AU 9 RUE DES NOUV’AILES #50

1 juillet 2020 § 0 commentaire

L'alarme à l'œil.

C'est désormais le masque aride après la mascarade des masques en rade. À moins qu'il ne faille dire le masque à rides. Dans la rue des espaces publics, tous les visages ne cachent pas les lèvres de leurs sourires. Mais dans les transports en commun, l'obligation sanitaire, sans doute nécessaire (mais qui le sait vraiment et dans quelle mesure remplit-elle la case hypocrite d'un formulaire ? Essayez la distance sociale, pardon la distanciation physique dans une rame de métro à l'heure de pointe !), cette obligation prend des allures orwelliennes de bâillonnement. L'image qui s'inscrit sur la rétine – tous ces visages sans commissures, tous ces bandeaux sans souffle, tous ces yeux qui n'osent plus se croiser – est celle d'un monde sans voix, un silence contraint, une invitation au cri d'indignation. Un monde à pleurer. Qui vient résonner dans le fil d'actualité de ce printemps avec le « I can't breathe » de George Floyd assassiné sous le genou du policier Derek Chauvin tandis que l'on découvre en France, sur les réseaux sociaux, des groupes privés de gendarmes et policiers où l'insulte raciste est monnaie courante. À quand la chasse à la brebis galeuse, promise par le sinistre de l'Intérieur? Le monde à bout de souffle aurait besoin d'une nouvelle respiration où masque ne rimerait plus avec matraque...

Lu sur une vitrine : « on ne peut plus se serrer les mains, ça n'empêche pas de se serrer les coudes »

Alors, après ces quatre-vingts jours de confinement à faire le tour de mon atelier et le voir en peinture et de toutes les couleurs, l'envie est venue de faire un tour de pays de plus de 100km et de transformer le volant de ma Twingo en tapis de visite des amis. Je vous écris des bords du Bassin d'Arcachon. Dans les lectures de ce mai à moitié confiné, l'excellent roman de Jean Michel Guenassia La valse des arbres et du ciel autour de la vie (et la mort) de Van Gogh à Auvers sur Oise. Et si le bon docteur Gachet n'avait pas été ce philanthrope ami des artistes... Et si sa fille avait été l'amoureuse de Vincent qui ne se serait pas suicidé...

Lu aussi la trilogie de la norvégienne Anne Ragde (La terre des mensonges, La ferme des Neshov et L’héritage impossible). Une étrange saga familiale et porcine… Et pour clore cette incursion dans la littérature nordique Le Hibou de Samuel Bjørk. Un chouette polar…

« La vie est un roman mais la vérité de la vie est le conte » a dit la conteuse Bernadette Bricout citant le médiéviste Michel Zink.

Comment écrivez-vous le pluriel de chef-d'œuvre ? Où mettez-vous le s ? Entendu dans la voix de la linguiste Aurore Vincenti qu'il se mit au cours des siècles parfois à « chef », parfois à « œuvre », parfois au deux. Aujourd'hui mon correcteur orthographique me suggère « des chefs-d'œuvre ». Conclusion de ces variations langagières et temporelles: sous votre masque, sentez vous libre de jouer joyeusement avec la langue !

« Les cours de théâtre c'est la traite des planches » (Guitry cité par Luchini).

L'alignement des planètes. C'est devenue une formule journalistique, presque un tic de commentateur sportif avide d'exploits, qui signale une conjoncture exceptionnelle. Mais nulle part ai-je entendu sur les ondes allusion à cette conjonction des quatre planètes Pluton, Saturne, Jupiter et Mars qui signaient leur voisinages astronomiques de ce printemps de chants d'oiseaux. Pourtant elle serait bien opportune cette formule en cette année 2020 qui fait bien l'addition des quarantaines. Vu de notre Terre, le mouvement relatif des autres planètes de notre système solaire semble s'inverser pendant un certain temps puis repartir dans le sens initial. Cette conjonction de fin d'hiver connaît aujourd'hui une phase de ralentissement printanier avant de boucler sa boucle à l'automne prochain. Alors deuxième vague ou second souffle ? Mais je me souviens avoir écrit dans les nouv'ailes d'avril que l'envol de l'horizon, suivant les dires d'André Barbault dans ses prévisions astrologiques pour le XXIème siècle était annoncé pour 2026... Alors gardez votre souffle et nourrissez votre patience...

Comme chaque année, les Nouv'ailes vont faire un break estival pour se retrouver au neuvième jour du neuvième mois, autrement dit le 9 septembre ! Après le printemps confiné, souhaitons nous un été raffiné !

Respirez, vous serez démasqués !

do 9620

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Où suis-je?

Vous êtes en train de lire AU 9 RUE DES NOUV’AILES #50 chez Do Delaunay.

meta