AU 9 RUE DES NOUV’AILES # 8

20 mai 2016 § 0 commentaire § permalink

Quelle est la différence entre le début et l’origine? La réponse ne peut être qu’à … la fin de cette nouv’aile chronique.

Qui s’illustre de dessins sous l’élan de la Géante Nue qui ouvrait la précedente et a trouvé acquéreur lors de l’exposition collective de dessins à la Galerie du Génie de la Bastille. Avec les traits colorés qui tentent de capter les traits envolés des archers japonisants. Avec un zèbre venu tracer les lignes noires et blanches d’un rêve caché dans les spirales d’un papyrus sans âge. Et avec le croquis qui fait des ronds dans les bambous de ma prochaine installation lors d’une exposition collective à Saint Jean de Boiseau près de Nantes le week-end des 16 et 17 avril prochain. Avec, à suivre, dans ce lieu de rencontres, de créativité et de convivialité qui s’appelle “AU DIX SEPT”, un projet de stage d’arts plastiques que j’animerai début juillet.

Entre arc et art, il n’y a qu’un thé de différence.

Je suis toujours fasciné par le dessin – cette première expression humaine que l’on apprend avant même de parler ou d’écrire, ce premier gribouillis feutré sur la première page blanche de notre humanité- et le mystère de ce lien intime qui passe et circule entre l’œil, la main et le cerveau et traduit l’émotion du regard qui traverse le corps.
Toujours à la recherche de cours ou d’ateliers d’arts plastiques, je vous redonne le lien de mes travaux d’école qui ne fonctionnait pas dans les précédentes nouv’ailes: www.dodelaunay.com/entre-objet-et-peinture/travaux-decole/

“La première spiritualité c’est d’être connecté à soi-même”, ai-je entendu dans la bouche du conteur Yannick Jaulin, celui qui a découvert que le nombril du monde se situait en Vendée, dans le petit village de Pougne-Hérisson. Voilà qui me semble être une vérité originelle ( et nombrilesque) à réactualiser sans cesse au cœur de notre époque hyper-connectée et néanmoins légèrement déboussolée.

“Rose promise, chôm’du” C’est un des jolis slogans qui a fleuri sur les banderoles printanières des “Nuit debout” et autres bagarres contre la loi du travail. J’avoue humblement ne pas avoir, à l’heure où je viens d’envoyer mon dossier de demande de (maigre) retraite, tout capté des enjeux en jeu, entre préservation des acquis et nécessité de s’adapter aux mouvements du monde. Il y a dans cet éveil printanier quelque chose d’un rituel de jeunesse qui découvre la rue, la manif et la grève et fait joyeux écho au livre de Christiane Taubira “Murmure à la jeunesse” dont je vous donne quelques échos poétiques dans la cinquième image.

Vous connaissez sûrement l’expression “En voiture Simone!” Mais connaissez vous la délicieuse suite qui rime et remonte aux débuts de l’automobile: “C’est moi qui conduis, c’est toi qui klaxonnes!”

Pour la première fois au monde, une machine ordinatrice a battu un être humain au jeu de go. C’était il y a quelques semaines en Corée. De mes quelques expériences retenues de ce jeu, je me souviens d’une des leçons de stratégie: en attaquant directement un territoire de l’échiquier du jeu de go, le goban, on ne fait que le renforcer. Peut-on en tirer quelques perspectives politiques pour notre époque bouc-émissairisée? Ou vaut-il mieux attendre joyeusement qu’on aie de nouveau un vrai gouvernement de droite avant de retrouver une nostalgie de gauche?

”Il y a le silence déraisonnable du ciel” a dit Albert Camus cité par Hubert Reeves dans la bande dessinée “L’Univers” parue à la petite Bibliothèque des Savoirs.

Dans les lectures du mois, il y a “Crime dans la cité impériale” de Colette Lovinger-Richard. J’ai cru que c’était un polar chinois et je me suis retrouvé dans un imbroglio napoléonien en forêt de Compiègne… On m’avait conseillé “Nymphéas” de Michel Bussi mais comme il n’était pas dans les rayons de la médiathèque j’ai pris “Ne lâche pas ma main” et me suis retrouvé à crapahuter dans les paysages de l’île de la Réunion. L’intrigue s’essouffle sur la fin mais quel plaisir de déambuler dans le créole des ravines et pitons de ce confetti volcanique.
Et pour continuer le dépaysement, je viens d’entamer “Le Boulevard Périphérique” d’Henri Bauchau.

”Le vêtement c’est ce que vous voulez qu’on pense de vous, la nourriture, c’est ce que vous pensez de vous” a dit entre autres Maguelonne Toussaint-Samat née en 1926 qui a aussi écrit un livre sur le sexe des gâteaux! À déguster sans modération!!!
À tous les adultes chez qui sommeille encore un enfant, je vous recommande, de Winsor Mc Cay, la bande dessinée Little Nemo, publiée au début du siècle dernier dans le New York Herald. Posologie: une page chaque jour, surtout au réveil.

Que dire d’un pays qui après avoir exterminé ses “peaux rouges” et esclavagisé sa minorité noire héberge son président dans un lieu nommé “La Maison Blanche”?

”La vérité, on peut la cacher, on ne peut pas la tuer”
a dit le toujours sémillant et juvénil franco-chilien Alessandro Jodorowsky.

Peu de cinéma ce mois-ci: Le cœur régulier de Vanja d’Alcantara avec la subtile Isabelle Carré, No Land’s Song, un documentaire iranien qui essaie de démonter l’interdiction pour les femmes de chanter en public en Iran et la sympathique comédie de Rosalie Blum d’après la BD éponyme.

Puisque vient la fin de cette chronique, voici la réponse à la question du début: Le début c’est la première rencontre, alors que l’origine peut être très en amont… C’est ce qu’évoque Erick Orsenna dans son dernier ouvrage “L’Origine de nos Amours”… Je n’aime pas cette incongruité de la langue française qui qualifie la récente parution d’un livre par ce qualificatif “dernier” qui sous entend “dernier paru” mais semble affirmer plutôt qu’il n’y en aura pas d’autres après.

Cela me fait penser à ce koan japonais, ces questions brèves qui n’attendent pas de réponses: “où étiez vous avant que vos parents se rencontrent?”

Autrement dit: “où est votre origine?”

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AU 9 RUE DES NOUV’AILES #7

20 mars 2016 § 0 commentaire § permalink

À la naissance des origines, il y eut Le Mouvement du Ciel…

C’est écrit sur la couverture de mon nouveau book que je vais faire voyager dans le labyrinthe des galeries et autres réseaux artistiques. Qu’il me soit permis ici, une fois n’est pas coutume, de faire un peu de réclame et de vanter les mérites de Photobox, le site qui a réalisé ce travail avec un excellent rendu de l’impression et des couleurs.
Mais il n’y aura pas de Traversée d’Arc-en-ciel sur le Parcours des Fées dans le village de Crévoux dans les Hautes Alpes, ni de “L’Horizon, un trait de saison” au pied de la Basilique de Lisieux, pas plus que de “Solution ADN” (anagrammes d’Ondulations) sur les étangs de Brocéliande. Ni d’Hommage à Démocratie à Morlaix et d’Œil de Soleil à Sporen, en Belgique… Ainsi va la vie des projets qui viennent abreuver les cartons à dessins mais continuent à nourrir les spirales de la création…

Comme “aujourd’hui”, “au fur et à mesure” est un pléonasme.

Deux nouvelles rubriques à visionner sur mon site: la vidéo de mon installation “LE TOUR DE L’ARC EN CIEL” réalisée en 2004 lors du Symposium Maître des Lieux enfin mise en musique par mon ami Jean Yves Segalen. www.dodelaunay.com/entre-fragile-et-mouvement/
Et comme vient le temps de remodeler mon CV et de rechercher ateliers ou cours d’arts plastiques pour petits ou grands, j’ai mis en ligne quelques images des productions de mes cours et autres interventions plastiques que vous pouvez voir à www.dodelaunay.com/entre-objet-et-peinture/travaux-decole/

Légende = ce qui doit être lu. Savez vous quelle est la principale inspiration de Daech? La réponse ne (Donald) Trompe pas: c’est Hollywood !

Quelqu’un connaît-il l’origine de cette étrange coutume qui veut qu’un homme qui fait sa demande en mariage doive se mettre à genoux devant l’épousée promise?

Il y a des marchands de caché au marché de Cachan.

Dans les films du mois le brillant mais un peu vain Ave Cesar des frères Coen, le trop long mais quand même époustouflant The Revenant, le glacis terrifiant des Innocentes, soeurs d’un couvent polonais violées par des soldats russes en 1945, tandis que l’oscarisé Spotlight retrace la chasse des prêtres pédophiles dans le Boston des années 2000. Mais pour couronner cette sélection, la douceur de Ce sentiment de l’été de Mikhaël Hers.
“Quand les hommes vivront d’amour…” chantaient Félix, Gilles et Robert!

J’ai commencé à écrire cette chronique en écoutant l’émission Lily Dale et la belle voix d’Arthur H
www.franceinter.fr/emission-carte-blanche-a-arthur-h-lily-dale » www.franceinter.fr/emission-carte-blanche-a-arthur-h-lily-dale

Bientôt Pâques. N’oubliez pas, la chasse aux œufs de poèmes est toujours ouverte et j’attends votre récolte.

Mais on peut dire aussi : À la naissance du Ciel, il y a l’origine du Mouvement.

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AU 9 RUE DES NOUV’AILES #6

9 février 2016 § 0 commentaire § permalink

Une nouvelle face pour mon book.

Pas d’adhésion à un certain réseau social (qui vient encore d’être rappelé à l’ordre par la CNIL. Vous êtes, lecteurs de ces Nouv’ailes, mon réseau social préféré), mais un remodelage de cette vitrine de mon travail.
J’ai passé une grande partie du mois de janvier à mettre en forme ce qui pourrait s’appeler livre plutôt que book. Cent vingt pages à imprimer via Internet. Comme un long poème graphique où j’ai tenté de tisser le fil des titres aux matières et couleurs des œuvres. Cent vingt pages pour ouvrir les fenêtres des expositions à venir. Alors je vous livre en pièces jointes quatre de ces images retraçant des réalisations d’avant la naissance du monde du Neuf, en octobre 2002.
Et toujours la cinquième image en noir & blanc qui accueille vos poèmes à partager. Cette semaine, un envoi de Didier Malherbe, fameux souffleur de sons et ici joyeux (at)trappeur de sonnet.

Au milieu de tous les appels à projets auxquels je réponds, j’essaie de rester à l’écoute des débats contradictoires, échanges plus ou moins polémiques qui animent notre démocratie vacillante et traversent de toutes parts cette époque mutante et troublée. Et parfois il m’arrive d’avoir pour seule opinion de n’en point avoir. Et comme, en vie comme en art, le plus simple c’est de faire simple, j’observe, en vigie lente de silence la complexité du monde qui s’en vient et s’en va.
Alors, sur des conseils amicaux, je suis allé voir le film Demain. Qui ne m’a pas véritablement rassuré mais néanmoins bien réchauffé. Et encouragé l’attention à Aujourd’hui.
Comme Woody Allen avait envie d’envahir la Pologne en écoutant du Wagner, il m’arrive d’avoir envie de relire la Fonction de l’orgasme de Wilhelm Reich en apprenant le nombre de femmes victimes de violences conjuguales. Et de me réjouir de la grâce présidentielle , mais trop partielle de Jacqueline Sauvage.

« Il n’y a que les femmes qui peuvent être des extraterrestres. Les hommes n’ont aucun sens des forces cosmiques qui les dépassent » (Jacques Rivette en 1976)
Et il m’arrive de ne plus pouvoir penser sereinement à ce qui se passe en Syrie. À ne pouvoir imaginer que le savon d’Alep va être remplacé par les bombes à (a)raser russes. De ne pas tout comprendre à la guerre entre chiites et sunnites et aux arcanes à plusieurs bandes de la gépolitique internationale. De trop comprendre le désarroi occidental qui a si longtemps vécu au dessus de ses moyens et continue grâce aux pillages des ressources d’un tiers-monde dont le nom a été inventé en 1952.
Et aussi de me souvenir que si le Père Noël est aujourd’hui habillé de rouge et blanc, c’est qu’il a été colonisé par une grande marque de boisson qui rassemble en son nom une drogue africaine et sud américaine.

”Ça urge” ça rime avec panurge!

Il y a quelques temps j’avais écrit dans ces pages “Avant, ce n’était pas mieux, c’était meilleur” phrase que j’avais lue à la devanture d’un magasin bio. Depuis quatre mois, je me suis inscrit à un service de livraison de panier de légumes et fruits bio (Le Campanier, pour bien le nommer) que je vais chercher chaque mardi dans un magasin d’art monastique de Saint-Denis qui s’appelle Au Cœur Joyeux, si si! Outre la conscience de cesser un peu d’avaler pesticides et autres perturbateurs endocriniens, ce qui m’a frappé est la sensation de retrouver un goût “vrai” des aliments. Pas une nostalgie d’enfance, mais un authentique retour à une saveur intense. Et entendu hier à la radio, les résultats d’une étude prouvant qu’il serait possible de nourrir la planète avec une agriculture entièrement bio. Mais pincez-moi, je rêve !

Faut-il cent voiliers en l’air quand on est heureux?
J’écris ces lignes en écoutant l’émission Affaires Sensibles sur France Inter concernant Areva et l’affaire Uramin, l’achat d’une mine d’uranium africaine qui a coûté plus de 2milliards d’euros et a plombé les comptes de l’opérateur nucléaire. Préparer vos chèquiers, il est question d’une augmentation de 30% minimum du prix de l’électricité dans les années à venir pour financer le coût du démantèlement des centrales et l’enfouissement des déchets…

Je m’étais promis de ne pas lire la suite de Millénium, la trilogie de Stieg Larsson. Et puis j’ai cédé à la tentation du rayon nouveauté de ma médiathèque. Et je n’aurais pas dû. Certes il y a un certain plaisir à retrouver Lisbeth Sdalander, Mickael Blomkvist, un enfant autiste qui jongle avec les nombres premiers, mais ca sent le réchauffé, le tirage de ficelles et la construction de l’histoire est quelque peu facile et bancale. Forget it !
Mais je me régale à la lecture du roman de Jérôme Ferrari “Le principe” sur la vie de Werner Heisenberg, ce physicien qui énonca que l’on ne peut mesurer à la fois la vitesse et la position d’une particule, connu en mécanique quantique sous le nom de Principe d’Incertitude d’Heisenberg. J’ai souvent aimé tracé des parallèles entre ce principe et son application aux tirages de Yi Jing que déchiffrent la particule consultante. Parfois l’oracle décrit la position, parfois il pointe plutôt la dynamique à l’œuvre.

Les mongols qui volent sont ils fiers ?
Ce mois-ci il fallait la lettre C pour me séduire au cinéma: Carol, Chocolat, Chorus.
Carol pour l’intensité sensuelle et subtile des deux actrices. Chocolat pour les acteurs Omar Sy et James Thierrée et le réalisateur Roschdy Zem. Chorus pour le beau noir&blanc québécois de cette histoire sensible d’un couple dévasté et séparé après le meurtre de son enfant par un pédophile dix ans auparavant.
Auquel vous pouvez, à l’autre bout du couple, ajouter 45 ans d’Andrew Haigh avec les superbes Charlotte Rampling et Tom Courtenay. Et quelques Délices de Tokyo de Naomi Kawase.
Un souvenir ému est remonté à l’annonce de l’en-aller de Michel Tournier. Lors de mon premier voyage en solo au Québec, peu de“chars” passent au long d’un après-midi d’auto stop au fin fond de la Gaspésie. Je lis Le Vent Paraclet, cette sorte d’autobiographie où il conte comment ce n’est pas lui qui écrit ses livres, mais ce sont ses livres qui s’écrivent à travers lui (je résume). Pour le peintre en devenir que je n’étais pas encore, ce fut une autenthique révélation sur les secrets de la création. Qui prolongeait à point nommé les ”Lettres à un Jeune Poète” de Rilke qu’une belle amie venait de m’offrir au seuil de mon voyage.

Un singe monte dans un autobus. “Attention aux pickpockets” crie-t-il. Et chaque passager de vérifier de la main la présence de son portefeuille. En un clin d’œil le singe sait où sont tous les objets de sa convoitise.
Bonne année du Singe sous le Signe du Feu qui brûle le pessimisme de l’intelligence et éclaire l’optimisme de la volonté.
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AU 9 RUE DES NOUV’AILES #5

10 janvier 2016 § 0 commentaire § permalink

Comme en terre.
Comment taire … l’envie de silence face au tumulte et au vacarme du monde et de sa complexité?
En continuant à écrire et à dessiner pour faire remonter l’encre sur les pentes de la joie de vivre…. Peu de temps après les assassinats de Charlie, une amie m’avait demandé de faire un dessin à propos de ces attentats. Sur le coup, j’en fus bien incapable. Et puis, après être allé voir l’Humour à mort, le documentaire de Daniel Leconte et continué à regarder pas loin de mon écran l’autocollant “Je suis Charlie”, est venue dans les pas silencieux de mon crayon cette image que je vous livre avec ces Nouv’ailes. Et j’y ajoute une autre, plus personnelle, liée à la rencontre avec Tignous au Festival du Vent à Calvi en 1997.

Il y a tellement d’urgence dans l’air et dans le climat de l’ère qu’il est urgent de n’en plus parler, mais de faire… Mais comment pourra-t-on réparer les siècles d’humiliation que nous avons commis… “Nous refusons de voir que par notre hauteur, notre suffisance, notre morgue, notre avidité, notre cupidité, notre manière de lâcher les bombes puis de partir tranquillement au cinéma, nous avons nous-mêmes engendré ces monstres. Mais il ne faut pas être candide : ce n’est pas pour les civiliser que nous les tuerons, c’est parce qu’il nous font peur. Ce n’est pas avec nos belles valeurs que nous les tuerons, c’est avec nos armes. Et pour ce faire, il faut embrasser au moins provisoirement les mêmes valeurs “primitives” qu’eux: celles de la survie de soi et de la haine pour l’autre” (Nancy Houston , dans le journal Le Un du 6 janvier 2016).

Je me souviens du 9 janvier 2015. Au moment de l’assaut de l’Hyper Casher, je faisis quelques courses dans la supérette de mon quartier. Quatre jeunes gens, barbus et djellabah, faisaient quelques courses et riaient haut et fort. Je me souviens des regards quelque peu gênés des autres clients dont une bonne part de religion musulmane… Un silence se creusa sur le tapis roulant de la caissière.

Comment sculpter des nuages d’encens dansants?

Je me souviens du premier Noël qui m’offrit mon premier train même pas électrique, resplendissant sur la couverture rose fuschia du paquet cadeau. Je fus, sans oser le dire, tout déçu en soulevant le couvercle qui révéla quelques rails métalliques et une locomotive en plastique qui n’avaient pas grand chose à voir avec l’image sur l’emballage. Ce fut là sans doute mon premier vaccin anti pub…

Comment s’appelle la femelle du hamster?

Vu avec intérêt l’exposition “Une Brève Histoire de l’Avenir” au Louvre d’après le livre de Jacques Attali… Ou comment l’homme a toujours cherché à deviner de quoi sera fait le temps demain. Avez-vous remarqué qu’on ne vérifie jamais la justesse des prévisions météo d’hier et d’avant hier. Comme si on avait davantage besoin de l’existence de ce moderne oracle plutôt que de son exactitude.
Dans les pièces de toutes époques exposées, figuraient trois fragments de bronze de Rodin retrouvés dans les décombres du World Trade Center, qui abritait la collection Cantor, plus important groupe nord américain d’œuvres du sculpteur. Ces fragments appartenaient aux Ombres, groupe sculpté qui domine La Porte de l’Enfer. Ce groupe symbolise le désespoir qui étreint les Damnés et incarne la célèbre phrase du poète Dante “Vous qui entrez, laissez toute espérance”.
Alors je suis allé au Musée du Quai Branly voir les expositons “Sépik, arts de Papouasie-Nouvelle Guinée” et “Esthétique de l’Amour” qui présente les beaux objets de ceux qui vivent sur les bords de ce fleuve d’Asie Extrème Orientale.

La femelle du hamster s’appelle … Amsterdam.

Je me souviens qu’au sommet des films du mois, j’ai vu le bien nommé “Au delà des Montagnes” de Jia Zhang-Ke, dont j’avais déjà adoré l’an passé “A Touch of Sin”. Et qui m’a donné envie de relire “Le Dit de Tian Yi” de François Cheng.
J’ai vu et aimé aussi Back Home, Le Grand Jeu et La vie très privée de Monsieur Sim. Et le soir du réveilon de Noël, le très beau noir et blanc de “L’Étreinte du Serpent”, film colombien de Ciro Guerra, une histoire de deux explorations de l’Amazone qui se répondent à 40 ans d’intervalle, au début et au mitan du XXème siècle.

“Il faut pacifier” dit l’explorateur.”Il ne faut pas s’y fier” répond l’indien.

Je me souviens, c’était un lundi matin, je prenais le train en gare de Brétigny-sur-Orge et j’appris à la Une d’un journal qu’il venait d’être assassiné par un extrèmiste juif. . Et avec lui les accords d’Oslo. Alors je suis allé voir “Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin”, le film d’Amos Gitai et ai été effaré en voyant comment déjà, à l’époque le cynique Netanyahou attisait la haine dont on voit les résultats vingt ans plus tard.

Dans les lectures du passage du solstice, quelques nouvelle de Raymon Carver et de Russel Banks, mais surtout les retrouvailles avec Harry Hole dans “Police” de Jo Nesbø. Cela me valut un beau moment de complicité et de partage dans un wagon du métro parisien et quelques nuits heureusement longues à “page-turner” cette belle mécanique de précision policière et littéraire.

Continuez moi l’envoi de poèmes, ils sauront comment dire l’écho de ce comment taire…

Pour faire revenir à la première personne du singulier le présent indicatif du verbe ouïr.

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AU 9 RUE DES NOUV’AILES #4

8 décembre 2015 § 0 commentaire § permalink

Désorienté.

Pourquoi la langue française ne connaît pas le mot « désoccidenté » pour dire le désarroi de l’époque ? Parce que c’est à l’Est que se lève le soleil ? Au moment où j’écris ces lignes, un acteur cite à la radio une phrase de Samuel Beckett « Les mots sont des trous dans le silence ». Que dire de plus quand l’écho des explosions près du Stade de France à deux pas de mon atelier résonne encore à mes oreilles… Dévasté. Démonté. Dépité. Déprimé. Démuni. Mais Déterminé. Je n’ai rien changé à mes habitudes, je continue à sortir pour rester vivant, pour rester debout. Mais je me suis assis à chaudes larmes lorsque avant l’énumération des noms et âges des victimes pendant la cérémonie des Invalides, Yaël Naïm, Camilla Jordana et Nolwenn Leroy ont chanté « Quand on a que l’amour » et Nathalie Dessay « Perlimpinpin » de Barbara « pour retrouver le goût de vivre / le goût de l’eau, le goût du pain / et celui du Perlimpinpin / dans le square des Batignolles ».

Alors continuer à peindre, à créer pour résister, pour dire la vie. Et penser aussi aux victimes à Beyrouth, Ankara, Bamako, Londres ou San Bernardino… Bannir de ses neurones tout ce qui fait de l’étranger un bouc émissaire et ressasser comme un mantra trop vite oublié cette phrase de Romain Gary : « le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres »

Pas d’autres commentaires entre les deux tours des élections régionales que cette anagramme attrapé au détour d’une conversation radiophonique : MARINE LE PEN = AMENE LE PIRE.

« La vraie provocation aujourd’hui c’est de faire ressortir la douceur, la poésie qui est en nous, face à la violence et la vitesse du monde. » Bartabas, parlant de son cheval Le Caravage, merveilleusement filmé par Alain Cavalier dont je vous ai déjà dit grand bien dans la précédente Nouv’Aile.

Sur les 150 chefs d’état qui étaient à l’ouverture de la COP 21, une dizaine de femmes seulement… Comme disait Boris Vian « y’a quelqu’ chose qui cloche là d’dans… » ! Pendant ce temps-là, l’alerte rouge à la pollution est déclenchée à Pékin. « Alerte rouge à Pékin ! », le petit livre du président Mao doit se retourner dans son mausolée.

Doit-on dire « des si beaux décibels » ou « des si belles décibels » ?

Dans le cadre du prix de l’appel à projet lancé par l’ANDRA pour « imaginer la mémoire des sites de stockage de déchets radioactifs pour les générations futures », j’ai visité fin novembre, avec la dizaine d’artistes nommés, le laboratoire souterrain à Bure dans la Meuse. Huit minutes d’ascenseur pour descendre à 500 m sous terre au cœur de la couche d’argile qui devrait, si le projet est voté en 2017, accueillir en 2030 et pour quelques siècles les premiers déchets hautement radioactifs. Sous forme de containers d’inox noyés dans des blocs de béton. En remontant de ces galeries d’études, véritable royaume de la techno-science, une impression mitigée et contradictoire domine : les déchets sont une réalité et c’est plutôt réconfortant que leur enfouissement soit géré par un organisme indépendant des producteurs de déchets. Mais effrayant de penser que ce projet est à horizon 300 ans et que ce n’est vraiment pas un cadeau que nous laissons aux générations à venir.

Pourquoi empire, ça rime avec vampire ?

Carpe diem (quam minimum credula postero) : Cueille le jour présent (sans te soucier du lendemain). Cette sentence qu’il est parfois difficile de mettre en acte en cette période vient d’un vers du poète romain dans ses Odes à Leuconoé écrites en 22 avant JC.

Le pluriel de coucou, c’est couscous ?

Au cinéma ce mois-ci vous pouviez choisir entre Les Suffragettes, Les Anarchistes ou Les Cow-boys, de Thomas Bidegain. Avec, en écho avec l’actualité, une nette préférence pour ce dernier qui conte sur une vingtaine d’années les dégâts que provoque le départ d’une adolescente vers les rivages délétères de l’islamisme.

À voir aussi La peau de Bax, thriller hollandais décalé et jouissif d’Alex van Warmerdam, 21 nuits avec Pattie des Frères Larrieu et le magistral Mia Madre de Nanni Moretti. Et si vous aimez les OFNI, objet filmique non identifié, allez voir « Maesta, la passion du Christ » d’Andy Guérif, plan fixe d’1h10, tourné en 7 ans et inspiré par une peinture religieuse du début du XIVe siècle de Duccio di Buoninsegna. Dans les cases de l’écran qui deviennent les bulles d’une BD animée, les acteurs font vivre les derniers jours du Christ en passant de l’une à l’autre.

J’aime faire de ce billet mensuel un moment d’humour, de poésie, d’art, un modeste espace de vie et de partage. Un lien ténu dans la continuité du temps, le vol périodique d’un oiseau de passage, un neuf tendu vers un nouveau à sans cesse (ré)inventer. Puis-je vous avouer ce soir que mon optimisme naturel a pris un coup dans les (nouv)ailes. Et pourtant il le faut : continuer à voler en restant debout, semer des graines d’orient dans l’horizon du monde et garder serrer les poings cardinaux.

Prenez soin de vous et dîtes « je t’aime » à qui vous aimez.

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AU 9 RUE DES NOUV’AILES #3

9 novembre 2015 § 0 commentaire § permalink

Shaku hachi.
C’est sur les notes graves et sensuelles de cette flûte japonaise et d’une clarinette basse, que s’est terminée le 18 octobre dernier mon exposition « À la Vitesse de la Peinture ». Merci à l’ami Jean-Yves qui a si bien marié ses notes improvisées aux couleurs et aux matières dans cet instant de finissage avec les amis partageurs de regards. En bilan de ces dix jours d’exposition, environ deux cent cinquante visiteurs, six gravures et un tableau vendu. « Le Mouvement du Ciel ». Dont vous avez vu un détail dans la photo n°1 des précédentes Nouv’ailes. Et, ce qui n’a pas de prix, la lumière des sourires et l’étincelle d’énergie dans les reflets des pupilles.
Le prix est venu deux jours plus tard avec l’annonce de ma nomination pour l’appel à projet lancé par l’ANDRA pour « imaginer la mémoire des sites de stockage de déchets radioactifs pour les générations futures » (voir photo jointe n°4). Suivie quelques jours plus tard par le retour de Paul Employ qui après m’avoir annoncé la fin de mes droits, m’a attribué un bonus d’Allocation de Retour à l’Emploi ! Les voies de ce pôle sont décidément bien mystérieuses. Cette petite manne imprévue apaise quelque peu l’horizon financier à court terme et va me permettre de continuer mes recherches de jobs et d’expos… Et aussi poursuivre la saison des réponses à appel à projets qui vient de redémarrer… Un bol d’air funambule sur le fil du rasoir…

Une grande chaîne de librairies britanniques vient de retire de ses rayons les liseuses Kindle pour les remplacer par des… livres ! Va-t-on assister au retour de la sensualité du papier face à la froideur digitale ?

Pour ma part, je maintiens mon appel à courts poèmes pour illustrer la cinquième image de ces Nouv’ailes. Que vous avez écrit ou lu, hier ou aujourd’hui. Allez, faites sonner vos sonnets, venez voir un vers avec moi…

Je me suis perdu dans les pages du dernier Modiano, « Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier ». Ses méandres du passé m’ont laissé sans fin sur ma faim.
Alors je suis parti au siège napoléonien de la belle Cadix, en 1810 sous la plume précise d’Arturo Perez-Reverte pour une chronique détaillée où se mêlent trajectoires balistiques d’artillerie et enquêtes policières sur meurtres de jeunes femmes. C’est « Cadix ou la Diagonale du Fou ».

Dans le cinéma du mois, il y a deux femmes : Fatima de Philippe Faucon que l’on pourrait aussi nommer Notre Petite Sœur de Hirokazu Kore-Eda. Deux bijoux de merveilles de films…
Et pendant que s’immiscent sur les écrans ces belles sensibilités féminines, Tom Hanks se retrouve Seul sur Mars pour une virile et spectaculaire épopée qui, ouf, ouf, le ramène sain et sauf sur Terre. En écoutant une critique de ce film, j’ai appris que sur Mars le ciel est orange et le coucher de soleil bleu. Ça doit être pour cela qu’on l’appelle la planète rouge !
La Glace et le Ciel est un bel hommage de Luc Jacquet, réalisateur de la Marche de l’Empereur, à Claude Lorius, glaciologue français qui a effectué de nombreuses expéditions en Antarctique. Il eut une intuition géniale lors d’une d’entre elles: glissant un morceau de glace dans son whisky vespéral, il se rendit compte que les bulles contenues dans le morceau de glaçon tiré d’un carottage de la glace polaire étaient faites d’un air appartenant… au passé. Et c’est en exploitant les nombreux carottages faits par les Russes qu’il pût mesurer les taux de dioxyde de carbone et devint ainsi un des premiers lanceurs d’alerte du réchauffement climatique. On pourrait dire que la COP 21 est née dans un verre d’alcool au fond de l’Antarctique.
Le Bouton de Nacre est un film chilien de Patrick Guzman qui fait suite au somptueux Nostalgie de la Lumière. Hanté par le regard d’une disparue dont le cadavre fut rejeté sur la côte patagonienne, ce film fouille le passé de la dictature de Pinochet et étend cette réflexion poétique et politique aux massacres des populations locales. La reconstitution de visu, à l’aide d’un mannequin, de la préparation des corps ficelés à un morceau de rail avant d’être jetés d’un hélicoptère glace le sang de la mémoire.
Qui se retourne dans la tombe de Pablo Neruda dont on attend la confirmation par analyses médicales qu’il aurait bien été assassiné par les sbires du sinistre dictateur.
Pour me réconforter, je suis allé ce matin voir Le Caravage, pas le peintre mais le cheval de Bartabas filmé par Alain Cavalier. Un régal ! L’animal devait lui aussi être très heureux de ce film qu’il clôt en venant… lécher l’objectif de la caméra… provoquant le rire de Cavalier !

C’est Novembre : gardez bien planté votre piolet au sommet de la Montagne du Papillon. Comme une épingle d’argent dans le liège des feuilles de l’automne.

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24 octobre 2015 § 0 commentaire § permalink

Tranquillement, à la Vitesse de la Peinture, je sors tout juste du vernissage.
Près d’une cinquantaine de personnes sont venues partager le punch et la claire transparence de la Galerie du Génie, au carrefour bien vivant de ce quartier du 11ème arrondissement parisien. J’ai beaucoup de plaisir à regarder le regard des visiteurs et écouter les messages que la peinture leur envoie. Pas de points rouges à l’horizon pour l’instant, mais l’envie joyeuse de passer les après-midi à venir dans les paysages et les silences de mon univers pictural. L’exposition est ouverte du mercredi au dimanche de 14h30 à 19h30, jusqu’au dimanche 18 octobre. Ce soir je ne joindrai pas d’images d’ensemble de cette exposition, tellement je mesure le fossé entre la présence devant la peinture et sa reproduction dans les miroirs électroniques. Juste quatre détails comme autant de petits cailloux mystérieux posés sur le chemin qui vous mènera au coin de la rue de Charonne et Léon Frot. Welcome ! Je vous y attends de pied doux…

« Pour voir il ne faut rien savoir. Il faut juste savoir voir » citation d’un peintre expressionniste allemand captée au vol d’une émission de radio

Merci aussi à celles et ceux qui m’ont envoyé un court poème suite à mon appel à recevoir de la poésie lancé dans le #1. Je réitère cet appel à vers, strophes ou autres alexandrins avec l’idée « saugrenue, forcément saugrenue » de vous envoyer à la fin de la saison, en juin prochain, cette compilation aléatoire des poèmes du Neuf. Ce mois-ci, un sonnet de Garcia Lorca envoyé par Janie R.

Savez-vous où a été inventé le triathlon ? C’est en banlieue : Tu vas à la piscine en vélo et tu reviens à pied.

Dans les lectures du mois, Le Nouvel Amour de Philippe Forrest dont j’avais adoré Le Chat de Schrödinger qui poursuit avec une formidable acuité l’exploration de ses émotions suite à la disparition de sa fille et à la résurgence du sentiment amoureux et de ses aléas.
Le poids du papillon. Dense petit livre d’Erri de Luca, vous savez, cet écrivain italien qui risque 5 ans de prison pour avoir appelé au « sabotage » de la ligne TGV Lyon Turin. Bien plus qu’un face à face entre un chasseur et un vieux chamois…
À ne pas lire dans le métro « Suite à un accident grave de voyageur », court et brillant essai d’Éric Fottorino sur les suicides dans les transports en commun. À ne pas lire non plus en vélo.
Et aussi Les Nuits de Reykjavik d’Arnaldur Indridasson, où l’on retrouve l’inspecteur Erlendur à ses débuts.
Sans oublier, vrai régal, le dernier Vargas, Temps Glaciaires. Miam….
Je venais de commencer à lire « Daisy Sisters », premier roman d’Henning Mankel publié en Suède en 1982 et récemment traduit en français quand est lourdement tombée la nouvelle de sa mort en ce lundi 5 octobre suite à une longue maladie nommée cancer. Il faut lire et relire ce grand humaniste, pour ses polars bien sûr, qui sont bien plus que des policiers mais aussi ses romans et ses ouvrages pour la jeunesse que ce gendre de Bergman avait tissés au fil de sa vie partagée entre Suède et Mozambique. Salut l’ami et grand merci !
Je n’ai pas eu le temps de me remettre de cette bad news que tombait tout aussi sombre celle de la disparition de Chantal Ackerman. Alors j’ai, comme Aurore Clément dans les Rendez vous d’Anna en 1978, fredonné tout bas : »Moi j’essuie les verres au fond du café… »

Les femmes raisonnables vont au paradis, les autres vont où elles veulent.

Et je me suis souvenu que ce mois-ci j’ai vu avec grand plaisir Dheepan, Youth, Les chansons que mes frères m’ont apprises, Marguerite, Much Loved. Et revu le génial Tampopo, chef d’œuvre japonais érotico-culinaire sorti en 1987. Et aussi L’odeur de la Mandarine. Et que c’est bon en ces temps plus que troubles d’avoir cette autre fenêtre sur l’actualité du monde.

« Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit ». Mais savez-vous où est l’œil de la nuit?

Les prochaines élections régionales vont avoir lieu en même temps que le grand raout de la COP 21. Que pourra-t-on dire de cette collision spatio-temporelle entre la vie des (nouvelles) régions et le destin de la planète ?
Et je repense à cette Hypothèse Gaïa énoncée à la fin du siècle dernier par l’écologue anglais James Lovelock qui, je résume, voyait l’ensemble des êtres vivants sur la Terre comme formant un super organisme doué d’une intelligence propre. Et il m’arrive parfois d’avoir envie de hurler en pensant aux milliards que la science dépense pour découvrir que « tout » est relié. Ah si les colons de race blanche n’avaient pas massacré tous les amérindiens et autres « sauvages »…

« J’aime la photographie parce que ça ne ressemble pas à ce que je vois » a dit Jean Michel Ribes en parlant de son autobiographie qu’il vient de publier sous le titre Mille et un morceaux.

Dans une année-lumière, il y a 9 454 254 955 488 000 kilomètres. Pensez-y en regardant les feux des feuilles de l’automne qui tombent des étoiles suspendues aux branches des arbres.

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15 septembre 2015 § 0 commentaire § permalink

Les Nouv’ailes se renouvellent…

Et repartent pour la construction d’un immeuble de 64 étages qui nous mènera au terme de 2021, avec toujours quelques mots et quatre images pour dire les petits bonheurs de la création, de la lecture, du temps qui passe et des humeurs qui le parfument. Zone franche et libre sans aucune obligation de quoi que ce soit.

En bonus, et en mémoire de Stéphane Hessel que la poésie a sauvé lorsqu’il était dans les camps nazis, une cinquième image, en noir et blanc, qui pourra accueillir un poème que vous m’aurez envoyé. Ceci est donc bien un appel à poèmes : au gré de votre envie, sans urgence ni pression, envoyez-moi un (court) poème que vous aimez et qui viendra glisser ses ailes de mots dans le bal de la Rue des Nouv’ailes. Pour ce premier numéro, j’ai choisi Ulysse de Joachim du Bellay sur une photo de ma série « Peupleraie la Bourgogne » variations saisonnières autour d’une plantation de peupliers réalisées dans l’Yonne en 1994. Pour tisser et faire rimer solitude avec multitude.

« Ne te courbe que pour aimer » (René Char, cité par Guillaume Gallienne dans son émission « Ça peut pas faire de mal » sur France Inter le samedi à 18H15.)

L’été fut travailleur et vadrouilleur. Après les aventures luxembourgeoises et solognotes (La Biennale de Sologne se tient jusqu’au 20 septembre, avec en ce moment, sur la place du joli village de Chaumont sur Tharonne cinq sculpteurs qui taillent en direct de belles billes de séquoia ou de cèdre – c’est à voir !) ce fut intense activité à l’atelier pour préparer l’exposition à Paris à la Galerie du Génie qui se tiendra « à la vitesse de la peinture » du 8 au 18 octobre prochain. Je vous en reparlerai en temps utile.

Mais ne vous dirai rien des affres courtelinesques de Pôle Emploi qui me promis en février une prolongation d’allocations de chômage de cinq années pour m’annoncer mi-août que cette mesure ne s’adressait qu’aux personnes au seuil de la retraite nées en 52-53. Et je suis né en 54…. Administration du vertige auquel j’ai décidé de ne pas céder. Enfin, d’essayer …

Il se sent sûr ou il se censure ?

Puis il y eut la belle visite de la Saline Royale d’Arc-et-Senans dans le Doubs, et la balade aux gorges de la Loue près d’Ornans (mais le musée Courbet était hélas fermé ce mardi-là) sur la route de Suisse et où j’ai encore raté mon troisième dan de Kyudo pour cause de trop grande fébrilité en situation d’examen.« Si tu veux tirer une flèche de vérité, trempe sa pointe dans du miel ». Il me reste encore des cordes à butiner !

Puis déconnection totale avec les amies randonneuses dans les Pyrénées centrales. Cirque de Gavarnie, Brèche de Roland… Que ces moments de paix et de camping, de chants et d’échanges, de rires et de silence me sont chaque année de plus en plus nécessaires. Pour faire rêver solitude avec altitude…

« Savoir ce que l’on fuit, oublier ce que l’on cherche » (Montaigne)

Et enfin la remontée vers septembre et le nord, les haltes amicales chez les amis d’Oloron (avec l’incroyable visite de la grotte de Laverna < www.laverna.fr > près du gouffre de la Pierre-Saint-Martin dont la salle principale peut contenir dix fois la cathédrale Notre Dame). Sans oublier ceux de Pau, du Gers, ou de Sologne où il m’a fallu redresser quatre des sept lettres de NATURES que le vent malin avait fait choir.

Quel est le propre de l’homme ? Le rire, a dit Bergson. La saleté, réplique Daech en pulvérisant Palmyre.

La nuit nuit-elle ?

Dans les films de l’été, La Isla Minima, Lena, Love, Floride, Sur la Ligne.
Dans ceux de la rentrée, avant d’aller voir Dheepan, j’ai aimé La Belle Saison de Catherine Corsini et surtout Le Tout Nouveau Testament de Jacob Van Dormael. Un joyeux et poétique délire belge où Dieu finit par aller fabriquer des lave-linge en Ouzbékistan. Fortement réjouissant et vivement conseillé !

Dieu est un crime parfait. Quand le crime est parfait, nul ne le sait et il n’existe pas !

Dans les lectures estivales, Confiteor du catalan Jaume Cabré, roman érudit, bouillonnant d’espace et de temps où l’auteur réussit le prodige de passer du « je » au « il » dans la même phrase. À la fois déroutant et envoûtant.
Et aussi Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie, américano-nigériane qui tisse et tresse des histoires d’immigration et de cheveux entre Nigéria, Angleterre et États-Unis. Un éclairage littéraire qui trouve troublant écho dans les migrations tragiques de l’actualité. On peut aussi à ce propos lire ou relire Eldorado de Laurent Gaudé. Et se demander pourquoi on dit « expat » quand des français partent à l’étranger et « migrants » quand des étrangers viennent en France…

Que l’arrivée de l’automne vous murmure dans le vent des feuilles dorées la Bienvenue sur les chemins qui migrent par la Rue des Nouv’ailes…

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LES (dernières) NOUV’AILES DU NEUF n°64

11 juin 2015 § 0 commentaire § permalink

Le Temps du Neuf.

Combien de battements de cœur l’ont rythmé?

Il y eut d’octobre 2002 à février 2009 LE JOURNAL DU NEUF et depuis mars 2009, LES NOUV’AILES DU NEUF. Deux fois 64 chroniques qui murmurent l’erre des créations, les traces de pinceaux, les pages tournées, les films rencontrés, les mots jetés au bout du quai du clavier, tout ce qui fait aimer et douter, croire et chanter, peindre et caresser, assaisonner et relever…. Sans cesser de se demander à quoi ça sert… de se demander à quoi ça sert ….Et puis aux détours d’une belle fête sous les murs du château de Grignan, l‘échappée d’une confidence qui dit l‘assiduité aux lectures silencieuses des Nouv’ailes… Une bouffée de chaleur à grappiller tous les raisins de la vie….

Alors, douter encore puis vite redescendre à l’atelier continuer à préparer l’exposition de l’automne « À LA VITESSE DE LA PEINTURE », du 8 au 18 octobre prochain… Oyez, Oyez, je vous y convierai!

Pourquoi Enfant, ça rime avec Éléphant ? Parce que Histoire, ça rime avec Mémoire !

Pendant l‘escapade ardéchoise, il y eut le crochet par Chauvet, voyage dans le temps de l’avant et de l’après histoire….

Dans quelques jours je pars en Sologne créer « Les Anagrammes de Saturne » dans le cadre de la biennale Sculpt’en Sologne (voir Nouv’ailes n°60). Et surprise de juin, je file début juillet vers le Grand Duché du Luxembourg réaliser LE LABYRINTHE VERTICAL, sculpture pérenne dans le parc Ouerbett dans la petite ville de Kayl. Gardez le fil du dédale de l’Art…

« Ma mamy est couturieuse » m’a dit un des bambins du mercredi de la MJC de Ballan-Miré…

Et dire qu’il faudrait se réjouir, au nom du sacro-saint emploi, de la rafale de ventes de Rafales qui fait assaut de joie chez la maison Dassault et consorts… Mieux vaudrait capter les rafales de vent avec de pâles éoliennes et faire de délicieuses hydroliennes avec des hélices de sous-marins… Cela refroidirait un peu le climat de guerre qui s’étend sur la planète… Mais restons sérieux : ce ne sont là que billevesées d’artiste et utopies de pouèt-pouèt… Et surtout veillons soigneusement à bien vérifier les soupapes de l’EPR de Flamanville….

« Un amour qui finit est un amour qui n’a jamais commencé » Cette phrase a été prononcée à la radio un jour, ou peut être une nuit, par le chanteur belge Philippe Lafontaine, il y a sans doute une vingtaine d’années… Pourquoi m’est-elle restée gravée dans le creux de l’oreille ? Sans doute parce que, comme le chante Juliette Gréco : « Aimez vous les uns les autres ou disparaissez » !

Il faut mettre un peu de temps entre chaque livre de Murakami pour en déguster tous les charmes de sa fantastique poésie du quotidien très légèrement décalée et ainsi vertigineuse de puissance et de plaisir… Ce mois-çi, ce fut « L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage ». Miam miam…

« J’ai pelé une pomme et ne suis pas coupé le doigt » a dit Ève. « Normal, tu n’étais pas coupable, a répondu Adam. C’était pieux mensonge que ce Jugement Dernier ». « Il va falloir repeindre la Sixtine », a conclu Michel-Ange.

S’il n’y avait qu’un film à voir ce mois-ci, ce serait « Trois souvenirs de ma jeunesse » d’Arnaud Despleschin avec de si bons et beaux acteurs qu’on en oublierait de vieillir. Mais on peut voir aussi La Tête Haute, Titli, chronique indienne, Le Labyrinthe du Silence, et Une Femme Iranienne. Et aussi La Thérapie du Bonheur et bien sûr, La loi du Marché qui ne sont pas les deux faces d’une même pellicule !

Comme à chaque mois de juin, je clos cette chronique dans le cocon des souhaits d’un bel été… Et quand septembre s’en viendra, la chrysalide renaîtra, porteuse de nouvelles ailes qui vers vous s’envoleront.

Pour que dure le doux temps du Neuf.

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