Là où les Lettres à Ailes lisent dans les Îles des Êtres
Neuve.
L’An Neuf est devenu L’An Neuve et cela n’a rien changé, puisqu’il faut que tout change pour que rien ne change. Car ce qui ne change pas est que tout change toujours. Alors puisse cette nouvelle série de Nouv’ailes dire le désir que le monde soit un peu plus féminin, juste accompagner ce mouvement de fond qui suscite encore bien des résistances mais n’en est pas moins inéluctable. Le poète l’avait mal traduit : c’est le féminin qui est l’avenir de l’humain. Que les vertus du Yin – souplesse, endurance, ténacité, tolérance, disponibilité, patience, accueil… – puissent émerger puissamment dans ce siècle déjà trop bouleversé.
Qu’espérer ? Rien sinon Croire au Doute.
Si je devais m’affubler d’une devise, ce serait celle-là. Mais je doute d’y croire entièrement. Alors j’affrme et signe depuis la solitude créative de mon atelier un optimisme volontariste et assumé : le monde ne va pas très bien, la pandémie perdure – va-t-on devoir passer à l’alphabet cyrillique?- le mur du climat se rapproche, les tibétains et ouïghours sont toujours torturés et exterminés, le Kazakhstan s’échauffe tandis que Hong-Kong s’éteint, mais un vaccin contre le paludisme commence à produire ses effets et un jeune député de 35 ans gagne l’élection présidentielle chilienne… Alors que viennent dans le domaine public tous les brevets de tous les vaccins !
Chercher le nouveau, explorer l’inattendu, fairer l’émergence, aspirer à la découverte, tisser le devenir et continuer incessamment à voir le monde à moitié plein en vidant quelques verres avides d’amitié. Et poursuivre ce que je sais faire de mon mieux. Faire ma part et créer quelques gouttes de beauté pour éteindre l’incendie du monde et étreindre avec volupté la poésie du faire.
C’est l’hiver, je fais le DO rond dans la douce chaleur de l’atelier et trame moult projets qui verront le jour, ou peut- être la nuit. Garder le doigt dans la libre spirale de la création. Entre deux projets, continuer la production de broches (il en reste de la production proposée le mois dernier) et accompagner la naissance des sculptures. Ainsi vient de naître ce MANGEUR DE CYCLOPES (image 2) très utile en période de pandémie d’écrans.
Au sens propre et au sens figuré… Le sens figuré serait-il sale ?
Beaucoup d’expositions vues dans la capitale : parfums russes dans celle d’Ilya Répine au Petit Palais (dépêchez-vous c’est jusqu’au 22 janvier) et celle de la Collection Morozov à la Fondation Vuitton (jusqu’au 22 février… 22, v’là l’année des 22… ). J’ai mis dans cette chronique (image 3) juste un détail de l’exposition d’Anselm Kiefer au Grand Palais Éphémère de Paris : les toiles gigantesques ne rentraient pas dans l’écran ! Très (trop?) impressionnantes. En ce 31 décembre 2021, le bonheur ébloui vint de Simone Pheulpin. Et dure encore (voir la première image de cet envoi).
Avant de lire le paragraphe suivant : Merci de vérifer que vous avez bien étreint votre portable !
Vu au cinéma dans cet entre deux ans : Le diable n’existe pas. Dur mais superbe flm. N’ergotons pas sur l’existence du Diable mais ce qui est sûr c’est qu’en Iran, la peine de mort existe ! La Panthère des Neiges. Vu deux fois, sur grand écran, yeux grands ouverts. Quelques tessons de foritures, mais les images de Vincent Munier et Marie Amiguet sont ab-so-lu-ment superbes. J’en profte pour vous redonner un lien pour une émission de la RTS Suisse que j’avais déjà citée dans les Nouv’ailes de Février 2020…
https://pages.rts.ch/emissions/passe-moi-les-jumelles/10731100-vincent-munier-eternel-emerveille.html? anchor=10846815#10846815 Ça fait à peine deux ans mais c’était dans le monde d’avant…
Maintenant nous sommes dans le monde d’après qui n’est hélas, pas le monde d’apprêt !
Dans les autres flms de ce début d’année, Madeleine Collins et En attendant Bojangles deux flms avec l’impeccable Virginie Effra. Belle, une version japonaise, fantastiquement animée et futuriste de la Belle et la Bête. J’ai oublié précédemment de vous recommander deux autres flms à tendance documentaire : Debout les femmes de François Ruffn et Gilles Perret et Marcher sur l’eau d’Aïssa Maïga.
Trente Pauline peuvent elles danser ensemble sur un trampoline ?
Il est encore temps de s’inscrire pour la primaire populaire, si cela peut vous aider à retrouver vos petits dans le marigot électoral qui s’annonce. Faites vos vœux pour que demain soit à portée de main! https://primairepopulaire.fr/
Dans les neuves lectures, la découverte de l’excellent Joseph Incardona, qui équationne La Soustraction des Possibles dans un roman aux bords des banques et du lac Léman. En rade à Brest, il y a La flle qu’on appelle et c’est Tanguy Viel qui l’a bien écrit. On ne sait pas vraiment comment est mort Antoine de Saint Exupéry. Michel Bussi enquête dans son roman « Code 612 Qui a tué Le Petit Prince ? » et tire des fls entre la disparition de l’auteur et celle de sa créature Le Petit Prince, qui demeure à ce jour le livre le plus traduit au monde après la Bible et le Coran !
Quant à Peter May, il a réapparu sur les rayons de ma médiathèque et m’a donné Rendez Vous à Gibraltar ! Ensuite je suis parti sur les pages d’Olivier Truc avec Le Cartographe des Indes Boréales. Ça se passe au XVIIème siècle, en Europe du Nord quand les protestants ont tenté et presque réussi à éradiquer la culture sami (lapone) et ses origines animistes et chamaniques pour exploiter les mines d’argent du grand nord scandinave. Ça parle aussi de chasse à la baleine. D’où cette question essentielle : pourquoi parle-t-on de baleines de soutien-gorge ? Y’a-t-il lien entre seins et cétacé ? Que nenni ! C’est tout simplement qu’à l’origine, les armatures des soutien-gorges étaient faites avec des fanons… de baleine !
L’aile d’eau du radeau part pour l’eldorado le 1 février prochain. C’est le Tigre d’Eau du Nouvel An Chinois qui l’a dit.
Il est encore possible de réitérer les vœux de Bon An. Que l’ennui ne soit pas l’An Nuit. Les jours s’allongent.
Première connexion à Internet. Ma mémoire de journaliste active l’idée d’un billet mensuel pour faire connaître et partager mon travail, mes humeurs et autres horizons culturels. Ce sera LE JOURNAL DU NEUF dont les 64 numéros courront jusqu’en février 2009. Puis, mutations obligent, il devient DES NOUV’AILES DU NEUF (Histoire d’ILS et d’ELLES aux pays des YEUX) jusqu’en juin 2015 où il emménage AU 9 RUE DES NOUV’AILES jusqu’à ce mois de décembre 2021 estampillé #64. La prochaine mutation du NEUF aura donc lieu en janvier 2022, de bonne augure puisque l’An aussi sera Neuf !
En attendant, l’atelier plein comme un œuf encore neuf continue sa moisson automnale sans trop se demander où iront toutes ses créations, se réjouissant du plaisir toujours renouvelé de jouer avec les formes, les couleurs et les matières. Comme en témoignent LE CHEVAL DE SATURNE et LA ROUE DE LAO qui courent et roulent entre ces lignes. En témoigne aussi ce NOËL À LA BROCHE, créations originales que je vous propose à la vente dans l’image 6 de cette chronique. Choisissez un numéro, envoyez un mail, un chèque ou un virement paypal et je vous adresse cet objet de peinture à épingler à votre boutonnière préférée.
Comme tous les ans, je participe à l’exposition LES MINIS DU GÉNIE à la Galerie du Génie de la Bastille du 14 au 26 décembre prochain. J’y exposerai quelques gravures et deux sculptures dont ŒUF DE VAGUES visible dans la première image de ces Nouv’ailes. Pour info http://www.legeniedelabastille.com/evenement/minis-2021-exposition-collective/ Je serai présent à la galerie les mardi 14 et mercredi 22 décembre de 14 à 17h ou bien sûr sur rendez vous si vous le souhaitez. Et au vernissage le jeudi 16 à 18h.
Si vous passez par le Musée du Quai Branly dimanche 12 décembre entre 15 et 17h, j’y serai pour participer à une démonstration en plein air de Kyudo, le tir à l’arc traditionnel japonais.
« NON À L’ENVIRONNEMENT !» Ceci n’est pas une provocation, mais une remise en place de ce mot désormais à la une de toutes les campagnes et qu’il faut cesser d’employer… Car qui dit environnement se place au centre et considère seulement ce qu’il y a autour, ce qui l’environne. Or en cette époque de déprime climatique, animale, voire apocalyptique, il est de plus en plus sûr que l’humain n’est pas, n’est plus le centre mais un élément parmi d’autres de ce grand éco-système qu’il est plus juste d’appeler tout simplement le vivant. Dans les nombreux appels à projets auxquels je réponds, je ne parle jamais d’environnement ou d’écologie bien que toute ma pratique artistique en soit profondément nourrie. J’aime cadrer mon travail dans une poétique du vivant, dans l’éloge et la défense du fragile et de la beauté du monde. Histoire d’oublier les 531 milliards de dollars des ventes d’armes en 2020, en augmentation de 1,3% (17% depuis 2015 !) alors que l’économie a reculé de 3,1%. Grrrrrr !!!
En cette période de l’année où la nuit attend que les jours commencent à rallonger, entendu hier matin à la radio cette phrase du danseur de flamenco Israël Galvan citée par le poète André Velter : « L’énergie qui viendra un jour à me manquer, je la dépense ». Je l’ai méditée tout le jour et même la nuit en massant avec arnica et gaulthérie la douleur tendineuse de mon genou gauche.
J’entends parler de la cinquième vague et j’ai soudain l’impression d’avoir raté la quatrième… Avez vous remarqué comment le temps semble parfois distordu par ces ondes de pandémie ? Êtes vous sûr que cet événement a eu lieu cette année ou bien l’an passé ? En ces temps où l’on peut avoir peur qu’il n’y ait pas assez de lettres dans l’alphabet grec, je repense aux prévisions de l’astrologue André Barbault dont j’avais illustré le livre en 1998 et que j’avais évoquées en avril 2020 dans les Nouv’ailes #48 : crise de 2010, chute de 2020 (en lien avec la Chine) et envol en 2026… Il semble bien qu’il va falloir être patient, c’est d’ailleurs comme cela que l’on est nommé, dans la salle d’attente du médecin…
La Suède vient de lancer une commission vérité sur les persécutions subies par les peuples autochtones du Grand Nord que l’on appelle à tort Lapons et qui eux, se nomment Samis. L’actualité rejoint la littérature puisque cette enquête est le motif de La Montagne Rouge, roman d’Olivier Truc que je viens de lire et dont j’avais beaucoup aimé Le Dernier Lapon. Dans les autres réjouissances lues ce mois, Faillir être flingué de Cécile Minard, une géniale chevauchée littéraire en forme de western et La Désobéissance de Naomi Alderman. Une amie m’avait conseillé Le Pouvoir de cette même auteure, mais comme je ne l’ai pas trouvé dans les rayons de ma médiathèque, j’ai emprunté son premier roman, l’histoire d’une analyste financière new-yorkaise qui revient à Londres dans son milieu d’origine juif orthodoxe après le décès de son rabbin de père. De quoi se réjouir d’être agnostique !
Dans les films regardés cet automne, les toniques et emballantes Olympiades de Jacques Audiard, le formidable Benoît Magimel dans De son vivant d’Emmanuelle Bercot. Comme l’est aussi Anamaria Vartolomei dans L’Evénement d’Audrey Diwan d’après un livre d’Annie Ernaux. Et aussi Madres Parallelas d’Almodovar.
Fêtes vous bien vivant. Chaque matin, le Monde est Neuf et l’Aube est l’anagramme de Beau.
« La peau des tableaux de mon automne berce mon cœur d’une ardeur qui frissonne ».
Les longues journées de l’atelier d’octobre fourmillent de mille pinceaux… Beaucoup de travaux commencés d’ici de là au fil de ces deux récentes années trouvent lentement le chemin vers leur lumière… Sans hâte, dans une liberté sans urgence et en confiance… Au premier chef, la belle commande qui a fait naître « Le Soleil a rendez-vous avec la Lune sous les ailes de Saturne », un triptyque de bois et de toile qui a régalé les papilles de mes pupilles. Puis, pour le fun et les cadeaux des saisons qui viennent, des broches de placages de bois peints pour accrocher un clin de beauté aux cols colorés de vos manteaux amoureux. Et aussi, tout un chapelet de petites sculptures comme autant de plaisirs à partager la création… Vous trouverez trace de tout cela dans les images jointes comme les mains d’une prière animiste.
Mieux vaut un bouquet mystère qu’un bouc émissaire !
En septembre, je me suis inscris à la primaire écologiste… Je ne sais si cela aura grande importance pour les émois à venir mais c’était bien plaisir pour une fois de mettre un bulletin dans l’urne des « Pour » plutôt que de voter par défaut dans l’antre des « Contre »…
J’aime bien parfois réagir avec un peu de recul le long du torrent de l’actualité : mesurer avec effroi et distance les ravages enfin révélés par la commission CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église, rien que le nom fait froid dans le dos des enfants de chœur). Vertige et terreur devant l’avalanche des témoignages ! Au moment où j’écris ces lignes, je reçois l’article de Libé où huit femmes – dont sept à visage découvert – témoignent des viols et agressions sexuelles commises par Patrick Poivre d’Arvor, pratiques qui étaient fort bien connues de la hiérarchie de TF1. Raté pour le recul, j’enrage devant mon écran et je vous espère de même devant le votre ! Mais les écrans ont-ils un devant et un derrière ?
Il serait temps que les mâles passent du coq à l’âme et abandonnent définitivement la formule Hun.
J’ai décidé de changer de fournisseur d’électricité. Après avoir fui EDF, cet état dans l’Etat qui nous a enferré depuis plusieurs décennies dans les affres du nucléaire – qui se souvient encore de Vital Michalon? – puis Engie et Iberdrola, je viens pour quelques euros mensuels de plus de m’abonner à Enercoop. Le mail que vous êtres en train de lire est désormais alimenté en énergie non nucléaire et renouvelable. Pour toute info: https://www.enercoop.fr
Le logiciel Scribe qui devait faciliter le dépôt des plaintes a été recalé après quatre ans de recherches et quelques 12 millions d’euros… Dites à toutes les agressées qu’elles pourront continuer à porter des peaux de plaintes….
Mais dans quel monde Vuitton ?
Dans la première partie des années 90, j’ai participé aux prémisses de ce qui allait devenir le gros bouquin rouge du Yi Jing publié en 2002 par les Éditions Albin Michel. Évincé par le léonin initiateur de ce projet, j’en conçu quelques désappointements qui ne m’empêchèrent pas de continuer à écouter ce guide de sagesse et cet habile conseiller qui est aussi le fondement de toute ma pratique et poétique artistique. L’art comme une tentative de re-création du monde, la poésie comme un élan pour créer des grains de beauté sur la peau du Ciel. Pierre Faure, l’autre auteur de ce gros livre rouge a persévéré dans l’exploration des 384 lignes des 64 figures du Livre du Yi. Son authentique travail de nourrissage, d’approfondissement de cette pensée de la mutation du moi et du monde vient de voir la voie de cette parole éclore sous la forme d’un beau livre paru aux éditions Les Belles Lettres. Moi qui ai partagé un temps cette recherche collective, fus tout ému à la vision de ce livre bleu édité dans la collection La Compagnie du Livre Rouge. Je gage que cette édition va devenir référence et à terme estomper le rouge d’Albin et le jaune de Richard Wilhelm, celui par qui j’ai rencontré le Yi dans les années 70. Au premier toucher, j’ai aimé la matière de l’objet, la texture de sa couverture tissée, la rigueur de sa mise en page et le plaisir de vous en partager l’image.
Dans la Boite Noire éclairée par Pierre Niney, mettez toutes les Illusions Perdues d’Eugénie Grandet et les douze chapitres norvégiens de Julie. Ajoutez une Première Vache -First Cow- et Pig, une truie chasseuse de truffes et compagne disparue de (Nicholas) Cage. Un Albatros à Régnier et un bon morceau de Barbaque drôle et gore à la foie et à la marinade Foïs, essayez de réduire La Fracture et portez le tout dans le Compartiment 6, vous avez ainsi obtenu mon cocktail cinématographique du mois !
Après la longue traque des Furtifs d’Alain Damasio, j’ai changé ma gamme de lecture et embarqué avec ravissement dans Anima de Wajdi Mouawad. Une traque policière entre USA et Canada qui prend racine dans le massacre de Sabra et Chatila. L’époustouflante originalité de ce roman tient à son point de vue : l’histoire est contée depuis la vision qu’en ont les animaux qui en témoignent ! Qui un moustique qui pique le cou du héros, qui un chien qui décrit les sensations de son maître, une araignée qui tisse son regard sur la scène du crime ou une ratte qui meure dans la gueule du chat de la victime ! Puissant !
Cela reste un mystère pour ma mémoire : je n’ai aucun souvenir de la mort de Georges Brassens survenue le 22 octobre 1981, quelques jours après retour de mon premier séjour au Québec. Un effet du décalage horaire de la Belle Province ? Ce qui ne m’a pas empêché de me réjouir de toutes les manifestations qui ont fêté le centenaire d’Oncle Georges qui chantait si bien le 22 septembre où « c’est triste de n’être plus triste sans vous » et « qu’emmerdait la messe sans le latin ». Le lendemain, je m’en fus écouter Francis Cabrel à la Seine Musicale de Boulogne Billancourt et ce fut un délicieux moment de chants, de sons et de chansons.
Les mots de la musique contre les maux du monde. L’automne en tonne. Et le silence s’en étonne.
« Chut ! » dit la peau des feuilles dans l’erre du temps.
« Le numérique se duplique, la matière est unique. »
Tel pourrait être le résumé le plus condensé des 688 pages du livre d’Alain Damasio, – Les Furtifs – qui m’accompagne depuis plus de trois semaines et dont je vais terminer les dernières lignes juste après la rédaction de ces Nouv’ailes. Un univers de fiction qui prend racine et se nourrit de notre monde en pleine numérisation. « La réalité ultime, la réul, je la vois comme le produit ultime du capitalisme : vendre de la réalité ». Lecture exigeante et passionnante d’une dystopie à la forme et à l’écriture originale et foisonnante. Parfaite pour le prochain confinement… ? Mais non, je blague…
L’avenir est tout vert ou l’avenir est ouvert ?
Le grand Eddy chante à la radio « où sont mes racines ? » J’hésite entre La Douceur Angevine ou La Voie Lactée. Sans doute un peu des deux.
Septembre prit la Twingo d’une longue route amicale et buissonnière pour me faire revenir d’Andorre avec le beau catalogue de la Biennale de Land Art dont je vous livre quelques feuilles dans cette missive d’automne. J’aime ces fragments de vie nomade qui roulent de ville en ville, qui conjuguent l’amitié et la durée, la mémoire et l’instant, la joie d’un rire et un verre de Menetou Salon. Au hasard pérégrinant, il y eut le beau film Le Sommet des Dieux dont j’avais déjà adoré la BD.
Au retour dans l’atelier la première sortie fut un éblouissement : à la place de l’étoile surgit dans la nuit l’immense et magique Arc de Triomphe emballé par Christo & Jeanne Claude. Un triomphe de l’Art. Chapeau bas, artiste magicien, je ne peux me résoudre à ne mettre qu’une photo en accompagnement de ces Nouv’ailes. Va pour une belle série avec en bonus le déshabillage monumental. L’événement ne dura hélas qu’une petite quinzaine. Pour ma part, je l’aurai volontiers laissé ainsi, pour l’hiver… et même pour l’éternité.
Une partie des toiles et objets de peinture couvés à l’atelier pendant les confinements voie venir son achèvement. Instant délicieux où la décantation picturale vient se nicher dans les petits détails de finitions qui sont signes de terme et d’accompli. Ainsi sont nées ces Horloges Sans Temps qui ouvrent les images de ces Nouv’ailes.
« L’immobile se disperse, le mobile demeure. Les hommes n’ont pas besoin de croyance, ils ont besoins de connaissance. Et aussi de connaissances des croyances. » Quel bonheur de réentendre dans le poste ces belles paroles de Jean Claude Carrière.
On a beaucoup célébré la mission Apollo 11 qui a porté le premier humain sur la Lune en Juillet 1969. Mais on a un peu oublié Apollo 8 dont les astronautes, à la veille de Noël 1968, ont pris la première photo d’un clair de Terre. Ne serait-ce point là, à l’aulne de ce premier regard sur notre petite planète bleue, le première signe d’une conscience écologique qui tarde encore à envahir l’espace ? Entre Apollo 8 et 11 il y eut en mars et en mai 69, Apollo 9 et 10. C’est dire l’avidité américaine pour remporter ce challenge lunaire. Heureusement, quand les hommes sont partis à la conquête de l’espace, les femmes ont fait un Mouvement.
Au cours actuel de la monnaie, la dette imposée à Haïti par la France au début du XIXème siècle s’élèverait à 30 milliards d’euros… Un tremblement de taire !
Dans mes lectures septembrionales, il y eut aussi Le Dernier Lapon, d’Olivier Truc et les poèmes d’Enfin le Royaume de François Cheng.
Au pied des écrans, je suis monté avec grand plaisir voir Dune de Denis Villeneuve au cinéma Max Linder sur les grands boulevards parisiens. Grand écran, grand son, grand spectacle. Plus intime, j’ai aimé Petite Sœur de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat, Cigare au miel de Kamir Aïnouz avec la prometteuse Zoé Adjani, nièce de. Tout s’est bien passé, de François Ozon avec l’impeccable Dussolier et Sophie Marceau. La bande annonce de L’Origine du Monde de Laurent Lafitte m’avait bien titillé. Mais d’Origine, j’en suis resté sur ma faim. Et me suis consolé avec l’oxymore improbable de Gaza mon Amour.
Pour rappel, Amazonia, l’exposition des photos de Sebastiao Salgado à la Philarmonique de Paris dure jusqu’au 31 octobre.
« Terrien, t’es rien ! ». Mais un petit Rien du Tout, c’est déjà beaucoup, c’est même plus que trois fois rien. Il suffit juste de trouve sa place sous les étoiles, dans le beau lait de la Voie. Christo a trouvé la sienne à jamais, place de l’Étoile. Merci !
« On peut changer sa vision du monde avec un léger fléchissement des genoux » a dit l’immense Cartier-Bresson, dont j’ai pu voir l’exposition, aujourd’hui close, Le Grand Jeu à la BNF. Il vous reste celle qui est ouverte jusqu’au 31 octobre au Musée Carnavalet de Paris, entièrement réaménagé. Quand je regarde les vues de ce géant de la photographie, j’ai la sensation physique de percevoir l’ordre caché du monde. Comme si derrière l’apparent chaos du réel, les compositions parfaites de ses instants décisifs dessinaient la géométrie souterraine de l’architecture de la vie. 31 octobre, c’est aussi la date de clôture de Amazônia, superbe exposition de photos de Sébastiao Salgado à la Philharmonique de Paris dont est extraite la cinquième image de ces Nouv’ailes. Pas d’autre commentaire que l’impératif « allez-y ».
Tous ces points de vue nous renvoient à notre regard sur le monde comme il va, nous rappellent qu’il ne faut jamais oublier d’où l’on parle, comme se souvenir d’où est placée la caméra dont est issue l’image, l’œil ou la bouche d’où sortent le film ou la parole… Il en va de l’alimentation du regard dans cette réalité phagocytée par le marché de l’attention. Plus qu’un pas de côté, c’est à un regard de côté qu’il faut s’atteler… N’est-ce point là le lieu de la peinture ?
Après le lit de plumes sous le parasol d’œufs à Andorre et le Porc Épique sur les hauteurs savoyardes, l’été s’est mis en pente provençale puis a redécouvert les charmes aoûtiens de Paris déserté. Septembre prolonge l’été et m’emmène de nouveau vers les rivages andorrans pour la récupération des œufs et des plumes et la récolte de leurs effluves de poésie dans les chemins de retour buissonniers et amicaux…
L’expression « Dans le temps » est souvent utilisée pour qualifier le passé. Mais où est-on quand on est « dans le temps » ?
L’été fut lectures. Ce temps de solitude intime qui relie à la multitudes des univers. Aux temps incertains où s’avance l’intelligence artificielle (quelle étrange définition! N’oublions pas que intelligence vient de inter-ligere, lire entre les lignes) n’est-ce point là la seule et véritable machine à voyager dans le temps ?
Dans les lignes de mes itinéraires estivaux, Il y a :
Les Roses Fauves de Carole Martinez. Il faut lire cette auteure (Le cœur cousu, La terre qui penche, Du domaine des murmures) qui dans ce roman jongle avec les fleurs, les cœurs, la Bretagne, le temps et sa propre réalité. Des pétales de voyages…
La Serpe de Philippe Jaenada. Un formidable enquête sur un triple assassinat perpétré dans le Château d’Escoire en Périgord. Le château était clos, la quatrième personne à l’intérieur, Henri Girard, était coupable, forcément coupable mais fut acquitté et disparut en Amérique du Sud. Au retour, il publiera sous le nom de Georges Arnaud un livre qui inspirera le film éponyme : Le Salaire de la Peur. Le récit que fait Jaenada de son enquête plus de 70 ans après les faits est absolument passionnant. Il est d’ailleurs dans l’actualité de la rentrée puisque il vient de publier une nouvelle enquête littéraire – Au printemps des monstres – sur Lucien Léger, « l’étrangleur » qui a passé 41 ans en prison.
Danser les ombres de Laurent Gaudé. Des personnages entrelacés dans les rues de Port-au-Prince à Haiti entre le passé et l’instant, les ombres et les vivants, les corps et les âmes. Une partie de ce roman se passe pendant le tremblement de terre de 2010. L’ironie tragique mais empathique de cet été fut que cette lecture eut lieu juste après celui du 14 août…
La Proie de Deon Meyer. J’aime cet auteur sud-africain dont les romans, policiers mais pas que, parlent si fortement de ce continent austral. En ces temps de (post?) pandémie, lisez aussi L’Année du Lion.
Pour l’élégance de sa pensée, trempez vos neurones et votre sensibilité dans la puissance de Œil Ouvert et Cœur Battant de François Cheng. Son sous-titre : « comment envisager et dévisager la beauté ». Indispensable pour la santé du regard.
Rajouter quelques pincées d’Éclats de sel de Sylvie Germain pour une balade dans le temps et l’histoire de Prague.
Une découverte : Le dernier frère de Nathacha Appanah. Je ne savais pas que des juifs refoulés de Palestine avaient été déportés en 1940 à l’Île Maurice et cela est en filigrane du récit d’un adolescent au bord de la forêt mauricienne. Un bel et bien construit exercice sensible.
Et pour clore ce dédale de pages, une merveille de pépite atroce et sensuelle : La Giocanda de Nikos Kokantzis aux Éditions de l’Aube. Une histoire d’amour adolescente achevée dans les flammes d’Auschwitz que l’auteur, dont c’est le seul livre, a mis trente ans à offrir à la grâce du monde. Il fallait bien trente ans de silence pour tisser les mots de ce premier amour qui est aussi un amour premier.
Quelle est l’indécence de l’un des sens ?
En supplément de lecture, il y eut aussi la relecture d’une nouvelle de Haruki Murakami tirée de son recueil Des Hommes Sans Femmes, intitulée Drive My Car. Qui a donné son titre au film éponyme qui a reçu le grand prix du scénario à Cannes. Une merveille de film que j’ai vue deux fois tellement c’est fort, émouvant et puissant. Dans la bande annonce de mon été, il y eut aussi Annette, Benedetta, Les Voleurs de Chevaux, Nomadland, Bergman’s Island, La Loi de Téhéran, Une Histoire d’Amour et de Désir et Un triomphe, film de prison très « beckettien » inspiré par une histoire réelle en Suède en 1986. À l’insolite dénouement concluant cette histoire et ce film, le grand Samuel déclara : « c’est la meilleure chose qui pouvait arriver à ma pièce ». La pièce, c’était « en attendant Godot » !
Dans certaines cultures, le passé est figuré devant soi (on peut le contempler) tandis que le futur est derrière (on ne peut le voir). Et vous, en cette soirée d’avant automne où l’orage s’apprête à arroser la verrière de l’atelier, quel Godot attendez-vous ? Le normal ou l’anormal ? La norme ou l’énorme ? Nous n’avons point de vues sur ce qui s’en vient, telle est la leçon de ce temps que l’on nomme présent. Puisse-t-il aussi être cadeau !
Je sors du film Délicieux, qui conte joliment la naissance du premier restaurant (dont le mot français est aujourd’hui universellement employé) à la veille de la Révolution. Un délicieux présent…
Telle fut ma réponse à la question posée par la quatrième édition de la Biennale de Land Art d’Andorre « Que feriez vous si vous deviez être confinés en montagne? »
Il fallut donc vider les 192 œufs blancs et 192 œufs roux, trier les 384 plumes blanches et jaunes selon qu’elles soient dextres ou senestres, fabriquer et peindre le châlis du lit, percer les 16 lattes de plexiglas de 24 trous pour y insérer les plumes, concevoir et faire le disque bleu supportant les 16 baleines du parasol, mettre tout cela dans la Twingo et prendre la route vers Andorre pour y installer ce caressant lit de plumes sous un aérien parasol d’œufs…
Cette installation fait partie de la cinquantaine d’œuvres visibles jusqu’au 15 septembre aux alentours du Lac d’Engolasters, entre les communes d’Escaldes-Engordany et Encamp, près d’Andorre la Vieille. https://visitandorra.com/fr/agenda/andorra-l-andart/
Qui aurait pu penser que cela deviendrait aussi un marché ? Le Grand Marché de l’Attention. Excroissance mortifère du temps de cerveau disponible théorisé par le cynique chef de TF1 que fut Patrick Le Lay. J’en ai manqué un peu le jour où j’ai cliqué sur un mail me demandant d’activer le Certicode Plus de ma Banque Postale. Souvent les mails frauduleux recelaient une ou plusieurs fautes d’orthographe mais là l’illusion était parfaite. J’oubliai un instant que tous les échanges avec ma banque en ligne passait par mon espace client sécurisé. Quelques jours après je reçus un mail du fabriquant de La Roue du Temps surpris d’avoir reçu un virement de 1000€ de ma part. J’alerte aussitôt ma banque qui m’annonce qu’un autre virement de 3000€ a été effectué depuis mon livret A. Au final, je vais pouvoir récupérer ces montants puisqu’il semble que les fraudeurs n’aient pas réussi à ajouter de nouveaux bénéficiaires sur mon compte et n’ont donc pas réussi à mener à terme leur tentative d’escroquerie. Ouf Ouf Ouf…
Sept œufs dans des cages de grillage. Six de couleur chair -oui, les teintes des coquilles ne sont pas sans rappeler celles de nos pigments de peaux – portent les lettres blanches du Commun. Ils saignent. Le septième est blanc, sa cage a des
nuances dorées. Une goutte de jaune s’en échappe, preuve qu’il est encore vivant. Il porte la lettre E, rouge. C’est la lettre qui féminise le Commun, relie et relis la mémoire de La Commune, l’absente de notre Histoire de France qui continue d’irriguer notre présent. Commun-CommunE (voir image 1) est le titre de cette petite installation exposée la semaine passé à la Galerie du Génie de la Bastille pour commémorer les 150 ans de la Commune de Paris.. Ce E est-il aussi celui du e-monde vers lequel nous avançons ? Puisse-t-il ne pas être trop immonde ! À la fin de l’exposition, j’ai entrouvert la cage du E pour que la lumière jaune de son or ensemence la vie commune des Elles et des Eux.
Saviez vous que les fontaines Wallace qui ponctuent certains lieux de Paris furent offertes à la ville par le philanthrope britannique Richard Wallace pour venir en aide aux indigents qui n’avaient pas accès à l’eau après la destruction de nombreux aqueducs pendant la Commune ?
Y a-t-il des cas récents de temps caressants ?
Je ne décroche pratiquement plus mon téléphone fixe où ne défilent que des pubs de mutuelles, voyances ou autres billevesées publicitaires. Pourtant ce 27 mai, grand bien m’a pris de déroger à cette abstinence puisque c’était un appel pour actualiser mon compte formation. Qui a débouché sur une formation de 28h aux logiciels Photoshop et Illustrator pour une valeur de 2800€. Attention, vous avez jusqu’au 30 juin seulement pour valider ce compte en allant sur moncompteformation.gouv.fr . Ne ratez pas cette opportunité !
J’ai fêté avec lenteur la fin du temps confiné en retournant saluer les sculptures olmèques au Musée du Quai Branly. Puis j’ai repris avec bonheur le chemins des salles obscures et toiles de lumières. J’ai commencé par Mandibules pour la mouche géante mais surtout pour la prestation extraordinaire d’Adèle Exarchopoulos. Puis par Michel-Ange de Konchalovsky pour revoir la Sixtine, la pierre de Carrare, les intrigues de Médicis et le génie de ce maître. Slalom a tristement ravivé
l’actualité du harcèlement et autres sévices sexuels dans le monde du sport tandis que Balloon faisait jouer des enfants tibétains avec des préservatifs pour parler subtilement de la politique de l’enfant unique en Chine. Laquelle vient d’autoriser après deux enfants en 2016, la possibilité de trois enfants par famille. L’Empire du Milieu a peur de vieillir ! Ravivée aussi, la mémoire des événements d’Algérie que l’on a encore beaucoup de mal à nommer guerre à travers le flm Des Hommes de Lucas Belvaux. Bien content de pouvoir de nouveau faire chauffer ma carte de ciné, j’ai aimé aussi The Father, L’Étreinte et Sara Forestier dans Play List.
Mais si vous n’avez qu’un flm à voir, filez derechef à la rencontre de Petite Maman de Céline Sciamma. Je pourrais vous dire que c’est le lien mère-fille vue à travers la relation de deux jumelles de 8 ans mais cela ne dirait pas grand chose de la subtilité de ce chef d’œuvre de sensibilité et d’intimité qui parle aussi d’innocence, du présent partagé, du futur, de la mort et des cabanes. Attention, flm essentiel !!!
Je vous ai parlé récemment de La Solitude des Nombres Premiers de Paolo Giordano. J’ai poussé l’exploration des œuvres de cet auteur et me suis fais littéralement aspiré par son roman Dévorer le Ciel. Trois jeunes gens et une narratrice dans la chaleur et les oliviers du sud de l’Italie. J’ai dévoré avec enthousiasme ces constellations céleste et intime des Pouilles qui passent aussi par une grotte islandaise.
J’ai voulu glisser dans ces Nouv’ailes le silence aimé et intemporel des jardins zen de Kyoto (Image 5). C’est la lecture enchantée d’Une Rose Seule de Muriel Barbery qui m’y a poussé.
Amoureux de longue date de l’Oulipo, j’ai apprécié la lecture de l’Anomalie d’Hervé Le Tellier et l’atterrissage de cette incroyable aventure de dédoublement aéronautique.
Dans l’atelier ô combien actif, j’écris cette chronique entre vidage des 384 œufs et la construction du lit de plumes d’un oiseau-fakir pour la Biennale de Land Art d’Andorre qui commence le 1 juillet prochain. Entre gravures et totems de plexiglas de la série « Nous avions à érections ». Au son d’un râga indien que m’a redonné envie d’écouter la surprise d’un joueur de tablas croisé dans un wagon de RER. Étonnant voyageur !
Comme chaque année ces Nouv’ailes se mettent en repos estival et vous donnent rendez-vous au neuvième jour du neuvième mois pour la suite du Monde du Neuf d’après l’été.
Déterminé. Déterminé « par » ou déterminé « à » ? J’aime l’adjonction de ces deux petits mots qui « détermine » le sens de déterminé. Passif ou actif… Alors dans ces semaines presque totalement confinées dans l’atelier, j’ai beaucoup travaillé pour rester déterminé à créer et ne pas être (trop) déterminé par cette perdurante et perfusante situation pandémique. Vous trouverez dans les images de ces Nouv’ailes quelques fragments créatifs de cette immersion d’atelier.
Comment dit-on hibernation quand cela se produit au printemps ? Je tenterai bien « printempsnation » mais ça fait un peu trop grand magasin !
Au sein de ces journées de livres et de radio, d’encres et de pinceaux, la sélection pour la biennale de Land Art d’Andorre fin juin (voir l’image n°1) est venue comme un baume dans mes paumes d’artiste un peu découragé après les nombreuses réponses négatives de l’hiver. Puis il y aura fn juillet Les Métamorphoses du Porc Épique (vues dans les Nouv’ailes n°47) à Hautecour, en Savoie, que je devais réaliser au printemps 2020 et qui furent annulées pour cause d’époque opaque.
«Si une personne regardait Instagram pendant 80 ans, elle ne verrait que 7 minutes de la production de la plateforme!»
a dit Annie Lebrun sur France Culture le 27 avril. Nos smartphones s’useront-ils avant qu’ils sucent la moelle de toute notre attention ? Nous vivons une pandémie d’images bien récupérée par le capitalisme de la notoriété, le veau d’or de l’éphémère visibilité et la production d’images sans imaginaires. Alors, aujourd’hui, je n’irai pas m’instagrammer, gardant comme seul outil mon site internet récemment renouvelé. Et Grand Merci à tous celles et ceux qui lui ont fait visite.
C’est sur https://blog.dodelaunay.com On peut aussi lire ces Nouv’ailes sur le blog qui lui est lié :https://blog.dodelaunay.com/
Je continuerai « quoiqu’il en coûte » à tisser la trame de mes originalités dans le partage trop minimal des effuves d’atelier, affirmant sans cesse que la peinture est et demeure un des rares endroits au monde qui résiste à cette frénésie de reproduction qui veut nous faire croire que le reproduit est l’égal du produit. Que « image » est identique à son anagramme « magie ». Ou qu’une visio est identique à une présence. Crier en silence haut et fort qu’une émotion est par essence non- reproductible. Je peins encore pour cette inconnue qui, en 1998, au sortir de mon exposition « Peinture Fraîche » au théâtre municipal de mon angevine cité natale me déclara les yeux émus et grands ouverts « qu’elle ne touchait plus le sol au terme de ce voyage en mes toiles ».
Connaissez vous les nounouneries ? C’est une bêtise, une stupidité. Ce mot nouveau qui nous vient du Québec fait partie des entrées de l’année dans le dictionnaire Larousse. Même mon correcteur orthographique ne le connaît pas encore. Parmi les nouveaux entrants, beaucoup de termes liées à la pandémie. Vous saturez ? Alors préférez-leur les mots sortis de l’essai de Patrick Chamoiseau intitulé Le Conteur, la Nuit et le Panier. Frottez vous avec délices à la Mondialité, la Vérition, au Tout-Monde et au Chaos-Germe. Vous y trouverez les semences de l’Oraliture, les clés de la Circonfession, la possibilité d’ouvrir une La-Ronde… Et déambulez avec jouissance dans les rayons de sa Sentimenthèque. Décalé et joyeusement décoiffant !
Étymologie du mot « théâtre » : lieu où l’on regarde. Est-ce à dire que notre époque est aveugle ?
Connaissez vous l’ADN CRISPR-Cas9 ? C’est une technique de découpe de l’ADN, découverte en 2012 par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna qui ont été couronnées pour cela du prix Nobel de chimie en 2020. Technique qui suscite d’immenses espoirs de traitement des maladies génétiques, des cancers et qui peut à la fois créée des bébés OGM ou ressusciter des mammouths. Puisse cette technologie dite « des ciseaux à ADN » ne pas tomber entre des mains hélas trop coupables !
Y’ a-t-il de la fuite dans les idées ?
Je me souviens de ces beaux chevaux croisés l’été dernier dans les montagnes ariégeoises. J’ai appris récemment qu’une bonne partie de ces protéines chevalines était destinée à l’exportation vers le Japon pour alimenter maints sushis nippons… Pas très chevaleresque !
E.H.P.A.D. : Cet acronyme signifie Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes. Ça sonne un peu trop comme épave, non ?
193. C’est le nombre d’essais nucléaires réalisés par la France en Polynésie entre 1966 et 1996. Un chercheur, Sébastien Philippe et un journaliste, Tomas Statius ont épluché plus de 2000 pages d’archives déclassifées pour mesurer les conséquences sanitaires et environnementales de cette expérience collective, traumatique et encore taboue. Ils en ont tiré une livre, Toxique, publié aux Presses Universitaires de France. Puisse cet ouvrage emmener notre pays à regarder en face ce miroir « pacifique » qui n’en a pas le nom.
« Quand on marche sur une plage, on marche dans ses souvenirs d’enfance » Colette Fellous, à propos du livre de Chantal Thomas De sable et de neige qu’elle m’a bien donné envie de lire.
Est dit premier un nombre qui ne se divise que par 1 ou par lui-même. Ils sont donc tous impairs, sauf 2, seul nombre premier pair. 2021 n’est pas premier car il est le produit de 43 par 47 qui eux le sont. Deux nombres premiers sont dits jumeaux lorsqu’ils ne sont séparés que par un nombre pair. Mattia est un jeune surdoué en mathématique qui rencontre Alice au lycée et la pense sa jumelle. Telle est la trame du beau roman de Paolo Giordano, La solitude des nombres premiers paru en 2009, qui explore subtilement la distance qui isole et sépare, qui unit et éloigne…
Brûlant était le regard de Picasso. Le titre de ce roman d’Eugène Ébodé, dans la collection Continents Noirs des éditions Gallimard m’a attiré l’œil sur les étagères de la médiathèque et m’a transporté, non pas dans les yeux du maître peintre, mais dans l’histoire d’une fillette métisse suédo-camerounaise que la vie emmena vivre dans cette belle ville aux reflets artistiques qu’est Céret, au pied des Pyrénées. Là où elle œuvra et croisa le regard de Pablo et de bien d’autres artistes. Un beau voyage entre Afrique et Amour.
Avant la troisième vague, j’avais acheté le somptueux livre de Michel Pastoureau sur la couleur Jaune. Exaltant ! Comme toutes les recherches et écritures de cet historien-enseignant-chercheur qui a magnifiquement exploré l’univers des couleurs.
Et pour peaufiner le regard sur cet horizon littéraire, les textes de Sylvie Germain sur trois peintres -Piero della Francesca, Vermeer et Georges de la Tour – réunis dans un bel et bien nommé ouvrage : Ateliers de Lumière.
Des mots pour faire vivre encore et en corps les lumières déterminées « par » et « dans » l’atelier.