y a un mois avec l’annonce de l’opération contre le crabe qui avait trouvé logis dans mon amygdale gauche. J’étais plutôt content de savoir l’ablation possible et préférable à l’élimination par rayons et chimio… Je n’avais pas trop imaginé (et c’était sûrement mieux) ce qu’impliquait cette amygdalectomie… Une opération dure à … avaler !!! Je vous épargne bien volontiers les affres de la déglutition et les nuits sans sommeil où l’imagination se plaît à gamberger aux pays des idées noires…. Après huit jours d’hôpital, le retour à l’atelier ne se fit pas ouaté, malgré la neige de ce jeudi-là, mais avec Tramadol, somnifère, purées et yaourts au programme… La douleur a fini par s’estomper et le sommeil tente de retrouver ses marques qui ne sont pas encore tout à fait remises en place…
L’ablation réussie n’empêchera pas les six semaines de cinq séances de rayons et deux séances de chimio au début et au milieu de ce protocole. Il devait prendre place après Noël mais reste suspendu aux éventuels soins dentaires indispensables avant toute intervention radiologique. En clair, si une dent n’est pas saine, il faut l’arracher avant les rayons, on ne peut pas intervenir pendant ces séances. Ajouter à cela l’aide de l’acupuncture et de l’auriculothérapie, conseillées par les chirurgiens qui m’ont opéré. Lesquels, et ce fut une agréable surprise, m’ont suggéré également de solliciter l’aide d’un coupeur de feu, ce que j’avais déjà anticipé. J’ai eu à ce moment une pensée émue pour Joséphine, ma grand mère maternelle qui pratiquait ces soins dans la campagne angevine de mon enfance. Et pour remédier à la légère déformation de ma commissure gauche et estomper tant que faire se peut la cicatrice qui barre la gauche de mon cou, m’adjoindre les services d’une kiné. Celle que j’ai trouvée pas très loin de chez moi répond au nom charmant de Philomène Subtil ! Encourageant, non ?
Je ne voudrais pas vous étaler ici tous les méandres de cette bascule de vie mais juste remercier de tout l’océan de mon cœur toutes celles et ceux qui m’ont fait signe d’amitiés durant cette période en forme de tremblements de chair et de vagues à lames de fond. Et pour cela je joins à ces Nouv’ailes quelques couleurs d’aquarelles écloses dans la chambre 1126 ou dans la chaleur retrouvée de l’atelier convalescent.
La fatigue est encore à portée de peau, mais j’ai repris doucement les exercices matinaux de méditation, d’étirements des fascias et de renforcement musculaire à base d’haltères pour ne pas laisser revenir les lombalgies chroniques. J’ai aussi repris un peu de plume et de crayon pour les réponses aux appels à projet.
Comme chaque année, je participe aux MINIS, exposition des petits formats du 10 au 22 décembre à la Galerie du Génie. Je serai présent au vernissage le jeudi 12 décembre à 18h.
Voilà maintenant dix jours que j’ai remis mes pieds fragiles dans les rues de la ville. Ce fut avec le bien nommé film En Fanfare.
Mais l’activité principale de ces semaines fut de faire tourner les pages. Celles des 1078cm3 (j’ai mesuré !) du gros livre de Terry Hayes dont j’avais tant aimé Je suis Pilgrim. C’est L’Année de la Sauterelle. Une fiction pleine d’actualités, d’espionnage et de sous marins avec une jolie volte spatio-temporelle entre Iran, Baïkonour, New York et Maryland !Celles aussi de La trilogie de Marc Dugain plus ou moins inspirée de la vie politique française. Ce sont L’emprise, Quinquennat et Ultime Partie.
François-Henri Désérable. J’avais bien aimé le récit de son voyage en Iran à l’automne 2022 intitulé L’Usure du Monde. J’ai découvert avec grand plaisir la belle facture de son premier roman Évariste, qui nous embarque dans la courte vie du génie des mathématiques Évariste Galois tué en duel à 20 ans en 1832.
J’ai poursuivi la découverte de Jean Paul Didierlaurent avec les drôles d’aventures d’un thanatopracteur, Le reste de leur vie (parfait pour lire à l’hôpital) et La Fissure, une histoire d’un représentant de commerce en nains de jardin qui vous emmènera jusqu’aux antipodes du monde. Savoureux.
Ajouter à cette liste Homo Erectus de Tonino Benacquista. Saupoudrez de L’ivresse du Kangourou, nouvelles du bush australien de Kenneth Cook et vous aurez fait le tour de mes pages convalescentes.
Pour clore cette chronique écrite en écoutant la belle voix de Melody Gardot, je la signe d’un confiant et combatif (c)rayon de soleil.
Do 91224