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8 novembre 2018
Un poisson et un oiseau.
L’océan et le ciel. L’horizon et la verticale.
Le poisson, je l’ai vu le premier matin de la traversée après le départ de Southampton. Quelques dauphins sont venus jouer dans l’écume et j’ai retrouvé leur écho dans les pales des hélices très contemporaines sur le pont avant du bateau (photos 1et 2). L’oiseau, il m’a été donné, à peine débarqué, sur les quais de Brooklyn, chapeautant de son vol la silhouette érigée de la Statue de la Liberté (photo 8). Entre ces deux termes de cette bulle d’espace et de temps en forme de paquebot, il y aura le bain dans le jacuzzi sur le pont arrière, la contemplation sans fin de la ligne d’horizon à travers la fenêtre de la cabine 4048 (photo 3), les portraits croqués dans les bars ou les coursives (photo 4). Le concours de fléchettes, les parties de scrabble sur le pont n°2, au ras des flots, là où la mer d’un profond bleu métallique agite aux abords de Terre-Neuve des vagues qui ressemblent à des montagnes dont l’écume mouvante serait comme un instant de neige éternelle.
Il y aura aussi le plaisir d’une conférence sur mon projet de sculpture en Suisse LA ROUE DU TEMPS que je donnerai pour le public francophone de cette traversée, une cinquantaine de français parmi les quelques 1200 britanniques, les 500 américains et la trentaine de nationalités présentes sur le Queen.
À ce propos, ma souscription pour LA ROUE DU TEMPS est toujours ouverte, vous pouvez la retrouver sur la page d’accueil de mon site dodelaunay.com. Et c’est parce que je pars ce jour à Genève pour préparer son installation que ces Nouv’ailes paraissent dès le 8.
Après l’inoubliable mais fraîche arrivée dans le port de New York, juste avant l’aube de ce jeudi 25 octobre, pendant que la pleine lune descendait doucement pour venir coiffer la Statue de la Liberté, il y eut l’hôtel à Times Square, la découverte du métro, de sa vétusté crade et de sa signalétique d’un siècle passé, le passage au mémorial de Ground Zero (photo 6) et la montée dans le ciel ensoleillé au One World Trade Center, plus haut gratte-ciel de la Grosse Pomme ouvert en 2014 et mesurant 1776 pieds (541m), en référence à l’année de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis. De cette tour admirée dans le soleil levant depuis les ponts du Queen Mary, nous le vîmes alors reprendre la mer (après douze petites heures de ravitaillement dont je vous laisse imaginer la logistique bien rodée) et faire un tour sur lui même dans la rade de New york pour saluer le porte-avion Queen Elizabeth a qui en son honneur fit tonner quelques coups de canon… (Photo n°5)
Puis il y eut le ravissement des yeux et du cœur devant les toiles et sculptures du MOMA, les citrouilles d’Halloween sur les escaliers de Soho et de Greenwich Village, les écureuils, un saxophoniste et un quintet de jazz vocal dans les allées de Central Park, une messe évangélique et chantante à Harlem, et pour boucler ces denses jours sur les bords de l’Hudson, sa traversée piétonne sur le Brooklyn Bridge à la tombée du jour qui allume les lumières de la ville.
Une fois passé les frontières peu accueillantes de la douane américaine, il y eut la chaleur retrouvée des amies québecoises, le fun automnal et francophone de Montréal, le plaisir de fouler et de se souvenir de la rue Sainte Catherine, du boulevard Saint Laurent et des quais du vieux port d’où j’embarquais il y a trente cinq ans sur un autre paquebot cette fois polonais qui s’appelait le Stefan Batory.
Des amis suisses ont œuvré pour que se tiennent en septembre dernier une votation pour inscrire la bicyclette dans la constitution de la confédération helvétique. Cela peut paraître un détail mais imaginez les conséquences sur l’aménagement des territoires et la prolifération des pistes cyclables ! Les Suisses ont voté pour à 74%. À quand une telle initiative en France ?
Sur les ponts du Queen, j’ai lu Avec toute ma colère d’Alexandra Lapierre, qui conte la relation tempétueuse entre Nancy Cunard et sa très british de mère, Maud. J’ai connu l’existence de cette héritière de la compagnie anglaise qui arme Le Queen Mary 2 par les photos qu’en a fait dans les années 30 Man Ray. Ses bras ornés de nombreux bracelets africains sont devenus icône des années phare du surréalisme. Puis j’ai poursuivi mes lectures maritimes par un livre au titre opportun de l’islandais Jón Kalman Stefánsson qui s’appelle D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds. Dans un récit qui s’étend sur trois générations transpire toute la puissance narrative des contes et histoires de cette île de l’Atlantique Nord. Page 47 : « La vie naît par les mots et la mort habite le silence. » Je repenserai à cette phrase et à ma maman en assistant à la Fête des Morts au Musée des Arts Amérindiens, à la pointe sur de Manhattan (photo 7). Un moment fort de plumes, danses et tambours qui résonnent dans les lointains de l’âme.
En parlant de son dernier livre Dix sept ans, Éric Fottorino raconte qu’on lui disait qu’il était un enfant débrouillard et lui entendait qu’il était un enfant des brouillards.
Au retour de voyage, pour rester dans le bain du voyage, j’ai renoué avec le cinéma en allant voir… Le Grand Bain, film très réussi de Gilles Lellouche et En Liberté de Pierre Salvatori…
Cinq jours après le retour en avion, les effets du décalage horaire s’estompent doucement, à l’aller il fut peu ressenti puisque découpé en six reculs du réveil tout au long des nuits de traversée. Les vagues de ce beau moment de voyages continuent à bercer neurones et frissons de ma peau. J’écris cette chronique en écoutant la belle voix de musique de la chanteuse danoise Agnès Obel.
Ce matin, les poissons ont des ailes de voyage.
do 81118
10 octobre 2018 § § permalink
Neuf mois, neuf jours.
Il y a eu neuf mois hier que Maman s’en est allée, il reste neuf jours avant que je m’embarque avec ma sœur Brigitte sur les ponts transatlantiques du Queen Mary 2 pour penser à elle et découvrir à l’aube du 25 octobre la Statue de la Liberté, Ellis Island et les tours qui grattent le ciel de la Grosse Pomme. Avant de revenir via Montréal « dans un grand Bœing bleu de mer » comme l’a si bien chanté Robert Charlebois. Est-il utile de préciser l’excitation paisible qui baigne mon cœur à l’horizon des quais de Southampton avant ces sept journées océaniques? Écho d’une autre traversée, cette fois dans l’autre sens qui me vit débarquer, il y a 35 ans dans le port de Rotterdam, au retour d’une année sabbatique et québécoise qui me fit embrasser les joies de la vie d’artiste…
Avant cela, et après les joies circulaires de l’Aronde des Regards sur les bords de la Gironde, vint une période intense à l’atelier pour finir toute une série de tableaux commencés pour certains depuis plusieurs années et pour préparer un nouveau book retraçant mes différentes réalisations entre 2016 et 2018… L’Œil du Temps que je joins à ces Nouv’ailes en est une des traces.
RAPPEL :la souscription pour LA ROUE DU TEMPS qui sera installée en janvier prochain près de Genève est toujours en cours. Vous pouvez la retrouver sur la page d’accueil de mon site
Vous n’en pouvez plus de cette actualité mortifère qui décadanse le monde insouciant qui va dans le mur qui se réchauffe aveuglément ? Lisez Mécaniques du chaos, prix 2017 de l’Académie Française de Daniel Rondeau, patchwork de personnages fictionnés entre Istanbul, Corbeil-Essonnes, Paris, la Libye … Mieux que la réalité…
Au rayon découverte, une auteure à l’écriture originale : Céline Minard. J’ai lu Le Grand Jeu, roman d’une retraite d’une femme en montagne qui en rencontre une autre et je viens de commencer Faillir être flingué pour lequel elle reçut le prix du livre Inter en 2014. Et me voilà embarqué par sa belle écriture dans les grandes plaines far west du western américain. Chevauchant !!! À lire avant d’aller voir Les frères Sisters de Jacques Audiard.
Dans la famille lectures écossaises, je demande et recommande Je te protègerai, dernier opus traduit de Peter May.
Dans les autres films du mois, Fortuna, beau film noir et blanc de Germinal Rouaux, qui réfugie une jeune éthiopienne dans un couvent suisse. Un peuple et son roi de Pierre Schœller, belle et intéressante fresque sur la révolution dont on espère la suite…
Connaissez vous Qwant ? Ce n’est pas l’avatar numérique d’un philosophe allemand, mais le nom d’un moteur de recherche français qui ne piste ni ne conserve les traces de vos cheminements numériques ? Il va être désormais utilisé à l’Assemblée Nationale et au ministère des Armées, (qui ne s’appelle plus ministère de la Défense…). Bye bye Google et son vampirisme asservissant… On n’entend plus beaucoup parler des GoogleGlass -ou l’écran dans vos lunettes- mais maintenant on va nous bassiner avec la voiture autonome, vedette du salon de l’auto qui se tient cette semaine à Paris. Me prend soudain l’envie d’un gigantesque bras d’honneur face à ce soit-disant progrès qui voudrait nous priver de (se) conduire et de demander à cette auto(nome)mobile ce qu’elle fera face au mur vers lequel roule notre petite planète bleue… pleine de bleus !
« Et pourtant » comme le chantait le petit mais grand Shahnourh Varinag Aznavourian, j’ai besoin et envie d’affirmer dans ces quelques lignes qu’il faut coûte que coûte maintenir cet incessant et nécessaire combat pour dire, chercher, créer, abreuver la beauté du monde. Et comme le disait le sage Jean Pierre Vernant, sans cesse remettre sur le métier « l’optimisme de la volonté pour qu’il ne soit pas anéanti par le pessimisme de l’intelligence ».
Ces Nouv’ailes sont magiques : elles peuvent se transformer en valise océane ou en malle aérienne. Alors, lecteurs fidèles et les autres aussi, je vous glisse dans les poches joyeuses de mon sac à Do et vous emmène valser dans les pages qui tournent la dense danse du voyage. À bientôt ! Ça rime avec hublot !
DO 91018
18 septembre 2018 § § permalink
La dix-septième.
Pour cette nouvelle saison du Journal du Neuf, le 9 mute en 6 à cause de l’Aronde des Regards que je pars demain faire sur les bords de la Gironde, dans le cadre du Sentier des Arts, là où j’avais réalisé il y a deux ans Ailes de Gironde (voir Nouv’ailes #28). Faire du 9 du 6, on pourrait presque entendre faire du neuf avec du « si ». Et faire taire les bémols du monde.
Je vous ai envoyé en début d’été un appel à souscription pour soutenir par l’achat de gravures mon projet de sculpture monumentale LA ROUE DU TEMPS qui sera installée sur le giratoire de Cologny, près de Genève au premier trimestre 2019. Dans les réactions qui ont suivi cet appel, plusieurs m’ont dit « mais pourquoi ne fais-tu pas un crowdfunding ? » Peut-être y viendrais-je plus tard mais dans un premier temps, je souhaitai que ce soutien se manifeste par un échange, un partage à travers l’acquisition d’une œuvre d’art à prix pas trop élevé. À ce jour, près d’une vingtaine de gravures ont trouvé preneur et l’appel continue, vous pouvez le retrouver sur la page d’accueil de mon site dodelaunay.com. La ville de Cologny finance une partie des frais de cette exposition temporaire dont j’ai saisi l’opportunité pour partir à l’aventure du monumental. Cette souscription me permet de finaliser le budget de cette sculpture que j’espère à terme pouvoir vendre. J’ai besoin de votre aide et de vos soutiens. D’avance grand merci d’en être et d’en parler.
La surface des pérégrinations estivales fut d’un hectare de nectar.
Combien de litres d’encre ont-ils été nécessaires pour faire tous les tatouages que j’ai pus voir sur les corps de l’été ? Et quelles étaient les proportions des métaux lourds cancérigènes dans ces peintures de peaux qui ont déjà commencé à vieillir ?
La recette disait de faire revenir les oignons, mais je ne savais pas où ils étaient partis.
Intuition paranoiäque : J’abandonne Notre Dame des Landes mais tu me mets les nationales et départementales à 80, comme cela les gens prendront davantage l’autoroute pour sacrifier aux insatiables dieux de la vitesse et moi, Léonard de V ferait rimer péages avec avantages…
J’ai commencé hier le livre d’Adélaïde Bon, La petite fille sur la banquise. Qui décrit, j’en suis à mi-livre, les méandres nauséeux et les rebonds dévastateurs d’attouchements sexuels sur une petite fille de neuf ans qui met des années à poser le mot viol sur ce trou noir de souvenir encré en corps comme un tatouage indélébile. Et je repensais, en visitant les lourdes églises baroques des environs du Lac d’Orta et du Lac Majeur à cette formidable escroquerie qui depuis deux mille ans voudrait nous faire accroire qu’un dieu serait né d’une vierge. Et à celle d’un pape qui dans son incurie romaine incapable de balayer ses miasmes pédophiles voudrait envoyer les tendances homosexuelles des enfants chez un psychiatre. Basta ! Trois fois Basta !!!
J’entends encore le cliquetis des bâtons de rando sur les chemins de pierres de la vallée de l’Arc.
Mais le monument monumental des lectures de l’été fut Le Lambeau de Philippe Lançon, journaliste de Libé et de Charlie qui y était ce sinistre matin d’un 7 janvier 2015 où une balle lui fracassa la mâchoire et la mémoire à la vue de l’éclat sanguinolent du cerveau ouvert de Bernard Maris. De plus en plus, j’évite de lire trop de commentaires, de critiques avant d’ouvrir une première page. Je ne lis que rarement les quatrième de couverture, j’adore les conseils furtifs à la fin du Masque et la Plume, je jouis des murmures qui vont de bouche à oreille. Et là je n’aurai que deux mots à la bouche pour vos deux oreilles : lisez le.
Puis pour ne pas vous arracher les cheveux de rage ou de désespoir, lisez La Tresse de Lætitia Colombani, qui tisse trois histoire échevelées entre Inde, Sicile et Québec. Soyeux !
1+1=3. Entre Je et Tu, l’espace du Nous.
Peu de cinéma cet été. Mais avant d’aller voir Burning du coréen Lee Chang-dong, j’ai pris le temps de lire Les Granges Brûlées, nouvelle d’Haruki Murakami dont le film est inspiré. J’ai bien aimé l’écrit, j’ai bien aimé le vu et mesuré avec délice l’écart d’attention entre les deux.
Je me suis régalé à voir, face caméra, Guy de et avec Alex Lutz et je n’ai pas résisté d’aller rire avec Pierre Richard et ce bon vieux Schmoll dans l’adaptation de Christophe Duthuron de la savoureuse BD dessinée par Paul Cauuet et scénarisée par Wilfrid Lupano, Les Vieux Fourneaux.
Est-ce qu’un homme heureux aura une aura ?
Oui, dans la ronde des regards, la roue du temps et la connaissance de soie.
do 6918
9 juin 2018 § § permalink
Je landarte. Tu landartes, il ou elle landarte… Mais surtout nous landartons….
À l’origine (mais où se situe-t-elle ?), le land-art était une pratique artistique consistant à intervenir dans un lieu avec des éléments de ce lieu, sans apports extérieurs. Au fil du temps cette pratique s’est étendue à toutes activités « in situ », « in natura » avec comme contrainte supplémentaire celle de donner corps à cette réalité artistique dans un temps donné, et souvent relativement limité. Tel était le challenge du festival ENTRELACS où huit œuvres furent installées en cinq jours sur les étangs de Villeneuve d’Ascq près de Lille. J’ai pour ma part réalisé LA NAISSANCE D’UN L’ARC-EN -CIEL dont vous avez reçu des images il y a quelques jours et dont je ne résiste pas à vous joindre ici quelques reflets. J’avais passé trois jours de couture à l’atelier pour assembler les huit bandes, soit 168m2 de tulles colorés. Outre la contrainte du temps, il fallut faire face aux aléas de la « réalité ». Raccourcir, une fois finie, la largeur de la structure de palettes et de planches pour cause de mauvaise estimation de la dimension du porche de la Ferme Saint Sauveur où elle fut fabriquée. Réviser à la baisse le profil du dispositif à la mesure de l’influence du poids du tulle sur la courbure des arceaux. Et une fois mise à l’eau (grand merci à toute la joyeuse bande de l’Atelier 2, voir à ce sujet la vidéo du transport sur la page d’accueil de mon site dodelaunay.com) s’apercevoir que l’on voyait trop les palettes, bref que la structure lestée de ses bidons-ballasts flottait trop et qu’il fallait la masquer avec du tissu noir (Merci Mathilde !). Et en conséquence passer toute une après-midi à faire le funambule-agraffeur sur ce radeau médusé avant de l’éloigner du bord pour lui donner son espace et éviter les risques de vandalismes nocturnes…
Il paraît qu’il y a un trésor au pied d’un arc-en-ciel… Peut-être est-il tout simplement dans la mise en regard direct avec le public que permet cet « in situ »… Laissez-moi y croire. Mais ce dont je suis sûr, c’est que la lumière était belle dans LA NAISSANCE D’UN ARC EN CIEL !
« Donnez moi votre définition de Dieu je vous donnerai celle du mot croire » Philippe Labro le 25 mai dernier sur Inter.
Les effluves du Japon continuent de déposer leurs parfums dans les strates mémorielles des souvenirs de voyage. Mais au revenir de quelques jours de repos dans le vert du Sud, le retour en atelier fut plus qu’humide pour cause de dégâts des eaux suite à rupture intempestive d’une petite pièce de chasse d’eau en plastoc de rien du tout. Heureusement que les casiers à tableaux étaient surélevés, ce qui n’étaient pas le cas pour les cartons à dessins. Le ciel fut néanmoins clément puisqu’il m’accordât huit jours de soleil et de séchage dans le jardin attenant à l’atelier. Je rentrais le dernier tapis enfin sec deux heures avant le gros orage du 22mai !
Dans 10 milliards d’années le Soleil sera une géante rouge, dans 14 milliards, une naine blanche. « La vie est une puissance obscure, mystérieuse et indéfinissable qui émerge de temps en temps dans l’infini des galaxies puis disparaît et renait ailleurs, à l’autre bout d’une autre galaxie ». Cette réflexion me vint après l’écoute d’un dialogue entre Sylvain Tesson et Etienne Klein à propos d’un livre de Jacques Perry-Salkow Le Vivarium des Palindromes. Où il est dit que « Zeus a été fêté à Suez ».
Je n’ai toujours pas lu En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut, grand succès de l’année 2016 mais j’ai beaucoup aimé Pactum Salis, son deuxième livre aux parfums de sel de Guérande. Ai repris la route de l’œuvre de Peter May avec Les Fugueurs de Glasgow. Je l’avais découvert avec les Disparus du Phare, intrigue romanesque sur fond d’extermination des abeilles par les néonicotinoïdes, ô combien d’actualité à l’heure où Monsanto va (soi-disant) disparaître par le tour de passe-passe de son acquisition par l’allemand Bayer. Grrrrrrr !!!! À l’heure scandaleuse où les députés français n’ont pas voté l’interdiction immédiate du cancérogène glyphosate, ont exigé la présence de caméras dans les abattoirs seulement si ceux-ci sont volontaires, où les lobbies malaisien et indonésien de l’huile de palme menacent de ne plus acheter d’armes et autres sous-marins français, combien faudra-t-il de funestes funérailles de ruches pour que le dard de la conscience écologique pénètre dans les cerveaux humains contemplant sur les grilles de l’UNESCO à Paris la lente et morbide dégénérescence et le blanchiment des massifs coralliens à travers la planète… Il y a des jours où je ne sais plus quoi faire de ma colère non-violente !
J’ai beaucoup aimé Le Livre des Baltimore de Joël Dickert. Et le film Everybody knows d’Asghar Farhadi.
L’été approche. N’ayez crainte des orages. Il est temps de relire la sensualité joyeuse des livres de René Depestre, écrivain haïtien né en 1926. Hadriana dans tous mes rêves ou Alléluia pour une femme jardin.
Et se souvenir que la Terre est un jardin. Et qu’il faut le cultiver. Urgent !
La Rue des Nouv’ailes part en été. Rendez vous au 9ème jour du 9ème mois. Je serai alors en partance pour la Saintonge et mon projet L’Aronde des Regards. Que la votre soit belle !
do 9618
4 mai 2018 § § permalink
5 mai 2018
Se payser.
Ce serait l’envers de se dépayser. Ne pas se défaire de repères, d’habitudes, de quotidiennetés et mais accueillir, s’ouvrir, se laisser transpercer par les aiguilles des décalages nocturnes et les pointes des fuseaux horaires. Garder toute latitude de se laisser porter par ce changement de longitude. Tokyo / Kyoto. Tel était le programme anagramme de ces deux semaines nipponnes. Je me souviens avoir appris jadis, lors de quelques cours de chinois que le Japon était nommé par deux kanji, deux caractères, Ri et Ben (prononcés Jeeu Bèn) signifiant soleil et racine. Le Japon, c’est la Racine du Soleil. Ce que nous avons traduit en Occident par (L’Empire) du Soleil Levant.
J’écris ces lignes dans les soubresauts insomniaques des circonvolutions terrestres et aéroportées. Et vais profiter du long week-end de l’Ascension pour me mettre au vert et redescendre de ces deux semaines extra-ordinaires au Pays des Racines du Soleil. Ce qui explique les quelques jours d’avance de ce morceau de Neuf.
Tant à dire, tant de beauté à partager que ces quelques lignes mensuelles n’en sauront épuiser le dit de la joie. Alors faire un tri dans les quinze cents photos rapportées dans la mémoire de l’œil et les tisser deux par deux pour dire les contrastes, les harmonies, les contradictions de ce pays sans mégots dans les rues ni graffitis sur les murs . De cette agglomération tokyoïte trépidante où le regard s’effraie à la première vue du plan de métro et où l’usage s’avère
somme toute assez simple et efficacement optimisé par la gentillesse spontanée des tokyoïtes et de leurs téléphones portables. Les numéros des adresses et les noms des rues étant aléatoirement absents, l’apparition d’un plan de quartier allume une lueur dans l’œil du touriste passant. Las ! Le Nord est tantôt en haut, tantôt à gauche ou à droite, souvent entre deux, ce qui déboussole allègrement l’habitude de l’œil occidental. L’emploi d’une boussole n’est pas saugrenu, notamment les jours où le soleil a oublié de se lever au dessus des nuages et de porter au sol la direction de ses ombres.
1- la douceur accueillante du ryokan (auberge traditionnelle) Yoshimizu à Kyoto et la monumentalité de cathédrale de la mairie de Tokyo dans le quartier de Shinjuku. La saveur du coucher après le bain chaud dans le onsen (bain japonais) et l’invisible vue du Mont Fuji qui se cache derrière l’horizon de la brume de chaleur.
2- la magnificence élancée des toits de la pagode à cinq étages du quartier d’Asakusa, près du temple Senso-ji et le sourire masqué d’une bouche de métro. Est-ce pour se protéger de la pollution ou un geste d’urbanité pour ne pas contaminer son voisin de transport ?
3- le tunnel de toris du parc Nezu Jinja – il était en cette fin d’avril trop tard pour les cerisiers en fleurs, mais dieu que les azalées étaient belles – et les costumes chatoyants des geishas et maikos (apprenties) qui posent devant les marches du temple Kiyomizu-Dera.
4- sur la rive de la rivière Sumida, la Flamme d’Or – carotte de Philippe Starck – sur le siège social de l’Asahi Tower voisine les 634 m de la Skytree Tower, aiguille pas très esthétique dont une énorme colonne de béton est suspendue dans le creux de son centre pour amortir et résister aux tremblements de terre. Les tours grattent le ciel, mais les jardiniers aident les branches des arbres à lutter contre la gravité des feuilles.
5- le dessin de sable des jardins secs du Ryogen-in Temple au sein du vaste monastère de Daitoku dans le nord de Kyoto. Une pure mer de tranquillité à la surface de la Terre, peu après être passé sous cette haute porte de sérénité sacrée qu’est ce tori géant orange.
6- les remous goulus des carpes du Chateau Nijo de Kyoto et le silence doré malgré la foule du Temple Kinkaku, plus connu sous le nom de Pavillon d’Or.
7- notre ami le héron du Palais Impérial de Kyoto écoute le mouvement des planètes de sables en orbite dans le jardin Ryogen-in et dans celui du Daisen-in où les photos sont interdites.
8- dans le quartier hyper moderne d’Obaida de Tokyo gagné sur le mer, un métro aérien et monorail offre un véritable tour de manège dans le déluge de ponts, buildings et autoroutes qui font miroiter leurs électriques constellations nocturnes. Tokyo se prépare pour les jeux Olympiques de 2020 et à cinq cents kilomètres au sud, en 2h19 par l’aérodynamique Shinkansen, le TGV japonais, un bouddha géant veille sur Kodai-ji temple.
Peu de films vus pendant ce mois d’avril, mais deux beaux opus … japonais : The Third Murder de Hirokazu Kore-Eda et Tanaka, la nuit où j’ai nagé de Damien Manivel et Kohei Igarashi, fugue quasi silencieuse dans un Japon de neige d’un petit enfant voulant montrer un dessin à son père poissonnier parti tôt travailler. Une belle écriture de cinéma !
Côté lecture, La Mer, un joli recueil de nouvelles de Yoko Ogawa acheté au hasard la veille du départ et dont Libé parlait le lendemain dans les colonnes de ses pages Livres.
Et pour finir, Le Restaurant de l’Amour Retrouvé, délicieux et appétissant roman d’Ito Ogawa.
Un toit se courbe,
Un érable rougit.
Le Paisible voyage …
do 5518
9 avril 2018 § § permalink
Je ne suis pas un grand lecteur de science-fiction et n’ai pu vérifier cette information entendue à la radio selon laquelle aucun auteur de science-fiction n’avait imaginé … Internet ! Ce trou de mémoire prospective est surprenant et réconfortant : le futur est toujours imprévisible et reste à inventer. Mais, maintenant, essayez d’imaginer le monde d’aujourd’hui sans le Net. Vous pouvez pour cela vous inspirer de Bug, premier volume de la récente BD d’Enki Bilal… Nous sommes en 2041 et un gigantesque bug a effacé la mémoire des ordinateurs, ascenseurs et autres centrales nucléaires… et l’a concentrée dans le cerveau d’un seul individu revenant de la planète Mars… Vous voyez le tableau ?
4, 4, 4, 7 1 9 : entendu avec le rire d’une petite fille de sept ans dans le TGV, ce cri de la poule qui vient de pondre ! Ben oui : « quat’ quat’ quat’, c’est un œuf ! »
Le printemps se remplit de projets et j’en suis fort heureux. Une installation dans le Parc de Saint-Cloud près de Paris dans les jours qui viennent et en septembre prochain L’Aronde des Regards, sur le Sentier des Arts aux bords de la Gironde où j’avais réalisé il y a deux ans Ailes de Gironde. Et une photo ovée que j’aime beaucoup qui va être accrochée en grand format sur les sentiers de Lez’arts en Adret en Savoie. (Voir les photos 1,2,3 en pièces jointes).
Un peu plus loin dans le temps, à l’automne prochain, pour rendre hommage et mémoire à nos chers parents et pour réaliser un vieux rêve né lors de mon retour du Québec il y a 35 ans sur le paquebot polonais Stéfan Batory, nous allons, ma sœur aimée et moi, partir à New York sur le Queen Mary 2. Sept jours d’horizontalités maritimes avant d’arriver au pied de la verticalité des gratte-ciels de Manhattan. Avec à l’aube du septième jour, la vision de la Statue de la Liberté, d’Ellis Island et de toutes les mythologies migratoires liées à ce lieu. Avant un retour en avion qui passera par Montréal. Je me réjouis déjà de ce cadeau que nous nous faisons.
Le vide c’est ce qui reste quand on a tout enlevé… Mais ce n’est pas rien !
Le sujet n’était pas très engageant – un ado toxico dans un centre de désintoxication fondé sur la prière – mais le film de Cédric Kahn, La Prière, est époustouflant, remarquablement joué et d’une formidable puissance sans aucun jugement, fut-il dernier. À voir, absolument. Par contre je ne suis pas entré dans le film de Serge Bozon, Madame Hyde, ni dans le Mektoub Love de Kechiche. Mais n’ai pas été insensible au Carnivore des frères Renier, ni à l’humour décalé de La Belle et La Belle de Sophie Fillières.
Dans les exercices préparatoires au voyage au Pays du Soleil Levant – départ dans 6 jours !- il y a bien sûr les inévitables guides, routard and co, mais surtout un joli petit ouvrage de Corinne Atlan trouvé au récent salon du Livre à Paris : L’Empire de l’Harmonie. Tout un programme !
Dans la fiscalité, il y a deux éléments importants : la fourchette et l’assiette, déterminées par le service des recettes. Pour savoir à quelle sauce vous allez être croqué !
À l’heure où j’essaie de faire éditer trois projets de livres, j’ai lu, sous l’instigation du Café Bla Bla de la médiathèque de mon quartier, un livre d’un auteur anglais, Irving Finkel, intitulé « Au paradis des manuscrits refusés », savoureuse histoire d’une bibliothèque qui recueille les manuscrits qui n’ont pas trouvé d’éditeurs. J’espère bien ne pas y entrer ! Je me suis de nouveau régalé avec La Sorcière, dernier opus de Camilla Lackberg.
Elle se nomme Christine Ley. Je l’avais croisée furtivement à Genève il y a quelques années, et fidèle lectrice de ces Nouv’ailes, elle a proposé de m’offrir son livre, Éternelle, belle variation pleine de fantaisies et d’imaginations sur la vie après la mort. Cela m’a rappelé sur un plan un peu différent, la lecture il y a une trentaine d’années, du livre La Source Noire de Patrice Van Eersel et des livres d’Elisabeth Kübler-Ross dont les travaux allaient permettre l’émergence des soins palliatifs et une meilleure prise en compte du mourir dans la dignité. Je ne sais pas si son livre est disponible en France, mais vous pouvez vous le procurer en papier ou en e-book sur son site www.christineley.ch
Si les anges avaient des ailes, on les verrait dans les angles.
J’ai eu la chance de le voir plusieurs fois en concert, dont une mémorable en août 1984, dans le Stade Olympique de Montréal, où il faisait avec Manhattan Transfer, la première partie de Magie Rose, un show « ben flyé » de Diane Dufresne avec un public tout de rose vêtu ! Jacques Higelin est parti et il nous faut plus que jamais « Alertez Les Bébés ».
Nous qui ne sommes que des grains de poussière. Et des bulles de champagne !
do 9418
11 mars 2018 § § permalink
« Traveiller ».
Se dit d’une activité qui consiste, avant de se lever le matin, à rester un temps allongé dans la chaleur de la couette, fixer son mental encore horizontal sur un projet en cours et laisser se déposer à la surface des neurones le résultat des décantations nocturnes. Activité encore plus plaisante lorsque l’alarme du réveil est déconnectée.
Ainsi sont nés Les Joueurs d’Horizons, L’Aronde Des Regards, Corne de Terre, J’irai Marcher Sur Vos Tongs, La Porte-Bonheur, Aile de Ciel, Mots Croisés et Les Roues de l’Arc-en-Ciel… Autant de projets qui dorment encore dans les cartons et dont certains verront bientôt j’espère, le jour de leur nuit.
Dans les motifs qui parsèment mon travail, il y a bien sûr tout ce qui dialogue entre œufs et plumes, entre labyrinthe et spirale, et puis tel un refrain qui revient comme une ritournelle qui aurait des ailes, il y a le motif de l’arc-en-ciel. Nul manifeste homosexuel, ode à l’Afrique du Sud ou allusion au Rainbow Warrior, mais, l’ai-je appris en écoutant la voix envoutante de Jean Claude Ameisen dans le samedi matin de France Inter, la certitude que ce signe entre Ciel et Terre où se mêlent pluie et soleil est un pont entre les hommes et les dieux. À chaque fois que j’en vois un (mais ces anneaux de diffraction vont toujours par deux et l’ordre de leurs couleurs est inversé), je pense toujours au « premier » arc-en-ciel et à son impact sur les pupilles et les esprits de ses premiers regardeurs. Et je me réjouis encore et encore de réaliser La Naissance d’un Arc en Ciel en juin prochain à Villeneuve d’Ascq (voir les Nouv’ailes n°26).
L’anagramme de guérison, c’est soigneur.
Pensez à aller donner votre sang, un jour peut être vous en aurez besoin…
Entre le rire et le rite, il n’y a que le parfum d’un air de thé.
Il m’est arrivé d’écrire amitiée avec un e ! Et de dire que « les hommes et les femmes sont belles » plutôt que « les hommes et les femmes sont beaux » ! Vive le souple accord de proximité plutôt que l’obsolète et rigide règle de la domination du masculin sur le féminin ! Allez, zou, « balance ton accord » !!!
Un typhon n’est jamais qu’un python pas bien organisé.
L’entreprise qui s’occupe du nettoyage de la station de RER des Halles s’appelle Onet. Ce qui valut aux voyageurs d’entendre cette annonce « Un employé de la société « honnête« est attendu Porte Berger»
Dans les salles obscures de ces semaines blanches de flocons, Phantom Thread de Paul Thomas Anderson avec l’impeccable Daniel Day Lewis, L’Apparition avec le non moins impeccable Vincent Lindon, le sec et dur mais beau Jusqu’à la Garde , premier film de Xavier Legrand et le documentaire caustique et drôle des réalisateurs belges de l’émission Striptease, Jean Libon et Yves Hinant: cela s’appelle Ni Juge ,Ni Soumise et c’est vivement recommandé !
Vu aussi, et c’est de saison, dans le cadre d’un festival «des films qui venaient du froid» à la Filmothèque de Paris, Les Derniers Rois de Thulé tourné en 1969 par le grand Jean Malaurie âgé aujourd’hui de 95ans.
Dans les lectures de cet hiver aux bulles de neige, « Tiens ferme ta couronne » de Yannick Haenel, prix Médicis 2017, voyage déjanté d’un écrivain scénariste entre Melville et Moby Dick, Apocalypse Now, Michael Cimino et le Musée de la Chasse à Paris…
Lu aussi « Le jour ou Nina Simone a cessé de chanter » de Darina al-Joundi et Mohamed Kacimi, concentré de l’histoire du Liban contemporain. Et un polar bien dense entre Espagne des années 30, goulag soviétique et la Barcelone actuelle :
« Toutes les vagues de l’océan » de Victor del Arbol, dans la collection Actes Noirs (chez Actes Sud).
Dans les semaines qui s’en viennent aborder l’équinoxe, les lectures vont plutôt s’orienter vers les guides du Pays du Soleil Levant puisque je m’envole pendant deux semaines en avril vers Tokyo et Kyoto pour participer à un stage et à la Coupe du Monde de Kyudo les 24 et 25 avril au Meiji Jingú, célèbre sanctuaire shintoïste dans le parc de Yoyogi de Tokyo.
Un premier pas en Asie avec mon arc dans la soute à bagages. Il y aura donc un arc en ciel.
do 9318
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9 février 2018
Voulez vous bien chanter avec moi « When I’m sixty four… » ?
Y a t-il plus grand plaisir pour des bougies que d’être soufflées en compagnie de doux et chauds amis ? Ce fut le cas le week-end dernier dans la lumière enneigée du Mont Lozère. La veille j’avais appris qu’un de mes projets « La Naissance d’un Arc-en-Ciel » avait été sélectionné pour être réalisé début juin près de Villeneuve d’Ascq dans le cadre du symposium OPENSITES. Ce sera ma première intervention dans le nord de la France et j’en suis ravi.
UN GRAND MERCI. À tout ceux dont les messages de condoléances (de cum dolor, d’avec la douleur) m’ont chaleureusement réconforté après le décès de Maman.
Dans ses derniers vœux de président, François Mitterand a dit « je crois aux forces de l’esprit ». Qu’aurait-on pensé s’il avait dit « je crois à la force des esprits »
Êtes-vous onirocrite ? C’est ainsi que l’on nomme celui qui analyse les rêves et les songes. J’ai appris cela dans le livre de Tobie Nathan, fondateur de l’ethnopsychiatrie, intitulé La Nouvelle Interprétation des Rêves. J’y ai fait connaissance d’Artémidore de Dalmis, philosophe syrien d’expression grecque, auteur de L’Onirocritique, qui fut ouvrage de référence pour Sigmund Freud.
« Il n’y a pas de miroir dans les cellules des prisons » dit Robert Badinter dans le préface du livre Détenues de Bettina Rheims dont les photos de femmes incarcérées sont actuellement exposées au Château de Vincennes.
Quand les enfants ont un professeur des écoles homme, ils l’appellent « Maître ». Quand c’est une femme, ils l’appellent « Maîtresse ». Quand ils seront adultes, auront-ils une maître ou une maîtresse ?
« La littérature est la preuve que l’existence ne suffit pas » Fernando Pessoa
Elle est décédée en novembre dernier, mais elle avait une voix qui porte encore : Françoise Héritier m’avait fait sourire quand, dans une de ses dernières interview, elle avait signalé avec son franc-parler, qu’une femme « pouvait avoir des couilles » ! Comment ça ??? Et bien tout simplement, quand enceinte, elle porte un garçon …
Je ne suis pas un touche-à-tout. C’est le tout qui me touche. Jean Cocteau cité par l’avocat Emmanuel Pierrat.
Là-bas est loin sur l’horizon. Là-haut est loin dans le ciel. Il semblerait que le couple HAUT/BAS ne soit pas sur la même échelle !
Dans les films qui ont coloré et colorent ce début d’année, c’est le noir et blanc qui l’emporte. Ils ne passeront pas sur de nombreux écrans, mais qui sait, un jour sur ARTE ou en DVD : il s’agit de Tharlo le berger tibétain, de Pema Tseden où, venu se faire faire une carte d’identité, il finit par y perdre la sienne. Avec un hors-champ sonore époustouflant. Et aussi un film hongrois de Ferenc Török, La Juste Route : deux juifs reviennent dans un petit village avec deux grosses malles et font remonter le trouble de l’histoire du village.
À voir aussi Three Bilboards avec la formidable France McDormand, Le Rire de Ma Mère, le drôle et touchant Gaspard va au Mariage, Une Saison en France avec un dernier plan où Sandrine Bonnaire dit tout le drame des migrants et de leur accueil. Je n’ai pas lu La Douleur de Marguerite Duras mais ai bien vibré au film d’Emmanuel Finkiel où rayonne Mélanie Thierry. Et pour finir, une chevauchée dans les steppes du Kirghizstan avec Centaure, de et avec Aktan Arym Kubat. Bonheur d’une fenêtre dépaysante !
Est ce qu’un pinte peut être peinte ?
Il y a 42 ans , je prenais mes premiers cours de théâtre à Nantes au Théâtréquipe, animés entre autres par Claudine Hunault. J’ai eu le plaisir de la retrouver à la Maison de la Poésie dans une formidable lecture-performance d’un roman poétique La Grande Balade d’Hélène Bessette dont on fête cette année le centenaire de sa naissance. Grand plaisir à prendre ainsi la mesure du temps.
Dans les pages qui m’ont réchauffé au cœur de l’hiver, il y eut l’araignée de Quand sort la recluse de Fred Vargas, Des Hommes sans femmes, nouvelles de Murakami mais surtout l’indispensable Sapiens de Yuval Noah Harari, sous-titré Une brève histoire de l’humanité, formidable survol de l’histoire de la gent humaine. J’y ai appris qu’il n’y avait pas de chevaux en Amérique quand Colomb y débarque en 1492. Et cette belle histoire : des astronautes qui s’entrainaient dans un désert lunaire des USA avant d’aller marcher sur la lune rencontrent un viel indien. Il leur confie que les gens de sa tribu croient que les esprits saints vivent sur la lune. Il leur demande de répéter et mémoriser un message de sa langue à destination de ces esprits. Revenu à leur base, les trois astronautes s’enquiert d’un traducteur pour connaître la teneur du message à délivrer. Quand il le découvre, il éclate de rire. Ce qu’ils avaient méticuleusement mémorisé voulait dire « ne croyez pas un mot de ce qu’ils vous racontent. Ils sont venus voler vos terres ».
Faites voler votre esprit, ne vous le faites pas voler. Et conjuguer passion avec patience.
do 9218
17 janvier 2018 § § permalink
Maman est partie….
Ce n’est pas un pastiche du début de l’Étranger d’Albert Camus ni celui d’une chanson de William Sheller ou de Jacques Higelin, mais l’abrupte réalité qui s’est brutalement immiscée dans l’après midi du lundi 8 janvier. Triste nouvelle qui se superpose à un troublant sentiment de soulagement devant l’état dégradé de sa santé. Un AVC avait, courant décembre accentué les errements confus de son esprit. Alors, bon voyage aux pays des longs sommeils et au delà du mur des silences, gentille petite mère chérie.
Je suis parti au tôt matin du 9 rejoindre à Angers ma sœur qui n’a malheureusement pas pu arriver avant le dernier souffle maternel, à la suite de l’appel de l’infirmier de l’EHPAD où elle vivait depuis près d’une dizaine d’années. Sur le quai matinal du RER, je repensais à ce semblable matin de mars 2002 où je faisais le même voyage suite au départ de mon père. Le wagon était comme cet autre matin, plein de ces employés et femmes de ménage encore ensommeillés qui travaillent avant tous les autres et à qui j’avais envie de crier silencieusement « oui, c’est difficile de se lever si tôt, mais vous êtes vivants, vivants… Et n’est-ce point là l’essentiel ? »
Maintenant c’est le jour d’après, le temps de « vivre sans » et de « faire avec ». Les mots se font rares et les chroniques des films, livres et autres humeurs semblent soudain un tantinet dérisoires. Elles reviendront avec les jours qui rallongent déjà.
Restez bien vivant, et faites rimer avec chaque instant.
do 14118