QUOI DE NEUVE ? (14)

13 avril 2023 § 0 commentaire § permalink

Solastalgie.

Madame Wikipédia dit de ce néologisme venu du latin solacium (réconfort, consolation) et -stalgia (douleur morale) inventé en 2003 par le philosophe australien de l’environnement Glen Albrecht, que c’est une « forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par les changements environnementaux passés, actuels ou attendus en particulier concernant la destruction des écosystèmes et de la biodiversité ».

Si, comme disait la grande Simone S. la nostalgie n’est plus ce qu’elle était, il semble que la solastalgie va pouvoir se conjuguer au présent pas simple et au futur compliqué !

Je digère doucement la brochette de réponses négatives à (presque) tous les appels à projets, dont celle (la quatorzième!) à Horizons Sancy. Je crois que je vais en rester là pour cette manifestation. Quelques-unes sont encore à venir, d’autres appels pour l’été et l’automne viennent de paraître…. Mais l’élan créatif est freiné et s’interroge sur les rebonds de la dynamique pérenne lancée par la Roue du Temps… Et pourtant elle tourne, comme aurait dit un célèbre astronome… Alors faire le do rond et un pas de côté, repasser par la case dessin, cesser d’être à côté de la plaque à graver, refaire tourner la roue de la presse avec des monotypes à spirales ou des fragments de corps de lumière jaune… Bref, ne pas trop se laisser à la gamberge, retrouver le goût du faire et le silence concentré de l’agir. Avec un peu de méditation et de qi gong au saut du lit tatami…

Réduire une sensation à l’un des sens, c’est de l’indécence !

« On a longtemps défini le capitalisme comme l’exploitation de l’homme par l’homme. Mais le capitalisme, c’est avant tout une guerre totale à la Nature » a dit le philosophe Frédéric Gros parlant de son récent livre Pourquoi la guerre et citant Bruno Latour, récemment disparu.

Vous avez de difficultés pour écrire l’ordre de voyelles dans le mot « accueillir » ? Pour s’en souvenir, pensez à Un Enfant Intelligent. Merci à N. qui m’a glissé ce joli clin d’orthographe.

Attrapé au détour d’une interview radiophonique, la question d’une journaliste à son invitée : « êtes vous croyante ? ». Cela m’a rappelé quelques aberrantes références religieuses de mon enfance où d’aucun se qualifiait de croyant mais non pratiquant… Étonnant, non ? Je n’en finirai pas d’interroger ce mot « croire » et ses imprégnations séculaires dans nos cerveaux judéo-chrétiens… Faut-il croire à l’écran sur lequel je vous écris ? Je me souviens d’un projet couvé mais non réalisé qui s’intitulait « Je crois qu’une croix croît ». Faut-il continuer de croire en lui ?

J’ai bien ri au flm Mon crime de François Ozon avec l’inénarrable et tonitruante entrée en scène d’Isabelle Huppert. Mais mon préféré ce mois-ci, c’est Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, flm très documenté sur la justice restaurative qui met en paroles des faces à faces entre des victimes et des auteurs d’infractions. Instauré par Christiane Taubira en 2014 ce dispositif vise à recréer du lien, à soigner, voire à réparer. Film à la parole forte, fort bien joué par une pléiade d’excellents acteurs et actrices, avec mention spéciale à Adèle Exarchopoulos jouant avec finesse la victime d’un inceste « fraternel ».

Vu aussi le flm de Laura Poitras, Toute la beauté et le sang versé, Lion d’Or à Venise en 2022, sur la photographe Nan Golden et son combat contre la famille Sackler, mécène de beaucoup de musées dans le monde mais surtout promoteur de l’Oxycontin, opioïde responsable de la mort de centaines de milliers de personnes aux Etats-Unis.

Dans les lecture du mois : Et la lumière fut. Très beau livre de Jacques Lusseyran, devenu aveugle accidentellement à 8 ans, résistant, déporté puis professeur d’université aux États-Unis. La cécité vue de l’intérieur, ou la formidable puissance de la vue (et de la vie) intérieure.

« J’aurais bien voulu t’écrire une chanson d’amour » chantaient Higelin et Areski dans les années 70. Je les aurais plagiés avec plaisir pour vous écrire une nouv’aile de joie, « mais par les temps qui courent, ce n’est pas chose commode » comme le dit la suite de son refrain.

Au soir d’une longue route de retour du Sud qui vient déposer dans vos pixels quelques œufs en noir & blancs, j’espère néanmoins que vous aurez trouvé dans les jardins de vos cœurs quelques coquilles de joie et de chocolat en forme de Neuf de Pâques.

Mais pas que.

do 9423

QUOI DE NEUVE ? (13)

12 mars 2023 § 0 commentaire § permalink

La syndicaliste et Fenua.

La syndicaliste, c’est un film de Jean Paul Salomé inspiré du livre-enquête de Caroline Michel-Aguirre sur l’affaire Maureen Kearney, syndicaliste d’Areva violemment agressée en décembre 2012, puis accusée d’avoir organisé elle-même cette agression, et finalement relaxée en 2018 par la Cour d’Appel de Versailles sans pour autant avoir été reconnue victime et sans que les auteurs de cette agression aient été identifiés. Remugles vertigineux des coulisses de l’empire nucléaire et de ses lobbys qui font froid dans le dos au moment où le gouvernement s’apprête à mettre en œuvre « le projet de démantèlement de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire [qui] constitue une dérive technocratique dangereuse » comme l’a titré le journal Le Monde. Alors que l’on vient de trouver d’importantes fissures dans le circuit d’injection de sécurité du réacteur nucléaire de Penly en Seine Maritime. Site qui devrait recevoir un des 6 EPR que le Méprisant de la République – comme l’ont bien nommé quelques pancartes syndicales des manifs contre la réforme des retraites – a décidé sans le moindre débat démocratique. Vous qui me lisez peut-être depuis longtemps, connaissez mes obsessions anti-nucléaires nées au cœur des années 70, indissociables de l’effroi, non pas du nucléaire en lui-même – il est hélas là- mais de son éternité radioactive léguée à nos descendants. 

Et quel lien avec le Fenua dans tout cela ?

Aucun (ou presque). Fenua, c’est le titre d’un roman de Patrick Deville, emprunté par hasard à la médiathèque de mon quartier, mais Fenua c’est surtout le nom du territoire fait de toutes les îles, atolls et autre archipels de la Polynésie, qui rassemblés ne feraient même pas la surface de la Corse. L’auteur nous emporte dans le temps et dans l’espace de ce monde, autrement dit dans son histoire et sa géographie. Entre La Pérouse et de Bougainville, Cook et Darwin, Jack London et Robert Louis Stevenson, Melville et Julien Viaud, plus connu sous le nom de Pierre Loti. On y apprend que Gauguin s’embarquant pour Tahiti aurait pu croiser dans le port de Marseille Rimbaud revenant d’Abyssinie. On y rencontre aussi Victor Segalen et Georges Simenon, Elsa Triolet et Alain Gerbault, Moitessier et Romain Gary et c’est un formidable voyage que tracent les pages de ce beau roman.

Et le lien avec la syndicaliste ? À chercher du côté de Moruroa et Fangataufa, lieux de sinistres essais pas très pacifiques …

8 mars. Journée internationale des Femmes, des Droits des Femmes, de la Femme? Comment nommer cette journée en attendant idéalement que tous les jours de l’année le soient ? Alors juste citer Beaumarchais dans l’acte III du Mariage de Figaro : « Nous sommes traitées en mineures pour nos biens et punies en majeures pour nos fautes ».

« Je ne repartirai pas », de Nat King Cole. C’est le swing en français de la musique entendue autour du cercueil d’Agnès Lasalle, professeur d’espagnol tuée par un de ses élèves le 22 février dernier dans un lycée privé de Saint Jean de Luz. Au milieu d’une foule attristée assistant aux obsèques sur le parvis de cathédrale de Biarritz, un homme, seul, danse en portant dans le vide de ses bras l’absence de silhouette de celle qui était sa compagne. La vidéo n’est pas très bien captée, mais l’émotion de l’indicible deuil est là, dans ces quelques secondes de grâce. Prenez temps de les voir.

Le printemps s’approche et comme chaque année je participe à l’exposition Le Printemps des Poètes à la Galerie du Génie de la Bastille avec le tableau La Frontière Carrée que vous pouvez voir en image 1 de cette chronique. Pour toute info : https://www.legeniedelabastille.com/evenement/le-printemps-des-poetes-2023-frontieres/

Je continue tant bien que mal à répondre aux appels à projets malgré l’avalanche d’échos tous négatifs à ce jour. Alors comment continuer ? Chercher encore des réponses…

Et puis filer dans quelques salles obscures pour éclairer l’humeur légèrement dépressive de cette fin d’hiver.

Outre La Syndicaliste, le formidable La Montagne de et avec Thomas Salvador. Comme un énergétique et poétique baptême de pierre en altitude. Vu aussi La Famille Asada, les délicieuses pâtes à modeler de « Interdit au Chiens et aux Italiens « , Le Retour des Hirondelles ( c’est de saison!), Empire of Light, The Son et El Agua.

Puis reprendre une lampée de pages de Jón Kalman Stefánsson avec À la Mesure de l’Univers, suite poétiquement savoureuse de « D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds ».

Mais les vers des poèmes, si ! Puissiez-vous en glisser quelques uns dans les marches de votre équinoxe.

do 9323

QUOI DE NEUVE ? 11

10 janvier 2023 § 0 commentaire § permalink

Trois sourires.

C’est ainsi qu’a débuté l’année 2023 : c’est le titre d’un de mes tableaux vendu le jour de l’An dans le cadre des Minis du Génie, traditionnelle exposition de petits formats à Galerie du Génie de la Bastille. Galerie qui organise du 9 au 15 janvier une exposition JAUNE & BLEU en soutien solidaire à l’Ukraine, dont je ferai l’accrochage avec ma «collègue» et amie artiste Nadya B. Vingt cinq artistes ukrainiens exposent chacun une œuvre avec autant d’artistes français. Pour info https://www.legeniedelabastille.com/exposition/jaune-bleu/

ll n’y aura pas de Miroir aux Baleines à Dinard, la manifestation Les Arts au Clair de Lune pour laquelle j’avais présenté ce projet a été annulée pour l’étrange raison que « la commission Culture de la Ville n’a pas pu s’accorder sur une sélection d’œuvres faisant l’unanimité »!!! Je remets ce projet dans mes cartons et planche comme chaque année sur d’autres appels… Les jours rallongent, c’est le temps de planter quelques petites graines créatives pour les saisons à venir… Posté aujourd’hui un projet de sculpture monumentale et pérenne pour le parc de la Fontaine au Fées, dans la commune de Talant, près de Dijon… À suivre (ou pas!) …

Je vous écris de Saint Denis. Mais que diriez-vous si je vous disais, à l’instar du Maire de Pantin qui a décidé d’appeler pendant un an sa ville « Pantine », que je m’adresse à vous depuis Sainte-Denise ? Ça rajouterait un sourire à cette chronique et ferait sans doute « piquer une crise » de rire à Jacques Higelin !

Pourquoi le temps du passé est-il appelé l’imparfait ? Et quid alors du plus-que-parfait ? Tous deux sont du mode indicatif… Je comprenais, j’avais compris… Mais pourquoi la langue a-t-elle retenu les étranges appellations de ces temps du passé ? Réponses bienvenues… Merci !

Dans les films du mois, Le Lycéen de Christophe Honoré avec le remarquable Paul Kircher. L’austère mais puissant Godland dans l’Islande de la fin du XIXème siècle. Caravage de Michele Placido. Tirailleurs de Mathieu Vadepied, avec le grandissime Omar Sy. Film qui comme Indigènes en 2006 aura, dès le jour de sa sortie une répercussion politique puisque il va (enfin) permettre à 37 nonagénaires anciens combattants d’Algérie ou d’Indochine d’être dispensés de résider au moins six mois en France pour toucher leur maigre pension. Grande est la générosité de la France qui n’arrive toujours pas à regarder son passé colonial en face !!!

J’avais beaucoup aimé son précédent film Three Bilboards. Il en est de même pour The Banshees of Inisherin de Martin McDonagh, une histoire d’amitié qui n’en est plus une dans une petite île de la côté occidentale d’Irlande. Un film à couper non pas le souffle mais les doigts…

Et évidemment Avatar, vu comme le précédent en famille un soir de 24 décembre. Que me reste-t-il des 3h12 de ces prouesses techniques et diluviennes ? Des images plein les lunettes 3D et … ?

Dans ces Nouv’ailes, je ne parle en général que des films que j’aime. Exception sera faite pour Le Parfum Vert de Nicolas Pariser. À éviter de toute urgence !

J’ai poursuivi la découverte de Jon Kalman Stefansson avec les deux premiers volets de sa trilogie, Entre Ciel et Terre et La Tristesse des Anges. Le troisième volume -Le Cœur de l’Homme – étant très demandé (ce qui est très bien) dans les médiathèques de mon quartier, je vais devoir patienter un peu avant de replonger dans le monde si particulier de la langue de cet auteur. En attendant je retourne dans l’univers policier et corrompu de l’Afrique du Sud sous la plume de Deon Meyer pour son récent roman Cupidité. 

À ces lectures, il me faut ajouter deux cadeaux de fêtes : Le Manifeste Intemporel des Arts de la Préhistoire du paléoanthropologie Pascal Picq (un régal des yeux et des mots) et une formidable BD parue l’an passé de Lupano et Chemineau intitulée La Bibliomule de Cordoue (une savoureuse épopée d’histoires et de livres dans l’Al Andalus de la fin du Xème siècle).

Souriez, je vous souhaite de beaux voyages de lecture !

do 9123

QUOI DE NEUVE ? (10)

11 décembre 2022 § 0 commentaire § permalink

J’aurais voulu écrire des mots roses mais ceux de l’automne sont plutôt moroses. Le plomb de la guerre en Ukraine pèse depuis neuf mois et un psycho-tsar de foi mauvaise poursuit son insatiable et mortifère désir d’anéantir et sa folie meurtrière. Indicible écœurement. Impuissante colère. Alors pour la taire, je vous partage quelques fils de quotidiens tissés aux brumes de novembre.

Jeudi 10 novembre : La marée républicaine américaine n’est pas trop forte, les russes quittent Kherson et il y 600 lobbystes des énergies fossiles à la COP 27. Scandaleux. Comme chaque mois, quelques échos de ma chronique viennent embellir ma boite mail. Réjouissant.

Vendredi 11 : Marine, petite nièce dont je parlais dans la première série du Journal du Neuf est majeure aujourd’hui. C’était en 2004. Nous avons un demi-siècle d’écart et ça ne me rajeunit pas !!!

Je vais porter à la Galerie du Génie les cinq photos que je vais y exposer dans le cadre du Mois de la Photo.

Henri Anglade, deuxième du tour de France cycliste en 1959 est décédé ce jour à 89 ans. Son nom feure bon la mémoire d’enfance.

Je vais acheter du thé. Je porte encore à la boutonnière de mon manteau d’hiver les rubans jaune et bleu épinglés au printemps dernier lors de la manif pour l’Ukraine. À la caisse de la boutique, une jeune femme blonde m’interroge en anglais « it’s for Ukraine ? » J’acquiesce, elle me sourit et me remercie.

Samedi 12 : Après la séance dense et concentrée de kyudo hebdomadaire, je vais voir Pacifiction d’Albert Serra avec Benoît Magimel, (un peu trop) longue dérive dans l’univers pas si pacifique de Tahiti. Puis je fle au théâtre, invité par mon amie Marie qui empêchée, me donne sa place. C’est Une histoire d’amour d’Alexandre Michalik et moi qui vois beaucoup de films, me régale de voir le jeu des comédiens « en vrai » comme on disait quand j’étais petit.

Dimanche 13 : Jour de Taikai. C’est le mot japonais pour dire tournoi. C’est un jour sans. Une flèche dans la cible sur 20. La pratique d’hier me semble loin. Je reviens légèrement down de cette pratique sisyphienne. Demain sera une autre flèche.

Lundi 14 : Je dévore La Face Nord du Cœur de Dolores Redondo, enquête policière qui se passe à la Nouvelle Orléans pendant l’ouragan Katrina. Et vais voir Armageddon Time de James Gray, chronique autobiographie de son enfance new-yorkaise. J’envoie un projet – Le Miroir aux Baleines – pour un parcours artistique Les Arts au Clair de Lune dans la ville de Dinard, sur le thème « Animal ».

Mardi 15 : Je découvre dans mon petit magasin bio qui s’appelle Le Champ des Rêves une variété de pommes qui s’appelle Pattes de Loup. Variété ancienne, délicieuse, originaire de mon pays d’Anjou ! Je garde l’expo du Mois de la Photo à la galerie du Génie. Puis je file à un cours de dessin de modèle vivant, essayant sans cesse de mettre la ligne d’un corps dans les deux dimensions d’une feuille de papier. Jamais acquis, toujours en recherche… Passionnant !

Mercredi 16 : Travaillé sur un projet pour Horizon-Sancy, festival de land-art dans la région du Puy de Sancy. Il pleut. Je vais voir et aime Les Amandiers de Valeria Bruni-Tedeschi qui sort aujourd’hui.

Jeudi 17 : Je reste au chaud dans l’atelier face au rhume qui s’approche. En soirée, c’est vernissage de l’expo du Mois de la Photo à la galerie du Génie. Après la rencontre avec les artistes exposants, je vais voir La Maison, flm d’Anissa Bonnefont d’après le roman d’Emma Becker. La vie d’une prostituée vue de l’intérieur d’un bordel de Berlin d’après une expérience vécue par l’autrice.

Vendredi 18 : Je vais me faire dévitaliser une dent. 472€ ! Puis je vais voir Couleurs d’incendies d’après le deuxième tome de la trilogie de Pierre Lemaitre. Pas du grand cinéma, mais un bon moment. Comme une grande BD efficace qui me réjouit. La toile des écrans ouvre des fenêtres d’évasion dans le gris froid de novembre.

Samedi 19 : Concert de Hadouk Duo au Triton, avec Didier Malherbe et Loy Ehrlich. Moment suspendu, hors du temps, magie pure de la matérialité de la musique dans la communion et le silence d’une écoute partagée. Qui me fait revivre l’intense émotion d’avoir eu Didier au finissage de mon exposition de septembre. Merci et gratitude.

Dimanche 20 : Magnifique flm que « Plus que jamais » de Emily Atef avec Vicky Krieps et Gaspard Ulliel. Film sur la fin de vie d’une jeune femme atteinte d’une maladie incurable dans lequel la présence de Gaspard Ulliel, disparu en janvier dernier, trouble et amplifie le motif et les émotions du flm. Profond !

Lundi 21 : Belle expo Préhistoire au Musée de l’Homme conjointe à celle des photos de Lekha Sinh « Les femmes portent le monde ».

Mardi 22 : Walter Sickert au Petit Palais. Découverte de ce peintre anglais (1860-1942) quasi inconnu en France. À la palette un peu trop terne à mon goût. Puis Ariaferma. Somptueux film italien de Leonardo di Costanzo. Film de prison très original et d’une densité de jeu intense et remarquable. Avec Toni Servillo et Silvio Orlando. J’ai voté pour lui pour le palmarès du flm étranger de l’émission Le Masque et la Plume.

Jeudi 24 : Neuf mois de guerre en Ukraine. Un océan de minutes de silence et de compassion ne suffirait pas…

Vendredi 25 : J’ai vu cet été quelques-unes des installations de L’Art dans les Chapelles, dans la région de Pontivy. Je souhaite postuler en envoyant au directeur artistique, par wetransfer, un pdf avec CV, démarche artistique et une cinquantaine d’images de mes installations. Le dossier est téléchargé à 7h32 et je reçois un mail daté de 7h34 disant que «je vous remercie (…) mais votre travail ne correspond pas à l’orientation que je souhaite donner à notre manifestation». Dégouté, je ne peux que répondre en félicitant cet éminent directoire artistique pour la célérité de son regard et de sa réponse !

Christian Bobin s’en est allé. Mon ami artiste Patrick Demazeau dit « Made » aussi. Une triste croix de plus dans l’agenda amical. Mais pour se souvenir https://fr.calameo.com/accounts/626557

Samedi 26 : Week-end de Coupe de France de Kyudo à Eaubonne dans le Val d’Oise. Aux plaisirs de la douce compétition des flèches s’ajoute celui de retrouver les amis kyûdôjins.

Dimanche 27 : Un bel arc-en-ciel troue le gris du matin et me souhaite une bonne journée. Mon club – Kyudo Art & Pratique – termine troisième du tournoi par équipe.

Lundi 28 : Après un long travail de dessin et de rédaction, j’envoie mon dossier pour Horizon-Sancy. Il s’appelle Cratère-Lumières. C’est ma treizième candidature en quinze ans. Vu l’impressionnant Saint Omer d’Alice Diop.

Mercredi 30 : J’envoie ma candidature pour une résidence de deux semaines en avril prochain dans le désert du Karoo en Afrique du Sud. Mon intention se conjugue en trois mots : Pierre, Œuf, Plume. Une version land-art de Shi Fu Mi ? Je file voir Annie Colère, avec Laure Calamy pour me plonger dans les débuts du MLAC à l’orée des années 70. Salutaire.

Jeudi 1 Décembre : Je finis le roman La Volonté de Marc Dugain. Roman sur la vie de son père écrit pendant le confinement. Roman ? « La plus belle des fictions est celle qu’on entretient sur ses proches dans des souvenirs qui jalonnent une mémoire flottante. » dit l’auteur. Grand plaisir à cette lecture du lien entre père et fils. Je vois She Said, le flm sur les deux femmes journalistes du New-York Times qui ont fait tomber Harvey Weinstein. Impeccable.

Vendredi 2 : Belle exposition au Musée Cernushi : L’Encre en mouvement, une histoire de la peinture chinoise au XXème siècle. J’avais adoré Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux mais suis resté à l’écart de Fumer fait tousser.

Samedi 3 : Je commence Le Grand Monde, nouvel opus de Pierre Lemaître, à l’écriture fluide et efficace qui prolonge Au-revoir là-haut dans la France, le Liban et le Vietnam de l’après deuxième guerre mondiale.

Dimanche 4 : Je renoue doucement avec l’activité peinture dans l’atelier en préparant de nouveaux supports à base de papiers de soie collés et de sables colorés comme celui de l’image n°1 jointe. Histoire de juguler les nœuds de doute et de réchauffer le froid des pinceaux.

Lundi 5 : J’envoie une « Arche-Miroir » pour un projet de sculpture dans un parc de la ville du Puy en Velay.

Mardi 6: Là où les choucas nichent, y a t-il des choux-caniches ?


Mercredi 7: Je sélectionne les photos qui accompagnent cette nouv’aile…
Jeudi 8 : … que j’écris entre deux touches d’aquarelle.

Merci d’avoir marché jusqu’au bout sur le fil de cette chronique. Je vous souhaite la paix d’un solstice de neige et le feu de joie d’un flocon de bois.

do 91222

QUOI DE NEUVE? (9)

10 novembre 2022 § 0 commentaire § permalink

Meadows, you know ?

C’est le nom d’un homme, Dennis Meadows, co-auteur d’un rapport commandé par le Club de Rome en 1972 intitulé The Limits to Growth (Les limites de la croissance) qui simulait par ordinateur les conséquences de la croissance économique et de nos systèmes humains, techniques, économiques sur le Système-Terre. Ce texte préconisait alors sur le plan démographique la limitation à deux enfants par couple et sur le plan économique la taxation de l’industrie pour lutter contre la pollution…Tout était dit dans ce Rapport Meadows qui refait surface dans le flot de l’actualité, 50 ans plus tard… Mais tout fut tu et foutu avec l’arrivée de Thatcher et Reagan ! Combien sommes-nous à avoir eu raison d’avoir raison trop tôt ? Synchrone, ce rapport émerge à la page 106 de l’émouvant livre de Camille de Toledo Thésée, sa vie nouvelle, quête sensible d’identité familiale qui contraint à rouvrir les fenêtres du temps…

Lire. Lire. Lire. Remède au dé-lire de l’époque. Bouclier contre ce monde d’écrans à cran, asphyxié par les effluves mortifères du gaz russe et les actualités ombrageuses qui mettent à nu et questionnent la fragilité de nos mondes et les énergies de nos modes de vie. Lire pour prendre la hauteur des auteurs, pour ne pas penser l’irréparable. Comment faire pour supporter l’insupportable ?

«Que la force me soit donné de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre.» (Marc Aurèle).

Alors dans les pages d’octobre, quelques autres feuilles de lecture :

David Diop, La Porte du Voyage Sans Retour. Belle langue et beau récit testamentaire d’un naturaliste du 18ème siècle qui tombe en amour avec une jeune femme promise à l’esclavage.

James A. McLaughlin Dans la Gueule de l’Ours. Un gardien d’une forêt de Virginie recherché par les cartels mexicains aux prises avec des chasseurs d’ours…

Donna Leon, Mort à la Fenice. Qu’il est bon de temps en temps de se (re)laisser bercer par la plume vénitienne du commissaire Brunetti.

Peter May, Quarantaine. Peter May a écrit ce roman épidémique et prémonitoire en 2005, opportunément publié en 2020 pour cause de vous savez quoi !

Pas vraiment accroché à la langue d’Alain Mabanckou dans Petit Piment, mais essaierai d’autres ouvrages de cet auteur. Si j’ai bien aimé jadis les aventures policières de Camilla Läckberg, j’ai détesté ce court texte Sans passer par la case départ, plat comme un reliquat d’impôt à payer et sans aucune envergure.

Écouté avec plaisir la série d’émissions de La Terre au Carré « À la recherche des Origines ». Qui n’existent pas car alors qu’y aurait-il avant l’Origine. Question-Vertige du Temps… qui se perd dans la Nuit des Temps… et dans les spirales de mes tableaux !

https://www.radiofrance.fr/franceinter/grille-programmes?date=31-10-2022

Je participe à une exposition collective dans le cadre du Mois de la Photo à la Galerie du Génie de la Bastille avec quatre photos noir et blanc (dont l’image n°5 de cette chronique) et une photo couleur. Le vernissage est le jeudi 17 novembre à 18h. J’y serai de permanence le mardi 15 et vendredi 25 novembre de 14 à 17h. Pour toute info :

Dans les films du mois : Un beau matin, L’innocent, La Conspiration du Caire et un premier flm ukrainien d’avant la guerre, fort, brut et puissant : Le serment de Pamfir.

Moi qui n’ai pas d’enfant, je suis toujours ému quand se tisse une relation d’amitié avec les enfants d’amis. Belle émotion aussi quand cela se passe avec les parents d’amis. J’aime ces amitiés qui font fi de l’âge. Je dédie cette chronique à la mémoire de Monick, maman de Nathaly, Stanislas et Cécile. Et à cette jeune femme inconnue qui a présidé à la cérémonie de crémation avec humanité, sensibilité et douce empathie. Ce qui n’est hélas pas toujours de cas, me confiait une amie comédienne qui anime des sessions de formation auprès des personnels funéraires.

Je dédie aussi cette missive automnale à Michel C., amoureux des belles lettres et complice d’arc dont la corde a lâché pour tourner la page de l’au-delà des cibles.

J’écris ces lignes dans un silence d’automne, relié à votre écran par quelques minutes de lecture et d’images qui viennent de fêter leurs 20ans : les premières colonnes du Journal du Neuf prirent leur envol en octobre 2002.

Puisse cette durée donner encore complicité à ce temps de partage. Et vous remercier jusqu’au bout de cette ligne.

do 91122

QUOI DE NEUVE? (8)

28 octobre 2022 § 0 commentaire § permalink

Dans l’Entre & la Roue, il y eut le plein et le vide.

Le plein ce sont les 250 personnes qui sont venues donner regard aux couleurs, matières et formes de mon exposition à la Galerie du Génie. (voir l’image 1 jointe). Quels bonheurs pendant ces deux semaines de voir mes créations ailleurs que dans le fouillis trop plein de l’atelier, sur des murs blancs d’espace où l’énergie de la couleur qui rime avec chaleur attire le passant de la rue de Charonne et quelques yeux amis qui me suivent depuis longtemps…

Le vide, ce fut comme un voile de doutes sur le devenir de cette expérience, sur la rareté des ventes – deux dessins, (image 2) + une petite sculpture – me permettant tout juste d’amortir les frais d’exposition. Puis les tableaux ont retrouvé le sommeil de l’atelier comme plein de leurs camarades qui n’ont été exposés qu’une ou deux fois. Dans le même temps l’Arbre à Miroirs fut démonté et les 432 miroirs or & argent montés sur treillis à béton ont eux aussi regagné les pénates de l’atelier, qui sont comme chacun sait les divinités romaines en charge de la garde du foyer et du feu servant à faire la cuisine. Mais je ne me « plein » pas de ce vide, je le fais. L’automne sera repos et décantation. Si la peinture décante pour qu’elle ne déchante point, les projets continuent leurs appels et La Roue du Temps tourne encore dans mes crayons…

L’exposition me fit grâce d’un final inattendu. Souhaitant faire un mini-concert pour le pot de clôture, mais n’ayant pu faire venir et se rencontrer deux amis musiciens, je songeai à inviter Didier Malherbe, contacté par mail il y a 18 ans pour un projet de musique accompagnant une vidéo de mon installation à Saint Lo « Le Tour de l’Arc en Ciel ». Le projet n’aboutit pas mais le lien électronique demeura via ces Nouv’ailes. Raisonnable, je n’osai pas céder à cette envie un peu folle d’inviter ce merveilleux souffleur qui a joué dans Gong, Magma et dont je me suis beaucoup immergé dans son fameux Hadouk Trio. En général, j’aime bien aller au bout de ce genre d’intuition saugrenue, mais finalement pour une fois, timide, je n’y cédai pas. Alors imaginez l’émotion qui me submergea quand le dimanche soir de finissage, je vis entrer dans la galerie un inconnu avec un chapeau qui me dit «  Bonsoir, je suis Didier Malherbe ». Venu avec dans sa besace, son doudouk – hautbois arménien – dont il sortit une variation de Round Midnight qui me couvrit de frissons, un CD et un livre de ses sonnets, il est reparti avec le dessin Deux Noires pour une Blanche pour sceau de cet instant que l’on pourrait qualifier de «magique » si cette pensée existait… Depuis je l’écoute dans Le Cinquième Fruit, Hadouk Quartet et Hadoukly Yours. Pour les parisiens, retenez la date du 19 novembre, il jouera au Triton au Lilas.

Pour ma part, j’ai beaucoup de mal à rester très longtemps devant un écran pour visionner des vidéos, mais si 40 minutes vous semblent supportables, vous pouvez regarder celle de la conférence que j’ai donnée intitulée « Conversation d’Un Œuf avec La Roue du Temps » en suivant ce lien https://youtu.be/eEoucO0P56g

Je guette sur les rayons de la médiathèque les parutions des livres d’Arnaldur Indridasson. Cette fois-ci c’était « Le mur des silences » et toujours un vrai régal. Mes regards de lecture ont continué de se tourner vers cette terre islandaise avec la poursuite de la découverte de Jón Kalman Stefánsson, dont je vous ai vanté dans ma précédente chronique « Ton absence n’est que ténèbres ». Cette fois c’est « Lumière d’été, puis vient la nuit » paru en 2005 et traduit en 2020. Je pourrais vous dire que c’est la chronique d’un petit village des fjords de l’Ouest islandais, mais cela ne dirait rien de la magie de cette écriture fluide mais envoutante dont la réalité des pages touche de près les fictions que sont nos vies. Je préfère vous citer ce qu’en dit le site Babelio : « Le monde déborde de rêves qui jamais n’adviennent, ils s’évaporent et vont se poser telles des gouttes de rosée sur la voûte céleste et la nuit les change en étoiles. »

Pour varier les univers de lectures, et ce terme est si juste en ces temps où les univers jouent à la bascule qui rime avec bouscule, je suis retourné dans celui de Sylvie Germain où dans un faux polar, elle dissèque « La puissance des ombres » dans les dérives d’un cerveau assassin.

Pour souffler un peu, j’ai assaisonné mes endormissements nocturnes avec quelques BD de Bastien Vivès, dont le très beau et épuré Le Goût du Chlore, suivi des aventures chorégraphiques de la danseuse Polina.

Jeudi 6 octobre : la nouvelle tombe en milieu de journée et l’emplit d’une joie à faire tourner les pages et la tête. Annie Ernaux est Nobel ès Littérature. Puisse une mèche de cette nouvelle arriver jusqu’en Iran !

Je viens de commencer la lecture de « S’adapter » de Clara Dupont-Monod, prix Fémina et Goncourt des Lycéens 2021 et je suis happé dès les premières lignes par cet enfant qui n’est ni abîmé, ni inachevé, ni inadapté… Il est handicapé. Émouvant à faire parler les pierres des Cévennes.

Vu dans le flux des sorties de cinéma en manque d’entrées : Chronique d’une liaison passagère, Ennio, bel hommage à Morricone, Revoir Paris avec en parallèle et contrepoint Novembre, Ninja Baby, Les Enfants des Autres, Le Sixième Enfant et La Femme de notre Temps. Mais mon petit bijou préféré fut ce mois-ci L’Ombre de Goya, et la formidable et réjouissante opportunité de revoir et entendre le subtil Jean-Claude Carrière.

Je n’avais pas beaucoup aimé The Square de Ruben Östlund, palme d’or à Cannes en 2017. Même punition pour Sans filtre, la palme de cette année. Lourd et faussement caustique.

J’ai bien aimé la Une de Libé : « Cinéma français : la maison brûle et nous regardons Netflix » (Non, pas moi, attendant que s’épuise cette boulimie chronophage des séries, façonnage mortifère des temps de cerveaux disponibles…). « Notre seul ennemi c’est le sommeil » a déclaré Reed Hastings fondateur de Netflix.

Restons éveillés !

do 91022

QUOI DE NEUVE ? (7)

28 octobre 2022 § 0 commentaire § permalink


Savez vous quelle est la montagne préférée des peintres les veilles de vernissage ? La réponse est au bout de cette chronique.

Chronique heureuse de reprendre le Fil du Neuf et la Neuve Ligne juste avant le vernissage (demain samedi 10 septembre de 14 à 20h) de mon exposition LA ROUE ET L’ENTRE qui se tient à la Galerie du Génie de la Bastille jusqu’au dimanche 18 septembre tous les jours du mardi au dimanche où j’assure la permanence de 14 à 20h. https://www.legeniedelabastille.com/exposition/lentre-la-roue-do-delaunay/

Cerise sur les cimaises, je propose un échange de paroles et d’images autour de mon travail sous la forme d’une Conversation entre Un Œuf et La Roue du Temps. L’occasion de mettre des mots autour du silence qui se tisse entre l’œil et l’œuvre, entre les yeux et les cieux de l’art.

C’est mercredi 14 septembre à 19h à la Galerie.

Les essieux de l’été furent quelque peu secoués puisque mon carrosse déguisé en Twingo a eu la mauvaise idée de me lâcher sur la route du départ en vacances, du côté de Nevers… me contraignant à faire l’acquisition impromptue d’un nouveau véhicule prenant la forme d’un Kangoo blanc (y’avait plus de roux!), ma foi bien pratique pour transporter œuvres et matériels, même si la Twingo avait montré une belle capacité dans ce domaine. Kangoo qui va m’être bien utile pour démonter, après la fin de mon exposition, L’ARBRE À MIROIRS qui vous pouvez toujours visionner sur https://dodelaunay.com/2022/05/30/larbre-a-miroirs.html

Après les déboires nivernais et automobiles, l’été fut randonneur dans les monts du Sancy avec quelques belles installations artistiques dans le cadre du festival Horizons-Sancy. Je fus littéralement époustou-méga-soufflé par l’une d’entre elles, due à l’artiste Pier Favre que j’eus la chance et le bonheur de rencontrer in situ. Elle s’appelle Pluie de Monchal et vous pouvez la voir sur https://pierfabre.com/pluie-de-montchal

Puis l’été s’en fut en train vers l’Autriche. Le train n’était pas à Grande Vitesse, et ce fut plaisir d’oublier un instant la frénésie TGVesque pour un brin de tourisme ferroviaire se faufilant dans les vallées alpines en frôlant ce petit pays qui n’existe pas dans les aventures de Tintin et qui s’appelle le Liechtenstein. L’arrivée à Vienne claqua comme une porte fermée avec la clé restée à l’intérieur et je commençais mon séjour sur les bords du Danube par la découverte des tarifs dépannages des serruriers viennois ! Mais fi des accrocs de voyage, la semaine viennoise se coula douce avec les amis des rives danubiennes, entre les airs de La Bohème sous le ciel du château de Klosterneuburg, les peintures de Klimt et Schiele au Léopold Museum et l’univers d’Hundertwasser dans le quartier de son musée… Avant de reprendre voie vers le sud Tyrol et la région d’Innsbruck pour un symposium privé regroupant une bonne douzaine d’artistes internationaux avec comme thème le motif ô combien d’actualité « The Power of Less ». Beaucoup travaillaient la céramique, moi j’étais venu avec quelques douzaines d’œufs plâtrés et des plumes blanches et jaunes. Quatre jours de résidence à Kufstein, près de la frontière allemande, puis dix jours dans la ville de Schwaz, dans la chaleureuse et accueillante maison et le jardin extraordinaire d’Elisabeth et Hinnerkt. Avec juste le plaisir libre et gracieux de jouer, de créer et de partager. Une exposition dans la mairie de Schwaz et deux jours de restitution dans une galerie d’Innsbruck clôturèrent cette sympathique aventure dans des montagnes verdoyantes qui me firent goûter au « pouvoir de moins » de canicule !

« Cent ans de solitude » est un monument de la littérature mondiale. J’ai lu pendant une bonne partie de l’été un roman islandais qui est pour moi de la même dimension : c’est « Ton absence n’est que ténèbres » de Jon Kakman Stefánsson dont j’avais déjà lu « D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds », pendant ma traversée transatlantique, il y a quatre ans. Un univers atemporel où la puissance des sentiments résonnent avec la violence des destins, où le dédale des temps tisse les liens entre écrit et récit (qui sont des anagrammes!).

Lu aussi « À l’abordage » d’Emmanuel Batamack-Tam, bel ouvrage finement ciselé avec Marivaux dans les coulisses des fausses confidences et du triomphe de l’amour. Lu aussi avec plaisir et à voix haute les 22 chants d’une préhistoire rêvée dans le récent livre de Bartabas intitulé Les Cantiques du Corbeau. Matière poétique à dire le rapport à l’animal qui travaille tant notre époque.

Cherche Adam et rêve ! (Proverbe androgyne).

Après un long sevrage estival, j’ai repris, pour adoucir le retour à la grande ville le chemin des salles obscures avec As Bestas, La nuit du 12, Les cinq diables et Flee. Et avant d’aller voir Revoir Paris le film d’Alice Winocour qui est sorti avant hier, j’ai écouté Trois voix pour un procès, podcast de France Inter où une journaliste, un avocat et une victime des attentas du 13 novembre mêlent leurs voix et leurs témoignages à partir de messages audio partagés tout au long du procès.

Entendu à la radio la naissance d’un nouveau mot : infobésité. Et n’espère pas en être avec ce p’tit grain d’sel du 9 septembre. 

Demain c’est le 10, jour de vernissage. Aujourd’hui, j’ai une préférence pour le Mont Ventoux.

do 9922

Exposition L’ENTRE & LA ROUE

5 septembre 2022 § 0 commentaire § permalink

Bonjour,
J’ai plaisir à vous inviter à  mon exposition L’ENTRE & LA ROUEqui se tient du 6 au 18 septembre à la Galerie du Génie de la Bastille126 rue de Charonne 75011 Paris, tous les jours du mardi au dimanche de 14 à 20h

Vernissage le samedi 10 septembre de 14 à 20h


Le mercredi 14 septembre à 19h, je vous propose un moment d’échanges et d’images autour de mon univers artistique.
Au plaisir de croiser vos regards

QUOI DE NEUVE? _6

9 juin 2022 § 0 commentaire § permalink

Le souffle des miroirs.

Je me repose sur lui dans la lumière de l’atelier et accessoirement dans l’évasion de quelques salles obscures ou les rebonds émotifs des balles de tennis. Après l’intense boulot de L’ARBRE À MIROIRS, la pression est retombée et le plaisir de cette réalisation continue de diffuser ses reflets dans le quotidien de ce printemps. Je ne résiste pas à vous joindre de nouveau quelques images prises dans ces soirées de mi-mai où la pleine lune a baigné de ses rayons les collines champenoises et les lignes de vignes. En attendant la vidéo que je vais monter pour donner à voir les balancements or et argent de l’Arbre, vous pouvez en savoir un peu plus en suivant ce lien https://www.vignart.fr/evenements/chavot-courcourt/

Au retour de Champagne, j’ai enchainé sur l’organisation et la participation à l’exposition Le Génie de l’Estampe à la Galerie du Génie, dans le cadre de la journée européenne Manifestampe. Y ai exposé une dizaine de gravures et pour cette occasion, des essais de gaufrages à partir de plaques de zinc découpés à l’acide en forme de Roue du Temps.

Au programme artistique de l’été, une invitation à un symposium de land-art privé du 1 au 15 aout en Autriche dans la région d’Innsbruck sur le thème The Power of Less. Le Pouvoir du Moins. Y a t-il meilleur programme pour nos sociétés surabondantes qui mesurent chaque jour un peu plus les limites et les fragilités de nos modernités ? Mais le rendez-vous qui se prépare actuellement dans les soutes de l’atelier sera pour septembre avec mon exposition à la Galerie du Génie intitulée « L’ENTRE & LA ROUE ». Ce sera du 6 au 18 septembre avec vernissage le samedi 10. À vos agendas !

La naissance des seins. J’ai toujours bien aimé cette expression à fleur de peau à la fois anatomique et temporelle. Qui relie le corps et le temps. En corps, c’est la ligne ondulante qui signe le liseré du décolleté, dessine la lisière de la gorge. Dans le temps c’est la période d’apparition de ces formes qui montre la passage de la fille à la femme, l’âge de la puberté qui ouvre à la reproduction du monde.

Je n’ai pas parlé cinéma dans mes précédentes Nouv’ailes pour cause d’ARBRE À MIROIRS. Mais si par bonheur vous le croisez sur une affiche, allez voir Il Buco, un somptueux documentaire italien de Michelangelo Frammartino qui lie l’exploration spéléologique d’une grotte italienne profonde de 687m – l’abîme de Bifurto – et la mort d’un vieux berger calabrais. Vu deux fois, j’en suis sorti avec la sensation d’une caméra qui creuse l’obscurité de l’écran avec la lumière de ses images. Comme une faille de clarté dans le sombre de la terre, une fssure de jour qui traverse la nuit des temps.

Bien aimé aussi Les Passagers de la Nuit de Mikhaël Hers, Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin, L’École du Bout du Monde (au Bhoutan, à 4800m d’altitude!) de Pawo Choyning Dorji, un beau documentaire – Birds of America – sur le naturaliste français Jean-Jacques Audubon, émigré aux USA dans la première moitié 19ème siècle et tellement célèbre là- bas qu’il est devenu John James Audubon et Clara Sola de la suédo-costaricaine Nathalie Mesén. Et pour fnir cette sélection printanière, une pépite nommée Limbo du réalisateur espagnol Ben Sharrock. L’histoire de migrants dont un syrien qui ne se déplace jamais sans son oud, qui attendent dans le nord de l’Écosse un hypothétique visa. Dans la forme et dans le fond, une merveille de cinéma grave, drôle et profond.

Si vous passez par la capitale d’ici le 29 août, allez contempler l’exposition de Simon Hantaï à la Fondation Vuitton. La peinture dans de beaux draps et bien mise en plis…

Dans mes lectures, tout le mois de mai a défilé dans les pages de la trilogie de la vallée de Baztan écrite par la romancière espagnol Dolorès Redondo : Le Gardien Invisible, De Chair et d’os et Une offrande à la tempête. Une intense saga policière entre Navarre et Pays Basque.
Et pour changer d’univers, Le Serrurier Volant de Tonino Benaquista illustré par Tardi et le premier roman de Pierre Lemaître, Le Serpent Majuscule qui vient d’être publié.

Certains matins, j’ai mal au monde. Ma rage reste intacte et présente mais fait silence face aux délires et aux mauvaises fois russes, aux déforesteurs d’Amazonie et autres tortionnaires des Ouïgours. Je serre au chaud dans mes bagages d’été quelques graines d’optimisme pour protéger et soigner les humeurs de mon regard.

Je termine cette chronique en écoutant Jean Michel Maulpoix qui va recevoir prochainement le prix Goncourt de la poésie. Il cite un poète récemment disparu, Michel Deguy, fondateur de la revue Po&sie, qui a inventé le mot « géocide » avec lequel il nous faut désormais vivre. Mais il a cité aussi René Char qui a dit « les poètes tirent des salves d’avenir ».

Alors armons-nous d’avenir. Alors aimons-nous d’avenir.

do 9622