QUOI DE NEUVE? _6

9 juin 2022 § 0 commentaire § permalink

Le souffle des miroirs.

Je me repose sur lui dans la lumière de l’atelier et accessoirement dans l’évasion de quelques salles obscures ou les rebonds émotifs des balles de tennis. Après l’intense boulot de L’ARBRE À MIROIRS, la pression est retombée et le plaisir de cette réalisation continue de diffuser ses reflets dans le quotidien de ce printemps. Je ne résiste pas à vous joindre de nouveau quelques images prises dans ces soirées de mi-mai où la pleine lune a baigné de ses rayons les collines champenoises et les lignes de vignes. En attendant la vidéo que je vais monter pour donner à voir les balancements or et argent de l’Arbre, vous pouvez en savoir un peu plus en suivant ce lien https://www.vignart.fr/evenements/chavot-courcourt/

Au retour de Champagne, j’ai enchainé sur l’organisation et la participation à l’exposition Le Génie de l’Estampe à la Galerie du Génie, dans le cadre de la journée européenne Manifestampe. Y ai exposé une dizaine de gravures et pour cette occasion, des essais de gaufrages à partir de plaques de zinc découpés à l’acide en forme de Roue du Temps.

Au programme artistique de l’été, une invitation à un symposium de land-art privé du 1 au 15 aout en Autriche dans la région d’Innsbruck sur le thème The Power of Less. Le Pouvoir du Moins. Y a t-il meilleur programme pour nos sociétés surabondantes qui mesurent chaque jour un peu plus les limites et les fragilités de nos modernités ? Mais le rendez-vous qui se prépare actuellement dans les soutes de l’atelier sera pour septembre avec mon exposition à la Galerie du Génie intitulée « L’ENTRE & LA ROUE ». Ce sera du 6 au 18 septembre avec vernissage le samedi 10. À vos agendas !

La naissance des seins. J’ai toujours bien aimé cette expression à fleur de peau à la fois anatomique et temporelle. Qui relie le corps et le temps. En corps, c’est la ligne ondulante qui signe le liseré du décolleté, dessine la lisière de la gorge. Dans le temps c’est la période d’apparition de ces formes qui montre la passage de la fille à la femme, l’âge de la puberté qui ouvre à la reproduction du monde.

Je n’ai pas parlé cinéma dans mes précédentes Nouv’ailes pour cause d’ARBRE À MIROIRS. Mais si par bonheur vous le croisez sur une affiche, allez voir Il Buco, un somptueux documentaire italien de Michelangelo Frammartino qui lie l’exploration spéléologique d’une grotte italienne profonde de 687m – l’abîme de Bifurto – et la mort d’un vieux berger calabrais. Vu deux fois, j’en suis sorti avec la sensation d’une caméra qui creuse l’obscurité de l’écran avec la lumière de ses images. Comme une faille de clarté dans le sombre de la terre, une fssure de jour qui traverse la nuit des temps.

Bien aimé aussi Les Passagers de la Nuit de Mikhaël Hers, Frère et Sœur d’Arnaud Desplechin, L’École du Bout du Monde (au Bhoutan, à 4800m d’altitude!) de Pawo Choyning Dorji, un beau documentaire – Birds of America – sur le naturaliste français Jean-Jacques Audubon, émigré aux USA dans la première moitié 19ème siècle et tellement célèbre là- bas qu’il est devenu John James Audubon et Clara Sola de la suédo-costaricaine Nathalie Mesén. Et pour fnir cette sélection printanière, une pépite nommée Limbo du réalisateur espagnol Ben Sharrock. L’histoire de migrants dont un syrien qui ne se déplace jamais sans son oud, qui attendent dans le nord de l’Écosse un hypothétique visa. Dans la forme et dans le fond, une merveille de cinéma grave, drôle et profond.

Si vous passez par la capitale d’ici le 29 août, allez contempler l’exposition de Simon Hantaï à la Fondation Vuitton. La peinture dans de beaux draps et bien mise en plis…

Dans mes lectures, tout le mois de mai a défilé dans les pages de la trilogie de la vallée de Baztan écrite par la romancière espagnol Dolorès Redondo : Le Gardien Invisible, De Chair et d’os et Une offrande à la tempête. Une intense saga policière entre Navarre et Pays Basque.
Et pour changer d’univers, Le Serrurier Volant de Tonino Benaquista illustré par Tardi et le premier roman de Pierre Lemaître, Le Serpent Majuscule qui vient d’être publié.

Certains matins, j’ai mal au monde. Ma rage reste intacte et présente mais fait silence face aux délires et aux mauvaises fois russes, aux déforesteurs d’Amazonie et autres tortionnaires des Ouïgours. Je serre au chaud dans mes bagages d’été quelques graines d’optimisme pour protéger et soigner les humeurs de mon regard.

Je termine cette chronique en écoutant Jean Michel Maulpoix qui va recevoir prochainement le prix Goncourt de la poésie. Il cite un poète récemment disparu, Michel Deguy, fondateur de la revue Po&sie, qui a inventé le mot « géocide » avec lequel il nous faut désormais vivre. Mais il a cité aussi René Char qui a dit « les poètes tirent des salves d’avenir ».

Alors armons-nous d’avenir. Alors aimons-nous d’avenir.

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QUOI DE NEUVE?_5 : L’Arbre à Miroirs pour faire pétiller la Champagne !!!

16 mai 2022 § 0 commentaire § permalink

Vendredi 13 mai, commune de Chavot-Courcourt, à 5 kilomètres au sud d’Épernay.

L’ARBRE À MIROIRS est désormais installé au cœur des vignes, dans le pays de Champagne.

VENDREDI 6 MAI

L’intense travail de préparation des 432 miroirs Or & Argent est terminé. Ils mesurent 184mm de côté, sont fxés avec des colliers Serfex sur les treillis de fer à béton peints en noir et doré, et agrémentés de petits morceaux de reliure plastique pour qu’ils restent bien centrés dans les mailles de 200 mm. Le tout est enrubanné de flm plastique pour faciliter le transport.

J’ai aussi préparé les tubes d’acier qui vont être enfoncés en terre pour accueillir les fers à béton de ø14mm qui vont structurer le tronc de l’arbre. Préparé aussi les deux «brancards » de 5m de long qui vont servir pour élever les six bandes de treillis de 4,80m de long. Lesquelles bandes sont faites de deux treillis de 3,20m de long et 0,6m de large qui se superposent sur une longueur de 80cm.

Tous ces préparatifs m’ont valu quelques insomnies matutinales, période faste avant l’aube pour « checker » tous ces petits détails qui font les grands bonheurs de réalisation. Et cela, dans la plus grande autonomie possible. Détail qui ason importance : il n’y a pas d’électricité sur le terrain. Au matin du 6, le camion loué emmène tous ces matériaux pour les déposer à la mairie de Chavot-Courcourt. Pour le transport sur le site, à 2km de là, la Twingo et sa modeste galerie feront l’affaire. Idem pour l’échelle double que la commune met à ma disposition.

DIMANCHE 8 MAI

Les outils sont dans la voiture, la petite échelle pliante, les tréteaux, les tubes, les ligatures métalliques aussi. Je retrouve mon ami artiste Alain Mila qui vient aussi installer son œuvre à Moslins, pas loin de là. Pour lui c’est une quarantaine de manches à air qui vont animer le ciel champenois.

LUNDI 9 MAI

Premier challenge sur site. Comment vont s’enfoncer les six tubes d’acier ? Ouf, ouf !!! La terre n’est pas trop sèche, masse et barre à mine font un bon avant-trou, la pièce de bois pour taper sur le tube tient le coup et les six fers à béton dressent leur 2,50m au dessus du sol. « L’escalade » peut commencer ! Assembler les treillis numéro 1 et 4, qui occupent deux des faces opposées du tronc hexagonal, les positionner sur les deux brancards. La journée s’achève, la tentation d’essayer en solo l’élévation d’un brancard est grande mais la raison raisonnable l’emporte. Je vais demander l’aide de mon camarade artiste pour bien commencer la journée de mardi.

MARDI 10 MAI

Les deux brancards sont levés puis enlevés. Mauvaise surprise : la fexibilité des treillis est grande, trop grande et le haut des treillis retombe comme une branche de saule pleureur, ou de palmier. Il va falloir se battre contre la gravité, moi qui aime être un artiste-hauteur. J’aime quand les regardeurs lèvent les yeux au ciel pour s’envoyer en l’air avec la poésie de mes installations. L’après-midi, deux employés de la commune viennent me prêter mains fortes pour élever les treillis n°2 et 5, puis les n°3 et 6. Maintenant ça ressemble vraiment à un palmier-pleureur, ou à une bouteille de champagne qui vient de faire jaillir ses bulles carrées d’or et d’argent. Y’a de la nécessité de réglages et fignolage dans l’air !!!

MERCREDI 11 MAI

J’essaie de relier le plus haut possible les treillis du tronc. Je tente un équilibrage des couples de branches avec des câbles d’acier mais rien n’y fait. Le haut du tronc vrille et se déforme, les treillis ne s’élèvent guère davantage. Je fais une pause réflexive et en profite pour m’amuser de mon reflet démultiplié dans les carrés de miroirs et croque en photos quelques «autoportraits aux réglages ».
Puis je coupe tous les câbles, la fleur des treillis éclate et retombe. Heureusement les treillis font preuve de grande souplesse, leur défaut devient qualité. Je me résous aux grands moyens : il faut rehausser les six arêtes verticales du tronc. Moi qui avais acheté trop de fers à béton me réjouis de cette étourderie. Les six fers supplémentaires vont dépasser de 60cm le haut du tronc, il ne reste plus qu’à venir y fixer les six treillis. Béni soit l’inventeur du lieur qui permet d’assembler par ligatures de fer recuit barres et treillis. L’ARBRE À MIROIRS prend désormais forme et retrouve ainsi une érection bien verticale : le résultat ressemble au dessin du projet et je suis content et satisfait. Et bien fatigué, les reins en compote et les avant-bras un peu estafilés.

JEUDI 12 MAI

La matinée est consacrée au rangement du site et de la voiture, au démontage des brancards, aux coupes des ligatures qui dépassent, au retour de l’échelle à la mairie et à mon interview de présentation pour le site du Festival Vign’Art. https://www.vignart.fr/
La lumière n’est pas terrible, d’autres photos attendront demain. Je suis heureux du travail accompli. Mes inquiétudes quelque peu chroniques ont été vaines et je jouis d’une joie intime, dense et profonde au cœur de ce moment de solitude « au pied de mon Arbre » en fredonnant la chanson de l’ami Georges B. Juste avant d’offrir cette colonne de lumière aux pétillements de vos regards et de celles et ceux qui viendront s’y mirer. Et ce jusqu’au 15 septembre 2022. Si vous passez par là, faites-moi signe et envoyez moi une photo, reflet de ce joyeux mirage.

« Nous sommes ce que nous attendions » proverbe Hopi dit en interview radio par Cyril Dion qui a cité aussi Rilke : « Soyez vous-même car les autres sont déjà pris ».

« On apprend l’eau par la soif, et la terre par le voyage en mer, la passion par les affres et la paix par les récits de guerre ; l’amour par la mort et les oiseaux par l’hiver » a écrit Emily Dickinson cité par Christian Ingrao directeur de recherches au CNRS et enseignant à Sciences Po Paris qui ajoute « on apprend par le manque et par la carence, on apprend par l’absence. Peut-être l’Europe apprend-elle par la souffrance en Ukraine ».

Il s’appelait Jacques A Bertrand. Il a commis en 1983, avant d’autres multiples écrits un joli petit bouquin sur les signes du zodiaque qui s’appelle « Tristesse de la Balance et autre signes ». Il était drôle, fin et élégant, avait travaillé pour Télérama et France Culture. Depuis le 18 avril, il n’a plus de poux pas papous dans la tête.

Il est des mois où la convergence des lectures rassemble de belles pages diverses et variées : il en est ainsi de ce printemps de lecture dont je ne vous donne que titres et promesses de bonheurs lus : Rosa Candida de l’islandaise Audur Ava Ólafsdóttir. Impossible d’Erri de Luca. Solak de Caroline Hinault. Mon Mari de Maud Ventura. Là où chantent les écrevisses de Delia Owens.

Cette semaine champenoise s’est déroulée dans de bonnes conditions météorologiques. Mais « bonnes » est-il le « bon » mot alors que planent de plus en plus vertigineusement les menaces de sécheresse ? Dans nos contrées, il est commun de dire il fait «beau» quand le soleil brille, il fait «mauvais» quand le temps est à la pluie. Or dans le Yi Jing, qui m’a appris que l’automne était aussi nécessaire que le printemps et qui code la disposition des miroirs Or & Argent de mon ARBRE À MIROIRS, c’est la pluie, le Ciel venant féconder la Terre, qui est faste. Noptre contrée, maintenant c’est la planète. Alors chérissons la belle pluie…

Et que L’ARBRE À MIROIRS puisse éclairer et refléter le bon et le beau du temps.

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QUOI DE NEUVE ? _4

16 mai 2022 § 0 commentaire § permalink

L’ARBRE A MIROIRS prend doucement forme dans l’atelier bien occupé. Heureusement le bout de square qui le jouxte me permet de faire en extérieur les premières ébauches de montage de la structure métallique qui va accueillir les 432 carrés de miroirs Or et Argent.

Je vous joins la liste des courses : 4 treillis à béton de maille 20cm. 12 fers à béton ø14mm de 3m de long. 216 miroirs carrés de 184mm de côté en plexiglas Or, autant en Argent. 864 colliers transparents Serfex de 10cm. 6 tubes d’acier ø35mm de 60cm de long. Du câble et des chaînettes d’acier, des ligatures métalliques, de l’antirouille noir et une bombe de peinture dorée.

Si toute la préparation se fait à l’atelier, l’installation proprement dite aura lieu du 8 au 15 mai prochain. Ce qui provoquera peut-être un léger décalage de la parution des prochaines nouv’ailes. L’implantation se fait dans les vignes de la commune de Chavot-Courcourt, à 5km au sud d’Épernay, dont j’ai appris que les habitants s’appellent les sparnaciens. (on peut voir ce site sur https://www.vignart.fr/evenements/maison-gosset/ ). L’inauguration de cette manifestation qui se déroule sur 18 sites de ce vignoble aura lieu le dimanche 15 mai.

Entendu une passionnante interview de l’archéologue préhistorien Jean Paul Demoule qui vient de publier aux éditions Payot son livre Homo migrans, une histoire globale des migrations qui tord le coup à bien des idées reçues et affirme haut et fort que depuis l’aube de l’humanité, nous avons toujours été des migrants. Au-delà des multiples raisons qui donnent naissance à ces migrations, que produisent-elles ? Des rencontres, des imprévus, des découvertes comme celles décrites dans Calais mon Amour le livre de Béatrice Huret, qui a inspiré le flm de Jérémie Elkaïm Ils sont vivants, belle histoire d’amour franco-iranienne joué par Marina Foïs et Seear Kohi. Sans aucune naïveté en cette époque où Crimée rime avec crimes contre l’humanité et Ukraine avec massacres à la haine, il semble important de réaffirmer que ce qui rend malgré tout, fécondes ces migrations forcées ou volontaires, c’est cette énergie vitale que l’on nomme amour, altruisme, désir d’altérité, ouverture à l’autre, tous ces noms qui disent un irréductible humanisme.
L’amour contre toutes les armures…

Dans les films du mois, en haut de la pile je mets L’ombre d’un mensonge de et avec Bouli Lanners, fin et subtil et Seule la Terre est éternelle de François Burel et Adrien Soland autour et avec l’écrivain Jim Harrison et les paysages d’une traversée de l’Ouest américain.
On ne peut pas dire que Notre Dame brûle de Jean Jacques Annaud est un grand flm, mais c’est un impressionnant document dont j’avais envie de voir le feu…
Dans les autres films, le formidable et dense En Corps de Cédric Klapisch qui danse entre classique et contemporain. À voir aussi Le monde d’hier de Diastème, pas forcément pour l’intrigue mais plutôt pour le rendu de l’ambiance des couloirs et dédales des allées et alcôves du pouvoir… Histoire de méditer sur les vanités de ce monde …
Un très beau rôle pour Karine Viard dans Une Mère, qui veut se venger de l’assassin de son fils avant de cheminer vers les chemins du pardon…

Je n’ai pas lu Les Petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras, mais ai bien aimé le flm Azuro de Mathieu Rozé, inspiré par ce livre. Une goutte de plage et de soleil en ce début de printemps frisquet.

J’avais vu ce flm d’Alain Cavalier – Un étrange voyage – à sa sortie en 1980 avec Jean Rochefort et Camille de Casabianca quand je faisais quelques critiques de cinéma sur les ondes de Radio France Pays de Loire. Il est de nouveau visible sur le site d’Arte et n’a pas pris de rides ! Je me suis régalé à la revoyure ! https://www.arte.tv/fr/videos/107360-000-A/un-etrange-voyage/

J’avais aimé la sage du policier Harry Hole écrite par le norvégien Jo Nesbø. Celle-ci s’est close mais ce romancier poursuit son œuvre. Après Macbeth qu’il a revisité, il vient de publier Leur Domaine, roman noir d’une saga de deux frères en prise avec leur secrets et leur passé.
Autre violence, celle des narcos de Colombie que décrit Caryl Férey dans son roman Paz. Est-ce bien raisonnable de lire de tels livres en ces temps assombris et plombés d’obus obtus qui tuent? Alors, si vous voulez de la douceur de lire, préférez Ce que Frida m’a donné de la vénézuélienne Rosa Maria Unda Souki, joli roman graphique autour de l’œuvre de Dame Kalho publié aux éditions Zulma. Un régal pour les yeux de l’esprit.

Le ton de cette nouv’aile dit en creux la couleur de mon printemps : une occupation créatrice qui emplit les bras de faire, des échappées lectrices et cinéphiles pour me tenir debout et garder distance avec les affres de l’actualité.
Et le baume de votre partage de ces états traversés dans l’envers et l’échange des écrans.

Ce qui est aussi une autre forme d’un arbre à miroirs. J’y accroche les mercis de votre lecture.

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QUOI DE NEUVE? _3

9 mars 2022 § 0 commentaire § permalink

Murmuration.

C’est le nom que l’on donne à ces rassemblements d’oiseaux qui dessinent dans les nues ces volutes mouvantes si belles qu’on en reste sans voix. Si majestueuses qu’on ne peut qu’en interroger le mystère et s’émerveiller devant ce phénomène d’intelligence collective dont vous pouvez voir un exemple dans la quatrième image de ces Nouv’ailes captée il y a quelques jours dans le port de Saint-Nazaire.

Murmuration, cela résonne comme un son qui serait encore plus feutré qu’un simple murmure. Un souffle qui frôlerait le mur du silence. Exactement le contraire du cri tonitruant qui voulut sortir de ma gorge au matin du 24 février. Et qui ne cesse pas. Et dont je n’écrirai rien de plus, tellement l’horreur est profonde. Je laisserai juste dans la première image de cette chronique le vent souffler dans les plis jaune et bleu du drapeau ukrainien qui rime avec européen.

Dire qu’on ne sait toujours pas pourquoi on entend la mer en écoutant les coquillages ! Peut-être que les oiseaux le savent ?

En rentrant de ce bord de mer, devisant avec un ami-frère à propos de nos chansons préférées, accord se fit au bord de la chaleureuse cheminée, sur le poème d’Antoine Pol, Les Passantes mis en musique par Brassens et repris par Cabrel et Le Forestier et … par une fanfare sud-américaine que la radio diffusa juste à ce moment-là ! Une telle synchronicité ne fait pas preuve, mais quand même, Les Passantes, c’est vraiment la crème des crèmes des belles chansons !

Rien de tel pour conjurer la plombante actualité que l’art et la création. Surtout quand il et elle sont fortement dynamisées par l’annonce de ma sélection pour VIGN’ART 2022 avec le projet L’ARBRE À MIROIRS, décrit dans l’image n°2. Il sera installé fin avril ou début mai dans les vignes champenoises du site de Chavot-Courcourt, au sud d’Épernay.
En attendant, je participe la semaine prochaine avec plus d’une vingtaine d’artistes à l’exposition Le Printemps des Poètes qui se tiendra à la Galerie du Génie de la Bastille du 15 au 20 mars. Cette année, le thème est L’ÉPHÉMÈRE. Je serai présent à la Galerie lors du vernissage, le mercredi 16 à 18h et le vendredi 18 mars, de 17 à 20h.

Le Printemps des Poètes 2022 – L’Ephémère

J’avais beaucoup aimé Le Dernier Lapon, roman ethno-policier d’Olivier Truc. J’ai adoré la suite, Le Détroit du Loup. Où l’on continue de débusquer derrière la belle image social-démocrate de la Suède à la rigueur toute protestante, les ravages que celle-ci a infligés à la culture sami pour l’éradiquer du grand nord scandinave.
Mais l’encore plus grande émotion de lecture de ce mois fut celle de Je suis pilgrim de l’anglo-australien Terry Hayes qui est aussi scénariste. Entre polar et espionnage, djihadisme et menace chimique, Échelon et variole, entre New York et Afghanistan, Turquie et Arabie Saoudite, une formidable construction narrative, addictive et haletante… Chaudement recommandé !!!

Côté film, arrive en premier Un Autre Monde de Stéphane Brizé. Échangeant quelques mots avec mon inconnu voisin de séance, nous nous réjouîmes de concert d’avoir échappé au monde de l’entreprise… En espérant ne jamais être malade du côté de Shanghaï, où pendant plusieurs mois, la franco-chinoise Yé Yé a suivi dans son documentaire H6 cinq familles soignées dans un des plus grands hôpitaux de cette ville. Entre modernité et tradition, humour, détresse et solidarité, un étonnant portrait de cet univers médical chinois.
J’ai aussi vu et aimé Histoire d’un scandale d’État de Thierry de Peretti, le très beau conte italien Piccolo Corpo autour de la maternité et de la rédemption et la toujours impeccable Adèle Exarchopoulos, hôtesse de l’air d’une compagnie low-cost dans « Rien à Foutre » d’ Emmanuel Marre et Julie Lecoutre. Je ne connaissais rien d’Ulrich Zwingli, réformateur suisse contemporain de Luther et Calvin que j’ai découvert dans le film éponyme de Stefan Haupt.
Dans un film, en particulier dans les documentaires, je me demande souvent où était placée la caméra au moment de la prise de vue. Quels artifices furent pris pour donner l’illusion d’un « sur le vif ». Ceci est particulièrement vrai dans le « cadre » des documentaires animaliers et des prouesses de captation qu’ils suggèrent. C’est le cas dans le film Le Chêne qui explore la vie dans, autour et sous les racines et branches de ce roi de la forêt.

En Chine Ancienne, il était dit que les oiseaux étaient une belle image de l’adéquation au moment puisque possédant un degré de liberté de plus que nous – le vol – ils se posaient toujours là où il le devaient. Aujourd’hui où les drôles de drones qui décollent permettent de voir le monde depuis le haut du ciel, gagnera-t-on un vrai degré de liberté ?

Au vu de l’actualité, on ne le croirait pas mais nous sommes bien désormais en l’an 22 du 21ème siècle. J’espère que vous avez bien fêté le palindrome du 22022022. Le prochain est prévu pour le 03022030…
Pour parler d’une époque lointaine, on évoque souvent « la nuit des temps ». Mais c’est quand, « LA NUIT DES TEMPS » ?
La réponse est dans son anagramme : c’est « DEMAIN, PLUS TEST ».

Alors essuyez le printemps ! Enfin, essayez…

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QUOI DE NEUVE ? _2

9 février 2022 § 0 commentaire § permalink

Là où les Lettres à Ailes lisent dans les Îles des Êtres

Nouv’aile du 9 février 2022

J’ai six ans. Peut-être sept.

Je suis en vacances avec sœur et cousins dans la maison des grands parents maternels, à Feneu, petit village de campagne à une douzaine de kilomètres d’Angers, devenu aujourd’hui zone périurbaine.

Il y a là aussi mon oncle Henri, dit Riton, qui est aussi mon parrain. C’est un grand bonhomme costaud qui adore raconter des histoires et nous emmener en balade dans les bois environnants à la recherche de cow-boys rêvés ou d’indiens imaginaires.

Un jour au retour d’une de ces balades, il me dit qu’il est capable de faire disparaître un œuf sur ma tête. Moi petit garçon curieux et naïf, j’acquiesce à cette alléchante proposition et me voilà debout au centre d’une grange à la lumière tamisée appelée l’armise – j’apprendrais plus tard qu’il s’agissait en fait de « la remise » – avec un œuf sur le sommet de la tête recouverte d’un mouchoir. Sous les cris des cousins mon oncle fait grands gestes et incantations en tournant autour de moi en comptant jusqu’à trois. À trois…. il aplatit vigoureusement sa main sur le sommet de mon crâne… Je ne me souviens plus des réactions des cousins qui devaient éclater de rire et me voilà tout penaud allant voir ma grand mère pour me faire nettoyer, laquelle m’administrera une gentille calotte pour avoir gaspiller un précieux œuf…

J’oublierai cette anecdote enfantine. Elle rejaillira de ma mémoire quelques décennies plus tard, quand mêlant mes blancs pinceaux aux jaunes de la pensée chinoise, je dessinerai mes premières dispositives d’œufs – ce par quoi un dispositif peut se reproduire.

Qui peut dire ce que fut ce parrainage blagueur dans les hasards d’une trajectoire d’artiste?-? Aujourd’hui un facétieux clin d’œil -un clin d’œuf ?- et à tout le moins l’opportunité de vous partager en noir et blanc quelques images de ces installations fragiles qui sont une part importante de mon travail, pierres de poésie sensible posées sur la surface du monde qui marche sur des œufs…

« Ne pas douter de sa vocation, mais douter dans sa vocation. »

L’atelier est dans son rythme d’hiver, entre la préparation des réponses aux appels à projets devant la planche à dessin, l’aquarelle et l’ordi au premier étage et la lente gestation des tableaux au rez de chaussée. Tout sera prêt pour la prochaine exposition qui aura lieu à la Galerie du Génie de la Bastille du 6 au 18 septembre prochain. Évidemment, je vous en reparlerai.

J’écris ces quelques lignes en écoutant Myopia d’Agnès Obel. En alternant avec Blue Maqams et Souvenance de l’oudiste Anouar Brahem.

Savez-vous qu’un volcan islandais est peut-être une des causes de la Révolution Française ? L’éruption du Laki en 1783 produisit de gigantesques nuages volcaniques qui, empêchant le rayonnement solaire, provoquèrent hivers particulièrement froids, inondations catastrophiques et autres famines dévastatrices. Il est difficile de mesurer la relation de cause à effet de ces événements… mais juste d’en garder trace de mémoire en repensant aux conséquence qu’eut en 2010 l’éruption de Eyjafjallajökull… D’après vous, sur quel continent aura lieu la prochaine ? Faites vos jeux ou relisez Malcom Lowry !

J’ai poursuivi la lecture de Joseph Incarbona avec son roman en forme d’aire d’autoroute Derrière les panneaux il y a des hommes. Si je lis beaucoup, je relis peu. Tellement les rayons d’une librairie sont la plus belle image de l’éternité : tous ces livres que l’on ne pourra pas tous lire. Pourtant une amie m’avait donné l’été passé L’Œuvre au Noir de Marguerite Yourcenar, déjà lu il y a bien longtemps et bien oublié. Et ce fut délice de replonger dans le seizième siècle des aventures européennes de Zénon. Ce fut surtout grande jouissance que de mordre à nouveau dans cette belle langue de celle qui fut la première académicienne. Je vais relire les Mémoires d’Hadrien.

En cadeau de bougies, j’ai reçu Première Personne du Singulier, recueil de nouvelles d’Haruki Murakami qui vient de paraître. « Je « aime beaucoup.

Quand Haïti a proclamé son indépendance en 1804, la France a imposé en conséquence un tribut de 150 millions de francs-or pour compenser les anciens propriétaires d’esclaves de leur perte de propriété à la suite de la révolte de 1791. Le dernier versement de remboursement de cette dette a eu lieu … en 1957 !

« Pour qu’une chose soit intéressante, il faut la regarder longtemps » a dit Gustave Flaubert.

Dans les toiles du mois, une belle ribambelle de bons films : Ouistreham, Jane par Charlotte, Memory Box, Lynx, Twist à Bamako, La Place d’une Autre, Les Promesses, Une jeune fille qui va bien et pour finir cette série, le très sensible Les Jeunes Amants sur un scénario de la regrettée Solveig Anspach mis en scène par Carine Tardieu.

Si votre route passe par Villeneuve d’Ascq avant le 27 février, ne ratez pas la magnifique exposition ENTRE-MONDES consacrée à Paul Klee qui apporte belles réponses visuelles et plastiques à la question de la source originelle de l’art.

C’est la ressource de l’Art Source.

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QUOI DE NEUVE ? _1

11 janvier 2022 § 0 commentaire § permalink

Là où les Lettres à Ailes lisent dans les Îles des Êtres

Neuve.

L’An Neuf est devenu L’An Neuve et cela n’a rien changé, puisqu’il faut que tout change pour que rien ne change. Car ce qui ne change pas est que tout change toujours. Alors puisse cette nouvelle série de Nouv’ailes dire le désir que le monde soit un peu plus féminin, juste accompagner ce mouvement de fond qui suscite encore bien des résistances mais n’en est pas moins inéluctable. Le poète l’avait mal traduit : c’est le féminin qui est l’avenir de l’humain. Que les vertus du Yin – souplesse, endurance, ténacité, tolérance, disponibilité, patience, accueil… – puissent émerger puissamment dans ce siècle déjà trop bouleversé.

Qu’espérer ? Rien sinon Croire au Doute.

Si je devais m’affubler d’une devise, ce serait celle-là. Mais je doute d’y croire entièrement. Alors j’affrme et signe depuis la solitude créative de mon atelier un optimisme volontariste et assumé : le monde ne va pas très bien, la pandémie perdure – va-t-on devoir passer à l’alphabet cyrillique?- le mur du climat se rapproche, les tibétains et ouïghours sont toujours torturés et exterminés, le Kazakhstan s’échauffe tandis que Hong-Kong s’éteint, mais un vaccin contre le paludisme commence à produire ses effets et un jeune député de 35 ans gagne l’élection présidentielle chilienne… Alors que viennent dans le domaine public tous les brevets de tous les vaccins !

Chercher le nouveau, explorer l’inattendu, fairer l’émergence, aspirer à la découverte, tisser le devenir et continuer incessamment à voir le monde à moitié plein en vidant quelques verres avides d’amitié. Et poursuivre ce que je sais faire de mon mieux. Faire ma part et créer quelques gouttes de beauté pour éteindre l’incendie du monde et étreindre avec volupté la poésie du faire.

C’est l’hiver, je fais le DO rond dans la douce chaleur de l’atelier et trame moult projets qui verront le jour, ou peut- être la nuit. Garder le doigt dans la libre spirale de la création. Entre deux projets, continuer la production de broches (il en reste de la production proposée le mois dernier) et accompagner la naissance des sculptures. Ainsi vient de naître ce MANGEUR DE CYCLOPES (image 2) très utile en période de pandémie d’écrans.

Au sens propre et au sens figuré… Le sens figuré serait-il sale ?

Beaucoup d’expositions vues dans la capitale : parfums russes dans celle d’Ilya Répine au Petit Palais (dépêchez-vous c’est jusqu’au 22 janvier) et celle de la Collection Morozov à la Fondation Vuitton (jusqu’au 22 février… 22, v’là l’année des 22… ). J’ai mis dans cette chronique (image 3) juste un détail de l’exposition d’Anselm Kiefer au Grand Palais Éphémère de Paris : les toiles gigantesques ne rentraient pas dans l’écran ! Très (trop?) impressionnantes.
En ce 31 décembre 2021, le bonheur ébloui vint de Simone Pheulpin. Et dure encore (voir la première image de cet envoi).

Avant de lire le paragraphe suivant : Merci de vérifer que vous avez bien étreint votre portable !

Vu au cinéma dans cet entre deux ans : Le diable n’existe pas. Dur mais superbe flm. N’ergotons pas sur l’existence du Diable mais ce qui est sûr c’est qu’en Iran, la peine de mort existe !
La Panthère des Neiges. Vu deux fois, sur grand écran, yeux grands ouverts. Quelques tessons de foritures, mais les images de Vincent Munier et Marie Amiguet sont ab-so-lu-ment superbes. J’en profte pour vous redonner un lien pour une émission de la RTS Suisse que j’avais déjà citée dans les Nouv’ailes de Février 2020…

https://pages.rts.ch/emissions/passe-moi-les-jumelles/10731100-vincent-munier-eternel-emerveille.html? anchor=10846815#10846815
Ça fait à peine deux ans mais c’était dans le monde d’avant…

Maintenant nous sommes dans le monde d’après qui n’est hélas, pas le monde d’apprêt !

Dans les autres flms de ce début d’année, Madeleine Collins et En attendant Bojangles deux flms avec l’impeccable Virginie Effra. Belle, une version japonaise, fantastiquement animée et futuriste de la Belle et la Bête.
J’ai oublié précédemment de vous recommander deux autres flms à tendance documentaire : Debout les femmes de François Ruffn et Gilles Perret et Marcher sur l’eau d’Aïssa Maïga.

Trente Pauline peuvent elles danser ensemble sur un trampoline ?

Il est encore temps de s’inscrire pour la primaire populaire, si cela peut vous aider à retrouver vos petits dans le marigot électoral qui s’annonce. Faites vos vœux pour que demain soit à portée de main! https://primairepopulaire.fr/

Dans les neuves lectures, la découverte de l’excellent Joseph Incardona, qui équationne La Soustraction des Possibles dans un roman aux bords des banques et du lac Léman. En rade à Brest, il y a La flle qu’on appelle et c’est Tanguy Viel qui l’a bien écrit.
On ne sait pas vraiment comment est mort Antoine de Saint Exupéry. Michel Bussi enquête dans son roman « Code 612 Qui a tué Le Petit Prince ? » et tire des fls entre la disparition de l’auteur et celle de sa créature Le Petit Prince, qui demeure à ce jour le livre le plus traduit au monde après la Bible et le Coran !

Quant à Peter May, il a réapparu sur les rayons de ma médiathèque et m’a donné Rendez Vous à Gibraltar !
Ensuite je suis parti sur les pages d’Olivier Truc avec Le Cartographe des Indes Boréales. Ça se passe au XVIIème siècle, en Europe du Nord quand les protestants ont tenté et presque réussi à éradiquer la culture sami (lapone) et ses origines animistes et chamaniques pour exploiter les mines d’argent du grand nord scandinave. Ça parle aussi de chasse à la baleine. D’où cette question essentielle : pourquoi parle-t-on de baleines de soutien-gorge ? Y’a-t-il lien entre seins et cétacé ? Que nenni ! C’est tout simplement qu’à l’origine, les armatures des soutien-gorges étaient faites avec des fanons… de baleine !

L’aile d’eau du radeau part pour l’eldorado le 1 février prochain. C’est le Tigre d’Eau du Nouvel An Chinois qui l’a dit.

Il est encore possible de réitérer les vœux de Bon An. Que l’ennui ne soit pas l’An Nuit. Les jours s’allongent.

do 9122

2022

6 janvier 2022 § 0 commentaire § permalink

Nous sommes d’Elles, nous sommes d’Eux

Émerveilleurs vœux pour 2022 !!!

AU 9 RUE DES NOUV’AILES #64

9 décembre 2021 § 0 commentaire § permalink

Octobre 2002.

Première connexion à Internet. Ma mémoire de journaliste active l’idée d’un billet mensuel pour faire connaître et partager mon travail, mes humeurs et autres horizons culturels. Ce sera LE JOURNAL DU NEUF dont les 64 numéros courront jusqu’en février 2009. Puis, mutations obligent, il devient DES NOUV’AILES DU NEUF (Histoire d’ILS et d’ELLES aux pays des YEUX) jusqu’en juin 2015 où il emménage AU 9 RUE DES NOUV’AILES jusqu’à ce mois de décembre 2021 estampillé #64. La prochaine mutation du NEUF aura donc lieu en janvier 2022, de bonne augure puisque l’An aussi sera Neuf !

En attendant, l’atelier plein comme un œuf encore neuf continue sa moisson automnale sans trop se demander où iront toutes ses créations, se réjouissant du plaisir toujours renouvelé de jouer avec les formes, les couleurs et les matières. Comme en témoignent LE CHEVAL DE SATURNE et LA ROUE DE LAO qui courent et roulent entre ces lignes.
En témoigne aussi ce NOËL À LA BROCHE, créations originales que je vous propose à la vente dans l’image 6 de cette chronique. Choisissez un numéro, envoyez un mail, un chèque ou un virement paypal et je vous adresse cet objet de peinture à épingler à votre boutonnière préférée.

Comme tous les ans, je participe à l’exposition LES MINIS DU GÉNIE à la Galerie du Génie de la Bastille du 14 au 26 décembre prochain. J’y exposerai quelques gravures et deux sculptures dont ŒUF DE VAGUES visible dans la première image de ces Nouv’ailes. Pour info http://www.legeniedelabastille.com/evenement/minis-2021-exposition-collective/
Je serai présent à la galerie les mardi 14 et mercredi 22 décembre de 14 à 17h ou bien sûr sur rendez vous si vous le souhaitez. Et au vernissage le jeudi 16 à 18h.

Si vous passez par le Musée du Quai Branly dimanche 12 décembre entre 15 et 17h, j’y serai pour participer à une démonstration en plein air de Kyudo, le tir à l’arc traditionnel japonais.

« NON À L’ENVIRONNEMENT !» Ceci n’est pas une provocation, mais une remise en place de ce mot désormais à la une de toutes les campagnes et qu’il faut cesser d’employer… Car qui dit environnement se place au centre et considère seulement ce qu’il y a autour, ce qui l’environne. Or en cette époque de déprime climatique, animale, voire apocalyptique, il est de plus en plus sûr que l’humain n’est pas, n’est plus le centre mais un élément parmi d’autres de ce grand éco-système qu’il est plus juste d’appeler tout simplement le vivant. Dans les nombreux appels à projets auxquels je réponds, je ne parle jamais d’environnement ou d’écologie bien que toute ma pratique artistique en soit profondément nourrie. J’aime cadrer mon travail dans une poétique du vivant, dans l’éloge et la défense du fragile et de la beauté du monde. Histoire d’oublier les 531 milliards de dollars des ventes d’armes en 2020, en augmentation de 1,3% (17% depuis 2015 !) alors que l’économie a reculé de 3,1%. Grrrrrr !!!

En cette période de l’année où la nuit attend que les jours commencent à rallonger, entendu hier matin à la radio cette phrase du danseur de flamenco Israël Galvan citée par le poète André Velter : « L’énergie qui viendra un jour à me manquer, je la dépense ». Je l’ai méditée tout le jour et même la nuit en massant avec arnica et gaulthérie la douleur tendineuse de mon genou gauche.

J’entends parler de la cinquième vague et j’ai soudain l’impression d’avoir raté la quatrième… Avez vous remarqué comment le temps semble parfois distordu par ces ondes de pandémie ? Êtes vous sûr que cet événement a eu lieu cette année ou bien l’an passé ? En ces temps où l’on peut avoir peur qu’il n’y ait pas assez de lettres dans l’alphabet grec, je repense aux prévisions de l’astrologue André Barbault dont j’avais illustré le livre en 1998 et que j’avais évoquées en avril 2020 dans les Nouv’ailes #48 : crise de 2010, chute de 2020 (en lien avec la Chine) et envol en 2026… Il semble bien qu’il va falloir être patient, c’est d’ailleurs comme cela que l’on est nommé, dans la salle d’attente du médecin…

La Suède vient de lancer une commission vérité sur les persécutions subies par les peuples autochtones du Grand Nord que l’on appelle à tort Lapons et qui eux, se nomment Samis. L’actualité rejoint la littérature puisque cette enquête est le motif de La Montagne Rouge, roman d’Olivier Truc que je viens de lire et dont j’avais beaucoup aimé Le Dernier Lapon. Dans les autres réjouissances lues ce mois, Faillir être flingué de Cécile Minard, une géniale chevauchée littéraire en forme de western et La Désobéissance de Naomi Alderman. Une amie m’avait conseillé Le Pouvoir de cette même auteure, mais comme je ne l’ai pas trouvé dans les rayons de ma médiathèque, j’ai emprunté son premier roman, l’histoire d’une analyste financière new-yorkaise qui revient à Londres dans son milieu d’origine juif orthodoxe après le décès de son rabbin de père. De quoi se réjouir d’être agnostique !

Dans les films regardés cet automne, les toniques et emballantes Olympiades de Jacques Audiard, le formidable Benoît Magimel dans De son vivant d’Emmanuelle Bercot. Comme l’est aussi Anamaria Vartolomei dans L’Evénement d’Audrey Diwan d’après un livre d’Annie Ernaux. Et aussi Madres Parallelas d’Almodovar.

Fêtes vous bien vivant. Chaque matin, le Monde est Neuf et l’Aube est l’anagramme de Beau.

do 91221

AU 9 RUE DES NOUV’AILES #63

9 novembre 2021 § 0 commentaire § permalink

« La peau des tableaux de mon automne berce mon cœur d’une ardeur qui frissonne ».

Les longues journées de l’atelier d’octobre fourmillent de mille pinceaux… Beaucoup de travaux commencés d’ici de là au fil de ces deux récentes années trouvent lentement le chemin vers leur lumière… Sans hâte, dans une liberté sans urgence et en confiance… Au premier chef, la belle commande qui a fait naître « Le Soleil a rendez-vous avec la Lune sous les ailes de Saturne », un triptyque de bois et de toile qui a régalé les papilles de mes pupilles. Puis, pour le fun et les cadeaux des saisons qui viennent, des broches de placages de bois peints pour accrocher un clin de beauté aux cols colorés de vos manteaux amoureux. Et aussi, tout un chapelet de petites sculptures comme autant de plaisirs à partager la création… Vous trouverez trace de tout cela dans les images jointes comme les mains d’une prière animiste.

Mieux vaut un bouquet mystère qu’un bouc émissaire !

En septembre, je me suis inscris à la primaire écologiste… Je ne sais si cela aura grande importance pour les émois à venir mais c’était bien plaisir pour une fois de mettre un bulletin dans l’urne des « Pour » plutôt que de voter par défaut dans l’antre des « Contre »…

J’aime bien parfois réagir avec un peu de recul le long du torrent de l’actualité : mesurer avec effroi et distance les ravages enfin révélés par la commission CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église, rien que le nom fait froid dans le dos des enfants de chœur). Vertige et terreur devant l’avalanche des témoignages ! Au moment où j’écris ces lignes, je reçois l’article de Libé où huit femmes – dont sept à visage découvert – témoignent des viols et agressions sexuelles commises par Patrick Poivre d’Arvor, pratiques qui étaient fort bien connues de la hiérarchie de TF1. Raté pour le recul, j’enrage devant mon écran et je vous espère de même devant le votre ! Mais les écrans ont-ils un devant et un derrière ?

Il serait temps que les mâles passent du coq à l’âme et abandonnent définitivement la formule Hun.

J’ai décidé de changer de fournisseur d’électricité. Après avoir fui EDF, cet état dans l’Etat qui nous a enferré depuis plusieurs décennies dans les affres du nucléaire – qui se souvient encore de Vital Michalon? – puis Engie et Iberdrola, je viens pour quelques euros mensuels de plus de m’abonner à Enercoop. Le mail que vous êtres en train de lire est désormais alimenté en énergie non nucléaire et renouvelable. Pour toute info:  https://www.enercoop.fr 

Le logiciel Scribe qui devait faciliter le dépôt des plaintes a été recalé après quatre ans de recherches et quelques 12 millions d’euros… Dites à toutes les agressées qu’elles pourront continuer à porter des peaux de plaintes….

Mais dans quel monde Vuitton ?

Dans la première partie des années 90, j’ai participé aux prémisses de ce qui allait devenir le gros bouquin rouge du Yi Jing publié en 2002 par les Éditions Albin Michel. Évincé par le léonin initiateur de ce projet, j’en conçu quelques désappointements qui ne m’empêchèrent pas de continuer à écouter ce guide de sagesse et cet habile conseiller qui est aussi le fondement de toute ma pratique et poétique artistique. L’art comme une tentative de re-création du monde, la poésie comme un élan pour créer des grains de beauté sur la peau du Ciel. Pierre Faure, l’autre auteur de ce gros livre rouge a persévéré dans l’exploration des 384 lignes des 64 figures du Livre du Yi. Son authentique travail de nourrissage, d’approfondissement de cette pensée de la mutation du moi et du monde vient de voir la voie de cette parole éclore sous la forme d’un beau livre paru aux éditions Les Belles Lettres. Moi qui ai partagé un temps cette recherche collective, fus tout ému à la vision de ce livre bleu édité dans la collection La Compagnie du Livre Rouge. Je gage que cette édition va devenir référence et à terme estomper le rouge d’Albin et le jaune de Richard Wilhelm, celui par qui j’ai rencontré le Yi dans les années 70. Au premier toucher, j’ai aimé la matière de l’objet, la texture de sa couverture tissée, la rigueur de sa mise en page et le plaisir de vous en partager l’image.

Dans la Boite Noire éclairée par Pierre Niney, mettez toutes les Illusions Perdues d’Eugénie Grandet et les douze chapitres norvégiens de Julie. Ajoutez une Première Vache -First Cow- et Pig, une truie chasseuse de truffes et compagne disparue de (Nicholas) Cage. Un Albatros à Régnier et un bon morceau de Barbaque drôle et gore à la foie et à la marinade Foïs, essayez de réduire La Fracture et portez le tout dans le Compartiment 6, vous avez ainsi obtenu mon cocktail cinématographique du mois !

Après la longue traque des Furtifs d’Alain Damasio, j’ai changé ma gamme de lecture et embarqué avec ravissement dans Anima de Wajdi Mouawad. Une traque policière entre USA et Canada qui prend racine dans le massacre de Sabra et Chatila. L’époustouflante originalité de ce roman tient à son point de vue : l’histoire est contée depuis la vision qu’en ont les animaux qui en témoignent ! Qui un moustique qui pique le cou du héros, qui un chien qui décrit les sensations de son maître, une araignée qui tisse son regard sur la scène du crime ou une ratte qui meure dans la gueule du chat de la victime ! Puissant !

Cela reste un mystère pour ma mémoire : je n’ai aucun souvenir de la mort de Georges Brassens survenue le 22 octobre 1981, quelques jours après retour de mon premier séjour au Québec. Un effet du décalage horaire de la Belle Province ? Ce qui ne m’a pas empêché de me réjouir de toutes les manifestations qui ont fêté le centenaire d’Oncle Georges qui chantait si bien le 22 septembre où « c’est triste de n’être plus triste sans vous » et « qu’emmerdait la messe sans le latin ». Le lendemain, je m’en fus écouter Francis Cabrel à la Seine Musicale de Boulogne Billancourt et ce fut un délicieux moment de chants, de sons et de chansons.

Les mots de la musique contre les maux du monde. L’automne en tonne. Et le silence s’en étonne. 

« Chut ! » dit la peau des feuilles dans l’erre du temps.

do 91121