9919… Neuf … Neuf … Dix Neuf…. Le train du Neuf reprend la voie pour la dix-huitième saison, depuis octobre 2002. Chronique mensuelle sans aucune obligation qui a traversé LE JOURNAL DU NEUF (2002-2008), DES NOUV’AILES DU NEUF (2008-2015), AU 9 RUE DES NOUV’AILES (2015-….) envoyée à 1600 personnes environ. Libre à lire.
L’été fut doux dans la chaleur des Cévennes, convivial chez les amis du Sud Ouest, randonneur dans les alentours du Massifs des Écrins. De belles pauses reposantes après l’aventure coréenne. Dont ressort au delà de la dimension artistique de ce projet, la délicieuse réminiscence de ce vœu formulé intimement il y a 36 ans, à mon retour du Québec : celui de voyager avec mon travail sur le tard de ma vie. Et cette année en 9 m’a gâté avec LA ROUE DU TEMPS en Suisse, LA TOUR DU TEMPS en Lettonie et LIGTHT OF THE RIVER en Corée du Sud, toujours visible sur
Quand je marche en montagne, mes lacets sont des fées.
Mais l’été a été. Et la rentrée, plus libre de temps puisque je n’interviens plus en école pour les TAP (Temps d’Activités Périscolaires) est vite venue accrocher toiles, dessins, photos et sculptures dans les blancs murs de la Galerie du Génie de la Bastille, 126 rue de Charonne, 75011Paris pour une exposition intitulée La Chatte de Schrödinger. « Clair, aérien, joyeux, solaire … » sont quelques-uns des mots tracés, pour mon grand plaisir non dissimulé, sur les pages du livre d’or. L’exposition est ouverte tous les jours jusqu’au dimanche 15 septembre, de 14 à 20h. Je serai présent sur place et heureux de vous accueillir tellement les opportunités de montrer mon travail sont rares. Et si précieuses pour le regard sur lui en dehors de la caverne de l’atelier. Les sept images de ces nouv’ailes sont des diptyques accouplant des détails des œuvres présentées. Cette semaine, venez voir l’ensemble, au plus tard pour le pot de finissage dimanche de 17 à 20h.
Où est le centre de gravité de votre regard ?
Les navigations coréennes et estivales ne m’ont pas beaucoup conduit dans les salles obscures. Excepté pour le formidable Parasites et le non moins formidable So Long My Son.
Une nouvelle religion à inventer : le jusqu’auboudhisme !
Mais la lecture, que l’on peut mettre dans sa poche, contrairement au cinéma, a été riche. En ce moment, La Splendeur Escamotée de Frère Cheval (ou le secret des grottes ornées) de Jean Rouaud. Un beau voyage autour des parois ancestrales. Auparavant il y eut le Premier Mot, de Vassilis Alexakis, dont j’avais beaucoup aimé La Clarinette. Et puis, l’étrange L’Œuf, du danois Morten Ramsland et heureuse surprise, la suite des aventures des policiers navajos créées par Tony Hillerman dont la fille Anne a repris la plume. J’ai lu le second paru « Le Rocher Avec Des Ailes », dont l’intrigue m’a paru moins puissante mais le plaisir de retrouver ces personnages l’emporte de loin. Mais pour moi, le top des lectures d’été fut les deux volumes du dernier Haruki Murakami traduit, intitulés sous le titre de Le Meurtre du Commandeur de 1/Une Idée Apparaît, et 2/ La Métaphore Se Déplace.
Quelle est la distance entre un non-dit et un silence ?
On dit toujours que le soleil se lève ou se couche. Alors que c’est l’horizon qui se baisse ou s’élève. Mettez vos mains en coquille sur vos oreilles… Écoutez… On entend le chant d’horizon de la mer !
Avant de parcourir la rue des neuf images coréennes de ces dernières Nouv’ailes de la saison 2018-19,notez les dates de ma
prochaine exposition personnelle du 3 au 15 septembre 2019 à la Galerie du Génie de la Bastille, 126 rue de Charonne à Paris. Vernissage
le samedi 7 septembre.
Image Une : C’est la vue d’ensemble de la sculpture que j’ai réalisée lors de ma résidence dans le parc de sculptures de
YATOO, près de Gongju, ville à une centaine de kilomètres au sud de Séoul. Je n’ai pas été sélectionné sur le projet que
j’avais envoyé en réponse à l’appel mais au vu de la vidéo de L’Aronde des Regards, sculpture en forme de roue réalisée
avec bois et plumes dans le cadre du Sentier des Arts sur les bords de la Gironde en septembre dernier. Il me faut alors
en début de cette résidence imaginer et dessiner un projet en relation avec une légende locale qui a fait de l’ours le
symbole et la mascotte de la ville. « Une ourse aurait enlevé un bûcheron, l’aurait séquestré dans une grotte et fait avec
lui deux enfants. Un jour que l’ourse avait relâché sa vigilance, le bûcheron s’enfuit de la grotte et traverse la rivière
Geumgang. L’ourse le supplie de revenir mais se noie avec les deux bébés. »
Alors la roue sera un cercle de pas humains tournant entre les griffes de l’ourse. Les empreintes humaines seront celles
des sept artistes en résidence, petit fragment d’humanité dans cet îlot de forêt. Les couleurs seront celles de l’arc-en-ciel,
ce moment céleste où la pluie et le soleil -l’eau et le feu- sont présents simultanément dans le pays des nues. La base de
la sculpture sera ondulante comme la traversée d’une rivière. Les spirales de la roue feront écho à celle du drapeau sud-
coréen. Une fois les effets du décalage horaire de sept heures atténués, je dessine et conçois la structure de bois et de
métal qui va architecturer l’ensemble. Je dresse le plan de travail et la liste des matériaux nécessaires. Le temps est
ouvert, l’urgence qui est le lot commun des courtes résidences de création n’est pas de mise ici. C’est bon. Et la
sculpture trouve le temps de trouver son nom : ce sera Light of the River. Lumière de Rivière.
POUR LA FAIRE TOURNER SUIVEZ CE LIEN : https://youtu.be/QsRy7rCBhCI Image Deux : C’est le recto du leafet (traduisez fyer en mauvais français) publié pour l’inauguration qui a clos la
résidence le samedi 29 juin qui vit aussi le début de la saison des pluies en cette contrée du 37ème parallèle. Image Trois : L’entrée et une vue de la forêt des collines où s’étend depuis 1981 le parc de sculptures « in nature ».
Image Quatre : Sous l’arbre de l’entrée, un bar surplombe la forêt et les trois ponts qui mènent aux toilettes, à la salle de
bains et aux cabanes rustiques où dorment les artistes et où je « coloc » avec le sympathique et roumain Peter. Là est
aussi la cuisine où nous préparons le diner du soir. Le midi c’est restaurant(s) à Gongju ou traiteur sur place. Image Cinq : De la roue à la rivière, les différentes étapes de la gestation de Light of the River. Prises de pieds,
découpages, assemblages. Deux jours où mon dos comprend pourquoi je n’ai jamais été ni fossoyeur, ni terrassier. Mais
une journée à faire porteur d’eau à travers les collines pendant que The Boss, Monsieur Ko, aidé d’un des artistes
mongols champion de soudure arme la dalle de béton qui a englouti près de 600 kilos de sable et ciment mélangés.
Heureusement que le petit « truck » du parc permet d’accéder à une centaine de mètres de ma place, le charroi de la
roues et des pièces du socle en bois en est facilité. La question du roulement à billes tourne en boucle. « We support
you » avait dit Mr Ko. Il y a quelques grains d’humeur qui nécessitent de l’huile de zen. Mais la roue est enfn posée le
samedi 22 juin, c’est l’été et il n’y a plus qu’à peindre roue et passerelle sans que je puisse vraiment mettre mon grain de
sel dans le choix des couleurs. Le violet ne sera que mauve un peu sale et l’indigo ne fonce pas assez vite. Mais bon, les
oiseaux chantent, la lumière est splendide dans le feuillage de la rivière, y’a même une biche qui coure près de la rive et
qui fait s’envoler une grue blanche qui pêchait par là.
Image Six : Tour des horizons artistiques de cette résidence. Image Sept : Tour des horizons culinaires de cette résidence (fragments). Image Huit : Dans un coin du supermarché, on peut acheter toutes sortes de pains. C’est Paris Baguette. Une autre
chaîne de boulangerie s’appelle « Tous les jours ». Impressionnant est le nombre de tee shirts portant des noms français
sur leur poitrine dans les rues coréennes. Lors de mon bref passage à Séoul sur le chemin du retour, j’ai vu que des
voitures s’appelaient Grandeur ! En sortant du spa pour remettre mon dos de ces gymnastiques artistiques, je croise Mr
Sigmund dans le dos d’un ado… tandis que Mister « G20 » Trump se retrouve grimé en Adolf sur la plus grande avenue
de Séoul… Image Neuf : Napoléon au Pont d’Arcole fait aussi des livraisons en Corée du Sud !!! Un artiste coréen fait étuver du
bois et nous apprend à l’écorcer, étape majeure de la fabrication de Hanji, papier traditionnel coréen… Dans une des
allées du marché de Gongju, la porte entrouverte d’une minuscule échoppe laisse entrevoir des cadavres de chiens
destinés à la consommation (secrète?) et dispendieuse de nos amis canins pour des canines locales… La petite faonne
était toute tremblante sur le bord de la route, encore porteuse d’un morceau de son cordon qui ne la reliait plus à sa
mère morte en mettant bas ? tuée par un autre animal ? ou par un chasseur ? Le passage par l’hôpital vétérinaire n’y a
rien fait et cette petite Bambi repose désormais au pied de la statue géante de l’ours, en face de l’entrée du parc… La
jolie coréenne en costume dans les allées d’un palais de Séoul ne regarde pas la rousseur de la Lune, mais son refet de
clone dans le miroir de son smartphone…
52 heures par semaine. C’est le temps de travail hebdomadaire légal en Corée du Sud. Là est sans doute la clé de ce
pays courageux et travailleur qui fut longtemps occupé par le Japon… Comme la Lettonie coincée entre Allemagne et
Russie où je suis allé en mai, la Corée, de plus divisée entre Nord et Sud, a fait de cet entre-deux oppressant, un levier
pour affrmer à la fois sa puissance économique, mais surtout la richesse d’une langue (dont l’alphabet national hangeul
fut inventé par le roi Sejong en 1446) et d’une culture dont je suis heureux et fer d’y avoir apporter quelques spirales de
couleurs qui font tourner le monde. Et j’espère, les humeurs de votre été.
Kamsamida !!! (Merci !!!)
À
NOTER : pour cause de résidence artistique sud-coréenne durant
tout le moins de juin (youpi!), les dernières Nouv’ailes de cette
saison 2018-19 paraîtront début juillet.
La Roue du
Temps a quitté le Giratoire de Cologny et retrouvé son lieu de
fabrication et son attente d’une place pérenne. Passé l’admiration
enfantine pour le camion-grue qui peut porter une tonne au bout de
son bras télescopique de 33m, restait dans mes yeux émus sous la
bise genevoise le p’tit coup de blues qui soufflait sur le vide du
rond-point. Alors j’ai acheté un billet de bus journalier valable
aussi pour les Mouettes du Léman, ces petites navettes qui relient
les deux rives du lac et suis allé me réchauffer aux alentours des
Bains des Pâquis, où les nageurs réchauffés faisaient des cygnes
aux reflets des bateaux et aux ombres des drapeaux, tandis que
Casanova bronzait sous les plongeoirs de la Poésie. Ce que vous
conteront les photos qui accompagnent ces Nouv’ailes.
« Savez
vous quel est le polygone qui a le plus de côtés ? »
Réponse en fin de chronique.
Où
se cache l’équilibre de la parité du monde ? Pas dans les
températures puisque l’on ne pourra jamais descendre en dessous du
0° Kelvin ( qui est à -273,15° Celsius) alors qu’il n’y a pas de
limite supérieure. Idem en ce qui concerne les vitesses puisque l’on
ne peut jamais dépasser la vitesse de la lumière qui est de 299
792 458 km/s. (Je viens de lire Vitesse, un petit livre édifiant de
Paul Virilio, qui vient de disparaître, penseur singulier de notre
époque qui a beaucoup écrit sur l’accélération, l’accident et la
catastrophe et qui dans cet ouvrage confronte ces notions au monde du
sport).
Nous
sommes des enfants de la planète Terre, ou plutôt comme il a
souvent été dit et trop rarement entendu, nous empruntons cette
planète à nos enfants. Est-ce alors un hasard si l’on découvre
aujourd’hui à l’heure ou le viol de la planète est de plus en plus
avéré que le viol des enfants fait aussi partie de ce sinistre
programme ? J’écoute à l’instant une interview de Yolande
Zauberman qui a fait avec Selim Nassib, un livre -L’Histoire de M-
sur la pédophilie dans la
communauté juive ultra orthodoxe
au nord de Tel Aviv. Ils ont suivi le retour de Menahem dans cette
communauté où
il a grandi et où, plus jeune il a été violé. Le
monde est une drôle d’engeance qui fonctionne à la vengeance. Ah si
Caïn avait eu une sœur !
« Sachons
dormir, nous saurons veiller » a dit le philosophe Alain.
Le chantier
de la rénovation des Halles touche à sa fin mais il n’y a toujours
pas de kiosques à journaux dans le grand hall des RER. La liberté
de la presse ne s’use que s’il reste … des journaux à lire … et
des endroits pour les vendre ! Il m’arrive d’acheter en soutien
à Reporters Sans Frontières les albums de photos qu’ils publient et
en rangeant le numéro de 2007 consacré au 60 ans du Festival de
Cannes je relis avec stupeur l’édito de Robert Ménard, alors
secrétaire général qui disait « nous avons mis l’accent sur
l’absence de courage, voire la lâcheté de nos démocraties, elles
se contentent trop souvent du service minimum sur le terrain de la
défense des droits de l’homme, non sans nous gratifier de belles
promesses et de belles déclarations »… Est-ce que
l’actuel maire de Béziers a le courage de relire sa copie… Je
n’aimerai pas être le miroir matinal de sa salle de bains !
« J’ai
décidé de vivre éternellement, et jusqu’à présent tout se passe
bien » a ri Alphonse Allais qui ne se prénommait pas
Harry.
« On
n’va pas attendre 107 ans !» Cette expression trouverait
son origine au Moyen Âge dans la longue durée du chantier de la
construction de la cathédrale Notre Dame de Paris qui dépassait de
loin la durée d’une vie humaine. Alors que pensez du fait que
l’incendie qui en ravagé la toiture le 15 avril dernier ait eu lieu
exactement… 107 ans après le naufrage du Titanic dans la nuit du
14 au 15 avril 1912 ?
Y’a des sous
pour faire renaître une charpente de ses cendres, Arno et Pino vont
financer le nouveau chapiteau, mais quand c’est la planète qui
brûle….
Pas vu
beaucoup de film ce mois-ci, mais bien aimé Blanche comme Neige,
variation sur le motif du célèbre conte par Anne Fontaine, avec la
jolie Lou de Lâage.
Si l’on me
demandait quelle est une des plus belles émotions de lecture de ces
dernières années, je citerais à coup sûr La Route de Cormac
McCarthy. Et vous ?
J’ai eu une
émotion du même ordre en lisant L’Année du Lion de l’auteur
sud-africain Deon Meyer qui a délaissé l’univers du polar pour
s’aventurer dans une anticipation post-apocalyptique : 95% de la
population terrestre a été décimé par une fièvre fortement
létale et un père et son fils, comme dans La Route, tente de
reconstruire la vie et une communauté, tente de renouer avec
l’humanité. Prenant ! Quant à savoir pourquoi je prends
plaisir à lire de tels romans catastrophiques, c’est sans doute pour
faire catharsis aux nuages qui s’amoncellent entre le fond des
montagnes et le sommet des océans.
Je ne suis
pas très féru de lectures shakespeariennes, mais me suis régalé à
lire Mac Beth, variation contemporaine de cette tragédie écossaise
écrite par le norvégien Jo Nesbø. Il faut croire que ce printemps
est propice aux auteurs qui ont élargi le cercle de leur écriture
au delà des rivages policiers…
Si vous
passez par le Grand Palais de Paris avant le 22 juillet (on aura
célébré la veille le premier pas de l’humain sur l’astre de nos
nuits) allez marcher sur la Lune et rendre un bel hommage à la
déesse Séléné.
Le polygone
qui a le plus de côtés, c’est Carlos ! Carlos Gohn. Parce
qu’il a des millions de côté !
Un lecteur de
ces Nouv’ailes m’a récemment écrit pour me signaler son changement
de mail et m’a nommé « ami de Lao Zi ». J’ai bien aimé
ça.
Celui de la
Roue du Temps est prévu pour vendredi qui vient. La neige l’a
enveloppée la semaine passée et les deux camions nécessaires à
son enlèvement et son transport vont œuvrer ce 12 avril pour la
rapporter provisoirement sur son lieu de construction, près de
Thonon les Bains. Avant de poursuivre sa quête d’un endroit pérenne.
L’aventure est belle, l’aventure continue et vous pouvez toujours la
soutenir en souscrivant à gravure ou tee-shirt sur la page d’accueil
de www.dodelaunay.com .
Pas
de projets en Champagne, à Landivisiau ou sur les bords de la
Gironde, mais une belle invitation est venue depuis la lointaine
Corée du Sud : postulant à un projet de résidence organisé
par l’association Yatoo pour laquelle j’avais envoyé une sculpture
de cube (voir Nouv’ailes n°37) j’avais conçu un projet en bambous
en forme de Roue du Temps horizontale que l’on pouvait traverser,
mais c’est finalement au vu de mon dossier de L’ARONDE DES REGARDS,
réalisée en septembre dernier sur les bords de la Gironde (dont
vous pouvez revoir la vidéo sur
https://www.youtube.com/watch?v=p8LYBEbn3_8
)
que l’on m’invite à la ré-interpréter au long de la rivière
Kum-Gang qui traverse la ville de Gongju où se déroulera cette
résidence.
Depuis
octobre dernier, j’ai changé de cours de gravure, celui qui se
tenait à la médiathèque de mon quartier a été supprimé et a
regagné les locaux de l’école d’arts plastiques de Saint- Denis.
Nouveau professeur, nouvelle techniques qui là préfèrent le cuivre
au zinc. Finie l’acide chlorhydrique, bonjour le perchlorure de fer !
Dans
le cimetière de Levallois-Peret, la tombe de Gustave Eiffel n’est
pas alignée avec les autres car il regarde la Tour Eiffel,
dit Jean-Sébastien Petitdemange dans son guide des cimetières de
France J’irai flâner sur vos tombes.
Lui s’appelle
Éric et je n’irai pas flâner sur sa tombe, mais devant son urne
dans le petit village de Colognac, au cœur des Cévennes, puisqu’un
sombre crabe l’a emporté la veille du 1er avril et ce n’est pas
drôle. C’était un compagnon de vie et de randonnées intense,
curieux, généreux et authentique, gourmand et joyeux qui a œuvré
pendant 26 ans à l’ESAT de La Pradelle, en Cévennes avec enfants et
adultes autistes. Tu me manques déjà, ami compagnon… Bon vent
dans ton éternelle randonnée…
Bien
aimé la promo du récent livre de Brigitte Fontaine, Paroles
d’Évangiles où il est dit: « Les
papes font des bulles, Brigitte Fontaine aussi ».
De plus en
plus, l’urgence climatique se fait sentir et met la pression sur les
changements à opérer. Ainsi le mercredi 27 mars fut déclaré
journée sans plastique sur les ondes de France Inter. Où l’on
apprit quelques banales évidences comme redécouvrir le plaisir et
la sensualité du savon en lieu et place de cette kyrielle de flacons
plastiques et autres gels douches ou shampooing dont on se demande
bien pourquoi ils ont bien souvent l’aspect et la couleur du
sperme… L’on apprit aussi que l’on pouvait recouvrir les récipients
dans le frigo avec une assiette plutôt qu’avec du film plastique !
Parfois je suis sidéré de voir la science dépenser des fortunes
pour redécouvrir des formules de bon sens… mais séduit aussi
quand deux chercheurs David Elbaz et Alain Destexhe explorent les
analogies entre l’organisation du cerveau humain et celle de
l’univers… Cent milliards de neurones pour cent milliards de
galaxies… Faites vos jeux en pensant aux cent milliards d’humains
qui sont passés sur Terre jusqu’à ce jour..
En 1874, à
Washington, le président américain Grant accepte dans le plus grand
secret la proposition incroyable du chef indien Little Wolf: troquer
mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser
l’intégration du peuple indien. Jim Fergus a fait des carnets d’une
de ces femmes, May Dood qui assiste à la lente agonie de son peuple
d’adoption décimé par la ruée vers l’or et l’alcool, un roman
édifiant intitulé « Mille femmes blanches ». C’est à
lire !
Pas beaucoup
de film en ce début de printemps dix-neuf : j’ai bien ri à
Rebelles d’Allan Mauduit et été bien charmé par Celle que vous
croyez de Safy Nebbou.
Europe, fille
du roi de Tyr, ville de Phénicie fut enlevée par Zeus métamorphosé
en taureau blanc, dit la légende.
Puisse notre
Europe ne pas être enlevée par le veau d’or des nationalismes.
Je vous
souhaite un verre de transparence pour tendre vers le vert des
feuilles qui bourgeonnent.
EMBELLIR PARIS, c’est le nom d’un appel à projets lancé par la mairie de Paris autour d’une vingtaine de sites choisis dans la ville pour y implanter, pour une durée de un à cinq ans, un projet destiné à « embellir » la ville. C’est dire si cet appel tombait à pic pour y envisager l’installation à venir de ma sculpture LA ROUE DU TEMPS qui est toujours sur le rond-point de Cologny, près de Genève, et ce jusqu’au 12 avril prochain. Quand j’ai reçu cet appel et visité en écrans les sites proposés, celui de la place de l’Europe, juste au-dessus de la Gare Saint Lazare, désormais appelé Place de l’Europe-Simone Veil, était celui correspondant le mieux à l’espace nécessaire au rayonnement de la Roue et à son implantation. J’ai donc beaucoup travaillé ce dossier dont vous pouvez voir quelques traces imagées dans la photo n°1 de ces Nouv’ailes.
Comment ne
pas rêver d’un tel rayonnement pour cette roue des saisons en forme
de calendrier du temps ?
J’attendais
évidemment avec espoir les résultats de cette consultation qui
devait être publiés fin mars. Las ! la sentence est tombée
prématurément par un mail laconique m’annonçant que mon projet
n’avait pas passé l’examen de la commission technique : le site
est au milieu du viaduc qui surplombe les voies ferrées et ce
faisant, ne pourrait supporter le poids de la Roue (1500kg) et la
dalle en béton nécessaire à l’implantation.
La
frustration fut à la mesure de la culpabilité qui vint de ne pas
avoir été assez vigilant sur les contraintes du lieu qui imposaient
un maximum de 500kg/m2. Pour ne pas trop empiéter sur la
végétalisation du terre plein central, j’avais préconisé une
dalle en béton carrée de 1m de côté. Mon projet aurait-il passé
cet obstacle si j’avais opté pour une dalle plus grande ? Je ne
le saurais jamais…
Une
demie heure après la réception de ce courriel, un autre me donnait
nouvelles de
ma douzième candidature à Horizons-Sancy, un symposium de land-art
dans ce massif d’Auvergne : « Malgré
tout l’intérêt de votre candidature, nous sommes au regret de vous
informer que nous n’avons pas pu retenir votre proposition. »
Il y a des
moments où la synchronicité forge le caractère et oblige à
distance et à relativité.
Je n’ai pas
habitude de montrer dans les pages les projets que je ne réalise
pas… mais prenez ces quelques confidences partagées comme un baume
sur ma déception de n’avoir pas pu concourir et ma légitime envie
de voir cette Roue convoler en juste lieu… Fragments des dessous de
la vie d’artiste, comme dit la chanson. Nourrir des projets qui sont
le carburant de la création et rester ouvert quoiqu’il advienne…
C’est ce
qu’il me vint à l’esprit quand quelques jours plus tard, je reçus
invitation cette fois positive pour aller participer à un festival
de sculpture sur tourbe… En Lettonie, pas loin de Riga dans la
ville de Jegalva. Ce sera du 15 au 19 mai prochain et je me réjouis
de cette aventure balte.
« Prendre
un selfie c’est tourner le dos au monde » a dit Rachida
Brakni, marraine du Printemps des Poètes qui s’ouvre aujourd’hui.
Entendu lors
d’une émission radio sur le complotisme : « comment
voulez vous que ce phénomène ne se développe pas quand on sait
qu’il existe un « complotiste
d’Etat« qui nie
toujours le massacre de plus d’une centaine d’algériens le 17
octobre 1961 ? »
À propos de
l’Algérie qui semble aujourd’hui se réveiller contre un « cinquième
mandat », lisez L’Art de Perdre, beau livre
d’Alice Zeniter couronné du Goncourt des Lycéens.
Et
replongez dans l’univers de Laurent Gaudé avec Salina, pièce de
théâtre en forme de conte qui emporte l’imaginaire.
Lu
aussi une belle bande dessinée silencieuse intitulée Là
où vont nos pères de Shaun Tan.
Belle mise en images des exils et autres migrations qui a obtenu le
Fauve d’Or à Angoulême en 2008. Puissant.
Côté
ciné, difficile vu l’actualité de ne pas aller voir Grâce à Dieu,
de François Ozon. Édifiant !
Le
port de la ville où habite le Pape s’appelle … Ostie !
Mais ne ratez
pas aussi Les Eternels, dernier film de Xia Zhang-Ke. Superbe !
Dans les
précédentes nouv’ailes, je vous ai parlé de l’hommage rendu par
Izia et Arthur H à leur père Jacques Higelin. Pour prolonger ce
moment magique, écoutez l’émission Boomerang qu’ils ont fait
quelques jours après cet hommage :
Je suis
encore suspendu aux si belles émotions que La Roue du Temps m’a fait
vivre cet après-midi là du 11 janvier aux bords du giratoire de
Cologny. La fluidité de l’installation, la puissance de l’impact
visuel du monument in situ, la lune qui vient jouer avec son
croissant dans les dents de cet engrenage intime et extime, les
voitures qui tournent comme un manège magique et les flocons de
photos envoyées par les amies… Avec aussi au cœur cette drôle
d’inquiétude… Comment vendre cette bouteille d’acier jeté dans
l’océan du marché de l’art… ?
Alors à
propos de marché, un peu de transparence, même si dans notre cher
pays, parler d’argent n’est toujours pas de mise ! À ce jour la
souscription des gravures et des tee-shirts a égalé la subvention
de 4500CHF (env 4000€) de la Mairie de Cologny, le tout
représentant à peine une petite moitié du coût total de cette
réalisation. Alors pour faire taire ce soupçon d’inquiétude, j’ai
répondu à l’appel à projet de la ville de Paris qui s’appelle
« Embellir Paris ». Une vingtaine de sites parisiens ont
été proposé pour une intervention artistique d’une durée de 1à 5
ans. Alors j’ai proposé que cette Roue du Temps vienne rouler
pendant quelques années sur le pavé parisien… À suivre, peut
être … Et rappel, vous pouvez toujours soutenir ce projet, la
souscription est toujours ouverte www.dodelaunay.com/accueil
Merci !
En attendant,
un grand merci à la société CMC (Constructions Mécaniques du
Chablais) qui m’a si bien accompagné dans cette aventure. Et
j’espère dans celles à venir…
Et voilà, je suis désormais un fleuve de 65 berges heureux dans le cours de son lit.
Aux enfants
des écoles, j’aimais bien dire en ce début d’année « ah !
c’est le début de l’été » devant leurs oreilles étonnées
et leurs yeux écarquillés des frimas hivernaux. Comme le montre La
Roue du Temps, c’est maintenant le temps où les jours allongent
leurs heures d’hiver pour aller à la rencontre de l’été qui vient.
Et comme chaque année, c’est le temps de répondre aux appels des
projets…
Alors que
naissent peut-être Tourne-Boucle, L’Envers des Miroirs, Fleurs de
Plumes, Écho-logis, Tisser le Ciel, Y, Arche en Ciel ou les Joies
d’en Bulles…
« J’envie l’art » aurait dit Jean Vilar.
Ces
déplacements helvétiques et ces projets sont un tantinet
chronophages et lectures et cinés s’en ressentent… Mais en ces
temps américano-donaldo-paranoïaques (tiens, il faudrait relire Les
Américanoïaques du grand Rezvani), j’ai beaucoup aimé Ils
vont tuer Robert Kennedy de Marc Dugain, roman d’une mort
annoncée et de l’envers du décor américain du début des années
1960. Et là je viens de replonger dans l’univers de Jo Nesbø avec
une nouvelle enquête de Harry Hole… Toujours aussi captivant et
même capturant….
Le temps est venu de choisir entre la satiété de consommation ou la société de consumation…
J’écris ces
lignes en écoutant les Victoires de la musique à la radio. À cet
instant, Izïa et Arthur H viennent de rendre hommage à leur père
Jacques Higelin. Champagne !
Un an et deux jours. Il y a eu un an hier, maman s'en allait dans l'au-delà du temps, dans deux jours LA ROUE DU TEMPS va s'installer sur le Giratoire de Cologny, dont je vous parle et vous rebats les oreilles depuis quelques nouv'ailes. Ces deux événements sont corrélés puisque son départ a libéré quelques énergies sonnantes et trébuchantes qui m'ont permis de mener ce projet à terme. Je pars demain pour Genève et vendredi 11 janvier 2019 vers 14 heures, la Roue aura été dédouanée, transportée, levée et posée sur le rond point de la route de Vandœuvres, sans même interrompre la circulation des bus de cette banlieue de Genève sur la rive sud du Léman. Puisqu'il est dans l'air du temps trouble d'occuper les ronds points, je suis heureux et sereinement excité de le faire artistiquement avec ma première sculpture monumentale. À bientôt pour les photos !!! Et merci à tous celles et ceux qui ont souscrit à ce projet en gravure ou en tee-shirt ! La souscription reste ouverte... https://blog.dodelaunay.com/accueil/ Décembre fut période de rangement (inachevé) de l'atelier trop plein, mais le temps des réponses aux appels à projets est revenu avec sa part de rêves, de créativité et d'imaginaire. Et revient aussi l'envie de re-démarcher les galeries avec le nouveau book que je viens de me faire éditer.... Mais cela reste une épreuve redoutable que de franchir en demandeur le seuil de ces officines... Peu de cinéma pendant cette période d'entre ans, mais néanmoins une pépite : Asako I &II de Ryusuke Hamaguchi dont j'avais déjà bien aimé Senses au printemps dernier. Belle histoire formidablement jouée à la beauté formelle magnifique. Des cadres captés comme des tableaux.... À voir aussi Bohemian Rhapsody de Brian Singer, biopic bien ficelé sur la vie de Freddy Mercury du groupe Queen avec l'impressionnant et perfor(m)ant Rami Malek. Il y a vingt ans j'avais été profondément séduit par Le Dieu des Petits Riens, puissant roman de l'indienne Arundhati Roy. Alors quand j'ai su qu'elle venait de publier un second livre, j'ai couru l'emprunter à Ulysse, ainsi se nomme la médiathèque de mon quartier. Le roman s'appelle Le Ministère du Bonheur Suprême et je serai curieux d'avoir votre avis si vous le lisez. Roman foisonnant, déroutant, qui m'a perdu, m'a retrouvé et m'a emporté dans le torrent sauvage de sa langue jusqu'au terme apaisé de sa lecture.
L'hiver est là mais la Roue du Temps nous dit que l'été a commencé à germer dans le minuscule allongement de la durée du jour. Restons attentifs. Alors comme l'a si bien dit Spinoza : bien faire et rester en joie. Mon amoureuse m'a offert pour la joie du solstice une belle écharpe safran en soie et mohair d'angora. do 9119
« Mon port balance » a dit l’oiseau à sa descente d’avion après la lecture des précédentes Nouv’ailes. Les vagues transatlantiques ont poursuivi leurs lentes oscillations mémorielles, parfumées de bagels new-yorkais, de feuilles d’érable et de délices de la mer à la sauce Queen Mary. Avec en bruits de fond les vapeurs d’armistices et le soufre jaune des gaz lacrymogènes qui augmente le pouvoir d’crachat et aveugle les marches pour le climat. Le niveau de l’amer monte, la sommation de consommer asphyxie le tiers du monde et même toujours plus, le pactole du pétrole suicide l’espoir sol(id)aire d’une petite planète bleue et l’humanité se menace d’une insouciante disparition. Et construit des murs de frontières pour mieux foncer dedans, sans oser prévenir ses enfants. Je ne le dirai pas mais pourtant j’aurai bien envie de dire « que l’on vous l’avait bien dit ». Et de faire revenir Reiser, Gébé et tous les amoureux de l’An 01.
Il est temps de mesurer la différence entre nos futurs et no future.
Deux podcast d’émissions de radio se sont télescopées dans mes oreilles de ce mois. Celle sur la campagne présidentielle de René Dumont en 1974 – tout était déjà dit- et celle sur l’irruption du Big Brother de la télé-réalité en 2001- chaque jour, il faut éliminer un des participants, « puisqu’on n’arrête pas le progrès », puisqu’il faut virer le maillon faible… Mais voilà que l’on a maille à partir avec les mailles du tissu social et qu’il faut éviter qu’il se détricote, voire même prendre un nouveau patron… qui ne soit pas taxé d’être une copie carbone… « À vos souhaits ! » Mais il est interdit d’éternuer !
Le rire de celui qui a atteint la félicité est sans pourquoi (Tchouang-tseu)
Dans un mois, le 11 janvier, La Roue du Temps sera installée sur le rond-point de Cologny, près de Genève. Et je mettrai mon tout nouveau tee-shirt pour fêter cela ! Vous en voulez un ? Allez à la photo n°1 de ces Nouv’ailes et passez par la case « Départ pour une belle année 2019 ».
C’est facile de commander sur Internet, cette à-ma-zone commerciale qui met la consommation à portée d’être apportée à domicile. Ça ne va pas ? Pas grave, on peut renvoyer gratuitement le produit à l’expéditeur et fera travailler ces nouveaux esclaves moderne que sont les sous-traitants d’Amazon et continuera d’alourdir le bilan carbone de la planète. Il y a au moins Trois Suisses que cela Redoute.
Il y a des films dont on a pas envie de sortir en sortant du cinéma. Ce fut le cas pour Amanda de Mikhael Hers, dont j’avais déjà beaucoup aimé Ce sentiment de l’été. Ce le fut aussi pour Pupille, beau film sensible sur et autour de l’adoption.
Je voue une cordiale détestation à ce ou cette styliste qui a lancé il y a quelques années la mode des jeans déchirés, cette singerie soit-disante moderne des haillons de la pauvreté. Même sentiment pour l’envahissement de nos costumes des villes et de nos costumes des champs par les motifs de camouflage militaire !
« En quinze ans un tiers des oiseaux ont disparus de nos ville et de nos campagnes » ont alerté le Muséum d’Histoire Naturelle et le CNRS. En un an, 21000 tonnes de plomb sont dispersés dans la nature par les chasseurs en Europe. Quant aux chats et autres matous dont les minois ont fait florès sur les moustaches de nos écrans, il s’avère que ce sont en réalité de furieux prédateurs qui ont sûrement leur part de responsabilité dans cette hécatombe volatile.
Content d’entendre le photographe brésilien Sébastião Salgado confirmer à la radio mon intuition que la destitution de Dilma Roussef et la mise en prison de Lula étaient bien une forme de coup d’état « soft » dont le militaire de profession Bolsonaro est la suite logique.
J’ai acheté le numéro spécial de Reporters Sans Frontières consacré à Vincent Munier. Un excellent moyen de soutenir la liberté de la presse et de se régaler l’œil avec ses somptueuses et émouvantes photos noir & blanc d’ours blancs ou noirs, de grues du Japon ou de phoques barbus.
« Je vis avec curiosité » a dit Louis Sébastien Mercier (1740-1813) cité par le grand Jean Claude Carrière dont la devise est « les hommes n’ont pas besoin de croyances, mais de connaissances » dans une belle et savoureuse émission de France Inter à (ré)écouter :
Cent milliards, c’est à quelques unités près, le nombre d’étoiles dans une galaxie, le nombre de galaxies dans l’univers, le nombre de neurones dans votre cerveau et le nombre d’humains passés sur Terre depuis l’Origine du Monde qui se perd dans la Nuit des Temps.
Fêtes vos jeux et ne mettez pas tous vos vœux dans la même année.
Un poisson et un oiseau. L’océan et le ciel. L’horizon et la verticale. Le poisson, je l’ai vu le premier matin de la traversée après le départ de Southampton. Quelques dauphins sont venus jouer dans l’écume et j’ai retrouvé leur écho dans les pales des hélices très contemporaines sur le pont avant du bateau (photos 1et 2). L’oiseau, il m’a été donné, à peine débarqué, sur les quais de Brooklyn, chapeautant de son vol la silhouette érigée de la Statue de la Liberté (photo 8). Entre ces deux termes de cette bulle d’espace et de temps en forme de paquebot, il y aura le bain dans le jacuzzi sur le pont arrière, la contemplation sans fin de la ligne d’horizon à travers la fenêtre de la cabine 4048 (photo 3), les portraits croqués dans les bars ou les coursives (photo 4). Le concours de fléchettes, les parties de scrabble sur le pont n°2, au ras des flots, là où la mer d’un profond bleu métallique agite aux abords de Terre-Neuve des vagues qui ressemblent à des montagnes dont l’écume mouvante serait comme un instant de neige éternelle. Il y aura aussi le plaisir d’une conférence sur mon projet de sculpture en Suisse LA ROUE DU TEMPS que je donnerai pour le public francophone de cette traversée, une cinquantaine de français parmi les quelques 1200 britanniques, les 500 américains et la trentaine de nationalités présentes sur le Queen. À ce propos, ma souscription pour LA ROUE DU TEMPS est toujours ouverte, vous pouvez la retrouver sur la page d’accueil de mon site dodelaunay.com. Et c’est parce que je pars ce jour à Genève pour préparer son installation que ces Nouv’ailes paraissent dès le 8. Après l’inoubliable mais fraîche arrivée dans le port de New York, juste avant l’aube de ce jeudi 25 octobre, pendant que la pleine lune descendait doucement pour venir coiffer la Statue de la Liberté, il y eut l’hôtel à Times Square, la découverte du métro, de sa vétusté crade et de sa signalétique d’un siècle passé, le passage au mémorial de Ground Zero (photo 6) et la montée dans le ciel ensoleillé au One World Trade Center, plus haut gratte-ciel de la Grosse Pomme ouvert en 2014 et mesurant 1776 pieds (541m), en référence à l’année de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis. De cette tour admirée dans le soleil levant depuis les ponts du Queen Mary, nous le vîmes alors reprendre la mer (après douze petites heures de ravitaillement dont je vous laisse imaginer la logistique bien rodée) et faire un tour sur lui même dans la rade de New york pour saluer le porte-avion Queen Elizabeth a qui en son honneur fit tonner quelques coups de canon… (Photo n°5) Puis il y eut le ravissement des yeux et du cœur devant les toiles et sculptures du MOMA, les citrouilles d’Halloween sur les escaliers de Soho et de Greenwich Village, les écureuils, un saxophoniste et un quintet de jazz vocal dans les allées de Central Park, une messe évangélique et chantante à Harlem, et pour boucler ces denses jours sur les bords de l’Hudson, sa traversée piétonne sur le Brooklyn Bridge à la tombée du jour qui allume les lumières de la ville. Une fois passé les frontières peu accueillantes de la douane américaine, il y eut la chaleur retrouvée des amies québecoises, le fun automnal et francophone de Montréal, le plaisir de fouler et de se souvenir de la rue Sainte Catherine, du boulevard Saint Laurent et des quais du vieux port d’où j’embarquais il y a trente cinq ans sur un autre paquebot cette fois polonais qui s’appelait le Stefan Batory. Des amis suisses ont œuvré pour que se tiennent en septembre dernier une votation pour inscrire la bicyclette dans la constitution de la confédération helvétique. Cela peut paraître un détail mais imaginez les conséquences sur l’aménagement des territoires et la prolifération des pistes cyclables ! Les Suisses ont voté pour à 74%. À quand une telle initiative en France ? Sur les ponts du Queen, j’ai lu Avec toute ma colère d’Alexandra Lapierre, qui conte la relation tempétueuse entre Nancy Cunard et sa très british de mère, Maud. J’ai connu l’existence de cette héritière de la compagnie anglaise qui arme Le Queen Mary 2 par les photos qu’en a fait dans les années 30 Man Ray. Ses bras ornés de nombreux bracelets africains sont devenus icône des années phare du surréalisme. Puis j’ai poursuivi mes lectures maritimes par un livre au titre opportun de l’islandais Jón Kalman Stefánsson qui s’appelle D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds. Dans un récit qui s’étend sur trois générations transpire toute la puissance narrative des contes et histoires de cette île de l’Atlantique Nord. Page 47 : « La vie naît par les mots et la mort habite le silence. » Je repenserai à cette phrase et à ma maman en assistant à la Fête des Morts au Musée des Arts Amérindiens, à la pointe sur de Manhattan (photo 7). Un moment fort de plumes, danses et tambours qui résonnent dans les lointains de l’âme. En parlant de son dernier livre Dix sept ans, Éric Fottorino raconte qu’on lui disait qu’il était un enfant débrouillard et lui entendait qu’il était un enfant des brouillards. Au retour de voyage, pour rester dans le bain du voyage, j’ai renoué avec le cinéma en allant voir… Le Grand Bain, film très réussi de Gilles Lellouche et En Liberté de Pierre Salvatori… Cinq jours après le retour en avion, les effets du décalage horaire s’estompent doucement, à l’aller il fut peu ressenti puisque découpé en six reculs du réveil tout au long des nuits de traversée. Les vagues de ce beau moment de voyages continuent à bercer neurones et frissons de ma peau. J’écris cette chronique en écoutant la belle voix de musique de la chanteuse danoise Agnès Obel. Ce matin, les poissons ont des ailes de voyage. do 81118