DES NOUV’AILES DU NEUF n°44

9 juin 2013 § 0 commentaire § permalink

9 juin 2013

Les dix jours du Neuf.

Entre Touraine et Beauce, les pérégrinations de quelques coquilles et d’une paire de tongs rouges. En lisant « Fantôme » polar fameux de Jo Nesbo, en réécoutant les chansons du métèque Moustaki qui nous a laissé « Le Temps de Vivre » et « La Carte du Tendre ».
Avant de préparer les portes ouvertes de l’atelier, le week-end prochain (Vendredi 14 juin de 17 à 20h, Samedi 15 et Dimanche 16 de 15 à 18h, infos suivent).

31 mai : après un bref passage angevin pour visiter maman et emprunter la Twingo maternelle, je repasse par l’atelier dionysien pour chercher plumes, œufs et outils. Départ pour Veigné, près de Tours vers l’Arboretum de la Martinière sur une invitation de Michel et Agnès Davo, dans le cadre des « Rendez vous aux jardins ».
Je redécouvre le lieu après mon rapide passage à l’automne passé. Trois grandes perches de bambous donneront « Les Yeux des Nénuphars Volants » avec les ronds de plumes utilisés au Génie des Jardins en septembre dernier. Un tronc d’arbre mort fendu d’un chas à son sommet fait naître la tentation d’un Arc de Totem.
Samedi 1er juin Les Nénuphars Volants sont triangulés sur le radeau de bambous et mis à l’eau. Le fil de fer recuit se détend, les fleurs de plumes sont moins élevées que prévues, mais jouent bien avec leurs reflets liquides.
Avec bambou et échelle, Je glisse un fil de métal dans le chas du tronc, il casse. Je recommence. Un trépied de bambous me sert de servante pour enfiler les œufs bleus et dorés sur une tige de fer à béton fixé sur le côté du tronc.
Je réitère l’opération de l’autre côté avec cette fois obligation de chevaucher l’échelle pour accrocher le fil au bout de la tige en béton, le tout à 5m de haut et sans trop de casse ! Ouf, ça passe ! La délicatesse nécessaire à la mise en œuvre vient féconder la tension poétique entre la matière brute du tronc et la légèreté fragile de la ligne d’œufs. C’est Arc de Totem. Le tronc est devenu la flèche céleste d’un arc bandé de coquilles or et bleu.
Dimanche 2 juin
Il reste encore des stocks d’œufs bleus (2001) ou dorés (2012). La spirale créative est en marche, tourbillonne d’idée et s’accélère à la découverte de gros fil de fer en rouleau de 60 cm de diamètre qui ne demande qu’à dérouler le fil des œufs.
Une branche d’arbre basse et horizontale me donne envie de passer la bague à ce doigt d’écorce. Ce sera l’Anneau d’Arbre
Une passerelle vétuste me suggère entre eau et planches un sismographe poétique qui vibre au passage de pieds sur le tablier. C’est Passer’aile. Je scotche deux fils de fer ensemble mais ils n’auront pas la linéarité d’une tige de fer à béton et l’effet balancier sous le pont ne sera pas totalement satisfaisant. Le land art est avant tout laboratoire et expérimental…
Un fil est suspendu au bout de l’étang. J’y accroche deux cercles d’œufs mais l’un se tord quand je le lâche et voilà que le Soleil a rendez-vous avec la Lune. Il reste encore quelques œufs et le dimanche touche à sa faim créative : une longue ligne d’hélice monte de la surface vers la cime de l’arbre.
Il est temps de rejoindre la vallée de la Conie pour le symposium Sacval.
Lundi 3 juin
Premiers contacts entre organisateurs et artistes invités.
Mais déjà il faut aller récolter les branches de frêne avec une scie qui ne coupe pas assez bien, les piqûres de moustiques et les courbatures dans les mains. Puis c’est l’atelier meuleuse pour écorcer une partie des perches et les mettre à mesure. Au retour chez l’habitant qui me loge, je croise deux lièvres et un coucher de soleil sur un champ d’orge qui est en fait du blé barbu destiné à la fabrication des semoules et autres pâtes.
Mardi 4juin
Manque de tige filetée de 10 et de ficelle. Passage chez le Bricomarché de Châteaudun. C’est maintenant l’assemblage de la planche de plumes. Découpe des tiges filetées et perçage des trous dans les perches.
« Poétique et original » me dit une des membres du jury de sélection à l’annonce que c’est pour le « PlAngeoir ».
Mercredi 5 juin
Brève sortie de la bulle du symposium pour aller donner mes cours à la MJC de Ballan, près de Tours.
La fatigue réveille le lumbago qui sommeille aux creux des reins depuis une quinzaine. Attention et vigilance au plus près du corps, il y a encore quelques barreaux d’échelle à grimper pour faire voler les œufs des anges…
Jeudi 6 juin
Fixer la planche de plumes sur la potence de frêne, vérifier les écrous avant d’installer le tout sur la camionnette d’un artiste du coin qui aide à la logistique. Déplacer l’horizon du PlAngeoir vers son lieu d’implantation, près du pont de Molitard au bord de la Conie, rivière alimentée par la nappe phréatique avant qu’elle se jette dans le Loir. Nous sommes ici aux confins de la Beauce, au bord du Perche. L’horizon est rectiligne entre champs et ciel, qui forcément, paraît alors immense. Creuser avec la tarière deux trous aux bords de la rive, enfiler les œufs roux et blancs sur deux ressorts en fils de cuivre qui s’avèreront trop peu raides puis avec l’aide quelques bras d’artistes ou de photographes de passage, dresser cet échassier bizarre sur ces grandes pattes de bois. La tronçonneuse de Xavier viendra raccourcir les traverses obliques que j’avais prévues trop longues, la corde de Philippe fera hauban provisoire. Ne reste plus qu’à jouer de la perceuse sans fil et de la mèche de 10mm pour venir boulonner sérieusement l’ensemble. Mais le ciel se couvre d’orage et je finirai demain matin.
Vendredi 7 juin
Penser à recharger la batterie de la visseuse. Finir de fixer les différents étais de bois pour donner plus d’élan et d’envol au PlAngeoir. À l’aide d’un bâton et d’un crochet de fil de fer, remettre le tapis de plumes en ordre. Essayer en vain de redonner de la hauteur aux tongs, mais c’est impossible. Ranger le chantier et faire quelques photos en attendant la lumière du couchant. Aider quelques collègues artistes à finir leur œuvre. Ramer sur la Conie pour couper une branche gênante. Faire passer une bulle d’osier par-dessus une passerelle ou ramer à contre courant pour aider à l’envol de grenouilles de résine. Déplacer à une dizaine une auréole de saule et vite, ne pas rater la fugace lumière dorée du couchant qui reflète l’or du PlAngeoir dans le fil de l’eau du soir. Dîner de tartes aux légumes et d’une bonne portion de rires conviviaux. Passer du PlAngeoir à la plonge pour une vaisselle de toute bonne humeur…
Samedi 8 juin
Il ne reste plus qu’à couper le ruban (de bois) qui déclare le sentier ouvert et parcourir les huit kilomètres de la boucle en huit du sentier. http://sacvalunblog.fr

Bel été à vous au fil de vos ailes ! Et rendez vous au neuf du neuf…

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9 mai 2013 DES NOUV’AILES DU NEUF n°43

30 mai 2013 § 0 commentaire § permalink

Connaissez vous le chat de Schrödinger ?
Il est à la mécanique quantique ce que la pomme est à Newton. Schrödinger est un scientifique autrichien du début du vingtième siècle, moins connu mais tout aussi important qu’Einstein. Il a imaginé une expérience un peu baroque, voire presque loufoque, consistant à enfermer dans une boîte un chat avec un mécanisme un peu cruel : l’émission d’une particule due à la désintégration d’un atome entraîne la chute d’un marteau sur une fiole de poison foudroyant qui instantanément fait passer le chat de vie à trépas. Le principe de superposition qu’en a déduit Schrödinger est que, tant que dure l’opération et que l’observation ne la fait pas s’interrompre, le chat est à la fois mort et vivant. Partant de cette expérience et du proverbe chinois qui fait dire à Confucius que « rien n’est plus difficile que de chercher un chat noir dans l’épaisseur de la nuit » – surtout s’il n’y a pas de chat –, l’écrivain Philippe Forest a écrit un sublime roman –Le Chat de Schrödinger – aux Éditions Gallimard où l’apparition et la disparition de quelque chose sous la forme d’un chat au fond d’un jardin nocturne nous entraînent dans une vertigineuse, drôle et profonde méditation sur la perception de la réalité.
« On peut croire une chose et en même temps ne pas croire en elle. L’esprit fonctionne simultanément selon différents programmes aux convictions incompatibles, voire antagoniques. J’irai jusqu’à dire que c’est à cette seule condition que l’on échappe à la vraie folie, entretenant en soi plusieurs esprits de manière que l’on puisse, en cas de nécessité, en changer à sa guise et que quelque part dans le cerveau et sans pour autant que soit menacé l’équilibre rationnel de celui-ci, on puisse trouver parfois le refuge absurde d’une conviction parallèle qui vous permet de supporter la réalité telle qu’elle est en vous figurant qu’elle est en même temps autre que ce qu’elle est. » (Page 168).

Schrödinger s’est-il aperçu qu’en mélangeant les mots Oui et Non, on obtenait le mot Union?
Je viens juste de recevoir la réponse – négative – à l’appel à projet pour une station de tramway de l’agglomération bordelaise. Une version acier de 25m de diamètre de La Roue du Temps s’enroulant autour d’un pont et d’une voie ferrée. Je me glisse dans la peau d’un sportif qui doit aussi apprendre à perdre avant de remonter à l’attaque au filet pour le prochain match. Et pour m’encourager, une fois n’est pas coutume, je vous partage en images quelques-uns de ces projets printaniers qui dorment maintenant dans les cartons avant une hypothétique résurgence ou transformation. Pour tenir humblement et fermement l’envie de monumental qui imprègne les crayons de mes pinceaux.

« Ce sont ceux qui ne durent pas qui assurent la durée de ceux qui durent » (Salah Stétié)
« I don’t believe in God, I believe in gods », murmure Emmanuelle Devos à David Byrne dans une belle scène intime du film de Jérôme Bonnell « Le Temps de l’Aventure » . J’aime à penser que si les dieux étaient multiples, leurs esprits pourraient être à la fois vivants et morts et cela mettrait fin aux guerres de religions et autres obscures régressions. Même la fille aînée de l’Église pourrait se marier avec qui bon lui semble !

« L’hystérique est une esclave qui cherche un maître sur qui régner » a dit Lacan. La France de ce mois de Mai l’est-elle ? Ou pas ?
Le printemps est là, enfin ! L’amandier a fleuri, c’est même le premier fruitier à célébrer ainsi la fin de l’hiver. Ses fleurs blanc rosé apparaissent bien avant les feuilles et donnent à ses rameaux des allures de voile de mariée. D’où le symbole d’amour et de virginité lié à cet arbre. Qui me fait penser au dernier tableau de Bonnard qui sur son lit de mort demanda à son neveu de rajouter quelques touches de blanc pour parfaire cet ultime chef d’œuvre. Comme une promesse renouvelée de l’éternelle floraison de la peinture.
Si, plus prosaïquement et parisiennement, vous voulez vous abonner à un bouquet de fleur par semaine, soutenez l’éclosion du projet que vient de lancer mon amie fleuriste Isabelle sur le site http://bulbintown.com/projects/variations-vegetales/accueil.

Si vous croisez sur votre chemin la clarinette de Yom et la guimbarde chinoise de Wang Li, écoutez les, c’est époustouflant !
Fred est mort ! Heureusement, il nous reste toutes les lettres de l’Océan Atlantique pour lire et relire les aventures de Philémon, de l’âne Anatole, de Monsieur Barthélémy et autres Manu-manu ! Et rêver encore dans les plis de la Mémémoire…

Attrapée au vol d’une interview radiophonique cette phrase de Michel Houellebecq promotionnant son dernier recueil de poésie: « donner l’impression que l’on arrête le cours du temps est poétique ».
Dans cette époque où la vitesse du monde semble sans cesse s’accélérer, puissent ces quelques lignes au fil de votre écran être une caresse poétique sur le chat de votre temps.
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Des Nouv’ailes du Neuf n°42

15 avril 2013 § 0 commentaire § permalink

DES NOUV’AILES DU NEUF n°42
Histoires d’ILS et d’ELLES au pays des YEUX

« La vie aime la conscience que l’on a d’elle » (René Char).

Je ne sais pas quelle conscience avait Margaret Thatcher de la vie qu’elle a perdue aujourd’hui, mais j’enrage d’entendre la radio déverser les témoignages et condoléances sur celle dont la phrase la plus célèbre était « I want my money back ». Je sais bien qu’il ne faut pas dire du mal des morts (« à part peut-être Madame Thatcher », comme chanta Renaud) mais c’est quand même bien à cause d’elle – grande amie de Pinochet– et de son compère Reagan que le monde se réduit de plus en plus au monde de la finance. Un monde où la réalité dépasse l’affliction !

« La question est l’autre visage de la réponse. La réponse est l’autre masque de la question »

Pas de PONT DE PLUMES au Sancy, ni de REGARC-EN-CIEL à Reims. Pas d’ARCHES DE PLUMES non plus à Saint Lo, ni de FENÊTRE ARC-EN-CIEL à Carquefou. D’autres projets continuent leur lente germination, c’est mon carburant, ma came, ma vitamine…

« Pire que le labyrinthe, la ligne droite. Avec le labyrinthe, on ne sait pas. Avec la ligne droite, on ne sait plus »

« Vous connaissez l’origine du mot Golf ? On dit que ces lettres étaient affichées à l’entrée des club-houses et signifiaient en initiales : Gentlemen Only Ladies Forbidden. (Messieurs seulement, Dames Interdites). Je ne sais pas si c’est vrai mais cela reflète bien l’état d’esprit qui régnait… » C’est à la page 28 du livre de Macha Méril, Les Mots des Hommes. Un roman que l’on peut imaginer à tendance autobiographique où une femme recontacte tous les hommes qu’elle a aimés. S’en suit une savoureuse chronique où se mêlent Éros, Agapé et Philia, ces trois faces du sentiment humain que l’on pourrait trop rapidement traduire par désir, amour et amitié. Ou encore par érotisme, affection profonde et altruisme. Ou aussi élan passionné, amour du prochain et respect. Et vous, quelles sont vos définitions de ces trois faces amoureuses ? Et Macha Méril de conclure ainsi son livre : »Aimer encore et encore. Perpétuer l’amour qui est la vraie signature d’une vie. Répéter les mots, les parcelles d’un chant qui ne finit jamais ».

« On ne fait rien que seul. Mais pas tout seul »

Replonger – c’est le mot – dans le fleuve de l’écriture de Michèle Desbordes avec son dernier livre « Les Petites Terres ». Se laisser flotter dans les courants et tourbillons de sa prose poétique. Une lecture exigeante dont les mots sculptent au plus juste les émotions liquides de la belle auteure disparue dans l’envers du miroir de la Loire en janvier 2006.

« Le discours d’un nuage est un autre nuage »

Lu aussi un joli petit roman d’Hubert Haddad, intitulé « Le Peintre d’éventail ». Pour se remettre d’avoir renversé une jeune fille avec sa voiture, un peintre et designer se réfugie dans une pension de famille et découvre l’existence d’un vieux peintre d’éventail dont il devient l’élève. Le livre rejoint la réalité puisqu’il se passe dans la région de Fukushima et s’achève au printemps 2011 à l’intérieur du tsunami nucléaire. Sublimement tragique !

« Les serrures sont bien plus nombreuses que les clés. Les clés sont bien plus dispersées que les serrures »

Puisque le printemps s’est mis sur la position « frigo », je me suis beaucoup réchauffé ces dernières semaines dans les salles obscures pour voir et goûter quelques toiles. Dont au premier rang « L’Artiste et son modèle » qui a fait remonter en ma mémoire quelques échos méditerranéens que vous pouvez voir dans les images nouv’ailes jointes.
Dans le chapelet des toiles appréciées, Queen of Montreuil, No, Sous le figuier, La Religieuse, Camille Claudel 1915, Perfect Mothers et Quartet…. Un éventail de regard et d’histoires auquel j’ajouterai, moi qui écoute beaucoup la radio, le documentaire La Maison de la Radio de Nicolas Philibert. Pour voir ce qu’il y a derrière l’éventail.

Les aphorismes en italique qui parfument ces Nouv’ailes sont tirés d’un exposition de manuscrits et livres d’artistes consacrée au poète Salah Stétié.

« L’impensé fait partie du pensé comme le noyau du fruit. »

« Si vous m’avez compris c’est que je n’ai pas été clair » (Einstein).

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Des Nouv’ailes du Neuf n°41

17 mars 2013 § 0 commentaire § permalink

Un plAngeoir.
Autrement dit, un plongeoir pour un Ange. C’est le projet que je vais réaliser en juin prochain dans la vallée de la Conie, en Eure et Loir.
Peut-être que l’ange gardien qui veillait sur Stéphane Hessel y fera un saut ? C’est ce que je me suis dit à la lecture du Libé du 28 février qui était consacré à son départ. Je me souviens avoir parlé dans ces lignes en juin 2008 de « Citoyens sans Frontières » un livre d’entretien qui lui était consacré et que j’avais fait acheter à la médiathèque de Saint Denis C’était avant que son indignation fasse le tour de la planète et qu’il devienne cette figure majestueuse de l’espérance en l’humain. « Je l’aimais » titrait l’édito de Nicolas Demorand. « Moi aussi », ai-je murmuré dans les yeux humides de ce matin de RER. Et de fondre de reconnaissance devant la non-violence de ce diplomate qui a si bien dit le bonheur d’avoir aimé l’amour… L’amour de l’Amour, la haine de la Haine pour vaincre la peur de la Peur…
Non-violence… Gandhi, Luther King, où êtes-vous ? Et comment auriez-vous répondu à cette violence aveugle qui terrorise le monde ?
Lequel n’est pas à l’abri d’un vol de météorites, comme celui qui a survolé la Russie il y a quelques jours. Plus de 1000 blessés, mais c’était si loin, presque en Sibérie…. Je suis toujours sidéré du sordide de l’équation médiatique qui veut qu’un mort à un kilomètre compte plus que 1000 morts à mille kilomètres…
Passé le nouvel an du Serpent chez des amis chinois. En arrivant chez eux, la télévision allumée dans le salon fait défiler les infos de Honk Kong et leurs sous titres en mandarin. (En Chine les infos sont sous titrées, car les prononciations des idéogrammes varient d’une région à l’autre). Elles semblent à la fois identiques aux nôtres et d’une autre planète. De l’ethnocentrisme de l’actualité…. Qui ne devrait pas nous faire oublier par exemple les multiples attentats qui endeuillent régulièrement ce pays atomique qu’est le Pakistan…. Et Fukushima qui « fête » ses deux ans ! Avec pour seule promesse la certitude qu’avec les 400 réacteurs nucléaires à la surface de la planète, il y a aura d’autres catastrophes… Brrrrr !

« Il faut que le gendarme intérieur devienne gardien de la paix » a dit sur France Inter Anne Marie Filliozat en parlant de son livre « Des petits riens qui changent la vie » aux éditions Albin Michel.

C’était autour de l’année de mes six ans, dans la ferme des grands parents. Mon parrain, un grand gaillard joueur de plus de 1,90m adorait nous emmener, cousins et cousines chasser les cow-boys et autres gendarmes voleurs dans le bois voisin. Au retour de l’aventure, il prend ce jour-là l’allure sorcier en me promettant de faire disparaître un œuf sur ma tête. Et nous voilà tous en cercle et moi au milieu dans l’armise (je n’apprendrais que quelques temps plus tard, qu’il s’agissait en fait de « la remise » et c’est peut-être dans cette apostrophe-là qu’est né mon amour des jeux et des mots). Au bout de trois tours, il abat sa main sur mon crâne et me voilà dégoulinant d’œuf et de larme de m’être fait ainsi naïvement abuser. En cadeau bonus, je me ferai sermonner par ma grande mère d’avoir ainsi gâcher un œuf !!! Lorsque des années plus tard, ce souvenir remontera à mon cerveau, bien après que j’ai commencé à sculpter avec des coquilles d’œufs, ce symbole d’œuf pénétrant ma caboche de môme aura un étrange goût de mystérieuse initiation.
Des œufs, il en sera question dans le livre « Nature Art Today  » consacré au Land Art qui va paraître ce printemps. Deux pages seront consacrées à mes oves d’art. Je vous en reparlerai lors de son éclosion.

« Il faut que le flamand ose » dit-il en rougissant à la magicienne d’Oz.

En écoutant radio ou télé, amusez vous à repérer combien nombreux sont ceux qui disent «  »de façon à ce que » alors qu’il faut dire « de façon que ». Ce que l’on peut nommer les glissements progressifs du plaisir de la langue dans les lèvres des livres.
Au ciné de ce mois-ci, en haut de la pile, « Syngué Sabour » de Atiq Rahimi, d’après son propre roman, prix Goncourt étranger en 2008. Sous titré « Pierre de Patience », il parle d’une coutume afghane qui permet à une femme de livrer toutes ses pensées même les plus secrètes à une pierre jusqu’à ce qu’elle explose. Dans ce film le rôle de la pierre est tenu par son mari devenu mutique pour cause de balle dans la nuque. Impressionnant ! À voir aussi « Rendez vous à Kiruna » d’Anne Novion avec l’impeccable Darroussin.
Et une spéciale dédicace à l’ami Étienne qui m’a emmené vibrer, écouter et voir la chanteuse Camille au théâtre du Châtelet. Tout simplement magique ! Comme l’est aussi la chanteuse de jazz coréenne sous laquelle j’ai écrit ces quelques lignes. Retenez son nom, elle s’appelle Youn Sun Nah.

Un sage poursuivi par un tigre s’enfuit en courant et arrive au bord d’un gouffre. Il s’apprête à sauter pour échapper au fauve et s’aperçoit qu’il y a aussi un tigre au fond du gouffre. Mais il voit qu’il y a près de lui des fraises des bois. Il se dit « Mais c’est bon, les fraises des bois ».
C’est bientôt Pâques. En cherchant les œufs, n’oubliez pas les fraises des bois.
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Des Nouv’ailes du Neuf n°40

24 février 2013 § 0 commentaire § permalink

9 février 2013

Neuf, et même TOUT Neuf, devrais-je écrire. Car vous pouvez désormais retrouver toutes ces chroniques sur mon site tout rénové, tout beau, et donc forcément tout … neuf ! Toujours sur www.dodelaunay.com
Les NOUV’AILES – Histoires d’Ils et d’Elles – depuis mars 2009 et auparavant les 64 numéros du JOURNAL DU NEUF d’octobre 2002 à février 2009… À grappiller ou pas, au fil des fils du Net…

Je parlais le mois dernier du glissement de sens entre « très » et « trop ». Que dire de celui de l’expression « sans doute »? Réponse presque positive sur la probable éventualité d’un événement.
-« Tu viendras ?
– Sans doute !  »
Alors qu’au sens strict, si c’est « sans doute », il n’y a place pour aucun atermoiement ! De quoi douter… de son doute !

« -C’est irréel. C’est de l’utopie.
-C’est de l’utopie. C’est pour cela que c’est réel.
(…) L’homme est fait pour rêver, c’est-à-dire pour combattre et non subir. C’est la loi de l’évolution. Et surtout l’homme est fait pour la poésie. Or l’utopie est poétique. Et la poésie aura toujours raison contre le réalisme » in Miserere, roman de Jean Christophe Grangé.

C’est l’hiver. L’atelier sommeille et ne se réveille que pour quelques travaux sur papier entre encre et argile, ou quelques plaques à graver pour « L’Œuf de Yi ». C’est le temps de gestation des projets et des réponses aux appels… Il n’y aura pas de Sologne pour moi cette année, ni de Rayol (beau domaine dans le Var, là où a été tourné le film Renoir…) ni rond-point à Cugnaux. Alors attendre sans hâte Sancy, Pourcy, et autre rêve en Y, comme ce projet – Le Cercle de Yi – remonté à la surface de l’atelier au cours d’une séance de plongée en archives… J’aime bien la lettre Y, la plus métaphysique des voyelles, qui lance ses bras vers le ciel des mots et donne aux arbres le choix de ses branches… Et me porte jusqu’au bout de mon nom.

Si vous envoyez un mail au mali, il faut faire attention à bien mettre vos lettres dans le bon ordre.

J’écris avec soleil pour parler aux reflets de la lune
J’écris avec éclat de la lune pour dire l’invisible du soleil.

Pourquoi dans les questionnaires et autres sondages n’y a-t-il jamais « artiste » sous la rubrique profession ?

Entendu Alain Mabanckou à propos de « Lumières de Pointe Noire » où il conte son retour en Afrique où il n’avait pas mis les pieds depuis 23 ans : « L’eau chaude n’oublie jamais qu’elle a été froide ».

« Au rayon des oreillons, je n’ai pas bien entendu »… Bien entendu !

Quand les étrangers vivants en France pourront-ils voter sur le Boulevard Ousmane ?

« Quand nous rêvions de chapeaux en Espagne, quelles sont les visions que nous visions » ?

Être sensible pour atteindre le but, être sans but pour atteindre la cible.

Le Neuf fait vriller et c’est aujourd’hui le nouvel an chinois :

Que les ans du Serpent Serrent et Servent le Serment du Sergent !!!

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Des Nouv’ailes du Neuf n°39

9 janvier 2013 § 0 commentaire § permalink

Alors les fêtes, c’était Trop ou Très ?

C’est devenu un tic de langage, surtout chez les plus jeunes. Si c’est très bien, voire super bien, c’est alors trop bien ! Beaucoup de notre époque se reflète dans ce minuscule décalage sémantique, dans ce toc des mots qui confond l’abondance avec la qualité, le débordement avec la satisfaction… Je pense à cela en voyant un enfant (supposément éduqué au respect de l’environnement) prendre trois mouchoirs en papier pour essuyer son pinceau avant de les jeter à peine humides dans la poubelle de la salle d’arts plastiques… Trop facile !

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Des Nouv’ailes du Neuf n°38

9 décembre 2012 § 0 commentaire § permalink

« Parler de vos peines, c’est déjà les consoler » disait Albert Camus.

Ce devait être la Fête des Feuilles, ce fut … la (dé)fête des feuilles.
Je vous ai quitté à la fin des dernières nouv’ailes avec au coeur une incertitude entre croquis et terrain, entre idée et réalisation. Ce devait être légèrement prémonitoire puisque je n’ai pu mener à terme ce projet de « Roue du Temps qui Passe ». Un échec qui est aussi une première ! Une mauvaise conception de la structure porteuse et un timing en décalage ont eu raison de la verticalité de cette roue. Prévue initialement la semaine précédente, cette fête avait été décalée du 12 au 17 novembre pour cause de modification de vacances de Toussaint. Comme je ne voulus pas zapper mes interventions scolaires, j’avais décidé de venir un peu plus tôt et entamais mon travail (sous les musiques militaires des cérémonies du 11 novembre) au parc de la Tête d’Or. Le lundi midi, au moment où arrivaient les autres artistes, il apparut hélas clairement que « ça ne tenait pas debout » ! Sans doute aurait-il été possible de la transformer ou de la suspendre entre deux arbres mais devant repartir le mardi soir , il ne restait plus assez de temps pour obtenir permissions et autorisations d’accrocher aux arbres…. Après trois jours et demi de boulot, il me fallut trois heures pour tout démonter et rentrer penaud et triste à l’atelier… puis revenir le week-end suivant pour assister au vernissage, regarder cet échec en face et commencer à travailler sur d’autres projets… Et me consoler avec le beau succès du Calendrier de l’Avent commandé par la Mairie de Ballan-Miré pour le Marché de Noël…

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Des Nouv’ailes du Neuf n°37

9 novembre 2012 § 0 commentaire § permalink

Travailler la vacance…

Ce n’est pas un précepte taoiste (encore que…) mais mon programme aux alentours de la Toussaint. Dossiers de projets pour sculpter en Sologne. Finir deux diptyques commencés il y a un an et même plus, peindre sur les chutes du décor d’un Rêve d’Opéra, et découper le grillage pour la préparation de La Roue du Temps Qui Passe. Je pars dans quelques minutes à Lyon pour faire tourner ce calendrier circulaire dans la Tête d’Or du parc lyonnais… Avec toujours cette petite appréhension pour aborder le lieu et le temps entre croquis et réalisation, entre idée et terrain…

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Des Nouv’ailes du Neuf n°36

9 octobre 2012 § 0 commentaire § permalink

« Après la Traversée de l’Infini, il y eut Ile ou Aile ».

Ce n’est pas extrait d’un poème de Marie Modiano, mais le titre des deux installations que j’ai eu le bonheur de réaliser au cours du mois de septembre, l’une au bord du lac de Machilly, près d’Annemasse et l’autre dans les arbres du square de la Roquette à Paris. Des beaux moments de rencontres avec d’autres artistes et avec le public, de l’énergie et de la bonne humeur pour préparer le prochain projet qui sera « La Roue Du Temps Qui Passe » en novembre au parc de la Tête d’or à Lyon dans le cadre du festival « La Fête des Feuilles ». Une roue de grillage à maille carrée remplie de feuilles mortes, qui décline le rythme des variations saisonnières et dont je vous avais livré l’image d’une maquette dans le n°34 des nouv’ailes.

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