QUOI DE NEUVE ? (24)

10 avril 2024 § 0 commentaire

C’est le mantra d’Émilien Long dont je vous ai vanté dans les nouv’ailes de mars, les aventures présidentielles, utopiques et disruptives, racontées par la plume anonyme d’Hadrien Klent. C’est aussi le tire du livre qui fait suite et qui est toujours aussi réconfortant et jubilatoire en ces temps où l’épaisseur de l’actualité nous fait oublier que l’on a tous un palais dans la bouche et qu’il pourrait en sortir de beaux mots et des phrases riantes. Mais ils et elles restent égorgées dans les affres aphteuses de la consternation et du silence incrédule. 

Pour faire suite à cet éloge contemporain du Droit à la Paresse, je vous livre cette citation entendue dans la bouche de Lydie Salvayre parlant de son récent livre, Depuis toujours nous aimons les dimanches : « j’ai la rage contre ceux qui ont pognon sur rue ».

J’écris ces lignes au moment où la lune se sait nouvelle à 20H22 GMT et fait éclipse au soleil, visible entre Mexique et Canada. Pour mémoire ce phénomène qui ne se reproduira qu’en 2044 n’est en rien une catastrophe naturelle, mais un moment sublime de rencontre entre les astres du jour et de la nuit, que la pauvreté des pixels de mon écran peine à rendre en direct via Youtube depuis Cleveland ou Indianapolis…

Qu’est-ce « voir à l’œil nu » ? Cette question m’est venue à l’esprit en écoutant à la radio Estelle Zhong Mengual, érudite historienne de l’art qui, dans son livre Apprendre à voir, questionne notre perception du vivant, la nourrit du regard des peintres et naturalistes du XIXème siècle et nous invite à métamorphoser nos habitudes d’attention que nous portons sur le vivant du monde. Pour réinventer la nudité de notre œil à l’éclat du premier regard.

C’est ce à quoi je m’entraîne très modestement dans les fourmillements printaniers de l’atelier. Faire sans autre projet que créer, se laisser porter par la sédimentation des formes et des couleurs, se perdre dans l’errance des pinceaux pour saisir la pièce du puzzle qui vient clore l’achèvement de la gestation du tableau. Que de rencontres, de douces collisions dans le labyrinthe de l’espace atelier. C’est cela, l’énergie de ce printemps : s’atteler à l’atelier. C’est aussi pour absorber la rafale de réponses négatives aux appels à projets : trois en deux jours, la semaine dernière. Oupsss ! Heureusement était venue pendant l’accrochage de l’expo du Printemps des Poètes la bonne nouvelle de LA VOIE DE L’ARBRE que je vous glisse dans l’image n°1 de ces nouv’ailes.

Il a écrit « Elle, par bonheur et toujours nue » à propos de Marthe Bonnard, femme de Pierre. Et aussi Un été autour du cou. Et tous ceux qu’il reste à découvrir. Des textes éminemment poétiques qui ont enchanté ma joie de lire. Il s’appelle Guy Goffette, fut enseignant, romancier, libraire, éditeur, mais avant et par dessus tout poète. Il vient de quitter son Ardenne natale pour les larges horizons de l’éternité, là où régne le Roi Lire et ses nombreux pages. Puissiez-vous y puiser racines d’un doux et tendre art-scellement.

Une seule petite voix, c’est avec cet infime écart que l’Assemblée Nationale a voté le démantèlement de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et sa fusion au sein de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui devrait intervenir hélas, début 2025. Ce projet était depuis longtemps dans les tuyaux du gouvernement et l’unique voix du président pour accélérer la relance du nucléaire. En résumé, c’est l’expert de contrôle technique qui passe sous la coupe du gendarme des centrales. Finis les inspecteurs tatillons qui ne mégotaient pas sur leurs exigences de sécurité et obligèrent EDF à revoir sa copie et les soudures de son EPR et ont ainsi infligé 12 ans de retard à la centrale de Flamanville. Place désormais aux EPR express et vive l’atome pressé et rapide pour irradier notre bel et joyeux avenir. Quant à nos voix…

Après avoir vu Une famille, film de Christine Angot, j’ai lu Le voyage dans l’Est. Vertige indicible de l’inceste.

Belle est la musique des mots de Cécile Coulon dans La langue des choses cachées. La mère a charge de guérisseuse, le fils celle de sa succession et du soin des secrets enfouis. Dense et mystérieux comme une campagne profonde..

Autre langue, belle, foisonnante, baroque et imagée. Celle du portugais Antonio Lobo Antunes dans Le cul de Judas, si j’ose m’exprimer ainsi. Conversation entre un homme qui conte à une femme dans un bar de Lisbonne son expérience de médecin en Angola dans une guerre sale et oubliée. Flamboyant.

Si vous croisez aux alentours du Musée de l’Homme avant le 20 mai prochain, allez voir la superbe exposition Préhistomania qui présente à nos yeux d’aujourd’hui un large panorama des relevés et autres croquis cueillis depuis le XIXème siècle sur les parois des grottes du monde entier. Vous y apprendrez que rupestre concerne les grottes et pariétal les abris. Mais surtout vous y verrez que le dessin et l’art n’ont aucun âge si ce n’est celui de l’enfance de l’humanité et de la notre.

Sidonie au Japon

   Apollonia Apollonia

  La Nouvelle Femme

    Scandaleusement Votre

Los Delicuentes 

   Les Rois de la Piste

Ainsi marche l’escalier de cinéma où j’ai déambulé pendant l’éclosion du printemps.

Sous les feux de sa rampe, l’œil réjoui s’est habillé d’images.

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