DES NOUV’AILES DU NEUF n°44

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9 juin 2013

Les dix jours du Neuf.

Entre Touraine et Beauce, les pérégrinations de quelques coquilles et d’une paire de tongs rouges. En lisant « Fantôme » polar fameux de Jo Nesbo, en réécoutant les chansons du métèque Moustaki qui nous a laissé « Le Temps de Vivre » et « La Carte du Tendre ».
Avant de préparer les portes ouvertes de l’atelier, le week-end prochain (Vendredi 14 juin de 17 à 20h, Samedi 15 et Dimanche 16 de 15 à 18h, infos suivent).

31 mai : après un bref passage angevin pour visiter maman et emprunter la Twingo maternelle, je repasse par l’atelier dionysien pour chercher plumes, œufs et outils. Départ pour Veigné, près de Tours vers l’Arboretum de la Martinière sur une invitation de Michel et Agnès Davo, dans le cadre des « Rendez vous aux jardins ».
Je redécouvre le lieu après mon rapide passage à l’automne passé. Trois grandes perches de bambous donneront « Les Yeux des Nénuphars Volants » avec les ronds de plumes utilisés au Génie des Jardins en septembre dernier. Un tronc d’arbre mort fendu d’un chas à son sommet fait naître la tentation d’un Arc de Totem.
Samedi 1er juin Les Nénuphars Volants sont triangulés sur le radeau de bambous et mis à l’eau. Le fil de fer recuit se détend, les fleurs de plumes sont moins élevées que prévues, mais jouent bien avec leurs reflets liquides.
Avec bambou et échelle, Je glisse un fil de métal dans le chas du tronc, il casse. Je recommence. Un trépied de bambous me sert de servante pour enfiler les œufs bleus et dorés sur une tige de fer à béton fixé sur le côté du tronc.
Je réitère l’opération de l’autre côté avec cette fois obligation de chevaucher l’échelle pour accrocher le fil au bout de la tige en béton, le tout à 5m de haut et sans trop de casse ! Ouf, ça passe ! La délicatesse nécessaire à la mise en œuvre vient féconder la tension poétique entre la matière brute du tronc et la légèreté fragile de la ligne d’œufs. C’est Arc de Totem. Le tronc est devenu la flèche céleste d’un arc bandé de coquilles or et bleu.
Dimanche 2 juin
Il reste encore des stocks d’œufs bleus (2001) ou dorés (2012). La spirale créative est en marche, tourbillonne d’idée et s’accélère à la découverte de gros fil de fer en rouleau de 60 cm de diamètre qui ne demande qu’à dérouler le fil des œufs.
Une branche d’arbre basse et horizontale me donne envie de passer la bague à ce doigt d’écorce. Ce sera l’Anneau d’Arbre
Une passerelle vétuste me suggère entre eau et planches un sismographe poétique qui vibre au passage de pieds sur le tablier. C’est Passer’aile. Je scotche deux fils de fer ensemble mais ils n’auront pas la linéarité d’une tige de fer à béton et l’effet balancier sous le pont ne sera pas totalement satisfaisant. Le land art est avant tout laboratoire et expérimental…
Un fil est suspendu au bout de l’étang. J’y accroche deux cercles d’œufs mais l’un se tord quand je le lâche et voilà que le Soleil a rendez-vous avec la Lune. Il reste encore quelques œufs et le dimanche touche à sa faim créative : une longue ligne d’hélice monte de la surface vers la cime de l’arbre.
Il est temps de rejoindre la vallée de la Conie pour le symposium Sacval.
Lundi 3 juin
Premiers contacts entre organisateurs et artistes invités.
Mais déjà il faut aller récolter les branches de frêne avec une scie qui ne coupe pas assez bien, les piqûres de moustiques et les courbatures dans les mains. Puis c’est l’atelier meuleuse pour écorcer une partie des perches et les mettre à mesure. Au retour chez l’habitant qui me loge, je croise deux lièvres et un coucher de soleil sur un champ d’orge qui est en fait du blé barbu destiné à la fabrication des semoules et autres pâtes.
Mardi 4juin
Manque de tige filetée de 10 et de ficelle. Passage chez le Bricomarché de Châteaudun. C’est maintenant l’assemblage de la planche de plumes. Découpe des tiges filetées et perçage des trous dans les perches.
« Poétique et original » me dit une des membres du jury de sélection à l’annonce que c’est pour le « PlAngeoir ».
Mercredi 5 juin
Brève sortie de la bulle du symposium pour aller donner mes cours à la MJC de Ballan, près de Tours.
La fatigue réveille le lumbago qui sommeille aux creux des reins depuis une quinzaine. Attention et vigilance au plus près du corps, il y a encore quelques barreaux d’échelle à grimper pour faire voler les œufs des anges…
Jeudi 6 juin
Fixer la planche de plumes sur la potence de frêne, vérifier les écrous avant d’installer le tout sur la camionnette d’un artiste du coin qui aide à la logistique. Déplacer l’horizon du PlAngeoir vers son lieu d’implantation, près du pont de Molitard au bord de la Conie, rivière alimentée par la nappe phréatique avant qu’elle se jette dans le Loir. Nous sommes ici aux confins de la Beauce, au bord du Perche. L’horizon est rectiligne entre champs et ciel, qui forcément, paraît alors immense. Creuser avec la tarière deux trous aux bords de la rive, enfiler les œufs roux et blancs sur deux ressorts en fils de cuivre qui s’avèreront trop peu raides puis avec l’aide quelques bras d’artistes ou de photographes de passage, dresser cet échassier bizarre sur ces grandes pattes de bois. La tronçonneuse de Xavier viendra raccourcir les traverses obliques que j’avais prévues trop longues, la corde de Philippe fera hauban provisoire. Ne reste plus qu’à jouer de la perceuse sans fil et de la mèche de 10mm pour venir boulonner sérieusement l’ensemble. Mais le ciel se couvre d’orage et je finirai demain matin.
Vendredi 7 juin
Penser à recharger la batterie de la visseuse. Finir de fixer les différents étais de bois pour donner plus d’élan et d’envol au PlAngeoir. À l’aide d’un bâton et d’un crochet de fil de fer, remettre le tapis de plumes en ordre. Essayer en vain de redonner de la hauteur aux tongs, mais c’est impossible. Ranger le chantier et faire quelques photos en attendant la lumière du couchant. Aider quelques collègues artistes à finir leur œuvre. Ramer sur la Conie pour couper une branche gênante. Faire passer une bulle d’osier par-dessus une passerelle ou ramer à contre courant pour aider à l’envol de grenouilles de résine. Déplacer à une dizaine une auréole de saule et vite, ne pas rater la fugace lumière dorée du couchant qui reflète l’or du PlAngeoir dans le fil de l’eau du soir. Dîner de tartes aux légumes et d’une bonne portion de rires conviviaux. Passer du PlAngeoir à la plonge pour une vaisselle de toute bonne humeur…
Samedi 8 juin
Il ne reste plus qu’à couper le ruban (de bois) qui déclare le sentier ouvert et parcourir les huit kilomètres de la boucle en huit du sentier. http://sacvalunblog.fr

Bel été à vous au fil de vos ailes ! Et rendez vous au neuf du neuf…

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